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vendredi 19 février 2021

Julius Margolin / doua editii

 Julius Margolin, Amintiri despre Gulag 

 Journey into the Land of the Zeks and Back: A Memoir of the Gulag, 1st Edition
by Julius Margolin  (Author), Stefani Hoffman (Translator), Katherine R. Jolluck (Introduction), Timothy Snyder (Foreword), Oxford University Press; 1st edition (October 1, 2020)

Voyage au pays des Zeks et retour

Un mémoire du goulag

Julius Margolin, traduit par Stefani Hoffman, préface de Timothy Snyder et introduction par Katherine R. Jolluck

  • La première traduction anglaise complète d'un magistral mémoire du Goulag qui a précédé de plusieurs décennies l'archipel du Goulag d'Aleksandr Soljenitsyne
  • Un classique établi dans le monde russophone qui a influencé l'écriture des mémoires du Goulag après sa première publication en français en 1949 et en russe (aux États-Unis) en 1952
  • Un récit émouvant, très lisible et ironique de l'invasion nazie et soviétique de la Pologne, de la vie dans le système du Goulag et du retour éventuel à l'ouest d'un survivant
  • Comprend un avant-propos de Timothy Snyder et une introduction par Katherine R. Jolluck.
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  •  Arts & Letters section
  • A Zek Remembers Stalin’s Camps
  • A new foreword to Julius Margolin’s stunning, recovered memoir of the gulag
  • BY
  • TIMOTHY SNYDER
  • https://www.tabletmag.com/sections/arts-letters/articles/julius-margolin-timothy-snyder 
  • (versiunea franceza cu google translate)
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  • Description

  • Sous le régime soviétique, des millions de zeks (prisonniers) ont été incarcérés dans les camps de travaux forcés, le Goulag. Là, beaucoup sont morts de faim, de maladie et d'épuisement, et certains ont été tués par des criminels et des gardiens du camp. En 1939, alors que les Nazis et les Soviétiques envahissaient la Pologne, de nombreux citoyens polonais se sont retrouvés emportés par l'occupation soviétique et envoyés dans le Goulag. L'une de ces victimes était Julius Margolin, un philosophe et écrivain juif né à Pinsk vivant en Palestine et en Pologne pour des questions familiales.

    Le voyage de Margolin au pays des Zeks et retouroffre un récit puissant et à la première personne de l'un des chapitres les plus choquants du violent XXe siècle. S'ouvrant avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en Pologne, Margolin raconte son impact dévastateur sur les Juifs et son arrestation et son emprisonnement dans le système du Goulag. Au cours de son incarcération de 1940 à 1945, il a failli mourir de faim et de surmenage, mais a pu retourner en Europe occidentale et rejoindre sa famille en Palestine. Avec une analyse astucieuse de l'homme et de la société par un philosophe, ainsi qu'avec de l'humour, ses mémoires de fuite, de piégeage et de survie détaillent les choix et les dilemmes auxquels un individu est confronté sous une contrainte extrême. Le récit émouvant de Margolin éclaire les questions universelles des droits de l'homme sous un régime totalitaire et finalement le triomphe de la dignité humaine et de la décence.

    Cette traduction de Stefani Hoffman est la première édition en langue anglaise de cet ouvrage classique, écrit à l'origine en russe en 1947 et publié en version française abrégée en 1949. Diffusé en version russe samizdat en URSS, il a exercé une influence considérable sur la formation du genre des mémoires du Goulag et a été lu avec impatience par les dissidents soviétiques. L'avant-propos de Timothy Snyder et l'introduction de Katherine Jolluck contextualisent lacréation de ce récit remarquable d'un monde juif ravagé dans l'empire stalinien - et la vie de l'homme qui était déterminé à révéler les horreurs des camps du goulag et le sort des zeks au monde.
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Voyage au pays des Ze-Ka
Julius Margolin
Traduction du russe par
Nina Berberova et Mina Journot,
révisée et complétée par Luba Jurgenson

Ed. Le bruit du temps, 2010
Nouvelle édition établie et présentée
par Luba Jurgenson 
784 pages

Enfin publié ici dans son intégralité pour la première fois au monde (plus d'un tiers du livre est inédit) et sous son titre original, Voyage au pays des Ze-Ka est l’un des plus bouleversants témoignages jamais écrits sur le Goulag. Le livre était paru en France en 1949 sous le titre La Condition inhumaine, bien avant les chefs-d’œuvre de Soljenitsyne et de Chalamov. Cet hallucinant récit de cinq années passées dans les camps soviétiques ne le cède en rien à ceux de ses célèbres successeurs, ni pour la qualité littéraire, ni pour l’acuité de pensée et la hauteur de vue avec laquelle l’auteur s’efforce de donner un sens à son expérience, aux limites de l’humain.

Né dans une famille juive de Pinsk (Biélorussie), Julius Margolin (1900-1971) est élevé dans la culture russe. Après avoir terminé ses études de philosophie à Berlin, il s'installe en Palestine. En 1939, il est en séjour à Lodz lorsque la Pologne est envahie. Il se réfugie alors dans sa ville natale, à l’est du pays. Arrêté le 19 juin par le NKVD, il est envoyé dans un camp de travail sur la rive nord du lac Onéga. Ayant survécu par miracle à cinq années de Goulag, libéré en 1945, il écrit le Voyage dès son retour à Tel-Aviv, et doit faire face à une opinion internationale incrédule, l’URSS étant encore auréolée de sa contribution à la victoire contre le nazisme. Il vient à Paris en 1950 témoigner au procès de David Rousset contre Les Lettres françaises, et ne cessera de lutter, jusqu’à sa mort en 1971, pour la libération des Ze-Ka, les prisonniers des camps.

Le témoignage de Julius Margolin constitue un document unique à plusieurs titres. Margolin fut victime de la répression soviétique contre les citoyens polonais affluant massivement de la Pologne occidentale et, plus généralement, du nettoyage des confins pratiqué dès le début de l’occupation soviétique sur les territoires destinés à faire partie de l’URSS. Ces purges, qui visaient à la russification des populations, devaient assurer en premier lieu la destruction des élites et des institutions démocratiques, étape déjà réalisée partout ailleurs en Union soviétique.

Dans le vaste corpus des récits sur le Goulag, l’originalité du livre de Margolin consiste en ceci qu’il apporte un témoignage émanant d’un « étranger ». Ces témoignages constituent un volet à part dans la documentation littéraire sur le Goulag : avant leur arrestation, leurs auteurs n’ont pas été soumis à la pression idéologique, n’ont pas intériorisé les contraintes de la société soviétique, ni connu la peur des répressions. En un mot, ils étaient intérieurement libres. Aussi leurs écrits possèdent-ils une dimension anthropologique et narrative d’une grande richesse (prenant souvent la forme de récits de voyage).

Toutefois, Margolin n’est pas un vrai « étranger ». Son récit est écrit en russe, et son ancrage multiculturel lui permet d’accorder une place importante à la culture russe, par le prisme de laquelle il aborde les événements auxquels il se voit confronté. Il a ainsi toutes les clés pour interpréter le monde du Goulag, et la justesse de ses observations est un outil précieux pour l’historien.

Par ailleurs, l’engagement sioniste de Margolin, son séjour en Palestine, mais aussi et surtout sa compréhension intime du monde juif de l’Est européen, lui permettent d’apporter des observations uniques sur les bouleversements que connaît la population juive des confins avant la Shoah et la soviétisation de l’ancienne « zone de résidence ». Des éléments précieux sur un judaïsme disparu, dissous dans l’empire stalinien, sur une assimilation douloureuse dont on ignore encore bien des facettes.

Outre ce livre fondamental, d'une grande valeur testimoniale aussi bien que littéraire, Margolin a écrit d'autres textes où il se remémore l'année de relégation dans l'Altaï après sa libération, le long voyage au terme duquel il peut enfin rejoindre la Palestine et retrouver sa famille en septembre 1946, et où il fait également retour vers les lieux de son enfance. Ces textes inédits ont été réunis et traduits pour nous par Luba Jurgenson sous le titre Le Livre du retour.

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Luba Jurgenson, maître de conférence en littérature russe à l’université de Paris-IV Sorbonne, écrivain et traductrice, est l’auteur de L’expérience concentrationnaire est-elle indicible ?, éditions du Rocher, 2003, et de Création et tyrannie, Sulliver, 2009. Pour cette nouvelle édition du témoignage de Julius Margolin, Luba Jurgenson a repris et complété l'ensemble de la traduction française à partir des documents conservés aux Archives sionistes centrales, de l'édition russe de 1952 (également incomplète) et des chapitres publiés séparemment dans les revues Vremia i my (Tel-Aviv) et Novoïe Rousskoïe Slovo (New York).

L’histoire de cette publication reflète, outre les politiques éditoriales de l’époque, la difficile réception d’un texte majeur qui documente sans aucune complaisance pour quiconque, au-delà de la répression stalinienne, la complexe configuration politique en Europe centrale et orientale liée à la Seconde Guerre mondiale. Il aura fallu attendre soixante ans pour que l’état des connaissances sur cette période et cette région permette au lecteur de saisir les multiples dimensions de ce témoignage.



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