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Bibliografie critica Thomas Mann in franceza
(biografii, studii + memorii, corespondenta, jurnal)
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Hildegard
Möller, Thomas Mann, une affaire de
famille, Tallandier, 2007
Descriptif
Les femmes de la famille Mann ont-elles été heureuses
? Nées riches et rapidement devenues célèbres, membres d’une famille qui était
admirée en Allemagne à l’égal d’une dynastie aristocratique, elles
fréquentèrent les personnalités les plus importantes de leur époque, depuis la
fin des années 1900 jusqu’aux années 1960. Et pourtant, aucune d’entre elles ne
put sortir vraiment de l’ombre de Thomas Mann, géant de la littérature. Elles
rivalisèrent pour attirer l’attention et obtenir l’amour du grand « magicien ».
Il y avait Katia, patronne de la famille, au service de son grand homme de
mari; la sauvage Erika, la fille préférée, toujours prête à faire scandale avec
son époux Gustaf Gründgens comme avec son frère Klaus; Monika, la mal-aimée,
vainement en quête de reconnaissance; et Elisabeth, la « toute petite », qui
fut cependant la plus indépendante de toutes.Best-seller en Allemagne, ce livre
raconte le roman vrai d’une famille exceptionnelle, nourri aux meilleures
sources : lettres, carnets intimes, témoignages littéraires.
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Louis
Leibrich, Thomas Mann. Une recherche
spirituelle, Aubier, 1974
Descriptif
Enfin un spécialiste secourable se fait notre guide à
travers l'œuvre foisonnante de Thomas Mann. Tout le monde connaît LA MONTAGNE
MAGIQUE, les BUDDENBROOK, mais l'ampleur et la variété de l'œuvre : nouvelles,
romans, essais en tout genre et une importante correspondance, ne sont,
d'ordinaire, saisis que par bribes. En suivant l'ordre chronologique, Louis
Leibrich nous montre comment, dans les écrits de Thomas Mann, les thèmes, les
idées et les images s'enchaînent et se développent. Introduction indispensable
à un auteur qui, du biologique au psychique, du politique au religieux, aborde
avec une intuition passionnée les problèmes fondamentaux d'aujourd'hui.
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Hans
Wisskirchen, Thomas Mann et les siens. Une dynastie
d'écrivains, Bartillat, 2002
Descriptif
La
famille de Thomas Mann incarne à elle seule un chapitre important de l'histoire
littéraire de l'Allemagne au XXe siècle. Elle compte en son sein de nombreux
écrivains de premier ordre. Les frères Thomas et Heinrich, mais aussi les
enfants de l'auteur de Mort à Venise : Klaus, Erika, Golo... Cet essai retrace
son parcours des origines à Lübeck aux années d'exil à partir de 1933. Il
montre également les processus à l'œuvre au sein de la famille, marquée par de
nombreux destins tragiques.
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Maurice Godé, Thomas
Mann, Belin, Collection: Voix allemandes, 2010
Résumé: "Thomas Mann (1875-1955) a conquis à
l'âge de vingt-six ans la notoriété littéraire avec la publication de son roman
naturaliste Les Buddenbrook. S'il s'est essayé à la poésie et au théâtre, c'est
comme auteur de nouvelles et de romans qu'il est connu dans le monde entier,
notamment avec La Mort à Venise et La Montagne magique. Nationaliste lors de la
Première Guerre mondiale, il s'est mué en ardent propagandiste de la république
de Weimar, puis - depuis son exil aux États-Unis - en adversaire intraitable de
l'Allemagne nazie. Ses essais comme ses oeuvres fictionnelles sont un précieux
témoignage sur les grands débats d'idées qui ont passionné le XXe siècle et
restent d'une brûlante actualité." - présentation de l'éditeur
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Madame Thomas
Mann: La vie de Katharina Pringsheim (1883-1980), Editions Jacqueline Chambon, 2006
Présentation de l'éditeur
Qui était Katia Pringsheim ? L'enfant gâté d'une
famille juive de la grande bourgeoisie. L'une des premières étudiantes à
s'inscrire en 1901 à l'université de Munich. La fille d'Alfred et Hedwig
Pringsheim, cultivés et libéraux, qui recevaient le tout Munich intellectuel et
artistique dans leur hôtel particulier de la Arcisstrasse. La fiancée indécise
que Thomas Mann, futur prix Nobel de littérature, avait décidé d'épouser.
Devenue la femme du «plus
grand écrivain allemand de son temps», qui fut Katia Mann ? La collaboratrice
indispensable, qui veillait sur le confort du «Magicien», négociait les
contrats, tapait les manuscrits, élevait six enfants doués mais difficiles
avant d'organiser, en 1933, l'exil de la famille, d'abord en Suisse puis en
Amérique. Un exil doré certes mais une rude tâche aussi, car il fallait
protéger la tranquillité de l'écrivain, arbitrer les différends politiques
entre les deux aînés, Erika et Klaus, et leur père, recevoir amis et
admirateurs, aider des intellectuels allemands fuyant le nazisme. Une femme
accomplie donc, Mme Thomas Mann. Certes, mais à la force du poignet,
accueillant honneurs et déboires, bonheurs et deuils avec le même sang-froid et
cet humour incisif qui était sa façon d'aimer la vie.
Marianne
Krull, Les Magiciens. Une autre histoire de la famille Mann, Seuil, 1995, 400
pages
Présentation de l'éditeur
Quelle famille fascinante que la famille Mann !
Combien, parmi ses membres, d’hommes et de femmes tentés, avec des fortunes
diverses, par l’écriture ou la scène ! Et combien de destins s’entrelaçant
autour de celui de Thomas, son représentant le plus illustre, que ses enfants
surnommaient « le magicien » ! Magicien du verbe, il le fut assurément. Mais le
mot dit bien toute l’aura de mystère qui entourait cet homme inaccessible et
intimidant. Certains, comme son frère Heinrich ou son fils Klaus, furent le
jouet de ses enchantements funestes. Avaient-ils voulu devenir à leur tour des
magiciens ? Partant du suicide de Klaus en 1949 à Cannes, Marianne Krüll
reconstruit l’histoire complexe d’une famille hors du commun. Malédictions,
refoulements, désirs incestueux ou homosexuels, pulsions suicidaires semblent
se transmettre d’une génération à l’autre et finissent par produire
l’impression d’une implacable cohérence de ces destins. Grâce à la multiplicité
des approches – sociologique, psychanalytique, historique – comme des sources
consultées – correspondances, carnets intimes, œuvres littéraires –, Marianne
Krüll parvient à mettre au jour la structure et les nombreuses facettes d’une
histoire familiale où la littérature et la vie n’ont cessé de s’imbriquer
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Katia Mann,
Thomas Mann: souvenirs à bâtons rompus, Editions Albin Michel 1975, 186 pages
Présentation de l'éditeur
Katia Mann a été l'épouse pendant 50 ans de l'écrivain
Thomas Mann. Elle n'a jamais écrit et disait : "Dans cette famille, il
faut bien qu'au moins une personne s'abstienne d'écrire".Pour ce livre,
elle a bien voulu répondre à une longue interview à laquelle a contribué son
fils Michael : "Si aujourd'hui je me prête à cette interview, il faut
l'attribuer exclusivement à ma faiblesse et à mon humeur conciliante".
(1970)
Ainsi, elle nous raconte avec beaucoup d'intérêt pour
les amateurs de Thomas Mann. Je crains par contre que ce livre soit très
difficile à trouver aujourd'hui. J'ai eu la chance de l'acheter récemment dans
une bouquinerie.
Katia Mann parle tout d'abord de sa famille les
Pringsheim, dont le père était mathématicien et des circonstances qui lui ont
fait rencontrer Thomas Mann, dans un tramway puis chez des amis (rencontre
arrangée par l'écrivain). Il était déjà renommé pour son roman "Les
Buddenbrook".
Tout au long de leur vie, les Mann ont cotoyé de
nombreux écrivains, musiciens ou intellectuels. Katia raconte les liens avec
Hesse ou Hauptmann. Bruno Walter, le célèbre chef d'orchestre, a été un ami de
toujours, d'autant que Thomas était passionné comme Walter par l'oeuvre de
Wagner.
En 1929, Thomas Mann reçoit le Prix Nobel de
Littérature et Katia l'accompagne à Stockholm comme Il en sera pour tous les
voyages qu'il entreprendra, d'où la richesse de ses souvenirs. Elle lui donnait
aussi des conseils, des idées pendant que son mari écrivait. Elle a fortement
influencé l'écriture de "La Montagne Magique" ayant vécu l'expérience
des sanatoriums compte tenu de la fragilité de sa santé.
L'on connait les difficultés rencontrées avec le
nazisme puisque dès l'accession de Hitler au pouvoir en janvier 1933, les Mann,
alors en voyage à l'étranger n'ont pas pu rentrer en Allemagne. Le Sud de la
France, la Suisse puis les USA ont été alors leur terre d'accueil.
Katia évoque également Schonberg, pas très agréable ;
Adorno, "le conseiller" pour l'écriture du "Docteur
Faustus" qui osa ensuite dire que c'était lui l'auteur du livre.
On suit ainsi la vie de ce couple "généreux"
toujours pris entre famille, politique, écriture, amitiés... au point de
sacrifier une partie de leur vie aux autres. Katia, encore plus, par fidélité
sans faille à son époux, que les aînés appelaient "le magicien"...
oui, un magicien des lettres...
Un livre passionnant de bout en bout à lire
absolument.
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Dieter
Strauss, Klaus Mann et la France,
Seghers;Éd. Bilingue, 2002, 198 pages
(Dieter Strauss est directeur du Goethe-Institut à
Paris)
Présentation de l'éditeur
Il y a des moments où l'on se demande si le meilleur
des Mann, ce n'était pas Klaus, le fils, qui s'est suicidé à Cannes, un jour de
pluie, le 21 mai 1949 ". Bernard Frank, Le Nouvel Observateur.
Très tôt, Klaus Mann perçoit les dangers du nazisme et
quitte l'Allemagne dès 1933. Et c'est l'exil qui lui suggérera quelques-uns de
ses grands livres, tels Le Volcan, Le Tournant et Méphisto, mis en scène par
Ariane Mnouchkine, en France, en 1979, mais toujours officiellement interdit en
Allemagne. Documents inédits à l'appui, cet ouvrage éclaire, sous l'angle de
l'émigration des années 30, cette période si riche et douloureuse de la culture
allemande et des liens noués alors avec l'intelligentsia française. Il montre
comment le séjour en France de Klaus Mann, de 1933 à 1938, bouleversa sa vie
personnelle et intellectuelle. Il rappelle que l'écrivain, qui rencontre
aujourd'hui un écho de plus en plus large, fut non seulement un opposant à
Hitler résolument engagé, mais aussi un européen convaincu, pour qui
l'édification de l'Europe passait par le rapprochement de la France et de
l'Allemagne. Cette monographie bilingue constitue le catalogue de l'exposition
du Goethe Institut " Klaus Mann et la France : un destin d'exil "
(octobre 2002 - octobre 2004).
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Klaus Mann, Le
Tournant : Histoire d'une Vie, Edition: Actes Sud, 2008, 688 pages.
Présentation de l'éditeur
Né en 1906, Klaus Mann, le fils aîné de Thomas Mann,
fut un écrivain précoce qui, à dix-huit ans, avait déjà publié une pièce de
théâtre et un recueil de nouvelles.
Seul ou avec sa sœur Erika, il commença dès ce moment
à parcourir le monde- Europe, Asie, Etats-Unis...
Mais, très vite, cette vie insouciante et libre de
dandy des Années folles - drogue dure, sexe, homosexualité affichée - fut
interrompue par la montée du nazisme, auquel il s'opposa résolument dès le
début.Ecrivain prometteur encouragé par Cocteau et Gide, il fonda en exil une
revue antifasciste à laquelle collaborèrent notamment Einstein, Brecht,
Trotski, Pasternak, Roth et Hemingway, et participa, en 1934, à la préparation
avec René Crevel du Congrès international pour la défense de la culture.
Après avoir été correspondant de guerre en Espagne du
côté républicain, il s'installa aux Etats-Unis en 1938, et c'est sous
l'uniforme américain qu'il devait revenir dans une Allemagne en ruine.
Son œuvre romanesque - Fuite au nord, Le Volcan,
Mephisto - contenait déjà de nombreux fragments autobiographiques.
Mais il fallut attendre Le Tournant, qu'il acheva peu
avant son suicide à Cannes, en 1949, à l'âge de quarante-deux ans, pour qu'il
brosse magistralement la fresque tragique de son temps.
La beauté du livre tient à cette étrangeté : c'est
l'autobiographie sans confession d'un homme plus attentif aux autres et à son
époque qu'à lui-même.
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Jean-Michel
Rey, Le suicide de l'Allemagne; sur le Moïse de Thomas Mann, Desclee De
Brouwer, 2018, 19,50 €
Descriptif
En 1943, exilé aux États-Unis, Thomas Mann publie une
longue nouvelle, La Loi, qui ouvre un recueil collectif intitulé Les Dix
Commandements. Décrivant cette oeuvre méconnue et la replaçant dans son
contexte, Jean-Michel Rey mène alors une enquête passionnante sur le statut de
la culture juive dans une Europe hantée par les fantasmes d'un retour aux
Grecs.
Ce qui est décrit et analysé, c'est le suicide de
l'Allemagne : la manière dont cette nation s'est privée d'une part essentielle
d'elle-même, à savoir l'« esprit juif ». Thomas Mann rejoint ici certains
propos de Heinrich Heine, de Franz Kafka et les développements poétiques de
Nelly Sachs dans les mêmes années. Il est proche également des préoccupations
de Freud, en 1939, dans L'Homme Moïse et la religion monothéiste - avec qui il
entre dans une rivalité amicale et admirative.
Thomas Mann retourne le vocabulaire accaparé par les
nazis - le «peuple», la « pureté », le « salut ». Il démontre que c'est la
langue même qui, avec le nazisme, a été dénaturée. Déployant des analyses d'une
grande finesse sur la catastrophe en cours depuis 1933, il nous permet de
comprendre que ce qui s'est joué dans la dernière guerre ne saurait être
oublié. Occasion de se demander pour quelles raisons un pays fut amené à se
détruire, à se priver d'une partie de ce qui le constituait, avec une rapidité
si surprenante.
Jean-Michel Rey est professeur émérite de l'université
Paris VIII où il a enseigné la philosophie et l'esthétique. Il est l'auteur
d'une vingtaine d'ouvrages, parmi lesquels : La Part de l'Autre (1998), Le
Temps du crédit (2002) et Les Promesses de l'oeuvre (2003).
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Thomas Mann, Journal
- 1918-1921, 1933-1939 - Grand Format, Gallimard, 1985, 684 p.
RÉSUMÉ
C'est toujours un rare privilège de pénétrer dans la
vie quotidienne d'un grand écrivain. Avec le Journal de Thomas Mann, le
privilège est multiple : nous participons à ses petites joies et à ses petites
misères de tous les jours, mais aussi à l'élaboration de son ouvre au fur et à
mesure qu'il y travaille, qu'il forme des projets pour l'avenir, qu'il livre
ses textes à la publication. Mais l'intérêt essentiel de ce Journal, ce sont
sans doute les réactions à chaud de l'auteur face à la situation politique,
d'abord dans les années 1918 à 1921, période où il vit intensément la fin de la
Première Guerre mondiale, les troubles de la République des Conseils de Munich
et les débuts de la République de Weimar.
Il faut ensuite attendre 1933 pour que le Journal
reprenne son fil. Nous ne saurons donc jamais comment Thomas Mann a ressenti la
première tentative de faire fonctionner en Allemagne un Etat démocratique.
Surpris par la prise de pouvoir de Hitler alors qu'il effectuait un séjour en
Suisse, il comprend aussitôt la gravité de ce qui se passe et décide de ne pas
rentrer en Allemagne. Dès lors, son Journal nous fait vivre sa répulsion
vis-à-vis du national-socialisme, les problèmes que lui pose l'abandon en
Allemagne de sa maison et de l'essentiel de sa fortune, mais aussi les espoirs
et les joies que lui procure l'accueil que lui réserve l'étranger.
Les séjours en France et en
Amérique jalonnent cette période, et l'attitude antinazie de l'écrivain ne se
dément jamais.
Thomas Mann, Journal
1940-1955 - Grand Format, Gallimard, 2000
RÉSUMÉ
Lorsque commence cette deuxième partie du Journal,
Thomas Mann a soixante-cinq ans. Il s'agit donc ici des quinze dernières années
de l'écrivain. Installé aux Etats-Unis, dont il ne tardera pas à devenir
citoyen, il se fait construire la grande et belle maison de Pacific Palisades,
tout près d'Hollywood. Malgré son dépit face à la fortune réalisée par d'autres
émigrés comme Werfel, il vit à son aise et en accord avec la politique de
Roosevelt.
Ce n'est qu'au plus fort de la guerre froide qu'il
exprimera de vives réticences à l'égard de la politique américaine, et ce sera
l'un des éléments qui détermineront son retour en Europe, puis son installation
en Suisse. Il a depuis longtemps accédé à la gloire mondiale. Son premier souci
est de terminer son œuvre dans la dignité, car il a une haute idée de lui-même
et de sa mission. Pendant les années de la guerre, qu'il vit avec une passion
anti-hitlérienne de tous les instants, il termine la vaste fresque de Joseph et
ses frères et rédige Le docteur Faustus.
Ensuite viendront L'élu et Les confessions du
chevalier d'industrie Félix Krull, qu'il reprend après des années et qui
connaîtra un énorme succès dans l'Allemagne d'après-guerre. Le Journal nous
montre un homme vieillissant mais encore plein de vitalité, avec ses faiblesses
- vanité tirée de sa réception à la Maison-Blanche ou de son audience privée
chez le pape, amourette de vieillard avec Franzl, le dernier de ses "
jouvenceaux divins " - mais aussi avec ses grandeurs face à la souffrance
collective et personnelle - la guerre, bien sûr, le suicide de son fils Klaus
et la mort de son frère Heinrich.
Un témoignage passionnant
sur les dernières années d'un grand écrivain.
Thomas Mann,
Lettres, Éditeur : Gallimard-NRF, Collection: Du monde entier,1966, 608 pages
Sarindar, 07 juillet 2014
Rien ne vaut une correspondance pour connaître le
parcours d'un écrivain, sa vie intime, ses pensées profondes, le profil de ses
amis, le pourquoi de ses coups de coeur, les motifs de ses agacements, ses
préférences partisanes, ses goûts esthétiques et la genèse de son oeuvre. Nous
sommes dans la période où Thomas Mann fit ses premières armes : après la mort
de son père en 1891, la vente de la maison commerciale de ce dernier, des
années médiocres et d'un ennui profond sur les bancs d'école, une expérience
peu concluante dans une société d'assurances, le jeune Thomas se tourna
résolument vers la littérature : il se forma en autodidacte, puis se mit à
écrire romans et nouvelles, et, parallèlement, il multiplia les lettres à ses
amis, mais aussi à celle qui devait devenir la compagne de sa vie, Katia
Pringsheim, dont il possédait depuis longtemps un portrait d'enfance sans même
la connaître. C'est l'époque où l'étonnement devant sa production littéraire,
la beauté d'un style ciselé mêlé à un art certain dans la description détaillée
des lieux, des objets comme du physique et des impressions et sentiments des
personnages de son oeuvre faisaient l'émerveillement de tous ceux qui la
lisaient. Les Buddenbrooks, Tonio Kroger, La Mort à Venise, La Montagne
Magique, tant de romans, de nouvelles, d'essais voient le jour durant cette
période, et nous voyons l'avancée des travaux au fil de la correspondance, les
problèmes que posa la création de quelques textes ou de quelques passages
épineux, les étais posés par l'écrivain, la manière qu'il avait de préparer son
travail par la constitution de dossiers sur un sujet abordé ou par des mises au
point historiques, biographiques, littéraires, philosophiques ou culturelles
(notamment pour les essais mais aussi pour la mise en route de Joseph et ses
frères), les heures propices à la création et le nombre de pages écrites, la
régularité de ce travail dans un emploi du temps assez régulier, les lectures
du jour (par goût ou sous le coup de l'actualité ou d'un conseil d'ami),
l'engagement en faveur de la démocratie et contre le nazisme dans l'entre-deux
Guerres, la décision difficile à prendre mais incontournable de quitter son
pays, l'Allemagne, livrée aux monstres hitlériens, en laissant derrière lui la
splendide bibliothèque constituée dans sa résidence munichoise, ses passages
par la Tchécoslovaquie, la France, la Suisse (en attendant, plus tard, une
installation sur la côte ouest des États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale).
Vie passionnante, qui nous fait côtoyer les plus grands écrivains germaniques
de l'époque, mais aussi quelques français comme André Gide, et qui, influencée
par les grands bouleversements de la fin du XIXeme siècle et des trois
premières décennies du XXeme siècle, n'en reste pas moins celle d'un humaniste
qui voulait que l'Art et la Culture restassent des phares pour notre monde à
l'heure où l'économie marchande commençait de primer. Peut-être eut-il beaucoup
de chance dans son malheur, car si ce fut pour lui une grande souffrance de
voir son pays épouser la folie barbare imposée par Hitler et ses séides, il fut
au fond bien entouré par ses proches et put tant bien que mal poursuivre dans
des havres de paix domestiques la construction d'une oeuvre marquée par les
grands drames europeens que furent les deux grands Conflits mondiaux du XXeme
siècle mais aussi par la foi dans un avenir meilleur. Il était sans doute un
peu trop optimiste, malgré les sombres heures qu'il traversa. Et l'on peut se
demander si, enfermé dans son petit univers douillet, sans cesse reconstitué là
où il dut se réenraciner, il ne fut pas un peu aveugle à ce qui se passait dans
son entourage familial : sa gloire écrasait les autres membres de sa famille,
il faisait de l'ombre à un frère très talentueux, Heinrich, un peu moins
célèbre que lui, et à des enfants impressionnés par sa stature d'écrivain
universellement reconnu (Prix Nobel de Littérature en 1929). Voulait-il être
l'astre brillant au milieu des siens ? Les années ultérieures montreront que
l'image de bon père de famille, pater familias protecteur, qu'il cherchait à se
donner pouvait masquer bien des problèmes.
Mais si on laisse de côté ces quelques aspects plus
personnels, on est sous le charme et l'on a l'impression de s'enrichir
culturellement et de grandir en humanité quand on se met à lire cette
correspondance qui fait de Thomas Mann l'un des meilleurs témoins de son temps.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie.
Thomas Edward, cet inconnu (2010).
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Correspondances
Hermann Hesse, Thomas Mann:
Correspondance, José Corti, 1997
Theodor W. Adorno, Thomas
Mann: Correspondance 1943-1955, Klincksieck, 2009
Studii tematice
Frédéric Tristan, Cahier Thomas Mann, Éditions de
l'Herne, Cahiers de l'Herne, n° 23, Paris, 1973, 331 p.
Jacques Darmaun, Thomas Mann et les Juifs, Éd. Peter
Lang, 1995
Jean Finck, Jean-Michel Palmier: Thomas Mann et la
psychanalyse, Précédé de Thomas Mann et l'irrationnel, par J.-M. Palmier.1982,
Éd. Belles Lettres, Coll. Confluents psychanalytiques,
Philippe Zard, La Fiction de l'Occident. Thomas Mann,
Franz Kafka, Albert Cohen, PUF, 1999
Pascal Dethurens,Thomas Mann et le crépuscule du sens:
création littéraire et culture européenne dans l'oeuvre de Thomas Mann,
Éditeur: Georg Institut européen de l'Université de Genève, Collection:
L'Europe en perspective, 2003
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Biografii in germana
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