Le photographe Gilbert Garcin est décédé, ont annoncé samedi 18 avril les Rencontres d'Arles, qui avaient consacré une grande exposition en 2013 cet artiste singulier aux images poétiques et surréalistes dont le talent s'était révélé sur le tard, alors qu'il était à la retraite. Pourtant loin de l'air du temps, il avait su s'imposer.
"Gilbert Garçin est mort dans son sommeil à 90 ans", ont annoncé les Rencontres d'Arles, qui avaient exposé en 2013 cet artiste qui, "par le biais de la photographie, raconte des histoires, met ses rêves en images et sans en avoir l’air, questionne au plus profond le sens de nos existences".
Les Rencontres lui rendent hommage en mettant en ligne sur leur site un petit film de Ralf Kämpfe (également disponible sur YouTube) où cet homme étonnant et délicat, qui avait rencontré la photographie à 65 ans, raconte son univers et montre son studio.
Des photomontages surréalistes autour d'un personnage "universel"
Né en 1929 à la Ciotat, Gilbert Garcin était vendeur de luminaires. C'est après un stage de photomontage à Arles en 1995 que le jeune retraité de 65 ans se met sérieusement à la photographie et entame une seconde vie.
Dans ses photomontages graphiques, surréalistes et poétiques, Gilbert Garcin mettait en scène sa propre silhouette, parfois avec celle de sa femme. Il avait modifié le personnage, qui évoquait d'abord Jacques Tati et qu'il trouvait trop marqué, pour une figure en pardessus qu'il voulait "universelle", "hors du temps".
Au fil des ans, il s'était constitué une "base de données" avec ce personnage dans toutes les postures possibles. Il revendiquait le noir et blanc, estimant que la couleur n'apporterait rien à son propos.
Un illusionniste plein d'humour et d'autodérision
Avec ses œuvres, plus de 400 images créées en une vingtaine d'années, cet autodidacte qui n'avait eu aucun contact avec le monde de l'art dans sa première vie, voulait témoigner de ce que vit monsieur tout le monde, mais sans se prendre au sérieux, en revendiquant l'humour et l'autodérision.
Il aimait créer l'illusion, faire croire à un personnage dans un paysage alors que c'était un bout de carton photographié sur un peu de sable à côté de quelques accessoires bricolés, avec en fond une image de nuages projetée dans son studio.
Gilbert Garcin avait rapidement exposé, d'abord dans sa région, puis dans toute la France. Ses images, dont la poésie séduisait beaucoup, avaient ensuite voyagé dans de nombreux pays d'Europe et dans le monde entier. Ses œuvres figurent dans des collections publiques comme celles de la Maison européenne de la photographie, du Fonds national pour l'art contemporain, du Fonds communal pour l'art contemporain de Marseille ou la galerie du Château d'eau de Toulouse.
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