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lundi 23 mars 2020

Belle amie, ainsi est de nous / Ni vous sans moi, ni moi sans vous!



Histoire de la littérature française au Moyen Âge

Belle amie, ainsi est de nous / Ni vous sans moi, ni moi sans vous!
TRISTAN ET ISEUT


L’histoire des amants de Bretagne, Tristan et Iseut, a connu dès le Moyen Âge un succès extraordinaire et a donné naissance dès le XIIe siècle à l’un des mythes fondateurs de l’Occident. Histoire d’amour et de mort, elle exalte la passion contrariée de deux jeunes gens qui, ne pouvant s’aimer de leur vivant, se rejoignent dans la mort. D'origine celtique, fixée en Cornouailles anglaise et connue dès la première moitié du XIIe siècle comme le montrent déjà les allusions des troubadours, la légende de Tristan et Iseut s'est diffusée au Moyen Âge sous forme de romans, en vers puis en prose.

Ce récit nous est parvenu de façon fragmentaire, à travers des textes incomplets ou mutilés, composés au XIIe et XIIIe siècles. C’est entre 1150 et 1170 sans doute, que plusieurs auteurs tels que Marie de France, Béroul, Thomas d’Angleterre ou encore Chrétien de Troyes ainsi que quelques clercs restés anonymes ont rassemblé des récits essentiellement celtiques pour en faire des œuvres qui toutes développent la thématique de l’amour-passion et racontent l’histoire de ce couple formé par Tristan et Iseut.

Les premiers auteurs : Béroul et Thomas d’Angleterre
La version de Béroul
Simplicité de la narration. Parmi les auteurs connus de Tristan et Iseult, on peut citer tout d’abord Béroul, un jongleur, dont la version serait la plus proche de la légende celtique initiale. Ecrit au XIIe siècle pour un public peu raffiné, son manuscrit en anglo-normand comprend environ quatre mille vers. Le Tristan de Béroul (1170-1190) n’est qu’un fragment de l’imposante légende. Il ne donne ni la mise en place de l’intrigue, ni le dénouement. Chaque élément de son récit a son caractère propre, son originalité. Béroul enchaîne avec rapidité les épisodes sans trop se soucier des transitions, des enchaînements. Les marques de la communication orale sont très présentes dans son texte. Ce dépouillement, cette simplicité dans la narration apportent une garantie d’authenticité. Le lecteur moderne a l’impression que Béroul lui permet d’être au plus près de la genèse du récit.
Une rencontre avec la civilisation médiévale. Le roman de Béroul doit être pensé dans le contexte de la civilisation médiévale, laquelle a ses lois, ses usages, ses codes de conduite en société. Ce récit légué par la tradition celtique vient s’insérer à un moment précis dans l’histoire de la civilisation occidentale.
La version de Thomas d'Angleterre
Presque à la même époque, Thomas, clerc cultivé ayant peut-être vécu à la cour anglaise  d'Aliénor d'Aquitaine, nous livre une version plus subtile où l'analyse des sentiments tient une large place. Les fragments de ses manuscrits, en anglo-normand, totalisent environ trois mille vers.
Thomas d'Angleterre (actif entre 1170 et 1180), est un clerc et poète normand. On ne sait pas qui il est, ni quelles sont ses origines. Dans son œuvre, il dit se prénommer Thomas par deux fois. On déduit de son langage qu'il est probablement un Normand qui s'est installé en Angleterre. Son roman nous est parvenu sous la forme de dix fragments tirés de six manuscrits. Il représentait originellement environ 12 000 vers, mais seulement un sixième a survécu. Pour écrire son Tristan, Thomas a choisi de ne s'inspirer d'aucune des nombreuses autres versions existantes, mais de suivre sa propre inspiration. Le Tristan de Thomas d'Angleterre date probablement de 1175. On l’a baptisé « version courtoise » en raison de la profondeur du développement de la psychologie des personnages. Cependant, la matière même du mythe de Tristan fait que cette version s’inscrit en opposition avec nombre de codes de la tradition courtoise.
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Tristan et Iseut: résumé
On trouvera ici un aperçu des aventures de Tristan, selon la reconstruction qu’en a donnée Joseph Bédier en 1900. Il s’agit donc de la version commune représentée par le texte de Béroul (vers 1170-1190). Cette expression permet d’opposer ce dernier texte à la version courtoise de la légende, principalement représentée par le texte de Thomas (vers 1175) Certains épisodes sont tirés de la version de Thomas d’Angleterre (Mort de Tristan)  Le roman de Tristan peut apparaître à ce titre comme une sorte de laboratoire médiéval de l'art du roman.
La légende de Tristan et Yseut n’est pas un mythe au sens strict du terme. C’est une histoire d’amour exemplaire. La passion éprouvée par deux amants se heurte à l’obstacle du mariage et à la société. La passion est une fatalité qui ne conduit pas à un destin heureux: elle est une marche à la mort. Cette représentation pessimiste de l’amour a traversé les siècles pour unir dans notre conscience l’amour, le malheur et la mort.
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I- Tristan et Iseut : résumé de la légende
1.La naissance et les « enfances » de Tristan.
Tristan est le fils de Blanchefleur, la sœur du roi Marc. Sa mère meurt en le mettant au monde. Tristan se rend à la cour du roi Marc, roi de Cornouailles (aujourd’hui Cornwall, en Grande Bretagne) qui va se substituer à son père défunt.
2.Tristan, héros sauveur.
Le frère de la reine d’Irlande, le Morholt, chevalier redoutable, réclame au roi Marc un tribut humain qui n’a pas été acquitté depuis longtemps. Tristan se bat contre lui et le tue, mais reçoit une grave blessure dont le Morholt lui révèle que, seule, sa sœur peut le guérir.
3. Navigation et guérison.
Tristan, blessé, gagne* donc l’Irlande, où il est soigné par Yseut sans qui ignore son identité. Une fois guéri, il rentre en Cornouailles. (*ajunge in…)
4. Le problème dynastique.
Le roi Marc refuse de se marier. Il transmettra son royaume à son neveu Tristan. Pressé par ses barons, hostiles à ce projet, Marc décide de n’épouser que la femme à qui appartient le cheveu d’or que viennent d’apporter deux hirondelles.
5. La quête de la reine. Mission impossible que Tristan et ses compagnons décident d’accomplir. Ils prennent la mer. La tempête les jette sur la côte d’Irlande. Tristan, sous le nom de Tantris (anagramme de Tristan), se fait passer pour un marchand.
6. Nouvel exploit du héros sauveur.
Un dragon dévaste le pays (l’Irlande) et la fille du roi est promise à qui le tuera. Tristan livre combat et triomphe du monstre non sans avoir été gravement blessé. Iseut soigne et guérit Tristan. Cependant Iseut a découvert que le fragment d’épée trouvé dans le corps du Morholt provient de celle de Tristan et que celui-ci est donc le meurtrier de son frère. Elle décide de le tuer, mais Brangien, sa suivante, l’en dissuade. Tristan qui a reconnu en Iseut la femme au cheveu d’or demande la main de celle-ci pour son oncle.
7. Le philtre et la mise en marche du destin.
Pour assurer le succès du futur mariage, la mère d’Iseut prépare un philtre (boisson aphrodisiaque, appele aussi vin herbé ou lovendrink) qui doit unir d’un amour éternel (ou de trois ans chez Béroul) ceux qui le boiront. Durant la traversée entre l’Irlande et la Cornouailles, le philtre gardé par Brangien est donné par erreur à Tristan et Iseut, qui ressentent immédiatement les effets de la passion.
8. Tromper le roi Marc.
Brangien accepte de se substituer à Yseut dans le lit du roi Marc durant la nuit de noces. Conformément à la coutume irlandaise, les flambeaux sont éteints, ce qui permet la réussite du stratagème.
9. La vie dans l’adultère (Crise et dénonciation)
Par crainte d’une éventuelle dénonciation, Iseut veut faire tuer Brangien, mais la tentative avorte et les deux femmes se réconcilient. La passion des amants ne passe pas inaperçue. Surpris alors qu’il tenait Iseut dans ses bras, Tristan est chassé de la cour.
Caché dans un arbre, le roi Marc assiste à une rencontre des deux amants. Mais son ombre le trahit et les amants n’ont plus qu’à tenir des propos montrant leur innocence.
10. Le châtiment de la reine.
Avec des intentions évidentes, une troupe de lépreux demande au roi de leur livrer la reine. Marc, voyant là un châtiment pire que le bûcher, accepte. Après un rapide combat, Tristan, aidé par le baron Governal, leur arrache Iseut. Les amants s’enfuient dans la forêt du Morrois.
11. La vie dans la forêt. La vie que Tristan et Iseut mènent dans la forêt est rude et épuisante. La dénonciation d’un forestier permet au roi Marc de découvrir les amants. Ils dorment enlacés mais sont tout habillés et l’épée de Tristan est placée entre leurs deux corps: Marc n’accomplit pas l’irréparable. Sans les réveiller, il substitue son épée à celle de Tristan.
12. Le repentir.
Trois ans se sont écoulés: le philtre a perdu son pouvoir et les deux amants, pris de remords, souhaitent retourner vers la civilisation. L’ermite Ogrin écrit la lettre qui va leur permettre de revenir à la cour.
13. Le serment d’Iseut.
Mais les deux amants, qui continuent à se voir, sont surpris une seconde fois. Tristan part en exil. Quant à Iseut, les barons du roi exigent qu'elle se disculpe par serment. L’épreuve doit avoir lieu devant la cour de Marc et d'Arthur réunies, près d'un marécage nommé le Gué Aventureux. Tristan, prévenu, assiste à la scène, déguisé en lépreux. Par un serment qui est un chef-d'œuvre de rouerie et de mauvaise foi, la reine se disculpe de la faute d’adultère. La rencontre est suivie d’une joute* au cours de laquelle Tristan, déguisé en chevalier noir, accomplit des exploits. (*joute - combat entre deux chevaliers)
14. Subterfuges pour une furtive rencontre
Tristan à la cour d’Arthur. Tristan, exilé de la cour du roi Marc, séjourne à la cour d’Arthur. Il accomplit des exploits. Une chasse amène Tristan et ses compagnons non loin du royaume de Marc et, malgré les fers à loup, le héros parvient à passer une nuit auprès de la reine. Il repart peu après.
15. Tristan épouse Iseut aux Blanches Mains*. (*Iseut cea cu mainile dalbe)
D’errance en errance, Tristan arrive en Bretagne, à la cour du duc Hoël. Il aide celui-ci à vaincre ses ennemis et se lie d’amitié avec Kaherdin, le fils du duc. Puis il épouse sa sœur, Iseut aux Blanches Mains, mais ne consomme pas le mariage. Désireux de réparer l’outrage fait à sa sœur, Kaherdin décide de tuer son ami. Tristan lui raconte alors son histoire et son amour pour la reine Iseut. Les deux amis décident de se rendre auprès de la reine, qui a appris la nouvelle du mariage de Tristan.
16. La rencontre manquée.
Tristan fait parvenir à Iseut son anneau. Tristan et Kaherdin, cachés dans les fourrés*, voient passer le somptueux cortège d’Iseut  mais celle-ci refuse le rendez-vous. Les protestations d’amour que Tristan fait parvenir à la reine par son écuyer ne parviennent pas à la convaincre. Le lendemain, Tristan se déguise en lépreux et rencontre la reine sur le chemin de l’église. Il est chassé et battu par les valets, mais Iseut l’a reconnu. Elle pénètre dans l’église et s’évanouit.  (*crâng, padurice)
17. La mort des amants.
Tristan fait la guerre aux côtés de Kaherdin. Il tombe dans une embuscade et reçoit un coup de lance empoisonnée. Sentant venir la mort, il demande à Kaherdin d’aller chercher la reine de Comouailles, seule capable de le guérir. Ils conviennent du signal suivant: une voile blanche signifiera qu’Iseut est sur le navire, une voile noire qu’elle ne l’est pas. Yseut décide d’embarquer immédiatement. Après cinq jours de tempête, le navire arrive en vue des côtes de Bretagne. Mais Iseut aux Blanches Mains, qui avait surpris la conversation des deux amis, annonce à Tristan que la voile est noire. Tristan pensant que son amie ne viendra pas se laisse mourir. La douleur d’Iseut la Blonde est alors à son comble. Iseut débarque et expire sur le corps de son amant : « Ami Tristan, quand je vous vois mort, je ne puis ni ne dois continuer à vivre. Vous êtes mort par amour pour moi, et moi mon bien-aimé, je meurs de douleur de n’avoir pu venir à temps ». (vv.3233-36). Thomas insiste sur l’impossibilité physique que connaissent les amants de vivre l’un sans l’autre. Cela le conduit à construire une superbe scène où Iseut s’étend sur le corps de Tristan et, lui baisant la bouche et le visage, se laisse mourir à son tour : « Corps contre corps, bouche contre bouche, elle rend l’âme aussitôt, mourant ainsi auprès de lui de la douleur qu’elle ressent pour son ami. » (vv. 3267-70). Cette scène, la plus belle illustration du pathétique qui caractérise le récit de Thomas, est l’une de celles qui sont restées au-delà des siècles dans la mémoire des lecteurs en donnant à cette histoire d’amour une grandeur et une beauté inégalées. Ensevelis en deux tombes voisines, un cep de vigne et un rosier unisssent les deux amants au delà de la mort.
LES GRANDS THÈMES
Une histoire d'amour tragique
Le Roman de Tristan est une histoire d'amour tragique, qui se termine par la mort des amants. Roméo et Juliette exercent la même fascination que le couple de Tristan et d’Yseut. Car, en Occident, l’amour passion est placé sous le signe de la mort (cf. Denis de Rougemont, L’amour et l’Occident; Les Mythes de l’amour). Bien sûr, certains détails restent cachés. Il y a la passion vécue dans la forêt du Morrois, temps durant lequel le lecteur ignore tout des amants, hormis quelques informations sur leur santé et leurs problèmes d’intendance, sur leur peur du roi Marc aussi. A la fin de l’histoire, nous nous rendons compte que des symboles, comme la vigne et le rosier enlacés, nous signifient que l’amour est plus fort que la mort.
AMOUR FATAL: en effet, c’est par hasard, contre leur volonté, que Tristan et Iseut s’aiment: la potion magique annihile l’exercice de la raison, les amants sont dépossédés de leur liberté. Ils subissent une attirance irrésistible et incontrôlable. En aucun cas on ne peut juger leur relation coupable. Les amants ne peuvent pas lutter contre leur sentiment. C’est la faillite du libre arbitre. Les amants constatent que depuis 3 ans (la durée de l’effet du philtre) il n’ont eu que du malheur et souffrances. L’amour n’est donc pas synonyme de bonheur et d’épanouissement. Mais si les amants s’aiment dans un premier temps sans le vouloir, leur amour perdure par delà l’effet du philtre et devient une véritable passion.
AMOUR PASSION: il est certain que l’amour des amants est sincère et fort et que, conscient de leur amour, ils ne tenteront jamais de lutter contre la passion. On peut parler alors de culpabilité, dans la mesure où c’est en toute connaissance de cause qu’il commettent adultère.
LE DÉSORDRE
DÉSORDRE SOCIAL: Tristan manque aux règles de la féodalité: le roi Marc est son suzerain, il lui doit respect, loyauté et obéissance. Par ailleurs, en qualité de futur héritier du trône, Tristan devrait être un chevalier modèle, or il néglige ses devoirs   et il consacre toutes ses énergies à donner des rendez-vous à Iseut. Elle doit respect et fidélité à son mari, en le trompant elle ruine l’autorité du roi. Le retour à l’ordre établi est un désir soit de Tristan soit d’Iseut. Néanmoins nous sommes obligés de constater que si Tristan et Iseut éprouvent des repentirs sincères, il continueront à bafouer les lois du mariage et poursuivront leur relation adultère.
DÉSORDRE MORAL: Iseut, femme adultère bafoue les lois du mariage et Tristan trahit le devoir d’obéissance. Tous deux vivent donc dans le pêché.  Ils ne sont pas responsables de leur amour, donc ils ne sont pas coupables, à la limite on pourrait les considérer comme des victimes ; c’est seulement quand ils seront libérés du philtre qu’ils reconnaîtront leur faute.
LA SOUFFRANCE
Amour et souffrance sont étroitement liés.
Sitôt que cesse l’effet du philtre, l’amour est vécu  comme un sentiment qui génère le mal et dès lors se quitter devient nécessaire au nom de la raison mais intolérable au nom de leur passion réciproque. La souffrance des amants résulte de la soumission à un ordre social et moral. La tristesse qui est d'ailleurs à la racine du nom Tristan, orphelin de naissance et la dimension tragique du sort du "héros".
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Jugements critiques sur Tristan et Iseut
Jacques Ribard, La Légende de Tristan :
«Comme l’a écrit très justement Denis de Rougemont dans son beau livre L'Amour et l’Occident, on ne saurait imaginer une Madame Tristan. Cette sorte d’attirance, inconsciente mais réelle, pour la mort qui transfigure, est au cœur même de cet amour. Seule la mort peut sauver les amants de l’impitoyable usure du quotidien et consacrer à jamais leur amour.»
Philippe Walter, Le Gant de verre, Artus, 1990 :
«En d’autres termes, la littérature tristanienne n’est pas le reflet immédiat d’un mythe qui lui préexisterait ; elle crée plutôt un mythe nouveau à partir de thèmes mythiques anciens colportés par tout un fonds légendaire. De ce point de vue, le mythe tristanien est l’ombre portée par une légende sur le langage français du XIIe siècle.»

Jean-Charles Payen, Tristan et Yseut, Garnier, 1980:
«Ce qui frappe dans ces textes est leur modernité. Les Tristan en vers sont des poèmes de la violence. Tout s’y révèle exaspéré : les élans amoureux comme la vengeance. Chez eux, le langage ne cherche pas à masquer le scandale. Il faut que les vraies questions soient posées.»
Daniel Poirion, « Le Tristan de Béroul : récit, légende et mythe »:
«La meilleure façon pour un lecteur d’aujourd’hui d’aborder Le Roman de Tristan est de se préparer à saisir et à interpréter les signes d’une pensée très différente de la nôtre, bien sûr, mais qui s’opposait déjà à la culture savante, à l’idéologie officielle du XIIe siècle, du moins telles que nous croyons devoir les définir d’une façon souvent trop systématique.» L’Informa­tion littéraire, n° 26, 1974.
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Bibliographie sur Tristan et Iseut
Éditions de Tristan et Yseut
Le Roman de Tristan et Yseut, traduit et restauré par J. Bédier, Paris, 1900. (Très nombreuses réimpressions.)
Muret éd., Béroul, le Roman de Tristan, 4e édition revue par L. M. Defourques, Paris, Champion, CFMA, 1970.
Tristan et Iseult, Le livre de poche, renouvelé en français moderne d'après les textes des xiie et xiiie siècles par René Louis, 1972
Ch. Payen éd., Tristan et Yseut. Les Tristan en vers. « Tristan » de Béroul, « Tristan » de Thomas, « Folie Tristan » de Berne, « Folie Tristan » d’Oxford, « Chèvrefeuille » de Marie de France, Paris, Garnier, 2e éd. 1980.
Tristan et Yseut. Les poèmes français. La saga norroise, textes originaux et inté­graux présentés, traduits et commentés par Daniel Lacroix et Philippe Walter, Paris, Le Livre de poche, « Lettres gothiques », 1989.
Tristan et Iseut de Béroul. Présentation, notes et traduction en français moderne de Philippe Walter. Dossier de Corina Stanesco (BAC 2001), Le livre de poche
Tristan et Yseut de Béroul. Présentation et traduction de Daniel Poirion. Préface de Christiane Marchello-Nizia. Gallimard, collection folio classique (BAC 2001)
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Études sur Tristan et Yseut
Baumgartner, Tristan et Yseut, Paris, PUF, « Études littéraires », 1987.
Poirion, «Le Tristan de Béroul: récit, légende et mythe», L’Information lit­téraire, n° 26, 1974, pp. 199-207.
Walter, Le Gant de verre. Le mythe de Tristan et Yseut, Artus, 1990.
Civilisation médiévale
Laurioux, La Civilisation du Moyen Âge en France, XIe-XVe siècles, Paris, Na­than Université, «128», 1998.
Le Goff, La Civilisation de l’Occident médiéval, Paris, Arthaud, 1964.
Filmographie
1943 : L'Éternel Retour de Jean Delannoy, écrit par Jean Cocteau, avec Jean Marais et Madeleine Sologne;
2006 : Tristan et Yseult de Kevin Reynolds, avec James Franco et Sophia Myles, produit par Ridley Scott.
Opéra
Richard Wagner a composé un intitulé Tristan und Isolde (création en 1865).
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Deux livres incontournables
(lecture)
L'Amour et l'Occident

Denis de Rougemont, L'amour et l'Occident
Éditeur : 10-18 (15/03/2001)

Résumé :
L'Occident, c'est avant tout une conception de l'Amour.
Denis de Rougemont rejoint l'actualité la plus brûlante en traitant ce sujet éternel qu'il a su entièrement renouveler. Il a mis l'accent avec une autorité exceptionnelle sur les valeurs de fidélité que l'homme ne peut nier sans se condamner à la perdition.
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L'Amour et l'Occident est l'œuvre majeure de l'écrivain suisse Denis de Rougemont. Publiée en 1939 pour la première fois, L'Amour et l'Occident a été traduite dans plusieurs langues et rééditée nombre de fois (une édition révisée a été publiée en 1956 ; l'édition réputée « définitive » date de 1972).
L'Amour et l'Occident a connu un succès incontestable de même que les thèses que l'auteur y expose. Partant du mythe de Tristan et Iseult, où il voit le modèle de la conception de l'amour-passion en Occident, Rougemont déconstruit le mythe de la passion amoureuse en tant qu'exaltation, non sans répercussions sur le monde politique. La finalité de l'amour courtois, c'est la passion, qui est plus présente que jamais au xxe siècle.
« L’Amour et l’Occident doit avant tout se comprendre comme la narration du combat entre deux types d’amours, et plus précisément deux manières de vivre, symbolisés par Éros et Agapè. L’auteur engage à la fois une revue historique et un parti pris en faveur de l’Agapè chrétien.
L'amour-passion est né au Moyen Age. Dans la littérature courtoise. Telle est l'idée centrale - contestée - de ce livre à succès.
La thèse
L'Amour et l'Occident est l'oeuvre non d'un historien mais d'un moraliste cherchant à expliquer, notamment par l'histoire, l'une des composantes de la sensibilité européenne. « Je n'ai pas voulu flatter ni déprécier ce que Stendhal nommait l'amour-passion, mais j'ai tenté de le décrire comme un phénomène historique. »
Il part, pour cela, du Roman de Tristan et Iseut , qu'il étudie non en tant qu'oeuvre littéraire, mais comme texte révélateur des nouvelles relations entre l'homme et la femme au sein du groupe social que constitue la chevalerie. Pour lui, le mythe de l'amour-passion naît au début du XIIe siècle, c'est-à-dire au moment précis où les élites européennes, notamment religieuses, effectuaient un vaste effort de mise en ordre sociale et morale. Il s'agissait, entre autres, de contenir les poussées de l'instinct sexuel et de consolider la famille, en valorisant le mariage, dont l'Église rappelait avec force le caractère sacre

Denis de Rougemont, Les mythes de l’amour
Éditeur : ALBIN MICHEL (08/02/1996)
Résumé:
Toute conception de l'amour traduit une certaine idée de l'homme et du sens de la vie.
Par conséquent, s'efforcer de comprendre les relations entre le spirituel et l'éros revient à s'interroger sur les diverses notions du moi dans les grandes religions. Si le moi n'est qu'illusion ainsi que l'enseigne l'Orient, comment peut-on aimer l'autre pour lui-même ? S'il faut, tel que l'indique l'Evangile, aimer son prochain " comme soi-même ", n'est-ce pas parce que l'on suppose une différence radicale entre le moi naturel et un " vrai moi " de nature spirituelle ? Et celui-ci se confondrait-il avec le Soi divin de l'Oriental ? Dans le prolongement de son célèbre essai L'Amour et l'Occident, Denis de Rougemont tente de répondre ici à ces questions cruciales.
Pour ce faire, il suit un chemin original qui passe par une " mythanalyse " des figures de Don Juan et de Tristan, par les écrits de certains penseurs capitaux "(Nietzsche, Kierkegaard, André Gide...) et par une nouvelle étude des personnages de grands romans d'amour contemporains. Autant d'étapes d'une quête aventureuse au plus profond de l'âme occidentale.


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