Miroirs dans la peinture
En peinture, le miroir permet d'élargir l'image, de refléter ce que l'oeil ne voit pas...Donc de monter le hors champ.
Les miroirs sont convexes et furent appelés des "miroirs de sorcières" car on leur attribuait des pouvoirs magiques. On en trouvait beaucoup dans les foyers flamands. Placés en face d'une fenêtre, ils permettaient de diffuser beaucoup de lumière dans l'intérieur des maisons.
Un autre nom habituel est "miroir des banquiers" car ils permettaient aux banquiers, orfèvres et usuriers de surveiller l'ensemble d'une pièce.
Un autre nom habituel est "miroir des banquiers" car ils permettaient aux banquiers, orfèvres et usuriers de surveiller l'ensemble d'une pièce.
Voir le tableau de Petrus Christus qui en 1449 a représenté dans le miroir du bijoutier, 2 badauds regardant sa vitrine et on aperçoit aussi les maisons de la ville.us Christus (vers 1410/1420 - 1475/14)Saint Eloi
1449
New York, the Metropolitan Museum of Art.
New York, the Metropolitan Museum of Art.
Petrus Christus (vers 1410/1420 - 1475/14)Saint Eloi
1449
New York, the Metropolitan Museum of Art.
1449
New York, the Metropolitan Museum of Art.
Petrus Christus (vers 1410/1420 - 1475/14)Saint Eloi
1449
1449
1449
New York, the Metropolitan Museum of Art.
Ce détail ne passe pas inaperçu
Que voit-on dans le miroir de l'orfèvre qui pèse une bague, entouré de ces 2 clients richement vêtus ?
2 badauds avons-nous dit, mais l'un qui pourrait être le peintre, porte sur son bras un faucon.
2 badauds avons-nous dit, mais l'un qui pourrait être le peintre, porte sur son bras un faucon.
Que voit-on dans ce miroir sur le mur de la demeure, entre les 2 époux ? Ces époux de dos (normal). Et un troisième personnage, témoin du mariage. Le peintre Van Eyck lui-même ? S'agit-il seulement des 2 époux, disproportionnés par rapport aux dimensions de la pièce ? Van Eyck maîtrise encore mal la perspective.
Le miroir serait un lieu neutre que s'approprierait le peintre, pour y faire figurer ce qu'il aime.
Le miroir serait un lieu neutre que s'approprierait le peintre, pour y faire figurer ce qu'il aime.
Van Eyck : Portrait dit "des époux Arnolfini" (1434)
Dans un autre tableau flamand le miroir convexe est ainsi tourné vers l'extérieur et permet au spectateur d'apercevoir l'architecture de la ville.
1514, Quinten Metsys -" Le changeur -prêteur, selon les traductions - et sa femme".
Le prêteur observe ses pièces de monnaie tandis que sa femme feuillette un livre saint ouvert sur une image pieuse - il semblerait que la vierge soit représentée dans cette image. L'epouse est distraite de sa lecture par son mari cupide.
Ces 2 personnages évoqueraient une réalité professionnelle de l'époque ou bien le tableau aurait un contenu allégorique : l'avarice opposée à l'honnêteté.
Ces 2 personnages évoqueraient une réalité professionnelle de l'époque ou bien le tableau aurait un contenu allégorique : l'avarice opposée à l'honnêteté.
Que voit-on d'autre dans le miroir ?
Une fenêtre dont les montants symbolisent la croix .
Une fenêtre dont les montants symbolisent la croix .
Détail du tableau ci-dessus
Le miroir à la renaissance italienne :
Dans ce chef-d'oeuvre de jeunesse du Titien, l'harmonie de la composition et des couleurs exalte la beauté de la femme. Titien donne ici le prototype de l'idéal féminin caractéristique de la peinture vénitienne. Les deux miroirs, dont l'un est tendu par l'homme, permettent à la jeune femme de se voir de face et de dos.
Vénus à sa toilette ( ou Vénus au miroir) par Le Titien en 1555.
La peinture de nus étaient fortement découragée dans l'Espagne du xviie siècle, les toiles pouvaient être saisies ou repeintes à la demande de l'inquisition espagnole, les artistes qui peignaient des œuvres licencieuses ou immorales pouvaient être excommuniés, mis à l'amende ou bannis d'Espagne. Les portraits de sibylles, de nymphes ou de déesses mythologiques étaient chastement vêtues dans l'art du XVIIeespagnol, aucune peinture espagnole des années 1630 ou 1640 ne montre de femme avec ses seins exposés et même les bras étaient rarement montrés nus. Néanmoins les buts de l'art étaient considérés comme au-dessus des questions de moralité parmi les cercles intellectuels et aristocratiques et il y avait de nombreux nus, en général des représentations mythologiques, dans les collections privées. Le protecteur de Vélazquez, le roi Phillippe IV, avait de nombreux nus de Le Titien et de Rubens dans sa collection et Vélazquez, en tant que peintre du roi, avait peu à craindre en peignant un nu. Les collectionneurs, y compris le roi, avaient tendance à conserver les nus ensemble dans une pièce relativement privée et discrète. Les membres de la cour de Philippe IV "appréciaient la peinture et les nus en particulier mais ... exerçaient en même temps une pression sans pareil sur les artistes pour les empêcher de peindre des corps nus." (Extrait de Wikipédia)
Vénus se voit de face chez Le Titien (ci-dessus) comme chez Veronese (ci-dessous) , mais...
Veronese, Vénus au miroir vers 1585
Véronèse peint ici le même thème que Titien. Seulement, Vénus n'est plus face à nous. Au contraire, elle nous tourne le dos. Certes, le buste est toujours aussi éclatant, la peau laiteuse se détache sur les étoffes chatoyantes, du rose foncé du rideau au vert doublé de fourrure du manteau à moitié tombé. La chair est à la fois moelleuse et veloutée, comme le décor, aussi sensuel que la femme : plis suggestifs des coussins de dentelle, creux foncés du satin rosé, doux pelage à la naissance de l'arrière-train. Ici pas de myrte, mais un couple de colombes, aux pieds de la déesse. Cet oiseau roucoulant, attaché au char de Vénus, a été transformé par le Moyen Age en symbole de la luxure, rejoignant ainsi les bijoux et le miroir. Pourtant, ici, Vénus ne se cache pas de ses mains pudiques. Elle ne s'occupe d'ailleurs pas d'une éventuelle tierce personne. Nous avons ainsi la sensation de la surprendre, sans pouvoir être vus d'elle. Inclinant le miroir de sa main droite afin de mieux se regarder, elle ajuste de l'autre sa coiffure, tandis que pend une ceinture.
Au 17 è siècle le miroir dans la peinture ? Rubens aussi.
Comme de très nombreux artistes, peintres et sculpteurs, Rubens s'est attaché à représenter Vénus. Et, comme eux, il peint certes la déesse de l'Amour mais aussi la représentation de la beauté féminine idéale. Titien, Vélasquez et de nombreux peintres de la Renaissance reprennent le thème antique de la Vénus à sa toilette ou endormie.
Vénus à son miroir par Rubens vers 1616
Avec l'influence de la renaissance italienne le miroir est devenu octogonal.
Les menines par diego Vélasquez vers 1656
musée du Prado
musée du Prado
Ce tableau représente une grande pièce du palais du roi Philippe IV.On y touve plusieurs personnages :
- la jeune infante entourée de ses demoiselles d'honneur, d'un chaperon, d'un garde du corps, d'une naine, d'un nain et d'un chien.
- En retrait, devant une toile et tenant un pincezu, Velasqez lui-même regardant à l'extérieur de la pièce
- un miroir est accroché au mur. Il reflète deux peronnages.
- ces 2 personnages peuvent être le roi et la reine que Velasquez est en train de peindre.
- au fond, poussant une porte qui semble donner sur le vide, on aperçoit un persnnage qui pourrait être un parent du peintre.
Cette composition est complexe et sybilline, tout n'est qu'illusion ?
J'ai envie de revenir au mythe de Narcisse qui fut le premeier à s'admirer dans un miroir rustique, la surface de l'eau.
Narcisse est toujours présent parmi nous : il a donné 2 mots, le narcissisme et la fleur, la Narcisse.
Dans la mythologie grecque, Narcisse était le fils d'unDieu et d'une nymphe ( celles-ci étaient très jolies et avaient de nombreuses aventures amoureuses, d'où a été tiré le terme "myphomanie"). Narcisse était lui-mémee beau et ne s'intéressait qu'à sa propre beauté, ce qui l'amenait à se désintéresser des jeunes filles.
Puni par Hera la femme du volage Zeus, Echo fut condamné à ne plus povoir parler normalement. Elle ne pouvait que répéter les derniers mots qu'elle venait d'entendre.
La suite de la légende est différente selon les auteurs. Selon Ovide qui écrivit la légende la plus connue, Echo devint amoureuse de Narcisse qui lui restait insensible. il fut poussé à aller se désaltérer à une source. Là il aperçut son visage, si beau qu'il en devint épris immédiatement et insensible au monde se laissa mourir. A la place où il mourrut des fleurs poussèrent auxquelles on donna son nom.
Echo et Narcisse.
Tableau de Nicolas Poussin (1630) Musée du Louvres.
Ce tableau d’Echo et Narcisse a été réalisé vers 1630 par l’un des grand maîtres du classicisme français du XVIIe siècle Nicolas Poussin. C’est un tableau huile sur toile de 74x100cm, il est exposé au département des peintres du musée du Louvre à paris. C’est une œuvre de jeunesse encore très marquée par la manière vénitienne des débuts du peintre. Ce tableau de Nicolas Poussin emprunte son sujet aux « Métamorphoses d’Ovide ».
Au premier plan sur le tableau, on voit donc Narcisse mort (probablement de fatigue). Appuyée contre le rocher, Echo le contemple inlassablement, ne sachant pas encore que son amour s'en ait allé rejoindre le royaume des ombres. Quant à Cupidon (ou Eros chez les Grecs) entre les deux personnages, il semble bien impuissant à faire quoi que ce soit.
Les cheveux de Narcisse se transforme en fleurs blanches.
Les cheveux de Narcisse se transforme en fleurs blanches.
Et les impressionnistes ont-ils aussi utilisé cet objet, le miroir dans leur peinture ?
- Le miroir chez manet
"Un bar aux Folies Bergère, Manet, 1881"
Le dos de la serveuse bien de face se reflète à droite du tableau. Manet a truqué pour ouvrir son tableau à ce reflet, ouvrir la perspective et de jouer des perspectives.
- Berthe Morisot
Berthe Morisot, "La psyché ou le miroir" (1876)
Le musée Marmottan organise une rétrospective consacrée à son œuvre, rassemblant près de 100 peintures sur 430 répertoriés. La dernière rétrospective s’est tenu en 1941 au musée de l’Orangerie
Au 20ème siècle :
Le surréalisme des peintres belges Delvaux et Magritte et l'érotisme de Balthus :
Paul Delvaux "le miroir", 1936
La "reproduction interdite" 1937 par Magritte
L’image vue à travers le miroir n’est pas la réalité. Elle convoque l’univers surréaliste de l’ illusion et du rêve.
Balthus, "Nu devant un miroir", 1955@Metropolitan Museum of Arts
L'oeuvre de Balthus (Balthasar Kłossowski de Rola, né à Paris en février 1908) :
Des adolescentes abandonnées dans des rêveries bienheureuses, se laissant regarder, lascives, et un mélange d’évènements de sa vie privée seront les sujets principaux des tableaux de Balthus.
Balthus est resté célèbre pour ses tableaux de jeunes filles souvent peintes dans des poses ambiguës exposées aux regards des voyeurs, jouant sur l'idée de l'innocence perdue à l'adolescence. Des oeuvres qui ont souvent choqué les visiteurs des musées.
Il meurt le 18 février 2001 dans son Chalet de La Rossinère en pays de Vaud en Suisse, il aura réalisé plus de 350 peintures et un millier de dessins et demeurera l'un des peintres les plus énigmatiques du XXe siècle. Balthus ne se considérait pas comme un artiste mais comme "un travailleur", il disait "l'Art est un métier".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire