Chaque numéro de la revue comporte un thème spécifique qui alimente la rubrique à propos
Retrouvez-les dans l’ordre alphabétique :Altérité
Enjeu constant, non seulement de l’œuvre artistique et poétique, mais de l’existence en ses différentes sphères, individuelle ou collective, l’altérité se manifeste dans la parole, s’y révèle et s’y construit. Dans une optique dualiste, elle est rapidement conflictuelle. Dans une perspective ouverte, elle stimule la générosité créatrice.
Animal, anima
Nous verrons que le thème de l’animal, lié à sa racine, anima, nous permet d’approfondir notre perception du récit. Didier Lafargue et Christian Lippinois s’intéressent au conte de La Belle et la Bête, mis en scène au cinéma par Jean Cocteau. Nathalie Massoulier fait résonner l’œuvre de Graham Swift ‒ une nouvelle, plus particulièrement ‒, avec l’opéra, le Freischütz de Carl Maria von Weber, précisément. Guy Braun évoque quelques animaux mis en valeur par le cinéma ainsi que les « enfants sauvages ».
Le reste des articles montre à quel point l’animal suscite dans l’œuvre une dynamique essentielle à la réflexion sur l’existence.
Audace
L’audace, défiant la contrainte et refusant de se laisser intimider par la nécessité, ou la fatalité, fonde la liberté, consciente et assumée. L’enchaînement mécanique des causes et des effets s’enraie au moment où le sujet ose décider pour lui-même et dominer sa propre vie. La démarche, hautement personnelle, pose le particulier comme origine, puisqu’il s’autorise à commencer. L’audace, en ce sens, s’avère plus vigoureuse que la seule révolte, qui s’épuise à nier ce qui l’oppresse.
Complémentaires
La question des complémentaires peut s’aborder sous des angles différents, en considérant les couleurs, comme le fait Maurice Elie à partir de la théorie des couleurs de Goethe. On s’aperçoit que la notion de complément s’attache à l’idée de plénitude.
Frère et sœur
La relation entre frère et sœur occupe une place centrale dans de nombreuses œuvres, littéraires mais également cinématographiques. Nous songeons, par exemple, à Fanny et Alexandre (1982) d’Ingmar Bergman. Le thème est prisé par les Romantiques, mêlant ressemblance et différence.
Guerre et paix
Ce retour sur des heures tragiques de notre histoire nous permet de réfléchir, pour l’avenir, sur les valeurs qui fondent le plus durablement une société : valeurs de vie ou triomphe de la mort ? Le questionnement s’éclaire d’autant plus que l’on prend le mot « paix » dans son sens le plus vigoureux, celui de plénitude, et non le seul contraire de l’état de guerre. Le conflit, d’ailleurs, n’abandonne guère le temps dit de paix, par le jeu des rivalités, des pouvoirs, des dénigrements et des frustrations.
Insecte
Nous montrons tout d’abord les magnifiques coléoptères de Boris Porena, musicien italien, qui a la passion de ces insectes, qu’il collectionne depuis 1940, plutôt que les papillons. La réflexion sur les coléoptères suscite chez lui d’autres réflexions. Et La Fable des abeilles de Bernard de Mandeville (1670-1733), publiée à Londres en 1714, nous propose une réflexion économique. L’auteur y défend le point de vue paradoxal que les vices privés sont le bien public. Christian Laval nous parle de cet ouvrage inclassable, qui a pour sous-titre : Vices privés, bénéfices publics, et nous démontre qu’il est absolument illusoire de vouloir moraliser le capitalisme.
Italie(s)
Le paysage de l’Italie est modelé par le temps, des tombes étrusques, après les vestiges villanoviens, aux palais de la Renaissance, sans oublier la Rome antique et celle de la chrétienté, ainsi que les péripéties de l’unité italienne. Elle ne peut donc qu’attirer écrivains et poètes, comme le prouvent les quelques études réunies dans ce numéro.
L’arbre
La figure de l’arbre, on s’en persuadera en lisant les différentes contributions à ce numéro, possède une puissance existentielle inégalée puisqu’elle nous permet de remonter aux sources de l’être naissant et croissant en la conscience que lui permet sa capacité de parler et donc d’envisager le devenir.
L’empathie
Avec ce nouveau numéro de Temporel, nous abordons l’automne et la rentrée sous le signe de l’empathie, avec un essai très complet de Maurice Elie et une très intéressante étude de Christian Lippinois sur Edith Stein ainsi qu’un très stimulant article d’Oleg Poliakow. Nous rencontrerons également dans cette suite de points de vue les noms de Tolstoï et de Michel Henry. Nous considérerons enfin la perspective de Simon Baron-Cohen dans son livre, Zero Degrees of Empathy.
L’honnêteté
Le prince Mychkine, que ses compagnons de voyage, au premier chapitre, considèrent comme un personnage ne manquant pas « de candeur et de sincérité » (Tome 1, p. 7), mieux qu’Alceste, le misanthrope de Molière, illustre bien le départ entre l’homme honnête et l’honnête homme. Non que les deux notions doivent être forcément disjointes, mais on sait bien que parfois les impératifs de la sociabilité priment sur ceux de l’honnêteté, si l’on entend par là franchise et sincérité.
La cage
Ce numéro 2 de Temporel s’ouvre à plusieurs domaines de la pensée et de l’expérience, non seulement la poésie et l’art, mais aussi la philosophie et les sciences sociales avec Max Weber et cette « cage d’acier » qui symbolise, à la fin de L’Ethique protestante, le capitalisme moderne. « Le puritain voulait être un homme besogneux – et nous sommes forcés de l’être. » Nous voici livrés au mécanisme de la production économique, comme par fatalité. Et l’organisation du travail, comme nous l’explique Christophe Dejours dans l’entretien qu’il nous a accordé, se déshumanise en cette perspective réifiante.
La fidélité
On relèvera le lien étroit entre fidélité et confiance, fidélité et valeur. Peut-on être fidèle en effet au vide et au vain ? La notion de fidélité n’en appelle-t-elle pas, de facto, à celle de choix éthique ? Être fidèle, n’est-ce pas déjà reconnaître en l’autre notre humanité en partage ?
En d’autres termes, la fidélité ne peut s’exprimer sous forme de slogans simplificateurs et ne peut s’accommoder de comportements instrumentalisant autrui dans le dessein de servir intérêts particuliers et ambition personnelle.
La joie malgré tout, la joie sur le fil du rasoir
Et si la joie doit rester, au-delà de la crainte existentielle, de la peur qui régit à un certain degré les rapports humains, c’est bien dans l’œuvre d’art, ou dans l’œuvre poétique, qu’on la peut conserver, toujours neuve. En ce sens, le point de vue technique sur l’œuvre, si l’on se borne à cela, la trahit. Je reviens là au point de départ, à Franz Marc : « Aussi ont-ils parfaitement raison ceux qui affirment que le véritable art [aujourd’hui] est incompatible avec notre époque scientifique et technique ; mais je pense qu’ils sont dans l’erreur en pensant que l’art va mourir. Il est nettement plus probable que la science et la technique seront ravalées au rang des petites disciplines secondaires. » (Ecrits, p. 178)
La lutte avec l’ange
Nous avons choisi pour thème de ce premier numéro de Temporel la lutte avec l’ange en raison de la parution, en juin 2005 chez L’Harmattan, d’une réédition, conforme au premier élan du poète quand il les dactylographia en 1949 aux Etats-Unis, des poèmes de jeunesse (1939-1949) de Claude Vigée, accompagnés d’un fragment de La Lune d’hiver, « Les dernières grandes vacances », où le poète conte, en 1939-40, l’exode. Ce « modèle », qui demeure à travers toute l’œuvre de Claude Vigée, image du destin juif, mais aussi figure du poète en général et, en cela, il rejoint Emily Dickinson, pour laquelle, gymnaste, il est aussi poète et Pierre Emmanuel, pour lequel Jacob, qui suscite identification, est « l’homme », « tout homme » , ce « modèle » apparaît luttant avec l’ange dans le passage suivant de la Genèse (32. 23-33). Jacob, revenant avec femmes, enfants et tous ses biens, de chez Laban, son beau-père et patron, et s’apprêtant à rencontrer Esaü, son frère jumeau, lésé par lui de son droit d’aînesse, fait passer à toute sa suite le gué de Jaboc (l’orthographe de ce toponyme varie suivant auteurs et ouvrages) et demeure seul.
La Main
Comme il en est de chacun de nos thèmes, le sujet est vaste et nous ne l’épuiserons pas. Nous pouvons toutefois distinguer deux grands axes : la main comme moyen d’appréhension d’une connaissance nouvelle qui mène l’être vers l’unité, d’où il s’ensuit que, détachée, clivée, autonome, elle manifeste l’impuissance de l’être face à ce qui, en lui, lui échappe. C’est tout l’un ou tout l’autre : ou bien la main pénètre l’intériorité, ou « le tact immédiat de la sensibilité », selon les termes de Maine de Biran, philosophe essentiel dans la genèse de la pensée de Michel Henry.
La paresse
Cette étude sur la paresse (septième numéro, septième jour - sic), qui figure tout de même, dans la tradition chrétienne, parmi les sept péchés capitaux (voir plus bas l’illustration qu’en fit Jérôme Bosch, sous le nom d’acedia, source de de ce qui se nomma plus tard la mélancolie), s’inscrit parfaitement dans la perspective de Temporel puisqu’il y est question finalement d’aménagement propre de la temporalité. On s’aperçoit que le dogme du travail aliène chaque individu à une durée qui lui est imposée par des rythmes qui ne sont pas les siens.
La perspective
La perspective, destinée à montrer, à représenter sur une scène, visible dans le tableau, imaginaire dans le récit, implique la fixité d’un point de vue et la mise à distance d’un monde qui se présente comme extérieur. La perspective picturale du Quattrocento fait de l’œil un point qui se réverbère comme point de fuite sur un horizon tracé sur le plan du tableau
Le corbeauNos fidèles contributeurs, Anthony Rudolf, Christian Lippinois et Didier Lafargue, nous offrent des approches variées sur notre thème : le corbeau, que nous ne prétendons pas, bien entendu, traiter de façon exhaustive. Nous avons, par exemple, laissé de côté le célèbre film de Henri-Georges Clouzot, Le corbeau (1943), car ce n’est pas cet aspect, un peu réducteur, de l’oiseau passant pour anonyme maître-chanteur, que nous souhaitons mettre en valeur, mais plutôt l’oiseau oraculaire de par son lien aux ténèbres et à la mort, de sorte qu’il nous invite à une réflexion sur la parole, ou le chant, comme conversion de l’effroi existentiel.
Le rythme de la marche
Le sujet est vaste. Il recouvre la question du poème, de l’œuvre ou de la connaissance, en ses dimensions ontologiques et existentielles. « Ces invites de l’horizon, ces lueurs qui s’avivent et qui se brouillent tout ensemble, comme elles exhortent le marcheur à ne pas souscrire au rituel impassible de la nécessité ! » écrit Claude Esteban (Critique de la raison poétique, p. 54) Celui qui marche échappe à l’enfermement, à l’emprisonnement, à la cage, comme le dit Nietzsche. Il en sort, en poursuivant sa quête.
Le serpent
Nous nous trouvons au point d’effleurement entre intériorité et extériorité, là où le langage détient à la fois le pouvoir de manifestation et d’anéantissement, selon que nous incarnons ou désincarnons le possible, en laissant à l’esprit la bride sur le cou, ou bien en le reliant toujours à son point d’attache existentiel, comme l’ont montré tour à tour Sören Kierkegaard et Benjamin Fondane. Les expressions utilisées par Lawrence sont frappantes de connivence entre le monde humain et le cosmos, le serpent disposant d’épaules et la terre de lèvres. Avec les épaules, l’axe vertical rampe et rentre ; quant aux lèvres, elles chantent et mettent au monde.
L’esquive
Le mot « esquive » vient de l’ancien français eschiver, eschever, que l’on trouve dans la Chanson de Roland et qui remonte au francique *skiuhjan « craindre », de même origine. Il est associé, dans le Robert, à l’italien schivare, de schivo « dédaigneux » et au germanique *skiuh « farouche ». A la notion d’évitement s’associe celle d’adresse et d’habileté à se soustraire à un coup ou à une situation désagréable. L’esquive participerait dès lors d’une crainte tellement assumée qu’elle permette de rassembler suffisamment de présence d’esprit pour échapper au face-à-face destructeur tout en l’affrontant afin d’en saisir les tenants et les aboutissants, ce que Poe nous conte dans « Descente dans le maelström » et « Le Puits et le pendule »
Nuit et jour
L’opposition de l’intuition nocturne et de la clarté diurne revient chez de nombreux poètes. Elle se transforme, ombre et lumière, chez les peintres. Elle tient au rythme de la pensée et à ses nuances, à une individualité plus profonde que les simples contours de la silhouette telle qu’elle se dessine à la lumière. Le nuit invite à un approfondissement de ce qui, provisoirement, échappe à la conscience, mais qu’elle peut accepter d’aller sonder, afin de s’élargir selon les trois dimensions de l’altérité, – (...)
Poésie Existence Spiritualité
Existence et Spiritualité établissent, pour chaque poète, une relation singulière. Et ceci est conforme à l’être même de la poésie – l’expression de l’individu en ce que Duns Scot nommerait son « haeccéité ». Toutefois, il ne s’agit pas là d’enfermement en soi conduisant à une attitude solipsiste : le lien entre poésie et spiritualité conduit à envisager le rapport entre les êtres au sein de cette intériorité qui nous est propre et nous relie tout à la fois.
Ressemblance / ressemblances
Notre approche sera variée. Nous commençons par une réflexion d’Oleg Poliakow à partir du verset de la Genèse (1, 26). Didier Lafargue explore en ses ressemblances le thème de Tristan et Yseut. Christian Lippinois s’interroge sur « Le semblable en peinture ». A la ressemblance s’attache également la traduction. Jean Migrenne traduit Richard Wilbur et David George. La ressemblance s’attache aussi aux résonances entre les arts, entre le poème et le tableau, par exemple. Nous envisageons ensuite, dans le récit et la pensée, quelques motifs de ressemblance. Le thème, bien entendu, ne peut s’épuiser puisque la ressemblance ouvre sur l’infini. Commençons tout de suite par un point de vue qui peut paraître contradictoire et que nous expose Guy Braun. Bronislaw Malinowski nous explique en effet que dans les îles Trobriand, il ne fait pas bon relever la ressemblance d’une personne avec des parents maternels, même si celle-ci est patente. La reconnaissance de la ressemblance tiendrait alors du choix et de la liberté de devenir. Elle serait un enjeu stratégique…
Rupture
Le thème de la rupture peut se moduler de façons diverses. Nathalie Massoulier l’étudie dans l’œuvre de Graham Swift, et plus particulièrement dans Angleterre et autres nouvelles. Didier Lafargue s’intéresse au personnage de Thomas Becket, tel que Jean Anouilh l’a dépeint.
Pour ma part, je ne présente ici que quelques éléments d’une recherche qui est très rapidement devenue un essai et qui s’articule sur la question du tragique en opposition à la continuité du récit. Je considère la pièce de Sophocle, Œdipe Roi ; j’envisage ensuite la question de la mémoire et de l’oubli. L’œuvre d’E.M. Forster, dans cette perspective, me paraît s’imposer comme essentielle.
Saisons
Elles donnent à l’œuvre, littéraire, poétique ou picturale, leur coloration particulière. Certains auteurs privilégient une saison plutôt qu’une autre, pour des motifs souvent plus existentiels qu’esthétiques. Le cycle annuel peut se faire source d’inspiration et induire une pensée du temps et de la vie. Les saisons du solstice ne portent pas les mêmes valeurs que celles de l’équinoxe. Si les saisons rassurent par leur éternel retour, elles nous content aussi le devenir.
Valeur(s)
Si l’on garde à l’esprit que le mot vient du latin valor, qui de déduit lui-même de valeo, « être fort, vigoureux », puis « être fort, puissant, avoir de la valeur » et ensuite « s’établir, se maintenir, régner », « se bien porter, être en bonne santé », on évaluera mieux l’importance et le champ de la notion. Comment l’œuvre, artistique ou littéraire, est-elle créatrice de valeurs ? Comment la valeur est-elle partie prenante de la robustesse de l’individu et de la communauté ? Le terme, qui est un sujet de réflexion pour les économistes, l’est aussi pour les artistes, qui modulent ainsi ombre et lumière, intensité des tons et peut-être aussi, vigueur du trait.
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