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mercredi 1 avril 2020

3.Gustave Moreau



« Oedipe et le Sphinx », Gustave Moreau


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I- Présentation de l’œuvre
Gustave Moreau est un peintre, graveur, dessinateur et sculpteur français du 19ème siècle et notamment l’un des principaux représentants en peinture du symbolisme imprégné du mysticisme (courant dans lequel on retrouve des traits reliés aux mystères, aux choses cachées ou secrètes).
Il peint « Oedipe et le Sphinx » en 1864, exposé actuellement au Metropolitan Museum of Art, à New York. Ce tableau de Gustave Moreau représente la scène avec Oedipe et le Sphinx :
Œdipe, dans la mythologie grecque, est le roi de Thèbes, fils de Laïos et de Jocaste, roi et reine de Thèbes.
Laïos, averti par un oracle qu’il serait tué par son propre fils, décida d’échapper à son destin : il attacha les deux pieds de son fils nouveau-né et le perdit dans la montagne. Mais l’enfant fut recueilli par un berger qui l’éleva comme son propre fils. Œdipe ignorait le secret de sa naissance, aussi quand un oracle déclara qu’il tuerait son propre père, il quitta sa famille et tua Laïos, ayant pris le roi et ses serviteurs pour des voleurs. Ainsi, Œdipe accomplit la prophétie sans le vouloir.
Œdipe arriva à Thèbes, qui était sous la coupe d’un monstre sanguinaire appelé le Sphinx. La créature bloquait les routes menant à la ville, tuant et dévorant les voyageurs qui ne pouvaient résoudre l’énigme qu’elle leur proposait. Œdipe, l’ayant résolue avec succès, le Sphinx se suicida..
II- Analyse :
Rien ne semble, dans cette oeuvre, abandonné au hasard. Qu’il s’agisse des détails ou de la composition, tout est médité, voulu, calculé, concerté, posé avec intention. Il s’en dégage une force et une étrangeté saisissantes. Les deux personnages sont entièrement absorbés dans leur face à face, dans une mise en scène parfaite qui frappe l’esprit du spectateur dès la première impression.
Tout d’abord on remarque au centre les deux personnages de l’oeuvre : le Sphinx, une femme à corps de lion, et des ailes d’aigle, elle est agrippée à Oedipe, le regardant d’un regard hypnotisant, d’un côté agressif et de l’autre sensuel de par leur proximité. Oedipe quant à lui se tient droit, une lance dans la main gauche il se montre fier.
L’aspect sensuel se retrouve à travers plusieurs détails :
– Le visage de la sphinge est valorisé, on remarque qu’elle a de beaux traits : fine bouche, des yeux clairs ainsi qu’une coiffure soignée ornée d’un diadème, de plus elle a un bijou de corps au niveau de la taille.
– Oedipe a un corps athlétique qui le rend imposant, un visage sans émotion qui le rend mystérieux, ainsi que les cheveux longs, cet aspect général est typiquement grec
On remarque un aspect érotique de par la nudité des deux personnages et leur proximité qui nous ferait croire qu’ils sont sur le point de s’embrasser, d’autre part la poitrine de la sphinge est pointue, cela montre une forme de désir envers Oedipe, d’ou l’emplacement des pattes du Sphinx se situant au niveau du torse et de l’entrejambe.
Le décor a un aspect mortuaire et dangereux. En effet les personnages se situent au bord d’un précipice entouré de montagne, les couleurs sont majoritairement sombres de par les nuances de gris qui démontrent un temps nuageux ou brumeux, cependant les nuances de rouge viennent relever l’aspect généralement sombre du tableau, ce rouge fait référence au sang des victimes de la sphinge.
Les attributs symboliques
Œdipe tient une lance qui lui donne un attribut guerrier le fait de la pointer vers le bas évoque un signe de trêve.
La Sphinge porte une couronne au bord dentelé qui connote une forme agressive. Le bijou de corps lui donne un attribut féminin.
La colonne se situant à gauche d’Oedipe autour de laquelle un serpent s’enroule évoque la tentation (Adam et Eve) et une éventuelle menace. De plus sur la colonne, il y a un vase orné de motifs symboliques : des créatures hybrides qui pourraient être une offrande.
Cette peinture de Gustave Moreau peut être comparée au tableau d’Ingres qui porte le même nom . Le paradoxe de ces deux tableaux, c’est que, dans ces deux cas, ce que l’on cherche à représenter de la façon la plus intelligible possible est une énigme.
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La sirène et le poète est une des toiles les plus remarquables des collections des musées de Poitiers, par sa dimension et l’éclat de son coloris ravivé par une récente restauration, par le thème et le style si évocateurs des la poétique de Gustave Moreau, mais aussi par l’origine de cette toile, qui est en fait un carton de tapisserie commandé par l’État à l’artiste pour la manufacture des Gobelins en 1894. Le sujet a fait l’objet dans cette version de sept études et esquisses peintes et dessinées, conservées au Musée Gustave Moreau à Paris.
Le thème est caractéristique de l’inspiration idéiste et onirique de Gustave Moreau, tant appréciée chez les symbolistes : la lutte du bien et du mal, du beau et du laid, de l’homme et de la femme, de l’amour et de la mort, mais aussi l’impossible  quête de la fusion des âmes et des êtres, incarnée par la tentation de l’androgynie, le combat solitaire de l’artiste, visionnaire incompris par le monde, Gustave Moreau s’identifiait fortement au héros et au poète.

L’artiste, dont on connaît le goût et la culture pour les arts décoratifs, adapte étroitement son œuvre au projet de tapisserie, verticalité de la composition et forte présence du cadre décoratif repris de sources archéologiques.
Si l’œuvre plût aux défenseurs de l’esthétique classique comme Sully Prudhomme, ce qui nous séduit aujourd’hui dans cette œuvre monumentale au puissant charme poétique, c’est au contraire l’audace de son coloris et de sa touche, sa liberté de facture et cette esthétique de l’inachèvement qui nous apparaît chez le maître de Matisse, Rouault et Marquet comme la tentation de l’abstraction.


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