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jeudi 26 mars 2020

BORIS PILNIAK (1894 - 1938): Un mare absent in librariile din romania








 Boris Pilnyak (1894-1938) Rus. Бори́с Пильня́к – Russian writer. Arrested and executed by NKVD during the Great Purge. Official photo made by NKVD after arrest 1937 (original: Центральный архив ФСБ России)



Boris Pilniak, Anul gol, Col Meridiane, ELU, 1969

 

Boris Pilniak, Anul gol, Ed  Paralela 45, 2002
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Boris Andreïevitch Pilniak (Wogau), Mojaïsk, 11 octobre 1894 - Moscou, 21 avril 1938)
Auteur critique à l'égard de la mécanisation et de l'urbanisation de l'URSS, il a écrit plusieurs romans dont le cadre est la Révolution de 1917. Cet esprit critique, comme la richesse et la complexité de son écriture, lui ont valu d'être progressivement mis au ban des écrivains soviétiques et, pour finir, d'être victime des Grandes Purges de 1937.
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Trad. en français 



L'Année nue, Gallimard, Paris, 1926 ; Autrement, 1998.
La Volga se jette dans la Caspienne, Éd. du Carrefour, Paris, 1931.
Conte de la lune non éteinte, traduit par Michel Pétris, Paris, Champ Libre, 1972.
Nouvelle traduction par Sophie Benech, Paris, Éditions Interférences, 2008, 
 (Prix Russophonie 2010)
Une femme russe en Chine, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1976.
Les Chemins effacés, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1978.
L'Acajou, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1980. - rééd. 2010
Ivan Moskva, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1984.
Journal de Chine : 1926, Obsidiane, Paris, 1985.
Ivan et Maria, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1988.
Récits anglais, Lausanne, L'Âge d'Homme, 1993.
Récits d'Extrême-Orient, Malesherbes, Le Serpent de mer, 2001.
Le Pays d’Outre-Passe, traduit par Anne Coldefy-Faucard, éditions Paulsen, 2007.
Récit de Saint-Pétersbourg, Anatolia, 2009 
Racines du soleil japonais, suivi de Boris Pilniak au Japon en 1926 par Dany Savelli, Éd. du Sandre, 2011 
La Falaise de Nijni-Novgorod, L'Inventaire, 2012 

Sur Pilniak
Victor Serge, Le Destin de Boris Pilniak, dans Rudolf Rocker et Victor Serge, Les Soviets trahis par les bolcheviks : la faillite du communisme d’État, trad. Pierre Galissaires, Paris, Spartacus, 1973.

Georges Nivat, « Boris Pilniak », article de l'Encyclopédie Universalis.

(W.fr.)

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Le conte de la lune non éteinte (Boris Pilniak)


Une nouvelle qui fit scandale à Moscou en 1926, et que l'auteur paiera de sa vie une dizaine d'années plus tard, pendant la Grande Terreur.


Boris Pilniak (1894 – 1938) aura passé son temps à jouer avec le feu. Il fut très tôt perçu comme un contre-révolutionnaire par les bolcheviks. Sans appartenir formellement au groupe des frères Sérapion, il revendiquait comme eux la liberté de l’artiste, sa non-inféodation politique. Connu pour son premier roman, L’année nue, que récupère à sa façon Staline qui y voit le reflet d’erreurs et de déviations chez les révolutionnaires, il met les pieds dans le plat en 1926 avec la nouvelle que vous allez lire. Comme le raconte Sophie Benech dans la postface à sa traduction (Éditions Interférences), le récit, paru dans la revue Novy Mir (Monde Nouveau), fit scandale au point que la revue fut aussitôt saisie et son rédacteur en chef licencié – la revue fut réimprimée expurgée de la nouvelle de Pilniak. Ironie du sort, toujours selon S. Benech, Varlam Chalamov, emprisonné aux Boutyrki (à Moscou) allait retrouver un exemplaire de l’édition originale – introuvable et mythique – précisément à la bibliothèque de la prison, ayant échappé à la vigilance des contrôleurs.

     L’auteur bat sa coulpe et échappe à la répression. Nouvelle campagne de presse à la fin des années vingt, avec la parution à Berlin (par les voies officielles) du roman L’Acajou. De plus, il fréquente Andreï Platonov, autre écrivain sentant le soufre. Il reçoit pourtant l’autorisation de voyager : en 1933, Iouri Annenkov le rencontre à Paris, il doit aller en Amérique. Laissons Iouri Annenkov – Journal de mes rencontres, page 355 – raconter la scène :

     « Boris Pilniak quittait Paris pour l’Amérique.

     — Je n’y resterai pas longtemps, me dit-il. J’ai hâte de regagner Kolomna.

     — Ne vous pressez pas, lui ai-je répondu. 

     Il embarquait sur le nouveau transatlantique Normandie […] dont la ligne aquadynamique de la quille avait été dessinée par Iourkevitch, un ingénieur russe des constructions navales et ami personnel de Zamiatine. »

     Zamiatine, le parrain des Frères de Sérapion, auteur déjà rencontré : voir La caverne…

     Bref, Pilniak revient, il est dans le collimateur et sa dernière tentative d’autocritique ne le sauvera pas : il est arrêté à l’automne 1937, avoue être un espion japonais (il avait pas mal voyagé…) et il est fusillé en 1938. Il sera réhabilité en 1956. Dans l’intervalle, son nom et ses œuvres avaient disparu en URSS.

     Le style de Pilniak est d’une grande expressivité, très imagée. Il est fasciné par le développement technique qui déjà s’affirme en Russie, enfin, en URSS, à l’instar d’un Boulgakov qui projette une description hallucinée d’un Moscou rappelant Times Square dans une nouvelle wellsienne de 1924, Les œufs du destin. Il utilise une langue classique (on le plus reprochera), qu’il tord pour obtenir des effets cinématographiques – voir la course des bolides. Il fait un grand usage des tirets, comme d’autres des parenthèses, pour construire une phrase devenant foisonnante par endroits, et l’insistance répétitive ne lui fait pas peur. D’ailleurs le russe est une langue qui a de grandes facilités pour entasser, accumuler et répèter. Le passage de cette langue riche, concrète et flexible, en français est un filtre qui court à chaque instant le risque de l’appauvrir.
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(21 AVR. 2018 PAR M TESSIER: LE BLOG DE M TESSIER

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