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dimanche 26 septembre 2021

Monuments Man

 La véritable histoire des Monuments Men

Par Claire Bommelaer

Publié le 11/03/2014 à 17:04, mis à jour le 11/03/2014 à 17:43 / Le Figaro


La véritable histoire des Monuments MEN

Tableaux de valeur provenant des collections Rothschild et Stern, retrouvés dans le chateau de Neuschwanstein, en Bavière, le 17 mai 1945 . Rue des Archives/Tallandier

Ils furent près de 350, issus de treize nationalités les Allemands.


La création d'un corps d'engagés dédié à la «sauvegarde de l'art, dTableaux de valeur provenant des collections Rothschild et Stern, retrouvés dans le chateau de Neuschwanstein, en Bavière, le 17 mai 1945 . Rue des Archives/Tallandier

Ils furent près de 350, issus de treize nationalités différentes et leur mission consista, durant la Seconde Guerre mondiale, à récupérer les œuvres d'art volées par les Allemands.



La création d'un corps d'engagés dédié à la «sauvegarde de l'art, des monuments et des archives» date de juin 1943. C'est un autre George, George L. Stout (qui a inspiré le personnage de Clooney), conservateur et directeur de musée, qui souffla l'idée d'une nouvelle unité à Roosevelt.



Baptisée «Monuments Men», la section fut répartie dans les armées alliées. Dans le film de Georges Clooney, ils sont sept, animés d'une volonté farouche de bien faire. Historiquement, ils furent près de 350, issus de treize nationalités différentes, avec une prédominance des Anglo-Saxons. Conservateurs, historiens, archivistes, ils avaient 40 ans en moyenne et étaient en général inaptes au combat: à cet égard, le film est relativement fidèle.

Au départ, leur mission fait sourire ou agace les troupes. Dans les photos d'archives, on les voit mettre des sacs de sable devant la fresque de Vinci La Cène à l'église Santa Maria delle Grazie, à Milan, tenter de récupérer des archives, garder des sites historiques ou interdire l'entrée d'un musée. «Nous n'avions pas de camions, pas de Jeep. Rien que nos chaussures. Et aucun soutien de la bureaucratie», a raconté Charles Parkhurst, un des Monuments Men aujourd'hui décédé.

Lorsque les Alliés pénètrent en Allemagne, leur rôle évolue. Les nazis ont passé une grande partie de la guerre à piller l'Europe et ont amassé des millions d'œuvres d'art, sans doute 5 millions. En France, les grands collectionneurs juifs, dont les Rothschild, Paul Rosenberg ou les David-Weill sont spoliés et leurs œuvres expédiées outre-Rhin.

Dans le film de Clooney, le personnage de Cate Blanchett incarne Rose Valland, conservatrice du Jeu de paume pendant l'Occupation, membre de la Résistance, qui lista en secret le contenu des caisses contenant les collections privées. Rose Valland fournit ses précieuses listes aux Alliés. Ils les utilisèrent dans les mines de sel d'Altaussee et de Heilbronn où était amassée une partie du butin. «Cela regorgeait d'objets, se rappelle aujourd'hui Harry Ettlinger, qui avait 19 ans lorsqu'il rejoint les Monuments Men. «Il nous a fallu un an pour vider le château de Neuschwanstein, où étaient notamment entreposées les collections Rothschild.» Rassemblées dans des collecting points, les œuvres furent ensuite restituées à leur pays d'origine. Dans la confusion, les Alliés commirent quelques erreurs. La collection Gurlitt, découverte en 2012 à Munich, amassée par un marchand d'art qui avait collaboré avec les nazis, avait bien été saisie. Avant d'être finalement restituée à Gurlitt.

Aujourd'hui, une Britannique et quatre Américains issus de la fameuse section sont encore en vie, le plus âgé a 97 ans. Leur histoire, longtemps restée dans l'ombre, est en train d'éclater au grand jour. Mieux, d'accéder à la gloire. «On la redécouvre car ils ont incarné un état d'esprit», estime Robert Edsel, écrivain dont le livre a inspiré George Clooney et qui a œuvré à la création de la Monuments Men Foundation.
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La véritable histoire des Monuments Men, sur tous
les fronts, hier comme aujourd'hui

La longue histoire du pillage et de la destruction des monuments et des oeuvres d'art en temps de guerre et la courte histoire de ceux, qui notamment à la fin de Seconde Guerre mondiale et depuis, tentent de les sauver.


Le film Monuments Men de George Clooney.

Le pillage et la destruction de biens culturels ont toujours existé dans l’Histoire. Depuis la destruction du premier temple de Jérusalem par le Babylonien Nabuchodonosor II en 586 avant JC jusqu’aux autodafés de 2000 manuscrits par des milices islamiques dans la ville de Tombouctou au Mali en 2013.

Ce n’est qu’à la toute fin du XIXe siècle que la communauté internationale décide de tenter de protéger juridiquement les oeuvres durant les conflits armés. Une première tentative a lieu en 1899 lors d’une conférence organisée à la Haye aux Pays-Bas, qui définit les grandes lignes d’une convention internationale. Quelques années plus tard, en 1907 toujours à la Haye, une nouvelle conférence voit la signature d’une convention pour la protection des biens culturels. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, en 1954, une nouvelle Convention de la Haye établit précisément la protection des biens culturels en cas d’hostilité armée.

Dans le livre Saving Italy, paru l’an dernier aux Etats-Unis, l'écrivain et mécène Robert Edsel relate la course de vitesse durant la Seconde Guerre mondiale des unités spéciales Monuments Men (les hommes des monuments) de l’armée américaine. Leur mission est de sauvegarder des trésors architecturaux (sites antiques, églises, monastères) et les chefs-d'œuvre de la Renaissance, notamment des œuvres de Michel-Ange, du Titien, Raphaël, ou encore Caravage et Botticelli.

350 Monuments men lâchés en 1944 dans le chaos de l'Europe

Pour la plupart américains ou britanniques –savants, conservateurs, historiens d’art, spécialiste du patrimoine–, surtout des hommes et quelques rares femmes, avaient revêtu l’uniforme de soldat pour débarquer en Italie en août 1943, avec les troupes alliées et se sont battus contre la barbarie nazie pour défendre la culture et l’art.

Un engagement qui s’est heurté aux réalités effroyables de la guerre. Ils n’ont pu sauver le monastère du Monte Cassino mais ont évité la destruction totale du Camposanto à Pise un cloître gothique du XIIIe siècle décoré de fresques majestueuses, en partie détruites lors des bombardements alliés et de l’incendie qui suivit en juillet 1944.

Cette minuscule armée des ombres, à peine plus de 300 hommes repartis dans toutes les unités des armées alliées, a suivi l’armée allemande qui battait en retraite et qui lors de sa déroute détruisait des ponts comme à Florence, pillait les églises et les musées, et chargeait les camions d’objets précieux, en tentant de les faire remonter au nord vers l’Allemagne.

Saving Italy est en réalité le deuxième volet de l’aventure épique que Robert Edsel a commencé à raconter en 2009. Dans son précédent ouvrage, Monuments Men, devenu un film réalisé par George Clooney sorti sur les écrans américains et bientôt français, il avait révélé l’histoire de ces hommes en uniforme qui avaient débarqué en Normandie en juin 1944 et s’étaient lancés en France, en Belgique, aux Pays-Bas pour sauvegarder, récupérer tenter de protéger les chefs œuvres, cette fois dans le nord de l’Europe. Endossant parfois l’habit de détectives pour tracer le parcours d’une œuvre d’art disparue.

Techniques rudimentaires

C’est au cœur de Seconde Guerre mondiale le 23 juin 1943, alors que le conflit entrait dans une phase décisive, que le président Roosevelt prend une décision inédite. Il accepte la création d’une nouvelle unité de l'armée américaine constituée d'un nouveau type de soldats, un protecteur plutôt qu’un guerrier. Sur le terrain, sa mission est de protéger et sauver les objets d’art, les monuments historiques de l’Europe.

Le groupe, constitué de 350 personnes de 13 nationalités différentes, ayant une moyenne d’âge de 40 ans, est disséminé au sein des armées alliées. Accompagnant les soldats, ils doivent se répandre dans les villes et les villages, avec des listes d’objets ou de lieux, dans les poches. Sans moyens, ils récupèrent comme ils peuvent hommes, voitures ou camions et tentent de justifier auprès des généraux la nécessité de leur mission. Des arguments pas toujours faciles à entendre, alors que les armées avancent difficilement au prix de combats acharnés en Normandie, se dispersant ensuite dans le reste de la France, puis de l’Europe de l’ouest.

Si au départ leur mission est simple, suivre les armées alliées pour limiter les dégâts faits aux musées, églises et l’ensemble des chefs d’œuvre architecturaux, sa nature va se modifier lorsque les Alliés pénètrent en Allemagne. Ils doivent alors rattraper les objets d’art qui ont disparu, ont été volés, parfois cachés par les armées allemandes ou aussi laissés à l’abandon dans leur retraite.

Leur technique est rudimentaire, ils ont établi des listes pour chaque ville, village, d’objets et de monuments à protéger. Les Monuments Men pourront parfois s’appuyer sur des nouveautés techniques, ils pourront ainsi travailler à partir des photographies aériennes pour localiser des caches éventuelles Une estimation, qui est certainement très partielle, fait état de 5 millions d’œuvres d’art disséminées dans toute l’Europe. Difficiles d’imaginer aujourd’hui les conditions de travail. Sans catalogues et ordinateurs à disposition, leurs connaissances étaient forcément limitées.

Une histoire largement oubliée après la guerre. En 1951, quand leur mission s’est achevée, ces hommes et femmes sont retournés à la vie civile, retrouvant leur musée, leur chaire universitaire, leur école, endossant de nouveau leurs habits de conservateurs, chercheurs ou professeurs.

Lorsque le conflit prend fin, la nature de leur travail se modifie encore. Il faut restituer aux propriétaires, commencer les restaurations, rétablir les collections des musées… le tout dans une Europe dévastée qui manque de tout et où la Guerre froide pointe déjà.

Chute du mur de Berlin

La recherche des œuvres disparues pendant la Seconde Guerre mondiale ne s'est pas achevée dans les années 1950. Elle a connu même une résurgence inattendue au début des années 1990, après la chute du mur de Berlin quand l'effondrement du bloc de l'est et de l'URSS a fait disparaître le rideau de fer.

Cela a permis de réellement mesurer la destruction de l'Europe de 1939 à 1945. Un ouvrage paru en 1994, Rape of Europa de Lynn H. Nicholas, en donne la vision dans toute son ampleur. Il aborde la Seconde Guerre mondiale non plus sous un aspect politique, économique ou militaire, mais patrimonial. Il s’attache pour la première fois à la recherche des oeuvres et monuments disparus et détruits. L’auteur raconte l'histoire des vols systématiques, de la destruction délibérée et de la sauvegarde presque miraculeuse de trésors artistiques.

Une campagne entreprise pour sauver, parfois cacher et enfin rendre les millions de trésors spoliés, volés ou juste signalés comme perdus. Une grande fresque qui témoigne de la survie difficile de vestiges de siècles de la culture occidentale.

L. Nicholas dévoile le rôle d’inconnus qui ont permis cette sauvegarde. En France, elle met en évidence, par exemple, l'action dans l'ombre de Rose Valland qui, au musée du Jeu de Paume tandis que les nazis y amassaient les œuvres pillées dans toute la France, les répertoriait systématiquement avant qu’elles ne soient envoyées en Allemagne. Un rôle essentiel, qu’elle accomplissait en se dissimulant derrière des lunettes épaisses et une allure peu amène, occultant sa connaissance parfaite de l’allemand.

Les «dédommagements» de l'URSS

Les nazis ne sont pas les seuls à avoir sciemment violé la convention de la Haye sur les lois et coutumes de la guerre sur terre signée en octobre 1907 aux Pays-Bas, et notamment l’article 46.

«L'honneur et les droits de la famille, la vie des individus et la propriété privée, ainsi que les convictions religieuses et l'exercice des cultes, doivent être respectées. La propriété privée ne peut pas être confisquée.»

Staline et les armées soviétiques ne sont se pas gênés pour «emprunter» des œuvres d’art et les entasser dans leurs musées, en justifiant souvent leurs prises comme «dédommagement» de guerre.

Un article fondateur paru en 1991 dans la revue américaine Artnews signé par des auteurs russes Konstantin Akinsha et Grigorii Kozlov, révélait pour la première fois la part d'ombre des musées soviétiques. Ils gardaient dans des chambres secrètes des milliers d'œuvres récupérées par l’Armée Rouge lors de sa marche vers l’ouest. En 1991, alors que l’URSS était en pleine déliquescence, le ministre soviétique de la Culture a admis publiquement l’existence de ces réserves particulières..

Si quelques-unes des pièces ont bien été exposées un peu plus tard dans certains musées, comme celui de l’Ermitage à Saint-Petersbourg, aucune œuvre n’a été rapatriée et une loi votée par la Douma a même renforcé le statu quo en faveur des autorités russes.

Il n’y a pas que les Etats, évidemment, qui ont réussi à soustraire des œuvres d’art. Quelques particuliers aussi ont joué leur carte dans le chaos de l’après-guerre. Ainsi, le père de Cornélius Gurlitt, Hildebrand, l’homme dont l’appartement situé à Munich en Allemagne contenait 1.406 œuvres d’art qui ont été découvertes à la fin de 2013, avait été arrêté brièvement après la guerre, 134 de ses toiles avaient été alors confisquées par les autorités pour en vérifier la provenance.

Elles lui avaient été rendues au bout de 5 ans en 1951. Quant au reste de sa collection, il avait prétendu auprès des autorités qu’elle avait été détruite dans l’incendie de son appartement, lors du bombardement de Dresde en février 1945, qui avait en grande partie détruit la ville. Hildebrand Gurlitt avait repris à la fin des années 1940 son activité de galeriste. Il continuait à exposer. Ainsi peu avant son décès en 1956, il avait exposé aux Etats-Unis à New York et à San Francisco.

Tout aussi étonnante est l’histoire d’Ante Topic Mimara, un aventurier originaire de Croatie quand celle-ci appartenait encore à l’empire austro-hongrois. Réussissant à passer la Première Guerre mondiale sans encombre et à s'installer dans un premier temps en Italie, on le retrouve collectionneur d’art en Allemagne entre les deux guerres. En 1946, il réussit à se faire passer auprès des autorités américaines, qui avaient rassemblées à Munich des œuvres d’art volés dans toute l’Europe, pour un représentant des autorités yougoslaves.

Il présente une liste de 166 objets à récupérer, pour ensuite disparaître avec son trésor, avant que les autorités américaines ne réalisent l'arnaque. Quelques années plus tard, en 1963, il réussit à vendre au Metropolitan Museum of Art à New York la magnifique croix de saint Edmonds que l’on peut encore admirer aux Cloisters.

Les limites des conventions

La mise place de la convention de la Haye en 1954 et plus récemment de la convention de l’Unesco datant de 1970 sur le transfert de propriété de biens culturels notamment d’objets issus de fouilles archéologiques n’a pas stoppé les vols et les disparitions dans les zones de guerre. Les conflits récents ont immédiatement montré les limites de ces conventions.

Il en va par exemple ainsi des manuscrits de Tombouctou victimes des autodafés des islamistes qui avaient pris le contrôle l'an dernier du nord Mali. Depuis 1998, Tombouctou est inscrite au patrimoine de l’Unesco. Aux XIVe et XVe siècles, la cité comptait environ 100.000 habitants dont 25.000 étudiants pour la seule université de Sankoré alors à son apogée. Plus de 300.000 manuscrits anciens répartis dans des bibliothèques privées, au sein de grandes familles, ont été pour la plupart sauvés de la destruction promise par les miliciens. Aujourd’hui ces même manuscrits doivent faire face à autre danger, la mort plus lente mais tout aussi certaine, par le pourrissement.

Musée de Bagdad

Et puis évidemment, la guerre en Irak il y a onze ans. En avril 2003, une vingtaine de jours après le début de l’invasion de l’Irak de Saddam Hussein, le musée national d’Irak à Bagdad a été laissé plusieurs jours. Il a été livré au pillage pendant huit jours entre le 8 avril, quand le personnel du musée (conservateurs, gardiens, administration) a décidé de ne plus revenir, et le 16 avril date à laquelle des troupes américaines ont été finalement déployées pour le protéger.

Huit jours de vols massifs. Une estimation, faite en 2008, faisait état de 15.000 pièces envolées: sculptures, sceaux, amulettes en ivoire, poteries, bijoux, objets du quotidien disparus… témoins pour la plupart de l’histoire millénaire de la Mésopotamie. En septembre 2010, une cérémonie a été organisée par le musée à Bagdad pour célébrer le retour de 542 pièces qui ont alors réintégré les vitrines du musée. Il y a six mois, un responsable irakien Bahaa Mayah, estimait qu’un quart seulement des pièces disparues avaient été retrouvées.

Encore plus récemment, en novembre 2013, l’université de Cornell, située dans l’Etat de New York, annonçait son intention de donner près de 10.000 tablettes en écriture cunéiforme remontant à la fin du IVe siècle avant JC, aux autorités irakiennes. Ces tablettes reçues au début des années 2000 par le musée de l’université avaient été données par la famille d’un collectionneur décédé.

L’université est restée mystérieuse sur les motivations de ce retour inattendu, mais certains ont cru déceler une origine peut-être sulfureuse des tablettes, ramenées aux Etats-Unis après de la première guerre du Golfe en 1991. Une origine que la famille du collectionneur a quant à elle toujours réfuté.

La destruction d'Alep

On l’a vu pour l’Irak. On le voit aussi pour la Syrie. La guerre civile qui a commencé en mars 2011 et a selon le dernier décompte de l’ONU fait plus de 130.000 morts a multiplié les destructions de monuments. La bataille engagée autour d’Alep, la deuxième ville du pays, entre les forces gouvernementales de Bachar el-Assad et les forces rebelles, en est un exemple. Alep, ville carrefour de toutes les routes de l’antiquité, serait l’une des plus anciennes villes habitée au monde. La vieille ville d’Alep est inscrite sur la liste du patrimoine mondial depuis 1986.

Elle a subi de nombreux dommages depuis le début du conflit. En juillet 2012 La Citadelle (datant du XVIe siècle) a été touchée une première fois, suivie dix jours plus tard par les souks datant du XVe siècle. En février 2013, les rebelles se sont emparés de la mosquée dont l’édifice originel datait du VIIIe siècle agrandie par ses successeurs. La majorité du bâtiment détruit après le retrait de l’armée loyaliste datait du XVIIe siècle. Seul le minaret qui avait été érigé entre 1090 et 1092 était d’origine: il s’est effondré le 24 avril 2013.

Le pillage de sites archéologiques et la destruction des trésors remontant à l’antiquité de la Syrie sont malheureusement bien documentés et connus. Des tombes, des sites de fouilles ont été pillés par des voleurs qui revendent des milliers d’objets sur le marché noir, un trafic devenu une monnaie d’échange pour acquérir de nouvelles armes.

Anne de Coninck






Les Monuments Men revigorés récupèrent toujours des œuvres d'art volées pendant la Seconde Guerre mondiale et retournent à leurs propriétaires légitimes

 Ian Harvey

Adolph Hitler était un passionné d'art. Il avait postulé à l'Académie des beaux-arts de Vienne dans sa jeunesse mais a été rejeté, annulant à jamais ses ambitions de devenir un artiste à succès. Il s'est rapidement tourné vers la collection d'art et, en tant que chancelier d'Allemagne et chef du parti nazi, Hitler a profité de nombreuses occasions pour voler des œuvres d'art inestimables dans les villes occupées par ses troupes. Les nazis sont allés jusqu'à enlever les vitraux des églises.

A Paris, le président du Reichstag Hermann Göring a confisqué tant d'œuvres d'art qu'il lui a fallu deux wagons pour tout transporter en Allemagne. Hitler prévoyait de construire un complexe artistique, le Fuhrermuseum, à Linz, en Autriche, en utilisant des œuvres d'art volées dans toute l'Europe. Cela aurait été le plus grand musée du monde.

Les historiens de l'art et les dirigeants de musées ont exprimé leur inquiétude et ont fait pression sur les forces alliées pour qu'elles protègent les objets d'art et culturels. En réponse, les Alliés ont créé le Programme des monuments, beaux-arts et archives (MFAA) pour protéger les œuvres d'art européennes de l'anéantissement et récupérer les pièces qui avaient été pillées. Près de 350 hommes et femmes de 13 pays se sont portés volontaires. Les volontaires n'étaient pas des soldats mais des architectes d'âge moyen, des conservateurs de musées, des spécialistes de l'art, des artistes et des historiens sans aucune expérience militaire.

La conception du Führermuseum était basée en partie sur la Haus der Deutschen Kunst de Munich, illustrée ci-dessus.  Construit en 1933-37 et conçu par Paul Ludwig Troost, avec une contribution considérable d'Hitler, le Haus a été l'une des premières structures monumentales construites à l'époque nazie.  Auteur : Bundesarchiv, Bild 146-1990-073-26 / CC-BY-SA 3.0

La conception du Führermuseum était basée en partie sur la Haus der Deutschen Kunst de Munich, illustrée ci-dessus. Construit en 1933-37 et conçu par Paul Ludwig Troost, avec une contribution considérable d'Hitler, le Haus a été l'une des premières structures monumentales construites à l'époque nazie. Auteur : Bundesarchiv, Bild 146-1990-073-26 / CC-BY-SA 3.0

Après la fin des hostilités, ils ont passé des mois à rechercher des millions d'œuvres d'art et d'objets culturels volés aux Juifs aisés, aux musées, aux universités et aux lieux de culte. Pendant six ans après la capitulation, un groupe d'environ 60 Monuments Men a continué à chercher en Europe l'art manquant.

Le retable de Gand pendant la récupération du dépôt d'art dans la mine de sel d'Altaussee, 1945

Le retable de Gand pendant la récupération du dépôt d'art dans la mine de sel d'Altaussee, 1945

Le juge de la Cour suprême Owen J. Roberts était responsable du groupe, parfois appelé Commission Roberts, dont la mission était de promouvoir la préservation des biens culturels dans les zones de conflit, y compris les théâtres d'opérations méditerranéens, européens et d'Extrême-Orient, tant que le travail n'a pas entravé les opérations militaires.

Le général Eisenhower inspectant des œuvres d'art volées découvertes à Merkers.

Le général Eisenhower inspectant des œuvres d'art volées découvertes à Merkers.

À la National Gallery of Art de Washington DC, le groupe a créé des listes de trésors européens disparus et les a données à des unités militaires, dans l'espoir que les pièces puissent être reconnues et sauvées. À la fin de la guerre, la Commission Roberts a aidé le MFAA et les forces alliées à restituer les œuvres d'art confisquées aux nazis à leurs propriétaires d'origine. En juin 1946, le Département d'État a repris ces opérations.

Un tunnel dans la mine de sel d'Altaussee Auteur : Centic CC BY-SA 3.0

Un tunnel dans la mine de sel d'Altaussee Auteur : Centic CC BY-SA 3.0

Une grande partie de l'art a été trouvée au fond d'une ancienne mine de sel à Altausee dans les montagnes autrichiennes. Le capitaine Robert Posey et la FPC. Lincoln Kirstein est entré dans la mine et a trouvé des chefs-d'œuvre de Jan van Eyck, Michelangelo et du peintre néerlandais Johannes Vermeer. Au total, 6 577 peintures, 2 300 dessins ou aquarelles, 954 estampes, 137 pièces de sculpture, 129 pièces d'armes et armures, 79 paniers d'objets, 484 caisses d'objets d'archives, 78 meubles, 122 tapisseries et plus de 1 200 caisses de livres , ainsi que des piles de lingots d'or ont été récupérés. Il a fallu quatre-vingts camions pour transporter les matériaux jusqu'à Munich.

Monuments Men Congressional Gold Medal, remise le 9 juin 2014.

Monuments Men Congressional Gold Medal, remise le 9 juin 2014.

Des mines de cuivre ont été utilisées, ainsi que de vieux châteaux abandonnés, pour stocker les trésors volés. Plus d'un millier de cachettes ont été trouvées dans le sud de l'Allemagne seulement. Un château allemand contenait tellement d'œuvres d'art qu'il a fallu six semaines pour tout déplacer. Hitler avait ordonné que tout l'art soit détruit si l'Allemagne tombait aux mains des Alliés et que certaines cachettes étaient incendiées, ainsi que des peintures, des statues et des textiles irremplaçables.

Médaille d'or

Médaille d'or

Plusieurs livres ont été écrits sur le travail accompli par les Monuments Men, dont Saving Italy,  The Monuments Men et Rescueing Da Vinci de Robert Edsel, Resistance at the Museum de Rose Vallard, Beyond the Dreams of Avarice: The Hermann Goering Collection de Nancy Yeide et The Rape of Europa de Lynn Nicholas, qui a également été adapté en un documentaire réalisé par Bonni Cohen, Nicole Newnham et Richard Berge. Un film hollywoodien, Les Monuments Men, écrit et réalisé par George Clooney et mettant en vedette Clooney, John Goodman, Matt Damon et Bill Murray est sorti en 2014 et basé sur le livre d'Edsel. Le film montre l'énormité de tout l'art volé par les nazis d'une manière telle que les chiffres sur une page ne le peuvent pas.

En 1951, le groupe avait sauvé et rendu plus de 5 millions d'œuvres d'art. Mais il n'a pas terminé sa tâche. Le 6 juin 2007, la Fondation Monuments Men pour la préservation de l'art a commencé ses activités pour poursuivre le travail du groupe d'origine et recherche toujours activement des artefacts volés pendant la guerre.

Robert M. Edsel (à l'extrême gauche) avec le président américain de l'époque George W. Bush et quatre Monuments Men, 2007.

Robert M. Edsel (à l'extrême gauche) avec le président américain de l'époque George W. Bush et quatre Monuments Men, 2007.

Dans certains cas, le travail retourne en Allemagne. En Décembre 2016, un 16 e tapisserie siècle vendu à l'architecte d'Hitler en 1938 a été donné au Musée national de la Première Guerre mondiale à la Nouvelle Orléans. Un officier américain l'a pris de la retraite de Hitler's Eagles Nest en 1945 et l'a gardé jusqu'à ce que sa fille en fasse don. Grâce à la Fondation Monuments Men, il a été rendu à Munich, en Allemagne, où il sera exposé au Musée national de Bavière.

Lisez une autre histoire de notre part : l'agent du FBI, Robert King Wittman, est responsable de la récupération de plus de 300 millions de dollars d'œuvres d'art volées, dont des œuvres de Goya, Rembrandt et Rockwell 

La Fondation Monuments Men est toujours active et toujours à la recherche des milliers d'œuvres d'art manquantes qui n'ont pas encore été retrouvées ; il accueille l'aide de toute sorte.

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L'Enlèvement d'Europe

The Rape of Europa raconte l'histoire épique du vol systématique, de la destruction délibérée et de la survie miraculeuse des trésors artistiques européens pendant le Troisième Reich et la Seconde Guerre mondiale. Dans un voyage à travers sept pays, le film entraîne le public dans le violent tourbillon de fanatisme, de cupidité et de guerre qui menaçait d'anéantir le patrimoine artistique de l'Europe. Pendant douze longues années, les nazis ont pillé et détruit l'art à une échelle sans précédent dans l'histoire. Mais les jeunes professionnels de l'art ainsi que les héros ordinaires, des chauffeurs de camion aux employés de grands magasins, ont riposté avec un effort extraordinaire pour protéger, sauver et restituer les millions de trésors perdus, cachés et volés. Le viol d'Europe commence et se termine avec l'histoire du célèbre portrait en or de l'artiste Gustav Klimt, volé aux Juifs viennois en 1938 et maintenant le tableau le plus cher jamais vendu. Aujourd'hui, plus de soixante ans plus tard, l'héritage de cette histoire tragique continue de se faire sentir alors que les familles de collectionneurs pillés récupèrent des œuvres d'art majeures, les conservateurs réparent les dommages causés par les combats et les nations se disputent le sort des butins de guerre mal acquis. Joan Allen raconte cette chronique époustouflante sur la bataille pour la survie même de siècles de culture occidentale. Contexte historique Selon les estimations américaines, les nazis ont volé un cinquième de toutes les œuvres d'art connues en Europe. Alors que les Alliés ont rendu la plupart des œuvres d'art déplacées au cours de la décennie qui a suivi la guerre, une grande partie du butin manque toujours. Tragiquement, des chefs-d'œuvre uniques ont été détruits et perdus pour la postérité à jamais. D'autres œuvres d'art - les dernières victimes oubliées de la guerre - ont survécu mais restent non identifiées, traçable uniquement avec une enquête coûteuse et difficile. Au milieu des années cinquante, l'effort initial et massif de restitution des Alliés avait perdu sa priorité et son élan face aux pressions de la guerre froide. Des centaines d'œuvres d'art, dont les propriétaires ne sont pas identifiés, gisaient encore dans les entrepôts gouvernementaux à travers l'Europe, ou restaient entre les mains de marchands sans scrupules qui ont attendu des années avant de déguiser leurs origines et de les alimenter lentement sur le marché. Mais cette longue période de calme est terminée. La fin de la guerre froide et l'ouverture des archives d'Europe de l'Est ont révélé que de nombreuses œuvres que l'on croyait perdues avaient survécu. Les commémorations marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale et le développement de l'érudition sur l'Holocauste ont également conduit au réexamen et à la déclassification des documents oubliés, inspirant ceux qui désespéraient depuis longtemps de retrouver leurs biens perdus à chercher à nouveau. La publication en 1995 de The Rape of Europa, le livre phare de Lynn H. Nicholas sur lequel le film est basé, a joué un rôle déterminant pour attirer l'attention du monde entier sur cette histoire longtemps négligée. Le film documentaire d'Actual Films s'appuie sur son érudition en incorporant les dernières recherches historiques, en examinant les problèmes juridiques et politiques posés par les demandes de restitution contemporaines et en évaluant les effets persistants de ce déplacement culturel massif, un aspect de la guerre qui nous hante encore aujourd'hui. . Le regain d'intérêt pour le sujet du pillage et de la restitution a eu des résultats spectaculaires. Les musées américains de Seattle, Washington à Raleigh, Caroline du Nord ont dû expliquer comment des peintures volées se sont retrouvées dans leurs collections après la guerre. En France, un catalogue d'art non réclamé détenu par les musées nationaux et ignoré pendant des années est désormais disponible en ligne. D'autres nations, sentant la pression, ont également revisité les décisions souvent injustes prises par leurs gouvernements après la guerre concernant la propriété de l'art pillé. Le plus remarquable est peut-être le cas des cinq tableaux de Gustav Klimt, longtemps conservés par la galerie Belvedere à Vienne, qui ont été décernés en 2006 par un jury autrichien à Maria Altmann, la nièce d'un Viennois de 90 ans à Los Angeles. Juive à qui les peintures ont été volées en 1938. Elle a ensuite vendu les images, l'une d'entre elles - le célèbre Portrait en or de sa tante Adele Bloch-Bauer - à Ronald Lauder pour un montant record de 135 millions de dollars. Le pillage et le pillage pendant la guerre ne sont pas, bien sûr, des activités nées avec la Seconde Guerre mondiale. Avant même les épopées d'Homère, l'histoire humaine a enregistré la tradition séculaire des vainqueurs saisissant le butin des vaincus. Mais l'échelle massive, l'organisation bureaucratique sans précédent et les rationalisations légalistes offertes par les nazis distinguent leurs réalisations. Pas des centaines ou des milliers, mais des millions d'objets visuels ont été achetés et vendus, confisqués et transportés à travers le continent européen. Tout comme les nazis ont cherché à imposer leur moralité raciale à la population diversifiée de l'Europe, ils ont également cherché à redessiner le visage culturel de l'Europe en réorganisant ou en détruisant ses grandes œuvres d'art. Même dans les bouleversements de la guerre, les dirigeants nazis ont consacré un temps et une énergie précieux à la collecte d'œuvres d'art. Ils ont effectué de multiples opérations avec des buts croisés. Alors que l'unité de propagande d'Alfred Rosenberg (ERR) s'appropriait des œuvres d'art qui renforceraient l'idéologie raciste du Parti et pillaient les grandes collections juives d'Europe, Hitler employait des historiens de l'art distingués et des marchands corrompus pour voler des chefs-d'œuvre qui conféreraient prestige et légitimité symbolique à la nation allemande. Aussi diverses soient-elles, ces opérations étaient toutes liées par un effort raciste sous-jacent des nazis pour utiliser l'expropriation et la destruction de biens culturels comme moyen de déshumaniser leurs victimes. L'Holocauste est devenu un symbole du côté obscur de l'humanité, et nous avons passé des décennies à essayer de comprendre ce que signifie vivre en sachant que les gens ordinaires sont capables de se rendre complices d'une telle horreur. L'histoire de ce qui est arrivé au grand art européen pendant et après la Seconde Guerre mondiale offre une nouvelle perspective importante à travers laquelle examiner ces thèmes apparemment impondérables. Contrairement au pillage massif d'Hitler et des nazis, les Alliés occidentaux ont travaillé pour atténuer le tribut tragique et inévitable imposé aux villes d'art et historiques lors de leur invasion de l'Italie, de la France et de l'Allemagne. Au cœur de cette histoire se trouve la mission sans précédent des Monuments Men, principalement des historiens de l'art et des conservateurs de musées américains qui, enrôlés dans le service militaire, ont monté un effort miraculeux pour protéger les monuments et récupérer des millions d'œuvres d'art déplacées. Se déplaçant dans le temps, le film relie les enquêtes sur l'art pillé à leurs origines en temps de guerre, retraçant les parcours remarquables de chefs-d'œuvre individuels, de la confiscation en temps de guerre à la récupération actuelle par les familles des propriétaires d'origine. L'Enlèvement d'Europe offre une entrée privilégiée dans les cercles exclusifs du commerce de l'art contemporain et explore l'héritage méconnu de la Seconde Guerre mondiale qui a attiré de nombreux collectionneurs et marchands d'après-guerre dans une affaire faustienne qui se poursuit encore aujourd'hui. Nous vivons à une époque où le patrimoine culturel commun de l'humanité continue d'être vulnérable aux menaces des idéologues et aux assauts des conflits armés, de la destruction gratuite par les Serbes de mosquées centenaires en Bosnie et au Kosovo à la démolition télévisée par les talibans des anciens bouddhas de Bamiyan en Afghanistan et du pillage généralisé qui a accompagné l'invasion américaine de l'Irak. The Rape of Europa est un témoin émouvant de la destruction causée à la culture et à l'art par le fanatisme, la cupidité et la guerre. Mais c'est aussi un film plein d'espoir qui montre comment il est possible pour l'humanité de protéger l'intégrité des biens culturels dans les conflits armés. Perspective sur le film de Lynn H. Nicholas, auteur de L'Enlèvement d'Europe Mon intérêt pour la question du pillage des œuvres d'art a commencé un peu par hasard en 1980 lorsque j'ai vu la nécrologie d'une conservatrice du Louvre, Rose Valland, dans le Herald Tribune. Il disait, entre autres, qu'elle avait été une héroïne de la Résistance et qu'elle était responsable de la sauvegarde et de la récupération de milliers d'œuvres d'art pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Je vivais à l'époque à Bruxelles, sans engagement particulier, et ma curiosité ayant été éveillée, J'ai décidé d'examiner ce qu'il était advenu de toutes les œuvres d'art en Europe pendant la guerre. Malgré le fait que j'étais depuis longtemps impliqué dans le monde des musées américains, je n'avais jamais réfléchi à la question, et apparemment personne d'autre non plus, du moins pas depuis longtemps. J'ai commencé doucement, à Bruxelles, à demander aux gens des musées ce qu'ils avaient fait pendant la guerre. Au fur et à mesure que l'histoire émergeait, tous les Européens étaient étonnés de mon ignorance et n'arrêtaient pas de me diriger vers des personnes qui, à la fin des années 1970, occupaient des postes élevés dans les musées américains. Et c'est ainsi qu'à mon retour à Washington en 1984, j'ai commencé le vrai travail. Il s'est avéré que personne n'avait jamais interrogé aucun des "hommes des monuments", comme on appelle ceux qui se sont occupés du sauvetage des trésors d'art européens pendant la guerre, sur leur travail. J'ai eu beaucoup de chance. Comme j'avais travaillé dans les musées pendant des années, j'en connaissais beaucoup, et sans exception, ils étaient ravis de partager avec moi leurs souvenirs, leurs lettres et leurs photos. Ces papiers personnels n'étaient qu'un début. A la National Gallery of Art, j'ai trouvé la correspondance quotidienne de la commission présidentielle mise en place pour lutter contre le pillage des œuvres d'art. Les Archives nationales ont été une autre révélation : il n'y avait pas seulement tous les dossiers et photographies alliés des dommages, récupération et restitution, mais des tonnes de documents allemands enregistrant le pillage d'Hitler et de ses acolytes. Il est difficile de décrire à quel point il était excitant de trouver les dossiers contenant la correspondance réelle liée à cette activité, souvent annotée par Hitler et Goering eux-mêmes. Je me suis vite rendu compte que les exploits étonnants des hommes des Monuments - et j'inclus ceux de toutes les nations, y compris l'Allemagne, qui protégeaient les œuvres d'art, ne pouvaient être compris sans une analyse approfondie de la pensée et de la politique nazies. Par exemple, les objets que les collectionneurs nazis troquaient et vendaient par opposition à ceux qu'ils confisquaient et achetaient ne pouvaient s'expliquer que par leurs théories sur la dégénérescence des races et des cultures illustrées par les purges de leurs propres musées avant la guerre. J'étais aussi bien avec mon livre avant que le problème de ce qui n'avait PAS été récupéré ne me soit même venu à l'esprit. Bien que de grandes quantités d'art mobilier aient été restituées à la fin de la guerre, des milliers d'objets sont restés introuvables et les retrouver et les réunir avec leurs propriétaires d'origine est devenu un sujet brûlant. La politique et les événements mondiaux ont fait une énorme différence dans le développement de cette recherche - plus particulièrement la disparition de l'Union soviétique, l'ouverture de l'Europe de l'Est et le 50e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec son réexamen de ce qui avait été fait en les premières années de paix, dont une grande partie, une fois revisitée, ne semblaient pas tout à fait correctes. Alors que des choses que l'on croyait perdues à jamais sont apparues, les familles et les gouvernements ont commencé à se pencher sur des archives poussiéreuses et la mémoire a été ravivée. Tout cela a été alimenté par l'augmentation gigantesque de la valeur de nombreux objets manquants, avec pour résultat que de nombreuses œuvres perdues ont été identifiées et ont retrouvé leur place. L'histoire du pillage ne concerne pas que les objets. C'est une histoire pleine de tragédie personnelle et de perte, de récupération douce-amère des fragments de cultures et de vies disparues. La combinaison d'une destruction dévastatrice et des plus beaux objets de civilisation est très puissante et l'est encore plus par le médium visuel du film. J'ai été assez submergé par les images des histoires que je connaissais si bien. Avec une grande sensibilité, les cinéastes de L'Enlèvement d'Europe ont ajouté de nouvelles dimensions et donné vie à toute cette histoire d'une manière inoubliable et passionnante. DVD. 117 minutes.




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