Histoire de la littérature française au Moyen Âge
Belle amie, ainsi est de nous / Ni
vous sans moi, ni moi sans vous!
TRISTAN ET ISEUT
L’histoire des
amants de Bretagne, Tristan et Iseut,
a connu dès le Moyen Âge un succès extraordinaire et a donné naissance dès le
XIIe siècle à l’un des mythes fondateurs de l’Occident. Histoire d’amour et de mort, elle exalte la passion contrariée de
deux jeunes gens qui, ne pouvant s’aimer de leur vivant, se rejoignent dans la
mort. D'origine celtique, fixée en Cornouailles anglaise et connue dès la
première moitié du XIIe siècle comme le montrent déjà les allusions des
troubadours, la légende de Tristan et Iseut s'est diffusée au Moyen Âge sous
forme de romans, en vers puis en prose.
Ce récit nous est
parvenu de façon fragmentaire, à travers des textes incomplets ou mutilés,
composés au XIIe et XIIIe siècles. C’est entre 1150 et 1170 sans doute, que
plusieurs auteurs tels que Marie de
France, Béroul, Thomas d’Angleterre ou encore Chrétien de Troyes ainsi que quelques clercs restés anonymes ont
rassemblé des récits essentiellement celtiques pour en faire des œuvres qui
toutes développent la thématique de
l’amour-passion et racontent l’histoire de ce couple formé par Tristan et
Iseut.
Les premiers auteurs : Béroul et Thomas d’Angleterre
La version de Béroul
Simplicité de la narration. Parmi
les auteurs connus de Tristan et Iseult, on peut citer tout d’abord Béroul, un jongleur, dont la version
serait la plus proche de la légende celtique initiale. Ecrit au XIIe siècle
pour un public peu raffiné, son manuscrit en anglo-normand comprend environ
quatre mille vers. Le Tristan de Béroul (1170-1190) n’est qu’un fragment de l’imposante légende. Il
ne donne ni la mise en place de l’intrigue, ni le dénouement. Chaque élément de
son récit a son caractère propre, son originalité. Béroul enchaîne avec
rapidité les épisodes sans trop se soucier des transitions, des enchaînements.
Les marques de la communication orale sont très présentes dans son texte. Ce
dépouillement, cette simplicité dans la narration apportent une garantie
d’authenticité. Le lecteur moderne a l’impression que Béroul lui permet d’être
au plus près de la genèse du récit.
Une rencontre avec la civilisation médiévale. Le roman de Béroul doit être pensé dans le contexte de
la civilisation médiévale, laquelle a ses lois, ses usages, ses codes de
conduite en société. Ce récit légué par la tradition celtique vient s’insérer à
un moment précis dans l’histoire de la civilisation occidentale.
La version de Thomas d'Angleterre
Presque à la même époque, Thomas, clerc cultivé
ayant peut-être vécu à la cour anglaise d'Aliénor d'Aquitaine, nous livre une version
plus subtile où l'analyse des sentiments tient une large place. Les fragments
de ses manuscrits, en anglo-normand, totalisent environ trois mille vers.
Thomas d'Angleterre (actif entre 1170 et 1180), est un clerc et poète normand. On ne sait pas
qui il est, ni quelles sont ses origines. Dans son œuvre, il dit se prénommer
Thomas par deux fois. On déduit de son langage qu'il est probablement un
Normand qui s'est installé en Angleterre. Son roman nous est parvenu sous la
forme de dix fragments tirés de six manuscrits. Il représentait originellement
environ 12 000 vers, mais seulement un sixième a survécu. Pour écrire son Tristan, Thomas a choisi de ne
s'inspirer d'aucune des nombreuses autres versions existantes, mais de suivre
sa propre inspiration. Le Tristan de
Thomas d'Angleterre date probablement de 1175. On l’a baptisé «
version courtoise » en raison de la profondeur du développement de la
psychologie des personnages. Cependant, la matière même du mythe de Tristan
fait que cette version s’inscrit en opposition avec nombre de codes de la
tradition courtoise.
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Tristan et Iseut: résumé
On trouvera ici un
aperçu des aventures de Tristan, selon la reconstruction qu’en a donnée Joseph Bédier en 1900. Il s’agit donc
de la version commune représentée
par le texte de Béroul (vers 1170-1190). Cette expression permet d’opposer ce
dernier texte à la version courtoise de
la légende, principalement représentée par le texte de Thomas (vers 1175)
Certains épisodes sont tirés de la version de Thomas
d’Angleterre (Mort de Tristan) Le
roman de Tristan peut apparaître à ce titre comme une sorte de laboratoire médiéval de l'art du roman.
La légende de Tristan et Yseut n’est pas un mythe au sens strict du terme. C’est une histoire d’amour exemplaire. La passion éprouvée par deux
amants se heurte à l’obstacle du mariage et à la société. La passion est une
fatalité qui ne conduit pas à un destin heureux: elle est une marche à la mort.
Cette représentation pessimiste de l’amour a traversé les siècles pour unir
dans notre conscience l’amour, le
malheur et la mort.
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I- Tristan et Iseut : résumé de la légende
1.La naissance et les « enfances » de Tristan.
Tristan est le fils de Blanchefleur, la sœur du roi Marc.
Sa mère meurt en le mettant au monde. Tristan se rend à la cour du roi Marc, roi
de Cornouailles (aujourd’hui Cornwall, en Grande Bretagne) qui va se substituer
à son père défunt.
2.Tristan, héros sauveur.
Le frère de la reine d’Irlande, le Morholt, chevalier
redoutable, réclame au roi Marc un tribut humain qui n’a pas été acquitté
depuis longtemps. Tristan se bat contre lui et le tue, mais reçoit une grave
blessure dont le Morholt lui révèle que, seule, sa sœur peut le guérir.
3. Navigation et guérison.
Tristan, blessé, gagne* donc l’Irlande, où il est soigné
par Yseut sans qui ignore son identité. Une fois guéri, il rentre en
Cornouailles. (*ajunge in…)
4. Le problème dynastique.
Le roi Marc refuse de se marier. Il transmettra son
royaume à son neveu Tristan. Pressé par ses barons, hostiles à ce projet, Marc
décide de n’épouser que la femme à qui appartient le cheveu d’or que viennent
d’apporter deux hirondelles.
5. La quête de la reine. Mission impossible que Tristan et ses compagnons décident d’accomplir. Ils
prennent la mer. La tempête les jette sur la côte d’Irlande. Tristan, sous le
nom de Tantris (anagramme de Tristan), se fait passer pour un marchand.
6. Nouvel exploit du héros sauveur.
Un dragon dévaste le pays (l’Irlande) et la fille du roi
est promise à qui le tuera. Tristan livre combat et triomphe du monstre non
sans avoir été gravement blessé. Iseut soigne et guérit Tristan. Cependant Iseut
a découvert que le fragment d’épée trouvé dans le corps du Morholt provient de
celle de Tristan et que celui-ci est donc le meurtrier de son frère. Elle
décide de le tuer, mais Brangien, sa suivante, l’en dissuade. Tristan qui a
reconnu en Iseut la femme au cheveu d’or demande la main de celle-ci pour son
oncle.
7. Le philtre et la mise en marche du destin.
Pour assurer le succès du futur mariage, la mère d’Iseut
prépare un philtre (boisson aphrodisiaque, appele aussi vin herbé ou lovendrink)
qui doit unir d’un amour éternel (ou de trois ans chez Béroul) ceux qui le
boiront. Durant la traversée entre l’Irlande et la Cornouailles, le philtre gardé par Brangien est
donné par erreur à Tristan et Iseut, qui ressentent immédiatement les effets de
la passion.
8. Tromper le roi Marc.
Brangien accepte de se substituer à Yseut dans le lit du
roi Marc durant la nuit de noces. Conformément à la coutume irlandaise, les
flambeaux sont éteints, ce qui permet la réussite du stratagème.
9. La vie dans l’adultère (Crise et dénonciation)
Par crainte d’une éventuelle dénonciation, Iseut veut
faire tuer Brangien, mais la tentative avorte et les deux femmes se réconcilient.
La passion des amants ne passe pas inaperçue. Surpris alors qu’il tenait Iseut
dans ses bras, Tristan est chassé de la cour.
Caché dans un arbre, le roi Marc assiste à une rencontre
des deux amants. Mais son ombre le trahit et les amants n’ont plus qu’à tenir
des propos montrant leur innocence.
10. Le châtiment de la reine.
Avec des intentions évidentes, une troupe de lépreux
demande au roi de leur livrer la reine. Marc, voyant là un châtiment pire que
le bûcher, accepte. Après un rapide combat, Tristan, aidé par le baron Governal,
leur arrache Iseut. Les amants s’enfuient dans la forêt du Morrois.
11. La vie dans la forêt. La vie que Tristan et Iseut mènent dans la forêt est rude et épuisante. La
dénonciation d’un forestier permet au roi Marc de découvrir les amants. Ils
dorment enlacés mais sont tout habillés et l’épée de Tristan est placée entre
leurs deux corps: Marc n’accomplit pas l’irréparable. Sans les réveiller, il
substitue son épée à celle de Tristan.
12. Le repentir.
Trois ans se sont écoulés: le philtre a perdu son pouvoir
et les deux amants, pris de remords, souhaitent retourner vers la civilisation.
L’ermite Ogrin écrit la lettre qui va leur permettre de revenir à la cour.
13. Le serment d’Iseut.
Mais les deux amants, qui continuent à se voir, sont
surpris une seconde fois. Tristan part en exil. Quant à Iseut, les barons du
roi exigent qu'elle se disculpe par serment. L’épreuve doit avoir lieu devant
la cour de Marc et d'Arthur réunies, près d'un marécage nommé le Gué Aventureux. Tristan, prévenu,
assiste à la scène, déguisé en lépreux. Par un serment qui est un chef-d'œuvre
de rouerie et de mauvaise foi, la reine se disculpe de la faute d’adultère. La
rencontre est suivie d’une joute* au cours de laquelle Tristan, déguisé en
chevalier noir, accomplit des exploits. (*joute
- combat entre deux chevaliers)
14. Subterfuges pour une furtive rencontre
Tristan à la cour d’Arthur. Tristan, exilé de la cour du
roi Marc, séjourne à la cour d’Arthur. Il accomplit des exploits. Une chasse
amène Tristan et ses compagnons non loin du royaume de Marc et, malgré les fers
à loup, le héros parvient à passer une nuit auprès de la reine. Il repart peu
après.
15. Tristan épouse Iseut aux Blanches Mains*. (*Iseut cea cu mainile dalbe)
D’errance en errance, Tristan arrive en Bretagne, à la
cour du duc Hoël. Il aide celui-ci à vaincre ses ennemis et se lie d’amitié
avec Kaherdin, le fils du duc. Puis
il épouse sa sœur, Iseut aux Blanches
Mains, mais ne consomme pas le mariage. Désireux de réparer l’outrage fait
à sa sœur, Kaherdin décide de tuer son ami. Tristan lui raconte alors son histoire
et son amour pour la reine Iseut. Les deux amis décident de se rendre auprès de
la reine, qui a appris la nouvelle du mariage de Tristan.
16. La rencontre manquée.
Tristan fait parvenir à Iseut son anneau. Tristan et
Kaherdin, cachés dans les fourrés*, voient passer le somptueux cortège d’Iseut mais celle-ci refuse le rendez-vous. Les
protestations d’amour que Tristan fait parvenir à la reine par son écuyer ne
parviennent pas à la convaincre. Le lendemain, Tristan se déguise en lépreux et
rencontre la reine sur le chemin de l’église. Il est chassé et battu par les
valets, mais Iseut l’a reconnu. Elle pénètre dans l’église et s’évanouit. (*crâng, padurice)
17. La mort des amants.
Tristan fait la guerre aux côtés de Kaherdin. Il tombe
dans une embuscade et reçoit un coup de lance empoisonnée. Sentant venir la
mort, il demande à Kaherdin d’aller chercher la reine de Comouailles, seule
capable de le guérir. Ils conviennent du signal suivant: une voile blanche
signifiera qu’Iseut est sur le navire, une voile noire qu’elle ne l’est pas.
Yseut décide d’embarquer immédiatement. Après cinq jours de tempête, le navire
arrive en vue des côtes de Bretagne. Mais Iseut
aux Blanches Mains, qui avait surpris la conversation des deux amis,
annonce à Tristan que la voile est noire. Tristan pensant que son amie ne
viendra pas se laisse mourir. La douleur d’Iseut la Blonde est alors à son
comble. Iseut débarque et expire sur le corps de son amant : « Ami Tristan, quand je vous vois mort,
je ne puis ni ne dois continuer à vivre. Vous êtes mort par amour pour moi, et
moi mon bien-aimé, je meurs de douleur de n’avoir pu venir à temps ».
(vv.3233-36). Thomas insiste sur l’impossibilité physique que connaissent les
amants de vivre l’un sans l’autre. Cela le conduit à construire une superbe
scène où Iseut s’étend sur le corps de Tristan et, lui baisant la bouche et le
visage, se laisse mourir à son tour : « Corps
contre corps, bouche contre bouche, elle rend l’âme aussitôt, mourant ainsi
auprès de lui de la douleur qu’elle ressent pour son ami. » (vv.
3267-70). Cette scène, la plus belle illustration du pathétique qui caractérise
le récit de Thomas, est l’une de celles qui sont restées au-delà des siècles dans
la mémoire des lecteurs en donnant à cette histoire d’amour une grandeur et une
beauté inégalées. Ensevelis en deux tombes voisines, un cep de vigne et un rosier unisssent les deux amants au delà de
la mort.
LES GRANDS THÈMES
Une histoire d'amour tragique
Le Roman de Tristan est une histoire d'amour tragique, qui se termine par la mort des amants.
Roméo et Juliette exercent la même fascination que le couple de Tristan et
d’Yseut. Car, en Occident, l’amour
passion est placé sous le signe de la mort (cf. Denis de Rougemont, L’amour et l’Occident; Les Mythes de l’amour).
Bien sûr, certains détails restent cachés. Il y a la passion vécue dans la
forêt du Morrois, temps durant lequel le lecteur ignore tout des amants, hormis
quelques informations sur leur santé et leurs problèmes d’intendance, sur leur
peur du roi Marc aussi. A la fin de l’histoire, nous nous rendons compte que
des symboles, comme la vigne et le rosier enlacés, nous signifient que l’amour
est plus fort que la mort.
AMOUR FATAL: en
effet, c’est par hasard, contre leur volonté, que Tristan et Iseut s’aiment: la
potion magique annihile l’exercice de la raison, les amants sont dépossédés de
leur liberté. Ils subissent une attirance irrésistible et incontrôlable. En
aucun cas on ne peut juger leur relation coupable. Les amants ne peuvent pas
lutter contre leur sentiment. C’est la faillite du libre arbitre. Les amants
constatent que depuis 3 ans (la durée de l’effet du philtre) il n’ont eu que du
malheur et souffrances. L’amour n’est donc pas synonyme de bonheur et
d’épanouissement. Mais si les amants s’aiment dans un premier temps sans le
vouloir, leur amour perdure par delà l’effet du philtre et devient une
véritable passion.
AMOUR PASSION: il est
certain que l’amour des amants est sincère et fort et que, conscient de leur
amour, ils ne tenteront jamais de lutter contre la passion. On peut parler
alors de culpabilité, dans la mesure
où c’est en toute connaissance de cause qu’il commettent adultère.
LE DÉSORDRE
DÉSORDRE SOCIAL: Tristan
manque aux règles de la féodalité: le roi Marc est son suzerain, il lui doit
respect, loyauté et obéissance. Par ailleurs, en qualité de futur héritier du
trône, Tristan devrait être un chevalier modèle, or il néglige ses devoirs et il consacre toutes ses énergies à donner
des rendez-vous à Iseut. Elle doit respect et fidélité à son mari, en le
trompant elle ruine l’autorité du roi. Le retour à l’ordre établi est un désir
soit de Tristan soit d’Iseut. Néanmoins nous sommes obligés de constater que si
Tristan et Iseut éprouvent des repentirs sincères, il continueront à bafouer
les lois du mariage et poursuivront leur relation adultère.
DÉSORDRE MORAL: Iseut, femme
adultère bafoue les lois du mariage et Tristan trahit le devoir d’obéissance.
Tous deux vivent donc dans le pêché. Ils
ne sont pas responsables de leur amour, donc ils ne sont pas coupables, à la
limite on pourrait les considérer comme des victimes ; c’est seulement quand
ils seront libérés du philtre qu’ils reconnaîtront leur faute.
LA SOUFFRANCE
Amour et souffrance
sont étroitement liés.
Sitôt que cesse
l’effet du philtre, l’amour est vécu
comme un sentiment qui génère le mal et dès lors se quitter devient
nécessaire au nom de la raison mais intolérable au nom de leur passion
réciproque. La souffrance des amants résulte de la soumission à un ordre social
et moral. La tristesse qui est d'ailleurs à la racine du nom Tristan, orphelin
de naissance et la dimension tragique du sort du "héros".
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Jugements critiques sur Tristan et Iseut
Jacques Ribard, La Légende de Tristan :
«Comme l’a écrit très justement Denis de Rougemont dans son beau livre
L'Amour et l’Occident, on ne saurait imaginer une Madame Tristan. Cette sorte
d’attirance, inconsciente mais réelle, pour la mort qui transfigure, est au
cœur même de cet amour. Seule la mort peut sauver les amants de l’impitoyable
usure du quotidien et consacrer à jamais leur amour.»
Philippe Walter, Le Gant de verre, Artus, 1990 :
«En d’autres termes, la littérature tristanienne n’est pas le reflet
immédiat d’un mythe qui lui préexisterait ; elle crée plutôt un mythe nouveau à
partir de thèmes mythiques anciens colportés par tout un fonds légendaire. De
ce point de vue, le mythe tristanien est l’ombre portée par une légende sur le
langage français du XIIe siècle.»
Jean-Charles Payen, Tristan et Yseut, Garnier, 1980:
«Ce qui frappe dans ces textes est leur modernité. Les Tristan en vers sont
des poèmes de la violence. Tout s’y révèle exaspéré : les élans amoureux comme
la vengeance. Chez eux, le langage ne cherche pas à masquer le scandale. Il
faut que les vraies questions soient posées.»
Daniel Poirion, « Le Tristan de Béroul : récit, légende et mythe »:
«La meilleure façon pour un lecteur d’aujourd’hui d’aborder Le Roman de
Tristan est de se préparer à saisir et à interpréter les signes d’une pensée
très différente de la nôtre, bien sûr, mais qui s’opposait déjà à la culture
savante, à l’idéologie officielle du XIIe siècle, du moins telles que nous
croyons devoir les définir d’une façon souvent trop systématique.»
L’Information littéraire, n° 26, 1974.
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Bibliographie sur Tristan et Iseut
Éditions de Tristan et Yseut
Le Roman de Tristan et Yseut, traduit et restauré par J. Bédier, Paris, 1900. (Très nombreuses
réimpressions.)
Muret éd., Béroul, le
Roman de Tristan, 4e édition revue par L. M. Defourques, Paris, Champion,
CFMA, 1970.
Tristan et Iseult, Le livre de poche, renouvelé en français moderne d'après les textes des
xiie et xiiie siècles par René Louis, 1972
Ch. Payen éd., Tristan
et Yseut. Les Tristan en vers. « Tristan » de Béroul, « Tristan » de
Thomas, « Folie Tristan » de Berne, « Folie Tristan » d’Oxford, « Chèvrefeuille
» de Marie de France, Paris, Garnier, 2e éd. 1980.
Tristan et Yseut. Les poèmes français. La saga norroise, textes originaux et intégraux
présentés, traduits et commentés par Daniel Lacroix et Philippe Walter, Paris,
Le Livre de poche, « Lettres gothiques », 1989.
Tristan et Iseut de Béroul. Présentation, notes et traduction en français moderne de
Philippe Walter. Dossier de Corina
Stanesco (BAC 2001), Le livre de poche
Tristan et Yseut de Béroul. Présentation et traduction de Daniel Poirion. Préface de
Christiane Marchello-Nizia. Gallimard, collection folio classique (BAC 2001)
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Études sur Tristan et Yseut
Baumgartner, Tristan et
Yseut, Paris, PUF, « Études littéraires », 1987.
Poirion, «Le Tristan de
Béroul: récit, légende et mythe», L’Information littéraire, n° 26, 1974, pp.
199-207.
Walter, Le Gant de
verre. Le mythe de Tristan et Yseut, Artus, 1990.
Civilisation médiévale
Laurioux, La Civilisation
du Moyen Âge en France, XIe-XVe siècles, Paris, Nathan Université, «128»,
1998.
Le Goff, La Civilisation de l’Occident médiéval, Paris, Arthaud, 1964.
Filmographie
1943 : L'Éternel
Retour de Jean Delannoy, écrit par Jean Cocteau, avec Jean Marais et
Madeleine Sologne;
2006 : Tristan et
Yseult de Kevin Reynolds, avec James Franco et Sophia Myles, produit par
Ridley Scott.
Opéra
Richard Wagner a composé un intitulé Tristan und Isolde (création en 1865).
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Deux livres incontournables
(lecture)
Denis de Rougemont, L'amour et l'Occident
Éditeur : 10-18
(15/03/2001)
Résumé :
L'Occident, c'est avant tout une conception de l'Amour.
Denis de Rougemont rejoint l'actualité la plus brûlante en traitant ce
sujet éternel qu'il a su entièrement renouveler. Il a mis l'accent avec une
autorité exceptionnelle sur les valeurs de fidélité que l'homme ne peut nier
sans se condamner à la perdition.
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L'Amour et l'Occident est l'œuvre majeure de l'écrivain suisse Denis de
Rougemont. Publiée en 1939 pour la première fois, L'Amour et l'Occident a été
traduite dans plusieurs langues et rééditée nombre de fois (une édition révisée
a été publiée en 1956 ; l'édition réputée « définitive » date de 1972).
L'Amour et l'Occident a connu un succès incontestable de même que les
thèses que l'auteur y expose. Partant du mythe de Tristan et Iseult, où il voit le modèle de la conception de l'amour-passion en Occident, Rougemont
déconstruit le mythe de la passion amoureuse en tant qu'exaltation, non sans
répercussions sur le monde politique. La finalité de l'amour courtois, c'est la
passion, qui est plus présente que jamais au xxe siècle.
« L’Amour et l’Occident doit avant tout se comprendre comme la narration du
combat entre deux types d’amours, et plus précisément deux manières de vivre,
symbolisés par Éros et Agapè. L’auteur engage à la fois une revue historique et
un parti pris en faveur de l’Agapè chrétien.
L'amour-passion est né au Moyen Age. Dans la littérature courtoise. Telle
est l'idée centrale - contestée - de ce livre à succès.
La thèse
L'Amour et l'Occident est l'oeuvre non d'un historien mais d'un moraliste
cherchant à expliquer, notamment par l'histoire, l'une des composantes de la
sensibilité européenne. « Je n'ai pas voulu flatter ni déprécier ce que
Stendhal nommait l'amour-passion, mais j'ai tenté de le décrire comme un
phénomène historique. »
Il part, pour cela, du Roman de Tristan et Iseut , qu'il étudie non en tant qu'oeuvre
littéraire, mais comme texte révélateur des nouvelles relations entre l'homme
et la femme au sein du groupe social que constitue la chevalerie. Pour lui, le
mythe de l'amour-passion naît au début du XIIe siècle, c'est-à-dire au moment
précis où les élites européennes, notamment religieuses, effectuaient un vaste
effort de mise en ordre sociale et morale. Il s'agissait, entre autres, de
contenir les poussées de l'instinct sexuel et de consolider la famille, en
valorisant le mariage, dont l'Église rappelait avec force le caractère sacre
Denis de Rougemont, Les mythes de l’amour
Éditeur : ALBIN
MICHEL (08/02/1996)
Résumé:
Toute conception de l'amour traduit une certaine idée de l'homme et du sens
de la vie.
Par conséquent, s'efforcer de comprendre les relations entre le spirituel
et l'éros revient à s'interroger sur les diverses notions du moi dans les
grandes religions. Si le moi n'est qu'illusion ainsi que l'enseigne l'Orient,
comment peut-on aimer l'autre pour lui-même ? S'il faut, tel que l'indique
l'Evangile, aimer son prochain " comme soi-même ", n'est-ce pas parce
que l'on suppose une différence radicale entre le moi naturel et un " vrai
moi " de nature spirituelle ? Et celui-ci se confondrait-il avec le Soi
divin de l'Oriental ? Dans le prolongement de son célèbre essai L'Amour et
l'Occident, Denis de Rougemont tente de répondre ici à ces questions cruciales.
Pour ce faire, il suit un chemin original qui passe par une "
mythanalyse " des figures de Don Juan et de Tristan, par les écrits de
certains penseurs capitaux "(Nietzsche, Kierkegaard, André Gide...) et par
une nouvelle étude des personnages de grands romans d'amour contemporains.
Autant d'étapes d'une quête aventureuse au plus profond de l'âme occidentale.
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