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mardi 26 mai 2020

La peinture baroque

1. La peinture baroque
 Rubens. Vénus au Miroir (1615)Rubens. Vénus au Miroir (1615)

L’art baroque prend naissance à la fin du 16e siècle dans un contexte de conflits religieux. L’apparition du protestantisme à partir du 15e siècle, mais surtout au 16e siècle, avait porté atteinte au monopole spirituel de l’Eglise catholique sur l’ensemble de l’Occident. A cette Réforme protestante succédera une Contre-Réforme catholique visant à faire reculer l’influence protestante. La stratégie de la Contre-Réforme avait été définie lors du concile de Trente (1545-1563), assemblée d’évêques catholiques disposant du pouvoir de faire évoluer les règles régissant cette église et cette croyance. Le concile avait particulièrement insisté sur le rôle de propagande religieuse de la peinture et de la sculpture. Les artistes doivent produire des œuvres représentant les différents épisodes bibliques et capables de susciter un renouveau de ferveur religieuse.
Qu’il s’agisse d’architecture ou de peinture, l’art baroque est dans un premier temps déterminé par les commandes passées par l’Eglise catholique. Les ordres religieux font construire ou embellir les églises et couvents. Les riches prélats décorent leurs demeures. Les monarques catholiques et l’aristocratie vont ensuite prendre le relais.
Quelles sont les caractéristiques de cette peinture qui naît de la propagande religieuse ? Il s’agit de marquer les esprits, en particulier les esprits simples. Une lourde ornementation en architecture, des couleurs luxuriantes, des jeux d’ombres et de lumières, une accentuation du mouvement, l’expression intense des sentiments en peinture permettront d’accomplir la mission régénératrice. Au demeurant, l’incitation religieuse initiale n’empêchera pas les artistes d’exprimer leur subjectivité. Par rapport au maniérisme, qui le précède, le baroque est un réalisme qui n’hésite pas à choquer par des scènes violentes (Artemisia Gentileschi, Judith décapitant Holopherne, 1611-12) ou à mettre en évidence les détails de l’anatomie (la musculature du Christ, par exemple : Rubens, L’élévation de la Croix, 1610).
Quant au mot baroque, il dérive d’un terme de joaillerie portugais, barocco, qui désigne des perles irrégulières. Il va être appliqué au domaine artistique, de façon péjorative, pour désigner tout ce qui ne respecte le « bon goût » de l’époque. Le baroque suit les caprices de l’artiste et non les proportions idéales. Cette acception péjorative sera accentuée par la suite pour équivaloir à difformegrotesque, et survivra jusqu’à la première guerre mondiale. Les artistes du 17e siècle, que nous qualifions aujourd’hui de baroques, ne se considéraient donc pas comme tels et ignoraient même le mot. C’est a posteriori que le qualificatif est apparu, mais il n’a plus aujourd’hui, de nuance dépréciative.

 Le baroque en Italie
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Carrache. Domine, quo vadis ? (1601-02)
Les Carrache (Annibal, Lodovico, Agostino) ont joué un rôle de premier plan car leur académie est à la racine du dépassement du maniérisme et de l’implantation du classicisme du 17e siècle, en particulier en France. Souvent rattaché au baroque auquel il emprunte un certain réalisme, Annibal Carrache se situe à l’intersection de plusieurs courants.
Caravage. La mise au tombeau (1602-03)
Caravage est un des plus grands novateurs de l’époque. Sa peinture rompt avec le maniérisme pour s’orienter vers un réalisme puissant et des évolutions esthétiques majeures, notamment l’accentuation du mouvement et le clair-obscur.
Guido Reni. Bacchus et Ariane (1619-20)
Reni fut influencé dans sa jeunesse à la fois par les Carrache et Caravage. Mais sa sensibilité le portait plutôt vers l’idéalisme de la Haute Renaissance, qu’il sut prolonger et rénover.
Le Dominiquin. Le chemin du calvaire (1610)
Alors que l’art baroque commençait à dominer, Domenico Zampieri, dit Dominichino ou Le Dominiquin, s’attacha à défendre la tradition classique que les Carrache avaient cherché à perpétuer et à transmettre. Comme Annibal Carrache, il est parfois rattaché au baroque, auquel pourtant il a tenté de résister.
Gentileschi. Judith décapitant Holopherne (1620)
Artemisia Gentileschi a connu pendant sa vie un succès artistique remarquable. Oubliée après sa mort, elle est aujourd’hui considérée comme une artiste majeure du courant caravagesque.
Elisabetta Sirani. Moïse sauvé des eaux (1660-65)
Elisabetta Sirani (1638-1665)
Elisabetta Sirani a réalisé plus de deux cents peintures, des gravures sur cuivre et des centaines de dessins. Elle est la seule femme peintre à avoir pratiqué ces trois disciplines artistiques au 17e siècle. En accédant à la peinture religieuse et mythologique, elle se place dans le genre le plus prestigieux et y réussit brillamment.

Le baroque en Espagne
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Ribera. Le martyre de Saint-Philippe (1639)
Bien qu'ayant quitté l'Espagne très jeune pour s'installer en Italie, Ribera appartient totalement, par l'esprit, à la peinture espagnole. Il est un des représentants du ténébrisme.
Zurbarán. Madone avec enfant (1658)
Zurbarán est, avec Velásquez et Murillo, le peintre espagnol le plus connu du 17e siècle. Si son œuvre est parfois marquée par le ténébrisme, ce courant n'en est qu'un aspect secondaire.
Vélasquez. Le porteur d’eau de Séville (1620)
De son vivant comme après sa mort Vélasquez a toujours bénéficié d’un immense prestige. C’est au 19e siècle que l’on comprendra qu’il est un des précurseurs de l’art moderne. Les grandes œuvres de la fin de sa vie, Les Ménines (1656) et Les Fileuses (1657) dépassent le baroque et témoignent de sa parfaite maîtrise des techniques picturales les plus complexes.
Murillo. Le jeune mendiant (1645-50)
Murillo a connu une renommée internationale du début du 18e siècle au milieu du 20e siècle et il été quelque peu oublié par la suite. S’il reste encore influencé par le ténébrisme à ses débuts, Murillo quitte rapidement la rudesse du début du 17e siècle espagnol.

Le baroque en Flandre et aux Pays-Bas
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Brueghel. Paysage avec le jeune Tobie (1598)
Jan Brueghel a été surnommé de Velours en raison de son exceptionnelle maîtrise des fondus et des dégradés. Ce savoir-faire remplit ses tableaux d’une douce et lumineuse harmonie. Il est l’un des plus grands peintres de paysages et de natures mortes du début du 17e siècle.
Rubens. Le Chapeau de Paille ou Suzanne Fourment (1622-25)
Rubens représente pour nous la quintessence du baroque parce que ses gigantesques tableaux mythologiques allient couleur, mouvement et puissance expressive. Mais comme tous les grands artistes il n'est pas réductible à un courant. Son œuvre, quantitativement immense, autorise des angles de vue multiples.
Clara Peeters. Nature morte aux fleurs (1611)
Cette artiste, dont la vie est mal connue, fut très appréciée au tout début du 17e siècle pour ses natures mortes.
Pieter Lastman. Haman suppliant pour la grâce (v. 1618)
Pieter Lastman est couramment considéré comme l’un des artistes ayant importé d’Italie le style baroque et le qualificatif  « pré-rembranesque » lui a été attribué par le passé. Rembrandt fut d’ailleurs son élève.
Van Dyck. Marie-Louise de Tassis (1630)
Antoine Van Dyck est le peintre baroque flamand le plus célèbre avec Rubens. Comme celle de son maître, son œuvre est quantitativement considérable et d’une très grande diversité.
Rembrandt. La Ronde de nuit (1642)
Rembrandt a acquis l’image du plus grand génie de la peinture hollandaise et de l’un des plus grands peintres de l’histoire de l’art. S’il est très connu pour ses portraits, son œuvre comporte tous les genres et en particulier de nombreux tableaux historiques, religieux et mythologiques.

Commentaires (5)

j'aime le baroque
  • 1. j'aime le baroque (site web) | 19/02/2020
Une page bien documentée sur la peinture baroque
jacky merkling
  • 2. jacky merkling | 17/08/2019
Bonjour,

Bravo et merci pour ce site qui donne une idée à la fois synthétique et précise du sujet. Je ne suis pas connaisseur en art mais je m'y intéresse avec des yeux novices et avec vous j'ai des informations que je peux comprendre et assimiler. l'art de la synthèse est un des plus difficile qui soit. Merci vraiment à vous.

J'y retourne.
Eole77
  • 3. Eole77 | 23/05/2019
Bravo pour ce site. Agréable à lire et à voir. Il atteint parfaitement son but qui est de donner envie d'aller voir plus loin.
Au vu des deux tableaux de Velasquez (porteur d'eau) et de Murillo (jeune mendiant), il me paraît très arbitraire de les classer dans le baroque. Ils me font plutôt penser à la peinture de genre (Cf. Pieter de Hooch, Vermeer, Frans Hals, Jan Lievens).
Cordialement.

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