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lundi 20 avril 2020

MONET-RENOIR


Claude Monet

Claude Monet
Peintre français (Paris 1840-Giverny, Eure, 1926).
Directement lié aux origines de l'impressionnisme avec sa toile Impression, soleil levant, Claude Monet domine ensuite ce mouvement qui introduit la modernité dans l'art du xixe siècle. Surnommé par Manet le « Raphaël de l'eau », il laisse une œuvre immense.

1. ENFANCE EN NORMANDIE

Second fils d'Adolphe Monet, négociant en tissu, et de Louise Justine, chanteuse, Claude Monet grandit au Havre, où sa famille s'installe en 1845 chez Marie-Jeanne Lecadre, une demi-sœur de son père. Celle-ci va encourager la vocation du jeune homme, qui s'exerce d'abord à la caricature.
À la mort de sa mère, en 1858, Monet quitte le lycée, qui lui a « toujours fait l'effet d'une prison », et vend ses premiers dessins. C'est à cette occasion qu'il fait la rencontre décisive du peintre havrais Eugène Boudin, le « roi des ciels » comme l'appelle Charles Baudelaire. Avec lui, il va travailler en plein air et saisit alors « ce que [peut] être la peinture ». Du Néerlandais Johan Barthold Jongkind, qu'il rencontre en 1862, il dira aussi : « C'est à lui que je dois l'éducation définitive de mon œil. »

2. CLASSES EN ALGÉRIE

Avec l'appui de son père, Monet arrive à Paris en 1859 pour y étudier la peinture. Il n'entre pas aux Beaux-Arts, mais à l'Académie suisse, et se lie à Camille Pissarro. En 1861, il part en Algérie, dans le premier régiment de chasseurs d'Afrique. Il y fait une expérience de la lumière et de la couleur qui marquera ses recherches futures.
Atteint de pleurésie, il revient à Paris en 1862 et entre alors dans l'atelier du peintre suisse Charles Gleyre, où il travaille avec Alfred SisleyAuguste Renoir et celui qui deviendra son proche ami, Frédéric Bazille. Grâce à ce dernier, il découvre le village de Chailly, près de Barbizon, et retourne en Normandie (Honfleur, Sainte-Adresse) ; au Salon en 1865, il expose deux marines, qui sont remarquées par la critique.

3. EXCLUSION DU SALON

Dans la seconde moitié des années 1860, Monet se partage entre la région parisienne et la Normandie. Il travaille beaucoup (Camille, ou femme à la robe verte, 1866 ; Femmes au jardin, 1867 ; Jardin à Sainte-Adresse, id. ; Bain à la Grenouillère, 1869 ; la Plage de Trouville, 1870), en développant un style proche de celui d'Édouard Manet, avec une palette aux couleurs chaudes et éclatantes. La lumière apparaît alors en taches sans que le dessin en soit encore affecté.
À mesure que son style s'affirme, les Salons se ferment à lui et, en 1870, aucune de ses toiles n'est acceptée. Sa situation financière devient préoccupante, d'autant plus qu'en 1867 celle qui est son modèle et sa maîtresse, Camille Doncieux (qu'il épousera en 1870), a mis au monde un enfant, et que son père, depuis lors, lui coupe les vivres.

4. DE LONDRES À ARGENTEUIL

Pour échapper à la guerre franco-allemande, Monet se rend à Londres. Il y fait la connaissance du marchand Paul Durand-Ruel, qui commence à lui acheter ses toiles.
En 1872, il s'établit à Argenteuil, où il rejoint, entre autres, Manet et Renoir. Le groupe impressionniste est alors en gestation. Monet, qui a aménagé un bateau-atelier, s'efforce de capter les instantanés lumineux que lui livrent les rives de la Seine et la campagne environnante dans leur réalité changeante : outre la toile fondatrice, Impression, soleil levant (1872), probablement peinte au Havre, il peint notamment Régates à Argenteuil (id.), Coquelicots (1873) et le Pont d'Argenteuil (1874.).

5. NAISSANCE DE L'IMPRESSIONNISME

En 1874, le photographe Nadar prend l'initiative d'accueillir dans ses ateliers de Paris, devenus libres, la première exposition du groupe de peintres indépendants auquel appartient Monet, et qui étaient systématiquement refusés aux Salons officiels. Parmi 165 toiles, 8 sont de Claude Monet, dont Impression, soleil levant. Louis Leroy (1812-1885), critique au journal satirique le Charivari, l'évoque en ces termes : « Que représente cette toile ? Voyez au livret. Impression, soleil levantImpression j'en étais sûr. Je me disais aussi, puisque je suis impressionné, il doit y avoir de l'impression là-dedans. »
Le journaliste avait intitulé son article : « L'exposition des impressionnistes », et le nom resta au groupe dont Monet apparut d'emblée comme le chef de file.

6. LA PÉRIODE DE VÉTHEUIL

Ainsi, l'année 1874 marque l'apogée de l'impressionnisme comme mouvement. En dépit des railleries de la critique, les peintres qui s'en réclament tiendront encore six expositions jusqu'en 1882. Monet prend part à celles de 1876, 1877, 1879 et 1880. Mais, les acheteurs étant très rares et les prix des toiles très bas, il ne peut vivre sans l'aide matérielle de ses amis Ernest et Alice Hoschedé.
Manet, qui lui achète des tableaux, lui permet aussi de s'installer en 1878 à Vétheuil, dans une boucle de la Seine. Aux vues de Paris (dont les différentes versions de la Gare Saint-Lazare, 1876-1877) succèdent alors celles de ce village, où Camille meurt en 1879, après avoir accouché de Michel, leur second fils.
Avide de reconnaissance et de réussite, Monet se présente de nouveau au Salon officiel de 1880, qui lui prend une toile, fort mal exposée. Cette année-là est aussi celle de sa première exposition individuelle, organisée par la revue la Vie moderne. Grâce aux achats que continue de faire Durand-Ruel, il peut renoncer aux Salons et faire face aux frais de déménagement, d'abord à Poissy en 1881, puis à Giverny en 1883, avec Alice Hoschedé, ses six enfants et les deux siens.

7. LA PLÉNITUDE DE GIVERNY

Monet fera de Giverny le havre de paix et de bonheur dont il a toujours rêvé et dont témoignent maints tableaux où les filles Hoschedé figurent comme modèles. Dans les années 1880, il entreprend de nombreux voyages, dans le Midi (1883-1884, puis 1888), aux Pays-Bas (1886), à Belle-Île (1886), dans la vallée de la Creuse (1889). La Normandie lui inspire aussi de célèbres séries (Meules, 1888-1891 ; Peupliers au bord de l'Epte, 1891-1892 ; Cathédrale de Rouen, 1892-1898).
Mais Monet ne cesse de penser à Giverny, dont il peut enfin acheter la maison en 1890, et surtout à Alice, qu'il épouse en 1892, un an après la mort d'Ernest Hoschedé. S'il voyage encore en Norvège, à Londres et en Italie, sans oublier la Normandie (où il se met à la nature morte), c'est son jardin qui sera son ultime source d'inspiration : avec la série des Nymphéas (1898-1926), alchimie de plantes, de reflets d'eau et de lumière, l'impressionnisme confine à l'abstraction.
À Giverny, Monet accueille de nouveaux admirateurs, tel Clemenceau, qui l'amènera à léguer ses Nymphéas à la France. Il vend désormais ses œuvres à des prix sans précédent et fait son entrée au Louvre. Mais il voit partir des êtres chers : Pissarro (1903), Renoir (1919), sa femme Alice (1911), son fils Jean (1914), dont la veuve, Blanche Hoschedé-Monet, est celle qui le veillera lorsque lui-même mourra d'épuisement.
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Auguste Renoir

Auguste Renoir, Bal du Moulin de la Galette
Peintre français (Limoges 1841-Cagnes-sur-Mer 1919).
De tous les maîtres de l'impressionnisme, Auguste Renoir est celui qui représenta la figure humaine et le bonheur de vivre dans le plus grand nombre d'œuvres. Usant d'une palette exquise, il rendit un vrai culte à la sensualité dans ses portraits et dans ses nus féminins.

1. APPRENTISSAGES

Fils d'un tailleur de pierre et d'une couturière, établis à Paris en 1845, Auguste Renoir est placé en apprentissage dans un atelier de décoration de porcelaines (entre 1854 et 1858), tout en suivant des cours du soir de dessin.
Reçu en 1862 à l'École des beaux-arts, il a pour professeur le peintre suisse Charles Gleyre (1806-1874), dont il fréquente aussi l'académie privée ; il y rencontre Claude MonetAlfred SisleyFrédéric Bazille, qui lui font partager leur admiration pour Eugène DelacroixGustave CourbetCamille Corot et plus encore pour Edouard Manet.

2. LES PREMIERS PORTRAITS

Bientôt arrivent les premières commandes de portraits, qui seront le support financier de toute sa carrière.
Tantôt admis, tantôt refusé au Salon, Renoir connaît un certain succès à l'occasion de celui de 1868 avec Lise à l'ombrelle . En compagnie de Monet, il se rend aux bains de la Grenouillère, sur la Seine, et s'adonne à l'étude des reflets d'eau qui le conduiront à l'impressionnisme. En 1870, il expose la Baigneuse au griffon et l'Odalisque – ce dernier tableau étant celui qui atteste le plus l'influence de Delacroix.

3. LA PLÉNITUDE IMPRESSIONNISTE

Après avoir été refusé aux Salons de 1872 et de 1873, année de son Allée cavalière au bois de Boulogne, dont les ombres sont jugées trop bleues, Renoir prend activement part à l'organisation de la première exposition impressionniste (1874), où il présente avec succès la Danseuse et la Loge. Depuis 1872, le marchand d'art Paul Durand-Ruel s'intéresse à lui. De plus, Émile Zola et plusieurs critiques commencent à le défendre.
Dès 1876, Renoir applique au portrait les principes des impressionnistes, tout en demeurant un maître des jeux de lumière. Cette année-là, il loue à Montmartre un atelier d'où sortiront des scènes d'intérieurs ou d'extérieurs, de cafés, de jardins, de bords de Seine, qui seront autant de chefs-d'œuvre, tels le Bal du Moulin de la Galette et la Balançoire. C'est aussi l'année où il est introduit dans le brillant salon de Georges Charpentier (1846-1905), l'éditeur des naturalistes ; il se sent alors attiré par la vie mondaine.
En 1879, le grand portrait de Mme  Charpentier et ses enfants est bien accueilli au Salon. Mais, l'année suivante, Renoir est forcé de constater que sa Jeune Fille au chat et ses Pêcheuses de moules à Berneval ne soulèvent pas l'enthousiasme.

4. L'ART EN FAMILLE

En 1881, avec le Déjeuner des canotiers, point d'orgue de cette période, il rend hommage au peintre Gustave Caillebotte, le premier mécène des impressionnistes, ainsi qu'à celle qu'il épousera en 1890, Aline Charigot (1859-1915).
Auguste et Aline (qui a dix-huit ans de moins que lui) se sont rencontrés en 1879. Lorsqu'ils se marient en 1890, leur fils Pierre (1885-1952) était déjà né ; naissent ensuite Jean (1894-1979) et Claude, dit Coco (1901-1969).
Aline est le modèle préféré de son mari. Elle apparaît dans une quinzaine de tableaux, dont trois Maternité (1885-1886) – la deuxième étant à l'origine de la sculpture intitulée Mère et enfant (1916), où elle est représentée allaitant Pierre.
Si chacun des garçons, également, pose pour son père, aucun ne devient peintre. Tous les trois ont en commun le cinéma. Pierre Renoir embrasse une carrière d'acteur et tourne dans plus de soixante films. Jean Renoir devient le grand réalisateur que l'on sait. Claude Renoir se lance dans le métier de producteur : il est, , notamment, celui du film la Règle du jeu (1939), mis en scène par son frère Jean. Par ailleurs, Claude procède au recensement des peintures de son père et en devient le principal expert.

5. LA PÉRIODE « AIGRE »

En 1881 encore, Auguste Renoir séjourne en Algérie, d'où il rapporte des portraits de femmes et des paysages aux couleurs vives.
À la fin de cette même année, c'est en Italie qu'il part en voyage avec sa femme. Il passe par Milan et Venise, puis visite Florence, Rome, Naples et la Sicile. L'éblouissement que lui apporte Raphaël et son admiration pour les fresques de Pompéi se reflètent dans sa Baigneuse au bord de la mer.
Représenté par vingt-cinq toiles à la septième exposition impressionniste (1882), Renoir entre cependant dans une période de crise esthétique dont témoignent les Parapluies (1883). Au cours de cette période dite « aigre », ou « ingresque » – en référence aux études qu'il a faites sur Jean Auguste Dominique Ingres –, il se décide à changer de manière. Il continue à privilégier la figure humaine (la Danse à la ville, 1883), tout en s'intéressant aux paysages et aux marines. Un dessin plus aigu, des touches plus lisses caractérisent les Grandes Baigneuses (1887), qui sont inspirées d'un bas-relief de François Girardon et précédées d'un grand nombre d'études.

6. LA RETRAITE MÉDITERRANÉENNE

Dès l'automne de 1888, Renoir connaît une nouvelle phase de découragement, due aux premières atteintes d'arthrite. Il détruit de nombreux tableaux et opte pour une manière, dite « nacrée », où dominent les blancs et les roses en demi-teintes.
Toute une série de nus, intitulés Baigneuses, et de Jeunes Filles (au piano, lisant, se promenant) en est l'illustration. Puis ce sont les scènes que lui inspirent ses enfants et la jeune femme qui les garde, Gabrielle, qui prennent une place prépondérante.
Depuis plusieurs années, Renoir passe l'hiver dans le Midi. En 1903, il se fixe à Cagnes-sur-Mer, où il continue de peindre : scènes mythologiques (le Jugement de Pâris, plusieurs versions), odalisques, portraits (Gabrielle à la rose, 1911), natures mortes.
Alors même qu'il a le bras droit paralysé, il fait l'expérience de la sculpture en demandant à des aides de modeler la terre selon ses indications. L'une de ses dernières toiles, les Baigneuses du musée d'Orsay (vers 1918-1919), témoigne de la préférence qu'il a pour la couleur rouge à la fin de sa vie.

7. CITATIONS

« Un sein, c'est rond, c'est chaud. Si Dieu n'avait créé la gorge de la femme, je ne sais si j'aurais été peintre. »
Auguste Renoir.
« Vite, des couleurs [...]. Rendez-moi ma palette. »

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