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vendredi 31 janvier 2020

1. Maestrul din Flémalle / Robert Campin (1378-1444)

Robert Campin
Robert Campin
NaissanceV. 1378
Valenciennes
Décès
Tournai
NationalitéTournaisienne
ActivitéPeintre
ÉlèveRoger de la Pasture
Jacques Daret
Lieu de travail
Œuvres principales
L'Annonce faite à Marie, panneau central du Triptyque de Mérode, atelier de Robert Campin, Metropolitan Museum of Art, New York
Robert Campin, souvent identifié au « maître de Flémalle », né à Valenciennes (comté de Hainaut) vers 1378 et mort à Tournai le 1, est un peintre primitif flamand.

Biographie

Issu d'une famille de Valenciennes, ville alors située dans le comté de Hainaut, il fait une partie de son apprentissage à Dijon. Sa première apparition en tant que peintre se situe à Tournai (à l'époque petite république communale et épiscopale) où plusieurs acquisitions immobilières sont à son nom, ce qui dénote une certaine réussite matérielle.
Entre 1418 et 1432, il devient chef d'atelier à Tournai et a comme élève Roger de la Pasture (ensuite connu sous le nom de Rogier van der Weyden) à partir de 1427 et Jacques Daret. Il rencontre probablement Jan van Eyck, qui réside alors à Lille, durant ses visites à Tournai.
Il va par la suite s'engager intellectuellement du côté des Français contre les pro-Bourguignons, ce qui lui occasionne plusieurs condamnations en justice. En 1423, il est l’un des meneurs d’une révolte des artisans de Tournai contre le pouvoir aristocratique. Il joua un rôle important dans le nouveau gouvernement et exerça diverses fonctions publiques : au sein de la magistrature, comme doyen de la Guilde de saint Luc des orfèvres et des peintres, et à partir de 1428 comme marguillier de l'église Saint Pierre. Mais l'année suivante, il fut condamné pour sa participation à ce soulèvement : il dut payer une amende et accomplir un pèlerinage à Saint-Gilles en Provence. Il lui fut également interdit d'exercer toute fonction publique. En 1432, il se retrouve à nouveau accusé, mais cette fois pour sa liaison extraconjugale avec Laurence Polette. Il fut banni de Tournai pendant un an, mais, grâce à l'intervention de Marguerite de Bourgogne, la sanction fut commuée en amende2.

Ses œuvres

Le Triptyque de Werl (auj. exposé au musée du Prado) avec Sainte Barbe lisant sur le panneau de droite.
L'analyse de son œuvre est rendue excessivement difficile par l'absence totale de tableau signé de son nom et par la notion de travail d'atelier : l'artiste commence une peinture qui est achevée par ses élèves et n'hésite pas à en faire des copies de sa main ou par d'autres personnes.
Robert Campin est le peintre qui a le plus de titres à être assimilé au « maître de Flémalle », dont la véritable identité reste cependant obscure et hypothétique, car d'autres artistes de cette époque auraient pu incarner ce mystérieux personnage. L'attribution est donc sujette à caution et repose sur des arguments chronologiques (un seul tableau est daté), géographiques et stylistiques. En 1909, considérant d'une part les rapports de Roger van der Weyden et de Jacques Daret avec le maître de Flémalle, d'autre part les mentions trouvées dans les archives de Tournai qui prouvent leur apprentissage chez un même maître, Robert Campin, on proposa de reconnaître dans ce peintre le maître de Flémalle3.
Campin reste cependant le grand précurseur de la peinture de la Renaissance flamande où apparaissent des représentations réalistes et non plus symboliques de personnages, de décors ou d'objets. L'irruption de la vie réelle dans des œuvres à thématique sacrée n'est pas totalement neuve pour l'époque, elle mais fut traitée par le maître d'une manière particulièrement détaillée : sages-femmes dans la Nativité du musée des beaux-arts de Dijon, intérieur bourgeois dans la Vierge à la cheminée (musée de l'Ermitage) ou dans le triptyque de l'Annonciation conservé à New York.
Ce « réalisme » cause peu à peu la disparition de certains symboles religieux (fonds dorés ou auréoles) et on passe successivement d'une Nativité sur une « scène qu'aucun spectateur n'aurait pu jamais voir » à une Annonciation « dans un espace théoriquement visible et néanmoins assez abstrait », enfin, à une Sainte Barbe « dont chacun d'entre nous pourrait s'imaginer en spectateur » (Tzvetan Todorov).
La Nativité, 1420-26.
Il fit un certain nombre de portraits (dont deux sont visibles à la National Gallery à Londres), figés de trois-quarts, les visages remplissant l'essentiel du cadre, et qui sont les premiers à prendre en modèle des notables locaux, témoins de « l'irruption triomphante de l'individu » (Tzvetan Todorov).

Bibliographie

  • (en) Felix ThürlemannRobert Campin: a monographic study with critical catalogue, Prestel, coll. « Art and Design Series », , 385 p. (ISBN 9783791327785)
  • Henri Installé, « Le triptique Merode : évocation mnémonique d'une famille de marchands colonais, réfugiée à Malines » in Hande/lingen van de Koninklijke Kring voor Oudheidkunde, Letteren en Kunst van Mechelen, 1992, no 1, pp. 55-154
  • Albert Châtelet, Robert Campin, le maître de Flemalle : la fascination du quotidien, Anvers, 1996.
  • Tzvetan TodorovÉloge de l'individu, essai sur la peinture flamande de la Renaissance, Paris, Adam Biro, 2000.
  • Campin in Context. Peinture et société dans la vallée de l’Escaut à l’époque de Robert Campin, 1375-1445. Actes du colloque international organisé par l’université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, l’Institut royal du Patrimoine artistique et l’Association des guides de Tournai, Tournai, Maison de la Culture, 30 mars - 1er avril 2006, éd. Ludovic Nys et Dominique Vanwijnsberghe, Valenciennes/Bruxelles/Tournai, 2007.
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Grande Encyclopédie Larousse
Campin (Robert)
Peintre hainuyer (? av. 1380 - Tournai 1444).
Il est uniquement connu par les archives de Tournai : il y est mentionné comme maître peintre en 1406 et comme bourgeois en 1410 seulement, ce qui permet de conclure qu’il n’en était pas originaire. Il a dû diriger, comme « peintre ordinaire de la ville », un important atelier. Il a pris une part active à la vie politique locale : il entre à plusieurs reprises en conflit avec le magistrat de la ville et est impliqué en 1423 dans une insurrection contre les patriciens.

En 1427 sont inscrits dans son atelier deux élèves qui passeront maîtres. en 1432 : Jacques Daret (Tournai v. 1404 - † apr. 1468 ; auteur d’un retable pour l’abbaye de Saint-Vaast d’Arras, 1434, auj. partagé entre plusieurs musées) et un certain Rogelet de La Pasture, identifié avec certitude à Rogier Van der Weyden*. Il semble que la femme de Robert Campin était une parente de celle de Rogier.

On a proposé avec vraisemblance, mais sans que cette thèse ait fait une complète unanimité, d’identifier Campin avec le peintre inconnu d’un certain nombre d’œuvres dont le style semble être d’un précurseur de Van der Weyden et s’apparente d’autre part à celui de Daret. Ce peintre a d’abord été appelé le Maître de Mérode, d’après le triptyque de l’Annonciation, ancienne propriété des princes de Mérode, aujourd’hui au Metropolitan Museum of Art de New York (the Cloisters) ; le Maître de Mérode a lui-même été identifié au Maître de Flémalle, peintre ainsi nommé, de façon peu heureuse, pour la prétendue origine (une abbaye de Flémalle, près de Liège, qui semble n’avoir jamais existé) de deux panneaux de retable de l’institut Städel de Francfort, une Vierge à l’Enfant et une Sainte Véronique (ce dernier panneau portant une Trinité au revers). La thèse d’Émile Renders selon laquelle le Maître de Flémalle ne serait autre que Van der Weyden jeune a aujourd’hui peu d’adeptes.

Les œuvres conservées du Maître de Flémalle, alias Campin, se situent approximativement entre 1420 et 1440. Elles sont importantes non seulement parce qu’elles se trouvent à l’origine du langage pictural de Van der Weyden, mais également parce qu’elles inaugurent de façon monumentale, avant Jan Van Eyck*, le siècle des « primitifs flamands ». La tendance réaliste bourgeoise, parfois appelée Ars nova, qui fut une réaction contre l’art de cour trop décoratif des environs de 1400, trouve en Campin sa première manifestation de haute valeur. Sous cet angle, son art a, dans l’évolution de la peinture, une signification semblable à celui de Claus Sluter*, un peu plus tôt, dans la sculpture. Le monde qu’il crée résulte d’une scrupuleuse observation analytique de la nature et de la matière. Il est lourd de ce sens de la matière, froid et métallique par son coloris ; l’espace est empli d’objets qui semblent s’imposer à force égale. Ce manque de hiérarchisation et de souplesse dans l’expression picturale se corrigera progressivement dans la suite des œuvres, en même temps que se fera sentir une influence en retour de Rogier Van der Weyden sur son maître.

Les exemples les plus typiques du premier style de Robert Campin, vers 1420-1425, sont la Nativité du musée des Beaux-Arts de Dijon et la Vierge à l’écran d’osier de la National Gallery de Londres. Vient ensuite l’Annonciation de Mérode. La perspective ne se libère pas réellement de la surface du tableau, contrastant avec le réalisme, le sens du détail de la représentation ; jamais Campin, en effet, n’est parvenu à résoudre de façon satisfaisante ce problème d’intégration des objets dans l’espace, auquel le premier à trouver une solution sera Van Eyck.

C’est avant l’Agneau mystique de celui-ci (1432) que le maître tournaisien peignit, vers 1430, son œuvre capitale, un monumental triptyque de la Déposition de Croix, dont ne subsiste qu’un fragment du volet droit, le Larron crucifié de l’institut Städel de Francfort. La composition originale est connue par une copie de qualité inférieure conservée à la Walker Art Gallery de Liverpool. La même monumentalité se retrouve dans les trois autres compositions de Francfort : les représentations sculpturales de la Vierge et de Sainte Véronique ont une présence physique unique dans la peinture du xve s. Les dernières œuvres qu’on attribue à Campin sont plus souples, moins hiératiques, tels la petite Vierge en gloire d’Aix-en-Provence et le Retable de Werl du Prado à Madrid (seule peinture datée, 1438) : ici, le geste élégamment dosé, les personnages bien répartis, les objets disposés avec soin ainsi que l’espace plus aéré nous rapprochent de l’art de Van der Weyden.

D. D.

 F. Winkler, Der Meister von Flemalle und Rogier Van der Weyden (Strasbourg, 1913). / E. Renders, Van der Weyden, Flémalle, Campin (Beyaert, Bruges, 1931). / C. de Tolnay, le Maître de Flémalle et les frères Van Eyck (La Connaissance, Bruxelles, 1938).
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