Découverte de Trésors
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Le trésor des nazis existe-t-il vraiment ?
Après la défaite de l’armée allemande à la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a assisté à une frénétique chasse à ce qui a été appelé « le trésor des nazis ». En réalité, il conviendrait plutôt de parler « des trésors des nazis », car plusieurs ont été trouvés et beaucoup d’autres restent à découvrir...
Par Jacques Mandorla. Icono : Collection particulière/ Droits réservés
Partout où les troupes d’Adolf Hitler passaient, les soldats volaient le maximum de biens précieux aux populations rencontrées : cette pratique de « prises de guerre » par des armées a toujours été la règle lors des conflits, quelle que soit la période historique considérée.
Mais les nazis sont allés beaucoup plus loin : ils ont élaboré une stratégie de vols à très grande échelle, vols ordonnés par tout l’état-major allemand, de Hitler à Goering en passant par Rommel ou Eichmann. Puis, quand leur défaite devint inéluctable, les nazis commencèrent à cacher la plupart de leurs butins, en attendant des temps meilleurs pour venir les récupérer. Voici l’inventaire des principaux trésors nazis... trouvés ou à découvrir.
L’or volé aux banques des pays occupés
En janvier 1939, Adolf Hitler devient littéralement fou furieux en entendant Hjalmar Schacht, le président du directoire de la Reichsbank, la Banque d’Allemagne (devenue, après la guerre, la Bundesbank), lui révéler que les caisses de l’État nazi sont vides. L’or confisqué à l’Autriche lors de son annexion est, en effet, déjà épuisé. La raison est simple : l’effort de guerre entrepris par Hitler demande des capitaux colossaux. Or seul l’or est le « nerf de la guerre », car il permet d’acheter les matériaux stratégiques nécessaires aux forces armées du Reich : tungstène, pétrole, wolfram, uranium… Ces achats se font surtout auprès des pays neutres : ainsi, la Suède fournit le fer et les roulements à bille, la Turquie le chrome, le Portugal le tungstène pour la construction d’armes de qualité.
Afin de renflouer ses caisses, Hitler donne l’ordre de piller systématiquement les pays qu’il envahit : Pologne, Tchécoslovaquie, Belgique, Pays-Bas, France… Tout ce qui a de la valeur l’intéresse : lingots et pièces d’or, bijoux, devises, oeuvres d’art… Il confie cette « mission » aux SS, qui créent alors une unité spécifique chargée d’agir sur le terrain et surnommée DSK : le Devisen Schutz Kommando (détachement pour la mise en sûreté des devises). Ces derniers s’arrogent tous les droits : ils vident les coffres des banques centrales mais aussi des banques privées, pillant lingots et pièces d’or et n’hésitant pas à confisquer tous les objets en or des bijoutiers.
Leur première action d’envergure consiste à rafler 100 tonnes d’or à la Banque nationale des Pays-Bas, en lingots (1 kg) et en barres (12 kg). Puis, en juin 1940, direction la Banque nationale belge (BNB), mais les coffres sont vides. L’explication est simple : à la déclaration de la guerre, la BNB a déposé ses 221 tonnes d’or à la Banque de France. Le gouvernement de Vichy ayant envoyé, peu avant, tout son stock d’or à Dakar au Sénégal, Johannes Hemmen, le chef de la délégation allemande chargé de récupérer l’or belge, met les choses au point avec le gouverneur de la Banque de France, Bréat de Boisanger : « En Belgique, c’est nous qui sommes les maîtres. Nous avons donc tous les droits sur la Banque de Belgique et c’est à titre de client que je vous demande de mettre notre or en sécurité en le faisant transporter en Allemagne. » Le gouvernement français est contraint de s’incliner et doit rapatrier l’or belge après un parcours rocambolesque : utilisant camions, bateaux, trains et même chameaux, le convoi des caisses contenant l’or belge passe par Bamako, Tombouctou, Gao, Colomb-Béchar, puis Alger. De là, le tout est transféré par avion à la Reichsbank à Berlin. Le voyage aura duré au total dix-huit mois ! (voir « L’incroyable sauvetage des 736 tonnes d’or de la Banque de France ! » dans E&C n°40 et n°41).
L’or des victimes des camps allemands
Parallèlement au vol des stocks d’or des banques centrales des pays occupés par les nazis, une autre opération a lieu dès l’été 1942 : le Reichsführer Heinrich Himmler, responsable de la trentaine de camps de concentration nazis, ordonne de voler aux prisonniers les objets en or qu’ils portent sur eux (alliances, montres, bracelets, chaînes, montures de lunettes…). Et, dans les six camps d’extermination (ou « camps de la mort ») qu’il supervise, il demande d’arracher leurs dents en or aux cadavres sortant des chambres à gaz. Tout cet or non monétaire est ensuite refondu en lingots, frappés de l’aigle allemand et de la croix gammée, puis envoyés, sous bonne escorte, à Berlin, à la division SS chargée de la gestion des biens, qui les remet enfin à la Banque centrale allemande. Quand Hitler est certain de perdre la guerre, il fait effacer toute trace de cette effroyable opération, en donnant l’ordre de détruire les archives de la Reichsbank relatives à l’or provenant des camps.
À cette période, beaucoup de pays comme l’Espagne et le Portugal se mettent à refuser cet or : on commence, en effet, à savoir qu’il a été acquis de façon épouvantable. Le rôle de la Suisse devient alors incontournable, ce qui explique que le franc suisse soit resté la seule devise convertible durant toute la guerre. C’est Paul Rossy, le vice-président de la Banque nationale suisse basée à Berne, qui a eu l’idée de blanchir cet « or sale » en transformant l’or allemand en or suisse. Voici le mécanisme très efficace qu’il a mis au point : Hitler lui échange l’or volé contre des francs suisses, puis paye avec cette monnaie les matières premières stratégiques en provenance de pays neutres qui, ensuite, revendent leurs francs suisses contre de l’or, porteur d’un certificat d’origine suisse. La boucle est bouclée et « l’or sale » est désormais blanchi.
Le 3 février 1945, plus de 900 bombardiers américains B-17 lâchent 2 300 tonnes de bombes sur Berlin, détruisant presque entièrement la ville. Walther Funk, le président de la Reichsbank, craignant de voir tout son stock d’or pulvérisé, décide alors de le mettre à l’abri dans un endroit secret, à Merkers, ville située à 300 km au sud-ouest de Berlin.
Deux mois plus tard, le 4 avril 1945, des soldats du 358e Régiment d’infanterie de la 3e Armée entrent dans Merkers : ils libèrent des prisonniers polonais et français qui leur apprennent alors avoir travaillé dans la mine de sel de la ville et avoir été obligés d’y ranger des milliers de sacs, caisses et valises. Un commando de GI’s est immédiatement dépêché sur place : les soldats utilisent le monte-charge qui les descend à 800 m de profondeur. Ils se trouvent face à une galerie dont l’entrée est protégée par un mur de béton d’un mètre d’épaisseur. Après avoir dynamité ce dernier, ils découvrent une grande salle de 50 m de long sur 25 m de large et 4 m de haut. À l’intérieur, un trésor colossal s’offre à leurs yeux et à ceux du général Dwight D. Eisenhower, commandant des Forces alliées en Europe, arrivé le lendemain sur le site : plus de 8 000 lingots d’or, 1 300 sacs remplis de marks en or, 711 sacs de pièces d’or de 20 dollars, des centaines de sacs contenant des napoléons français et des livres anglaises en or, des centaines de sacs remplis d’objets en or, 40 sacs de lingots d’argent, plus de 400 oeuvres d’art (peintures, dessins…).
Pour emporter l’ensemble du trésor, il faudra remplir 1 100 containers et charger un premier convoi de 32 camions de 10 tonnes chacun. Deux jours plus tard suivra un second convoi de 26 camions, emportant les oeuvres d’art. À la fin de la guerre, les services secrets des États-Unis ont calculé que les Allemands auraient pillé pour environ 580 millions de dollars en or (environ 6 milliards d’euros d’aujourd’hui) aux banques centrales des pays occupés et aux particuliers. Ils en auraient transféré 440 millions vers la Suisse, soit les trois-quarts. La Suisse a donc servi de banque privilégiée aux nazis, ce qui lui a évité d’être envahie par Hitler et lui a permis de conserver son statut de pays neutre.
Le 25 mai 1946, un accord est signé à Washington. Il y est stipulé que « les gouvernements alliés ont fait valoir leurs droits aux biens allemands en Suisse et ont demandé la restitution d’or qu’ils disent avoir été pris contre tout droit par l’Allemagne aux pays occupés, pendant la guerre, et transféré par elle en Suisse ».
Puis, en septembre 1946, on confie l’or récupéré aux nazis à une commission internationale nommée Tripartite Commission for the Restitution of Monetary Gold composée, comme son nom l’indique, de représentants des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France. Sa mission : s’assurer que chaque pays demandeur obtienne la restitution de l’or monétaire volé, en proportion de ce que les Allemands avaient pillé dans leurs banques centrales (l’or non monétaire, c’est-à-dire celui volé aux particuliers, n’est pas concerné). Dix pays émettent officiellement des revendications : Albanie, Autriche, Belgique, Tchécoslovaquie, Grèce, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Pologne et Yougoslavie. Un premier versement de 143 millions de dollars a lieu en 1947, puis un deuxième entre 1958 et 1966. Le dernier a eu lieu seulement en 1996 (Albanie). Au total, une quantité d’or d’une valeur de 4 milliards de dollars a été remboursée. À noter que l’ensemble des demandes ayant été supérieures à la quantité d’or nazi récupérée, chacun des dix pays a reçu 65% de ce qu’il réclamait.
Enfin, en avril 1998 (soit presque cinquantedeux ans plus tard), afin d’indemniser les victimes et les survivants de la Shoah, l’Allemagne, les principales banques suisses (Crédit Suisse, Union des Banques Suisses…), et des compagnies d’assurances, proposent 1 milliard de dollars pour solde de tout compte. Le Congrès juif mondial, basé à New York, réclame et obtient 1,25 milliard de dollars, par l’entremise de son département nommé Conference on Jewish Material Claims Against Germany (Organisation mondiale juive pour la restitution des biens).
Depuis 1945, de nombreux chercheurs ont plongé dans le lac Töplitz en Autriche car des témoins avaient vu, cette année-là, des SS y jeter de lourdes caisses. En 1959, beaucoup de faux billets de banque (essentiellement des livres anglaises), ainsi que des plaques d’imprimerie, ont été retrouvés au fond du lac par des plongeurs. Il s’agissait des faux billets de l’« Opération Bernhard », destinés à être largués par avion au-dessus de l’Angleterre, afin de créer une panique financière dans le pays. Mais rien d’autre ne fut trouvé dans le lac Töplitz.
En revanche, dans la ville d’Altaussee, toujours en Autriche, a été cherché et trouvé le trésor de l’Autrichien Ernst Kaltenbrunner, chef de la Gestapo, qui fut capturé par les Américains le 12 mai 1945. Ces derniers découvrent d’abord dans sa résidence, transformée en véritable forteresse, 76 kilos d’or enterrés dans le jardin. Puis ils mettent au jour 50 caisses contenant 2 tonnes de lingots d’or et une collection de timbres valant 5 millions de marks-or. En 2001, dans le lac voisin de la propriété, un plongeur retrouve même le sceau personnel de Kaltenbrunner : ce dernier a dû le jeter à l’approche des troupes américaines, afin de ne pas être identifié. Certains pensent qu’il reste probablement d’autres objets précieux dans ce lac.
Erwin Rommel, le célèbre général allemand, a été surnommé « le Renard du désert », durant la Seconde Guerre mondiale, en raison de la grande campagne militaire qu’il mena en Afrique du Nord de 1941 à 1943, à la tête de son armée : l’Afrikakorps.
Lors de ses campagnes en Tunisie et en Libye, Rommel aurait amassé un véritable trésor de guerre, regroupé dans six énormes caisses en bois, remplies de lingots d’or, de diamants et de bijoux, volés à de riches familles juives de Tunisie. Quand Rommel est rentré en Allemagne en mars 1943, il a demandé à un commando de convoyer le magot par bateau. Ce dernier quitte le port de Bizerte le 12 mai 1943 et arrive en Corse en septembre, où il est bloqué dans le port de Bastia. On perd alors la trace du trésor… jusqu’en 1948, lorsqu’un ancien SS tchèque du nom de Peter Fleig affirme avoir été chargé, avec d’autres SS, d’emporter les caisses à bord d’une vedette et de se rendre sur la côte italienne. Mais l’embarcation ayant été attaquée par l’aviation américaine au sud de Bastia, au large de l’embouchure de la rivière Golo, Fleig et ses compagnons sont obligés de jeter les six caisses par-dessus bord. Depuis, Peter Fleig a monté plusieurs expéditions sous-marines sur place, afin de récupérer le magot, sans succès à ce jour faute d’avoir effectué à l’époque un relevé précis de sa position.
Dans le prochain numéro, nous verrons comment les nazis, après avoir profité de la Seconde Guerre mondiale pour voler les principaux stocks d’or des banques centrales européennes et détrousser les prisonniers des camps de leurs objets personnels en or, n’ont pas hésité à confisquer aussi des milliers d’oeuvres d’art de très grande valeur à de nombreux collectionneurs.
Pour Hitler, le tableau préféré de sa collection était L'astronome peint par Vermeer en 1668, car il symbolisait parfaitement, à ses yeux, la suprématie germanique. |
Découverte de Trésors
Le trésor des nazis existe-t-il vraiment ?
Dans le précédent numéro, nous avons vu comment les nazis ont profité de
la Seconde Guerre mondiale pour voler les principaux stocks d'or des banques centrales européennes et détrousser les prisonniers des camps de leurs objets personnels en or. Dans cet article, nous vous révélons comment ils ont aussi subtilisé des milliers d'œuvres d'art de très grande valeur.
la Seconde Guerre mondiale pour voler les principaux stocks d'or des banques centrales européennes et détrousser les prisonniers des camps de leurs objets personnels en or. Dans cet article, nous vous révélons comment ils ont aussi subtilisé des milliers d'œuvres d'art de très grande valeur.
2ÈME PARTIE
Par Jacques Mandorla. Icono : Collection particulière/ Droits réservés
Hermann Goering, commandant en chef de la Lutwaffe (forces aériennes allemandes), est le principal responsable du pillage de milliers d'œuvres d'art en Europe. En 1939, au moment où la guerre est déclarée, il possède déjà plus de 200 toiles de maîtres, mais souhaite enrichir sa collection personnelle à peu de frais : « J'ai l'intention de piller et je le ferai méticuleusement. » Résultat : en 1945, au moment de son arrestation par les troupes américaines, sa collection comprend 1 375 tableaux !
Hitler et Goering, tous deux collectionneurs compulsifs d'œuvres d'art, admirent l'un des nombreux tableaux qu'ils ont volé à des familles juives françaises et qu'ils se sont fait envoyer en Allemagne.
Goering et Hitler, collectionneurs compulsifsOn ignore souvent que Hitler poursuivait le même objectif que Goering : se constituer une inestimable collection de chefs d'œuvre. Il rêvait, en effet, d'ouvrir le plus beau musée du monde, qu'il aurait appelé modestement le « Führermuseum », dans la ville de Linz en
Autriche, où il avait été scolarisé dans son enfance. Pour parvenir à ses fins, Hitler souhaitait récupérer toutes les œuvres volées à l'Allemagne entre 1500 et 1930 et, entre autres, celles que Napoléon Ier avait subtilisées entre 1806 et 1809 lors de ses campagnes
militaires, et celles confisquées à l'Allemagne par la France, à la fin de la Première Guerre mondiale. Seules les œuvres d'art moderne étaient refusées par le Führer car il les considérait, selon ses propres termes, comme « des produits de dégénérés spirituels ». Hitler avait chargé un proche, Alfred Rosenberg, de diriger un organisme nommé « ERR » (« Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg », équipe d'intervention du gouverneur du Reich Rosenberg). Son but : confisquer systématiquement, dans les territoires occupés, toutes les œuvres d'art intéressantes se trouvant dans les collections privées de familles juives, de francs-maçons ou d'opposants politiques. Dès novembre 1940, pour regrouper les œuvres saisies, l'ERR réquisitionne le musée du Jeu de Paume, situé dans les jardins des Tuileries à Paris.
En France, un recensement, effectué en juillet 1944, avait évalué à près de 22 000 les œuvres d'art (peintures, dessins, lithographies, mobilier, tapisseries, sculptures, bijoux, armes de collection, porcelaines…) volées à des Juifs, dont 5 000 appartenant à la branche française de la famille Rothschild, banquiers et industriels juifs d'origine allemande, mais aussi aux familles David-Weill, Veil-Picard, Seligmann, Schloss, Bernheim-Jeune, Wil-denstein, Alphonse Kann, Paul Rosenberg (célèbre marchand d'art, grand-père de la journaliste Anne Sinclair, à ne pas confondre avec Alfred Rosenberg, le responsable de l'ERR)… Le maréchal Pétain s'éleva officiellement contre ces pillages, mais se fit répondre sèchement que « le gouvernement français n'a aucun droit de protester contre les mesures que le Reich, en sa qualité de vainqueur, applique contre les Juifs ». Goering, grand amateur d'art, a beaucoup fréquenté le musée du Jeu de Paume : il y est passé une vingtaine de fois, entre 1940 et 1942, afin d'y « faire son marché » au cours duquel il a volé plus de 500 tableaux des plus grands peintres, tels que Monet, Cézanne, Seurat, Pissarro ou Sisley.
Hitler, de son côté, avait certes une réputation de peintre amateur médiocre mais possédait, par contre, un excellent jugement : début 1941, en effet, il sélectionne pour son musée un premier lot de 40 tableaux qu'il fait envoyer à Linz, parmi lesquels un Rembrandt, deux Goya, trois Boucher, deux Watteau, deux Fragonard, un Gainsborough et surtout un Vermeer, œuvre nommée L'astronome. Hitler désirait absolument avoir ce tableau, réalisé par le peintre hollandais en 1668, car il symbolisait parfaitement, à ses yeux, la suprématie germanique prônée par le national-socialisme.
Entre 1941 et 1944, le pillage est phénoménal : 29 convois ferroviaires quitteront Paris pour l'Allemagne, emportant 4 170 caisses chargées d'œuvres d'art confisquées à 203 collectionneurs privés français. L'astronome a fait partie d'une cargaison de tableaux envoyée vers l'Allemagne le 3 février 1941 : ce jour-là, Goering prête son train personnel (un convoi de 25 luxueux wagons chauffés !) dans lequel il fait charger 42 caisses, dont 19 sont marquées de la lettre « H » pour Hitler (L'astronome était estampillé « H13 ») et 23 de la lettre « G » pour Goering.
Pour empêcher les nazis de voler une grande partie des œuvres stockées au musée du Jeu de Paume, une fonctionnaire française va faire de la résistance : elle se nomme Rose Valland et exerce la fonction de conservatrice du musée. Pendant des années, elle enregistre discrètement les œuvres qui transitent par le musée, ce qui permettra de retrouver, à la fin de la guerre, un nombre non négligeable de tableaux. Le 12 août 1944, au moment de la libération de Paris, elle parvient même à faire stopper un convoi de 5 wagons contenant 51 caisses remplies de tableaux et de mobilier, en partance pour l'Allemagne, qu'elle fait rapatrier au Louvre.
Goering et Hitler, collectionneurs compulsifsOn ignore souvent que Hitler poursuivait le même objectif que Goering : se constituer une inestimable collection de chefs d'œuvre. Il rêvait, en effet, d'ouvrir le plus beau musée du monde, qu'il aurait appelé modestement le « Führermuseum », dans la ville de Linz en
Autriche, où il avait été scolarisé dans son enfance. Pour parvenir à ses fins, Hitler souhaitait récupérer toutes les œuvres volées à l'Allemagne entre 1500 et 1930 et, entre autres, celles que Napoléon Ier avait subtilisées entre 1806 et 1809 lors de ses campagnes
militaires, et celles confisquées à l'Allemagne par la France, à la fin de la Première Guerre mondiale. Seules les œuvres d'art moderne étaient refusées par le Führer car il les considérait, selon ses propres termes, comme « des produits de dégénérés spirituels ». Hitler avait chargé un proche, Alfred Rosenberg, de diriger un organisme nommé « ERR » (« Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg », équipe d'intervention du gouverneur du Reich Rosenberg). Son but : confisquer systématiquement, dans les territoires occupés, toutes les œuvres d'art intéressantes se trouvant dans les collections privées de familles juives, de francs-maçons ou d'opposants politiques. Dès novembre 1940, pour regrouper les œuvres saisies, l'ERR réquisitionne le musée du Jeu de Paume, situé dans les jardins des Tuileries à Paris.
En France, un recensement, effectué en juillet 1944, avait évalué à près de 22 000 les œuvres d'art (peintures, dessins, lithographies, mobilier, tapisseries, sculptures, bijoux, armes de collection, porcelaines…) volées à des Juifs, dont 5 000 appartenant à la branche française de la famille Rothschild, banquiers et industriels juifs d'origine allemande, mais aussi aux familles David-Weill, Veil-Picard, Seligmann, Schloss, Bernheim-Jeune, Wil-denstein, Alphonse Kann, Paul Rosenberg (célèbre marchand d'art, grand-père de la journaliste Anne Sinclair, à ne pas confondre avec Alfred Rosenberg, le responsable de l'ERR)… Le maréchal Pétain s'éleva officiellement contre ces pillages, mais se fit répondre sèchement que « le gouvernement français n'a aucun droit de protester contre les mesures que le Reich, en sa qualité de vainqueur, applique contre les Juifs ». Goering, grand amateur d'art, a beaucoup fréquenté le musée du Jeu de Paume : il y est passé une vingtaine de fois, entre 1940 et 1942, afin d'y « faire son marché » au cours duquel il a volé plus de 500 tableaux des plus grands peintres, tels que Monet, Cézanne, Seurat, Pissarro ou Sisley.
Hitler, de son côté, avait certes une réputation de peintre amateur médiocre mais possédait, par contre, un excellent jugement : début 1941, en effet, il sélectionne pour son musée un premier lot de 40 tableaux qu'il fait envoyer à Linz, parmi lesquels un Rembrandt, deux Goya, trois Boucher, deux Watteau, deux Fragonard, un Gainsborough et surtout un Vermeer, œuvre nommée L'astronome. Hitler désirait absolument avoir ce tableau, réalisé par le peintre hollandais en 1668, car il symbolisait parfaitement, à ses yeux, la suprématie germanique prônée par le national-socialisme.
Entre 1941 et 1944, le pillage est phénoménal : 29 convois ferroviaires quitteront Paris pour l'Allemagne, emportant 4 170 caisses chargées d'œuvres d'art confisquées à 203 collectionneurs privés français. L'astronome a fait partie d'une cargaison de tableaux envoyée vers l'Allemagne le 3 février 1941 : ce jour-là, Goering prête son train personnel (un convoi de 25 luxueux wagons chauffés !) dans lequel il fait charger 42 caisses, dont 19 sont marquées de la lettre « H » pour Hitler (L'astronome était estampillé « H13 ») et 23 de la lettre « G » pour Goering.
Pour empêcher les nazis de voler une grande partie des œuvres stockées au musée du Jeu de Paume, une fonctionnaire française va faire de la résistance : elle se nomme Rose Valland et exerce la fonction de conservatrice du musée. Pendant des années, elle enregistre discrètement les œuvres qui transitent par le musée, ce qui permettra de retrouver, à la fin de la guerre, un nombre non négligeable de tableaux. Le 12 août 1944, au moment de la libération de Paris, elle parvient même à faire stopper un convoi de 5 wagons contenant 51 caisses remplies de tableaux et de mobilier, en partance pour l'Allemagne, qu'elle fait rapatrier au Louvre.
Le 3 février 1941, Goering a fait charger à bord de son train personnel 42 caisses remplies de toiles de maîtres, dont 19 sont marquées de la lettre « H » pour Hitler et 23 de la lettre « G » pour Goering.
Rose Valland, conservatrice du musée du Jeu de Paume pendant la guerre, est parvenue à enregistrer les œuvres d'art volées par les Allemands, ce qui permit d'en retrouver certaines après la guerre.
En mai 1945, à la recerche d'œuvres d'art volées par les nazis, les « Monuments Men » américains fouillent, sans succès, l'étonnant château de Neuschwanstein, dont Walt Disney s'est inspiré pour réaliser La Belle au Bois dormant en 1959.
Autriche, où il avait été scolarisé dans son enfance. Pour parvenir à ses fins, Hitler souhaitait récupérer toutes les œuvres volées à l'Allemagne entre 1500 et 1930 et, entre autres, celles que Napoléon Ier avait subtilisées entre 1806 et 1809 lors de ses campagnes
militaires, et celles confisquées à l'Allemagne par la France, à la fin de la Première Guerre mondiale. Seules les œuvres d'art moderne étaient refusées par le Führer car il les considérait, selon ses propres termes, comme « des produits de dégénérés spirituels ». Hitler avait chargé un proche, Alfred Rosenberg, de diriger un organisme nommé « ERR » (« Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg », équipe d'intervention du gouverneur du Reich Rosenberg). Son but : confisquer systématiquement, dans les territoires occupés, toutes les œuvres d'art intéressantes se trouvant dans les collections privées de familles juives, de francs-maçons ou d'opposants politiques. Dès novembre 1940, pour regrouper les œuvres saisies, l'ERR réquisitionne le musée du Jeu de Paume, situé dans les jardins des Tuileries à Paris.
En France, un recensement, effectué en juillet 1944, avait évalué à près de 22 000 les œuvres d'art (peintures, dessins, lithographies, mobilier, tapisseries, sculptures, bijoux, armes de collection, porcelaines…) volées à des Juifs, dont 5 000 appartenant à la branche française de la famille Rothschild, banquiers et industriels juifs d'origine allemande, mais aussi aux familles David-Weill, Veil-Picard, Seligmann, Schloss, Bernheim-Jeune, Wil-denstein, Alphonse Kann, Paul Rosenberg (célèbre marchand d'art, grand-père de la journaliste Anne Sinclair, à ne pas confondre avec Alfred Rosenberg, le responsable de l'ERR)… Le maréchal Pétain s'éleva officiellement contre ces pillages, mais se fit répondre sèchement que « le gouvernement français n'a aucun droit de protester contre les mesures que le Reich, en sa qualité de vainqueur, applique contre les Juifs ». Goering, grand amateur d'art, a beaucoup fréquenté le musée du Jeu de Paume : il y est passé une vingtaine de fois, entre 1940 et 1942, afin d'y « faire son marché » au cours duquel il a volé plus de 500 tableaux des plus grands peintres, tels que Monet, Cézanne, Seurat, Pissarro ou Sisley.
Hitler, de son côté, avait certes une réputation de peintre amateur médiocre mais possédait, par contre, un excellent jugement : début 1941, en effet, il sélectionne pour son musée un premier lot de 40 tableaux qu'il fait envoyer à Linz, parmi lesquels un Rembrandt, deux Goya, trois Boucher, deux Watteau, deux Fragonard, un Gainsborough et surtout un Vermeer, œuvre nommée L'astronome. Hitler désirait absolument avoir ce tableau, réalisé par le peintre hollandais en 1668, car il symbolisait parfaitement, à ses yeux, la suprématie germanique prônée par le national-socialisme.
Entre 1941 et 1944, le pillage est phénoménal : 29 convois ferroviaires quitteront Paris pour l'Allemagne, emportant 4 170 caisses chargées d'œuvres d'art confisquées à 203 collectionneurs privés français. L'astronome a fait partie d'une cargaison de tableaux envoyée vers l'Allemagne le 3 février 1941 : ce jour-là, Goering prête son train personnel (un convoi de 25 luxueux wagons chauffés !) dans lequel il fait charger 42 caisses, dont 19 sont marquées de la lettre « H » pour Hitler (L'astronome était estampillé « H13 ») et 23 de la lettre « G » pour Goering.
Pour empêcher les nazis de voler une grande partie des œuvres stockées au musée du Jeu de Paume, une fonctionnaire française va faire de la résistance : elle se nomme Rose Valland et exerce la fonction de conservatrice du musée. Pendant des années, elle enregistre discrètement les œuvres qui transitent par le musée, ce qui permettra de retrouver, à la fin de la guerre, un nombre non négligeable de tableaux. Le 12 août 1944, au moment de la libération de Paris, elle parvient même à faire stopper un convoi de 5 wagons contenant 51 caisses remplies de tableaux et de mobilier, en partance pour l'Allemagne, qu'elle fait rapatrier au Louvre.
militaires, et celles confisquées à l'Allemagne par la France, à la fin de la Première Guerre mondiale. Seules les œuvres d'art moderne étaient refusées par le Führer car il les considérait, selon ses propres termes, comme « des produits de dégénérés spirituels ». Hitler avait chargé un proche, Alfred Rosenberg, de diriger un organisme nommé « ERR » (« Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg », équipe d'intervention du gouverneur du Reich Rosenberg). Son but : confisquer systématiquement, dans les territoires occupés, toutes les œuvres d'art intéressantes se trouvant dans les collections privées de familles juives, de francs-maçons ou d'opposants politiques. Dès novembre 1940, pour regrouper les œuvres saisies, l'ERR réquisitionne le musée du Jeu de Paume, situé dans les jardins des Tuileries à Paris.
En France, un recensement, effectué en juillet 1944, avait évalué à près de 22 000 les œuvres d'art (peintures, dessins, lithographies, mobilier, tapisseries, sculptures, bijoux, armes de collection, porcelaines…) volées à des Juifs, dont 5 000 appartenant à la branche française de la famille Rothschild, banquiers et industriels juifs d'origine allemande, mais aussi aux familles David-Weill, Veil-Picard, Seligmann, Schloss, Bernheim-Jeune, Wil-denstein, Alphonse Kann, Paul Rosenberg (célèbre marchand d'art, grand-père de la journaliste Anne Sinclair, à ne pas confondre avec Alfred Rosenberg, le responsable de l'ERR)… Le maréchal Pétain s'éleva officiellement contre ces pillages, mais se fit répondre sèchement que « le gouvernement français n'a aucun droit de protester contre les mesures que le Reich, en sa qualité de vainqueur, applique contre les Juifs ». Goering, grand amateur d'art, a beaucoup fréquenté le musée du Jeu de Paume : il y est passé une vingtaine de fois, entre 1940 et 1942, afin d'y « faire son marché » au cours duquel il a volé plus de 500 tableaux des plus grands peintres, tels que Monet, Cézanne, Seurat, Pissarro ou Sisley.
Hitler, de son côté, avait certes une réputation de peintre amateur médiocre mais possédait, par contre, un excellent jugement : début 1941, en effet, il sélectionne pour son musée un premier lot de 40 tableaux qu'il fait envoyer à Linz, parmi lesquels un Rembrandt, deux Goya, trois Boucher, deux Watteau, deux Fragonard, un Gainsborough et surtout un Vermeer, œuvre nommée L'astronome. Hitler désirait absolument avoir ce tableau, réalisé par le peintre hollandais en 1668, car il symbolisait parfaitement, à ses yeux, la suprématie germanique prônée par le national-socialisme.
Entre 1941 et 1944, le pillage est phénoménal : 29 convois ferroviaires quitteront Paris pour l'Allemagne, emportant 4 170 caisses chargées d'œuvres d'art confisquées à 203 collectionneurs privés français. L'astronome a fait partie d'une cargaison de tableaux envoyée vers l'Allemagne le 3 février 1941 : ce jour-là, Goering prête son train personnel (un convoi de 25 luxueux wagons chauffés !) dans lequel il fait charger 42 caisses, dont 19 sont marquées de la lettre « H » pour Hitler (L'astronome était estampillé « H13 ») et 23 de la lettre « G » pour Goering.
Pour empêcher les nazis de voler une grande partie des œuvres stockées au musée du Jeu de Paume, une fonctionnaire française va faire de la résistance : elle se nomme Rose Valland et exerce la fonction de conservatrice du musée. Pendant des années, elle enregistre discrètement les œuvres qui transitent par le musée, ce qui permettra de retrouver, à la fin de la guerre, un nombre non négligeable de tableaux. Le 12 août 1944, au moment de la libération de Paris, elle parvient même à faire stopper un convoi de 5 wagons contenant 51 caisses remplies de tableaux et de mobilier, en partance pour l'Allemagne, qu'elle fait rapatrier au Louvre.
Le 3 février 1941, Goering a fait charger à bord de son train personnel 42 caisses remplies de toiles de maîtres, dont 19 sont marquées de la lettre « H » pour Hitler et 23 de la lettre « G » pour Goering.
Rose Valland, conservatrice du musée du Jeu de Paume pendant la guerre, est parvenue à enregistrer les œuvres d'art volées par les Allemands, ce qui permit d'en retrouver certaines après la guerre.
En mai 1945, à la recerche d'œuvres d'art volées par les nazis, les « Monuments Men » américains fouillent, sans succès, l'étonnant château de Neuschwanstein, dont Walt Disney s'est inspiré pour réaliser La Belle au Bois dormant en 1959.
À la recherche des caches naziesEn 1943, pour récupérer le maximum d'œuvres d'art volées par les nazis, les Américains décident de créer une unité spéciale nommée les « Monuments Men ». Cette équipe, composée de 350 experts professionnels (conservateurs de musées, professeurs d'histoire de l'art, architectes, archivistes), est dirigée par un universitaire du nom de George Stout, fraîchement diplômé de l'université de Harvard. Venus en Europe lors du débarquement de 1944, les « Monuments Men » se rendent immédiatement en Allemagne et en Autriche où ils parviennent à localiser plus d'un millier de caches contenant des trésors du patrimoine culturel mondial. Il leur faudra six ans pour cataloguer les œuvres, les photographier, les emballer et les renvoyer dans leurs pays respectifs, après les avoir regroupées dans un bâtiment de Munich appelé le « Collecting Point ». Les « Monuments Men » mettent la main sur une importante cache en avril 1945, à Merkers, ville située à 300 km au sud-ouest de Berlin. À 800 m de profondeur, dans une mine de sel, ils trouvent un gigantesque trésor : 8 000 lingots d'or, des centaines de milliers de pièces d'or et plus de 400 œuvres d'art (voir E&C n°41). Puis, à Berchtesgaden, ville proche de la frontière autrichienne, ils découvrent, dans un bunker conçu pour la protection anti-aérienne, un dépôt d'œuvres d'art appartenant à Goering. Enfin, bénéficiant d'une information donnée par un indicateur, ils apprennent que le plus grand nombre d'œuvres d'art volées est caché dans le château de Neuschwanstein, une étonnante construction de style gothique commandée dans les années 1870 par Louis II de Bavière (Walt Disney s'en est même inspiré pour représenter le château de La Belle au Bois dormant dans son dessin animé de 1959). Les « Monuments Men » arrivent hélas trop tard : les œuvres viennent d'être transférées par des hommes de l'ERR vers une région plus sûre et cachées dans une mine de sel de la montagne Altaussee, près de Salzbourg en Autriche. Sur place, se trouve le plus important dépôt d'œuvres d'art volées par les nazis : 6 577 peintures, 954 estampes, 230 dessins ou aquarelles, 137 sculptures, 129 armes et armures, 122 tapisseries… Plus des milliers de caisses, dont 1 700 contiennent des livres, 484 des archives…
Un soldat de l'équipe des « Monuments Men » découvre un ensemble de gravures de Dürer (à gauche) dans une mine de sel de la montagne Altaussee, près de Salzbourg en Autriche, tandis que d'autres membres de l'équipe admirent une toile d'Edouard Manet, découverte au même endroit.
Les œuvres d'art découvertes dans les caches nazies sont embarquées dans des camions, puis regroupées dans le « Collecting Point » que les « Monuments Men » américains ont créé à Munich.
Quand l'Armée Rouge imite les nazisSi les nazis ont pillé le patrimoine culturel juif dans toute l'Europe, ils ont agi de même dans les pays de l'Est conquis. Ainsi, Adolf Eichmann, venu en 1944 superviser la déportation des Juifs de Hongrie, a fait main basse sur une importante collection de plusieurs centaines de tableaux appartenant à un richissime baron hongrois du nom de Ferenc Hat-vany. Sa méthode est simple et efficace : il accorde à Hatvany un visa de sortie, lui évitant ainsi d'aller en camp de concentration… à condition qu'il lui cède, en échange, toute sa collection ! En 1945, à l'arrivée des Russes en Hongrie, Eichmann se sauve, abandonnant sur place les œuvres d'art. En 1960, il sera retrouvé par des agents du Mossad en Argentine et exécuté l'année suivante en Israël.
Les tableaux de Hatvany ont été récupérés par une unité spécialisée de l'Armée Rouge, nommée « Brigade des trophées », et se trouvent aujourd'hui au Centre de conservation des arts à Moscou.
Ce cas n'est pas unique. On sait par exemple que, lors de son invasion de l'Allemagne en 1945, l'Armée Rouge a pillé, comme les nazis, les musées et les collections privées de riches familles juives. Aujourd'hui, des œuvres de Van Gogh, Renoir, Cézanne, Courbet… sont officiellement exposées au musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg. Pour Albert Kostenevich, son conservateur en chef, il ne s'agit pas de vol : « En 1945, quand ces œuvres d'art sont arrivées ici, on les a considérées comme des trophées de guerre. Il était légitime de les garder, après la destruction et le pillage de notre patrimoine par les nazis. »
Les tableaux de Hatvany ont été récupérés par une unité spécialisée de l'Armée Rouge, nommée « Brigade des trophées », et se trouvent aujourd'hui au Centre de conservation des arts à Moscou.
Ce cas n'est pas unique. On sait par exemple que, lors de son invasion de l'Allemagne en 1945, l'Armée Rouge a pillé, comme les nazis, les musées et les collections privées de riches familles juives. Aujourd'hui, des œuvres de Van Gogh, Renoir, Cézanne, Courbet… sont officiellement exposées au musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg. Pour Albert Kostenevich, son conservateur en chef, il ne s'agit pas de vol : « En 1945, quand ces œuvres d'art sont arrivées ici, on les a considérées comme des trophées de guerre. Il était légitime de les garder, après la destruction et le pillage de notre patrimoine par les nazis. »
La restitution des œuvres d'art voléesLa France est l'une des premières nations à s'occuper des propriétaires dépossédés, en vertu de l'ordonnance du 21 avril 1945 qui déclare « la nullité des actes de spoliation accomplis par l'ennemi ou sous son contrôle ». En 1947, le Bureau central des restitutions publie un ouvrage de 6 000 pages, intitulé Répertoire des biens spoliés en France durant la guerre 1939-1945, qui a été établi en fonction des déclarations de vol faites par les collectionneurs.
Ainsi, L'astronome, le célèbre tableau de Vermeer volé par Hitler en 1941, est restitué à son propriétaire, Édouard de Rothschild, en 1945. Puis, en 1983, la famille le cède à l'État français en dation, afin de régler des droits de succession. Depuis, le tableau est visible au musée du Louvre.
Parfois la restitution d'une œuvre peut prendre beaucoup plus de temps : c'est le cas, par exemple, du tableau Le mur rose, peint par Henri Matisse en 1898. Il est acheté à Paris en 1914 par un Allemand du nom de Harry Fuld qui le ramène chez lui à Francfort, marqué du tampon des douanes françaises. En 1937, Fuld fuit l'Allemagne devant le péril nazi et laisse sur place ses œuvres d'art. Quatre ans plus tard, celles-ci tombent sous le coup de la loi du 25 novembre 1941 qui déchoit de leur nationalité les Juifs allemands émigrés et autorise la confiscation de leurs biens au profit du Reich allemand. En 1951, le tableau, étant porteur du tampon des douanes françaises, est alors renvoyé à Paris où il est confié à la garde des musées nationaux. En 2008, soit cinquante-sept ans plus tard, il est rendu aux héritiers de Harry Fuld grâce au travail d'une historienne d'art allemande qui l'a retrouvé dans les réserves du Centre Pompidou où il était conservé, muni d'une étiquette portant l'inscription « MNR », Musées Nationaux Récupération. Cet acronyme de trois lettres signale les œuvres d'art qui ont été retrouvées en Allemagne pendant la dernière guerre, puis redonnées à l'État français qui les a confiées à la garde des musées nationaux.
Immédiatement après la guerre, sur les 60 000 tableaux qui ont pu être récupérés, 45 000 ont été rendus à leurs propriétaires et 13 000, de moindre valeur, vendus. Sur les 2 000 restants, tous estampillés « MNR », un millier sont signés de très grands maîtres et n'ont toujours pas été réclamés. Le Louvre en possède près de 400, Orsay environ 100 et le reste est réparti entre les autres musées nationaux. Selon un décret paru le 30 septembre 1949, les musées français ne sont pas possesseurs des œuvres, mais seulement « détenteurs précaires », tant que les véritables propriétaires ne sont pas retrouvés.
Le bilan actuel des restitutions en France est maigre : entre 1951 et aujourd'hui, seules 79 œuvres d'art signées Picasso, Léger, Monet ou Cézanne ont pu être rendues aux héritiers des propriétaires légitimes.
Parmi les chefs-d'œuvre volés en France par les nazis et dont on cherche toujours le propriétaire, se trouve le tableau de Gustave Courbet intitulé Baigneuses ou Deux femmes nues, peint en 1868 et conservé au musée d'Orsay à Paris sous le numéro MNR 876. Il a appartenu, dans les années 1930, au marchand d'art belge Raphaël Gérard (qui sera arrêté en 1945 pour collaboration avec les nazis), puis a été volé par Joachim von Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères du IIIe Reich, auquel il est repris à la fin de la guerre.
En 1998, le Congrès juif mondial a estimé que 110 000 œuvres d'art, volées par les nazis en Europe, représentant une valeur moyenne de 20 milliards de dollars, n'étaient toujours pas réapparues sur le marché de l'art. Toutes n'ont certainement pas été détruites par les bombardements ou les incendies. Selon certains spécialistes, elles se trouveraient stockées dans les réserves de nombreux musées ou bien encore au domicile de collectionneurs privés, aussi bien européens qu'américains.
Ainsi, L'astronome, le célèbre tableau de Vermeer volé par Hitler en 1941, est restitué à son propriétaire, Édouard de Rothschild, en 1945. Puis, en 1983, la famille le cède à l'État français en dation, afin de régler des droits de succession. Depuis, le tableau est visible au musée du Louvre.
Parfois la restitution d'une œuvre peut prendre beaucoup plus de temps : c'est le cas, par exemple, du tableau Le mur rose, peint par Henri Matisse en 1898. Il est acheté à Paris en 1914 par un Allemand du nom de Harry Fuld qui le ramène chez lui à Francfort, marqué du tampon des douanes françaises. En 1937, Fuld fuit l'Allemagne devant le péril nazi et laisse sur place ses œuvres d'art. Quatre ans plus tard, celles-ci tombent sous le coup de la loi du 25 novembre 1941 qui déchoit de leur nationalité les Juifs allemands émigrés et autorise la confiscation de leurs biens au profit du Reich allemand. En 1951, le tableau, étant porteur du tampon des douanes françaises, est alors renvoyé à Paris où il est confié à la garde des musées nationaux. En 2008, soit cinquante-sept ans plus tard, il est rendu aux héritiers de Harry Fuld grâce au travail d'une historienne d'art allemande qui l'a retrouvé dans les réserves du Centre Pompidou où il était conservé, muni d'une étiquette portant l'inscription « MNR », Musées Nationaux Récupération. Cet acronyme de trois lettres signale les œuvres d'art qui ont été retrouvées en Allemagne pendant la dernière guerre, puis redonnées à l'État français qui les a confiées à la garde des musées nationaux.
Immédiatement après la guerre, sur les 60 000 tableaux qui ont pu être récupérés, 45 000 ont été rendus à leurs propriétaires et 13 000, de moindre valeur, vendus. Sur les 2 000 restants, tous estampillés « MNR », un millier sont signés de très grands maîtres et n'ont toujours pas été réclamés. Le Louvre en possède près de 400, Orsay environ 100 et le reste est réparti entre les autres musées nationaux. Selon un décret paru le 30 septembre 1949, les musées français ne sont pas possesseurs des œuvres, mais seulement « détenteurs précaires », tant que les véritables propriétaires ne sont pas retrouvés.
Le bilan actuel des restitutions en France est maigre : entre 1951 et aujourd'hui, seules 79 œuvres d'art signées Picasso, Léger, Monet ou Cézanne ont pu être rendues aux héritiers des propriétaires légitimes.
Parmi les chefs-d'œuvre volés en France par les nazis et dont on cherche toujours le propriétaire, se trouve le tableau de Gustave Courbet intitulé Baigneuses ou Deux femmes nues, peint en 1868 et conservé au musée d'Orsay à Paris sous le numéro MNR 876. Il a appartenu, dans les années 1930, au marchand d'art belge Raphaël Gérard (qui sera arrêté en 1945 pour collaboration avec les nazis), puis a été volé par Joachim von Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères du IIIe Reich, auquel il est repris à la fin de la guerre.
En 1998, le Congrès juif mondial a estimé que 110 000 œuvres d'art, volées par les nazis en Europe, représentant une valeur moyenne de 20 milliards de dollars, n'étaient toujours pas réapparues sur le marché de l'art. Toutes n'ont certainement pas été détruites par les bombardements ou les incendies. Selon certains spécialistes, elles se trouveraient stockées dans les réserves de nombreux musées ou bien encore au domicile de collectionneurs privés, aussi bien européens qu'américains.
Le tableau de Matisse Le mur rose, volé par les nazis en 1941, a été retrouvé dans les réserves du Centre Pompidou en 2008 et rendu aux héritiers de Harry Fuld qui l'avait acquis en 1914.
Le tableau de Gustave Courbet Baigneuses ou Deux femmes nues, conservé au musée d'Orsay à Paris sous le numéro MNR 876, avait été volé par Joachim von Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères du IIIe Reich.
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