Ce que la Renaissance doit aux réfugiés byzantins (2/2)
- 22 JANV. 2018
- PAR BERTRAND ROUZIES
- BLOG : LE BLOG DE BERTRAND ROUZIES
Étrange comme l’histoire se répète mais autrement, comme si nous nous évertuions à perdre la boussole et nos cartes marines au parage d’écueils maintes fois reconnus. Exemple à travers la gestion de la crise des réfugiés byzantins au XVe siècle, où nous retrouvons quelques-uns des acteurs et des thèmes de l’actuelle crise migratoire en Méditerranée. Second volet : l’accueil français.
Le royaume de France se montra un peu plus hospitalier que ses voisins envers les réfugiés byzantins. Les traverses de la Guerre de Cent Ans avaient ruiné les derniers intérêts commerciaux ou politiques qu’il pouvait avoir en Orient. Les dernières heures de l’empire s’étaient écoulées sans que les Français eussent leur mot à dire et il leur semblait naturel autant que fatal qu’à l’empereur des Grecs succédât l’empereur des Turcs. Aussi, lorsque Guillaume Fichet, recteur de l’université de Paris et humaniste à ses heures, s’efforça dans les années 1470 d’alerter Louis XI sur le danger turc, il eut beau lire les discours anti-Turcs du cardinal grec Bessarion et faire venir à la cour l’auteur lui-même, on ne l’écouta que d’une oreille distraite. Louis XI s’inquiétait plus des menées du duc de Bourgogne Charles le Téméraire que des exactions du sultan. Au reste, s’il demeurait des Français en Orient, dans les îles et dans le Péloponnèse, il eût été vain d’espérer en faire les éléments avancés d’une reconquête éventuelle. Trois siècles de rapports réguliers et trop souvent conflictuels avec les Grecs avaient laissé le souvenir d’un peuple plus hostile aux Latins qu’aux Turcs. L’empire mort, les Grecs subjugués ou dispersés, la défiance des Français à leur endroit, l’intérêt même qu’ils leur portaient devenaient caducs. Toutefois, ils reconnaissaient aux Grecs l’empire de l’intelligence, et ce d’autant plus volontiers que, contrairement aux Italiens, ils ne pouvaient pas se flatter d’avoir été par le passé des Hellènes ou des sujets de l’empire byzantin[1].
Dans les années 1460, la bibliothèque vaticane possédait 350 manuscrits grecs ; celle que le cardinal Bessarion léguait à Venise en alignait près de 900. En France, à la même époque, les quelques manuscrits grecs consultables, arrivés là à la suite d’échanges diplomatiques, de pèlerinages ou de pillages organisés, étaient conservés dans une poignée d’abbayes et leur nombre n’excédait pas deux exemplaires par bibliothèque. Seule l’abbaye de Saint-Denis pouvait s’enorgueillir d’en posséder un peu plus. La faveur royale l’avait en effet enrichie des livres offerts par les basileis. Le plus prestigieux d’entre eux était justement un recueil des œuvres du saint patron de l’abbaye, Denys l’Aréopagite[2], envoyé de Constantinople à Louis le Débonnaire, en 827, par l’empereur Michel II le Bègue[3]. Ce n’est qu’au lendemain de la campagne de Charles VIII en Italie, en 1495, que se forme à Paris le noyau de la collection grecque à partir des 25 manuscrits prélevés comme butin dans la riche bibliothèque des rois aragonais de Naples[4]. Il n’était que temps. L’intérêt pour la culture grecque, qui avait pris son essor dans les années 1470, à l’arrivée des premiers exilés byzantins, commençait à manquer d’aliment.
L’un des premiers exilés à trouver refuge en France est Georges Hermonyme. Originaire de Despotat de Morée, il arrive à Paris vers 1475. Il apportait dans ses bagages un lot de manuscrits qu’il augmenta sur place de nombreuses copies qui firent les délices des grands seigneurs qu’il côtoyait et de ses élèves parisiens (dont un certain Guillaume Budé). Aucun de ces ouvrages, cependant, ne devait entrer dans les collections royales. Jean Lascaris prit la relève d’Hermonyme à partir de 1495. Né à Constantinople, Jean Lascaris avait séjourné à la cour de Laurent de Médicis et contribué par ses conseils et ses voyages à la constitution de la collection grecque de ce prince. L’expédition française en Italie lui avait fourni un prétexte pour quitter Florence, qui connaissait alors, avec Savonarole, sa révolution des zélotes. Jean servit successivement Charles VIII, Louis XII et François Ier. Ami de Guillaume Budé, il joua en France le rôle que Chrysoloras avait joué en Italie à la fin du XIVe siècle. En France comme en Italie, l’hellénophilie concernait essentiellement les auteurs grecs anciens. L’héritage byzantin était occulté, y compris par les exilés eux-mêmes, qui vivaient encore sous l’ombre de la Grande Catastrophe de 1453. Au moment où Jean Lascaris achevait sa carrière, Ange Vergèce, un Crétois, commençait la sienne. Cet écrivain itinérant était arrivé à Paris en 1538 dans les bagages de Lazare de Baïf, ambassadeur du roi de France auprès de la Sérénissime. Il fut chargé par Pierre Duchâtel, aumônier et maître de la librairie de François Ier, de s’occuper de la collection des manuscrits grecs de Fontainebleau (près de 500 volumes). Aidé d’un compatriote, Constantin Palaeocappa, il en rédigea le catalogue entre 1549 et 1552. Professeur au Collège Royal, sous l’étiquette flatteuse d’« Angelo Vergetio, nostre escrivain en grec », écrivain ordinaire du roi sous les règnes de François Ier, Henri II et Charles IX, il devint rapidement un familier des cercles savants et poétiques. Pierre de Ronsard l’approcha et Jean-Antoine de Baïf lui rendit hommage dans l’épître dédicatoire de ses Œuvres en rime (Paris, 1573) :
« Ange Vergèce, Grec à la gentille main,Pour l’écriture greque écrivain ordinèreDe vos granpère et père et le vostre, eut salèrePour à l’accent des Grecs ma parole dresser,Et ma main sur le trac de sa lettre adresser. »
Ange Vergèce était un si admirable calligraphe (fig. 1) que Pierre Duchâtel demanda à l’imprimeur du roi, Robert Estienne, de faire tailler par Garamont les « poinssons de letres grecsques » censés servir à l’impression des manuscrits grecs de la Bibliothèque royale. Trois corps furent gravés entre 1543 et 1550, en commençant par le moyen « gros romain ». Ce sont les fameux grecs du roi (fig. 2).
Figure 1 : page de titre de l’"Hexameron" copié par Ange Vergèce, Paris, Ms. 4452, Bibliothèque Mazarine
Figure 2 : les "grecs du roi"
Il serait injuste d’ignorer la foule – infiniment plus nombreuse – des réfugiés qui n’avaient aucun talent utile au renom intellectuel du royaume. Les marins et les armateurs grecs, dont la réputation n’était plus à faire, poursuivirent le plus souvent leur carrière dans les arsenaux italiens. Toutefois, quelques-uns d’entre eux poussèrent jusqu’en France, où le roi, passant par-dessus le préjugé commun, leur assura une promotion sociale d’un genre particulier. Le royaume eut ainsi à se louer des services d’un certain Georges Paléologue Dishypatos, Georges de Dissipat ou Bissipat dans les sources françaises, dont il faut deviner qu’il fut corsaire. En 1473, Dishypatos était vicomte de Falaise et capitaine du château de Touques, près d’Honfleur, deux places clefs de la défense côtière. Il toucha un temps les revenus de la vicomté d’Auge et de la capitainerie de Lisieux. L’office de chambellan du roi lui fut par la suite conféré, ainsi qu’une pension annuelle de cent livres. La naturalisation vint en 1477. En 1480, le comble est mis à une situation déjà fort avantageuse : Dishypatos épouse Marguerite de Poix, ce qui le fait entrer en possession du manoir de Hannaches, près de Beauvais[5]. Quand il n’abordait pas les galéasses génoises ou les bourques flamandes avec son acolyte gascon Guillaume de Casenove, Dishypatos s’enfonçait loin dans l’océan atlantique, préfigurant l’aventure de la France antarctique. Il conduisit ainsi une expédition au Cap-Vert, sur l’île de Maio, pour y récupérer du sang de tortue géante, censé guérir la lèpre, mal dont le roi Louis XI se pensait atteint. Il est probable que ce marin hors pair et audacieux rencontra les frères Bartolomeo et Christophe Colomb à la cour de Charles VIII. Rencontre en forme de retrouvailles pour Christophe, qui se trouvait sur l’une des galéasses génoises attaquées par Casenove en 1476.
Moins gâté par le pouvoir, mais complaisamment toléré, Nicolas Famileti, dit « le Grec », fit de Rouen son port d’attache dans les années 1490. Ses actes de piraterie aux dépens des négociants espagnols, portugais et hanséatiques entraînèrent à l’échelon diplomatique de vives protestations, auxquelles le roi se garda bien de donner suite, sans doute parce qu’il y avait quelque intérêt[6].
Tous les Grecs n’étaient pas aussi chanceux. La plupart s’en allaient de ville en ville mendier quelque secours pécuniaire qui leur permît de se refaire ou de racheter les leurs aux Turcs. Dès 1426, on trouve trace en Flandre d’un noble grec, Paul de Vlaquie. L’avancée des Turcs en Grèce centrale l’avait poussé au départ[7]. Toute sa famille avait été massacrée et ses terres ravagées. Les conseils des villes d’Amiens et de Bruges le réconfortèrent avec des cadeaux et de l’argent[8]. À Amiens, Paul était connu sous le nom de « hault et puissant Prince de Valachie des parties de Grèce », à Bruges, sous celui de « Grave van Valacien vut Grieken ». Il n’est pas dit si Paul a pu recouvrer en définitive son train de grand seigneur. Un document de la BNF daté d’octobre 1454 (Ms. 5909, f°158-158v) signale l’intense activité déployée par trois Grecs, Michel Catapopinus, Jean et Manuel Caschadinus, en vue de réunir des fonds nécessaires au paiement de la rançon de certains de leurs proches. Cette même année 1454, on peut suivre sur la carte du nord de la France les pérégrinations d’un autre trio de quêteurs, Manuel et Démétrios Paléologue et leur compagnon anonyme. Ces « trois contes de la ville de Constantinoble » signalés à Compiègne[9], ce sont eux. On les recroise à Rouen en juillet 1455[10]. D’autres Grecs sont aperçus à Amiens, Douai, Nevers, Tournai, Harlem, Abbeville et Nozeroy.
Tous n’ont pas pu compter sur la bienveillance ou la sympathie. Harris signale[11] le cas de ce « Manuel Théodore de Constantinople » échoué à Douai et dont l’errance devait se continuer dans l’au-delà. Il fut interrogé « en grec », condamné et exécuté par le feu, sous l’accusation probable d’hérésie[12]. Les échevins de Rouen se montrèrent en 1460 à peine moins méfiants que leurs homologues douaisiens à l’égard de deux Grecs venus leur soutirer de l’argent. Au moins leur laissèrent-ils la vie sauve et quelques « sous », à défaut de leur accorder une once d’estime : « Donné fut en gratuite à Démétrios, chevalier, jadis (soi disant) tresorier de feu l’empereur de Constantinople, et Andriocus aussi chevalier de Constantinople, prisonniers ès mains des Turcs, ennemis de notre Saincte Foy, eux, leurs femmes et enfants (qu’ils disent), la somme de 60 sous tournois. »[13] On appréciera le persiflage acide des notations incidentes « soi disant » et « qu’ils disent », ainsi que la cruauté du tour amphibologique « … des Turcs, ennemis de notre Saincte Foy, eux [les Grecs]… », qui laisse planer un doute sur le référent du groupe apposé.
Où Byzance tient sa revanche et recouvre ses droits à l’image et à l’hommage, c’est dans le domaine artistique. Les XIIIe, XIVe et XVe siècles sont des périodes d’essaimage pour les artistes byzantins. Ceux-ci n’ont pas forcément leur compte de commandes dans un empire impécunieux et morcelé. Si leur contribution à la décoration des églises serbes et valaques est évidente, leur influence sur l’iconographie occidentale paraît plus voilée. Bien qu’anonymes pour la plupart, les artistes byzantins de la « basse époque » ont laissé quelques traces dans les ateliers occidentaux où ils ont exercé, et ces traces nous ramènent à l’aube du XVe siècle. La dette italienne à leur égard a déjà été étudiée[14]. Nous retiendrons en passant quelques noms comme ceux de Georges « Greco », qui travailla à Venise dans les années 1390, de Georges « di Salvatore », fresquiste d’origine constantinopolitaine qui fut actif à Ferrare entre 1404 et 1420, de Xénos Digenis, peintre moréote échoué en Crète vénitienne à partir de 1462, d’Andréas et Nicolas Rizos, peintres d’icônes eux aussi établis en Crète[15]. La dette française a été un peu moins étudiée. Il faut dire que les peintres grecs arrivés en France s’y font particulièrement discrets. On soupçonne l’atelier d’enluminure du Maître de Boucicaut, fournisseur du duc de Bourgogne Philippe le Hardi, d’avoir abrité en son sein des artistes originaires des Balkans, de Grèce et de Constantinople, même s’il est malaisé de déceler dans la manière du Maître les apports orientaux.
Sinon en France, du moins en Italie, la plupart de ces migrants formés à l’école de la Renaissance paléologuienne ont su préserver et transmettre la mémoire visuelle d’une culture qui avait de moins en moins de visibilité sur son propre sol. Il serait sans doute excessif de voir la Renaissance occidentale, renouveau intellectuel et artistique, comme le testament de Byzance. Il serait, selon nous, plus exact de dire qu’au risque de gâcher la fête, Byzance, vieille grincheuse à l’agonie, s’est invitée aux noces nouvelles qu’on voulait célébrer sans elle. Le dernier acte de la diplomatie byzantine pesait le poids infini du remords : l’empire mourait en tendant la main, non qu’il eût l’espoir de recevoir ce qu’il n’avait su mériter, mais parce que la vraie générosité consiste à se dépouiller de ce que l’on garde pour soi seul : son âme.
Le thème de Byzance finit toutefois par lasser les hellénophiles les plus fervents. Au retour de Gentile Bellini de son séjour à la cour de Mehmet II (1479-1481), on se prit soudain de passion pour les turqueries et les Turcs s’immiscèrent jusque dans la peinture sérieuse, qu’elle fût antiquisante ou religieuse. Dans l’Adoration des mages (début du XVIe siècle) du peintre de Vérone[16], les mages sont enturbannés à la manière turque et revêtus d’amples cafetans. Cette Adoration est comme un pied de nez goguenard de la modernité à la procession des Rois mages de Gozzoli. En un peu plus d’un demi-siècle, Byzance avait rendu tout son jus au pressoir de l’histoire et l’art lui donnait à son tour congé. Le pinceau, pas plus que la plume, ne fixe une image. Il fixe l’image d’une image dont le sens tient au regard changeant qui la déchiffre. Une civilisation peut mourir deux fois, une fois dans les faits, une seconde fois dans le regard qui les enregistre. Cette mort, cependant, ne termine rien. C’est une page tournée, une histoire mise en sommeil que recouvrent d’autres pages qui s’en nourrissent pour engraisser leurs propres rêveries.
____________
[1] La Grande Grèce comprenait au IVe siècle av. J.-C. la Sicile et le sud de l’Italie jusqu’à Naples. L’Italie byzantine, quant à elle, s’étendait au Ve siècle ap. J.-C., à son apogée, de la Riviera à la Sicile. L’empire contrôlaient encore le talon et la pointe de la botte au début du XIe siècle.
[1] La Grande Grèce comprenait au IVe siècle av. J.-C. la Sicile et le sud de l’Italie jusqu’à Naples. L’Italie byzantine, quant à elle, s’étendait au Ve siècle ap. J.-C., à son apogée, de la Riviera à la Sicile. L’empire contrôlaient encore le talon et la pointe de la botte au début du XIe siècle.
[2] En réalité, il y a trois têtes pour un seul corps. Du temps de Suger, l’hagiographie officielle a confondu, pour des raisons de prestige, Denis de Paris, Denys l’Aréopagite et Denis le Mystique.
[3] Il est répertorié dans la base MANDRAGORE sous la cote Grec 437. Il n’est entré à la Bibliothèque Royale qu’au XVIIIe siècle.
[4] Ces 25 manuscrits avaient été confisqués en 1487 par le roi Ferdinand Ier à son secrétaire et premier ministre Antonello Petrucci pour crime de lèse-majesté.
[5] Jonathan Harris, Greek Emigres in the West, 1400-1520, Camberley, Porphyrogenitus, 1995, p. 175-176.
[6] Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen, 1, B57, ff. 28, 249, 326 ; Hansarecesse von 1477-1530, D. Schäfer (éd.), vol. 2, Leipzig, 1883, n° 521, p. 617 ; Michel Mollat, Le commerce maritime normand à la fin du Moyen Âge, Paris, 1952, p. 491.
[7] Voir Nicolae Iorga, « Un « Comte de Valachie » en Occident », Bulletin de l’Institut pour l’Étude de l’Europe Sud-orientale, n° 10, 1923, p. 112-113.
[8] Inventaire des archives de la ville de Bruges. Section première : Inventaire des Chartes, L. Gilliodts-Van Severen (éd.), vol. 5, Bruges, 1876, p. 492 ; Inventaire-sommaire des archives communales (Amiens), C. Durand (éd.), vol. 4, Amiens, 1901, p. 105.
[9] Du Cange, Historia Byzantina, p. 255 ; Henri de l’Epinois, « Notes extraites des archives communales de Compiègne », Bibliothèque de l’Écoles des Chartes, Paris, n° 4, 5e série, 1863, p. 468.
[10] Inventaire-sommaire des archives communales antérieures à 1790 (Rouen), C. Robillard de Beaurepaire, vol. 1 – Délibérations (Rouen, 1887), p. 58.
[11] Harris, op. cit., p. 41.
[12] Inventaire analytique des archives communales (Douai), p. 30.
[13] Voir Charles-Victoir-Louis Richard, « Recherches historiques sur Rouen – extraits des registres des délibérations du conseil municipal, de 1389 à 1471 », Revue de Rouen et de Normandie, n° 13, 1845, p. 75.
[14] Nous renvoyons à deux ouvrages fondamentaux d’André Chastel, L’Italie et Byzance, Paris, Bernard de Fallois, 2001, et La Renaissance méridionale – Le grand atelier, Paris, Gallimard, « L’univers des formes », 1974. La pénétration de la peinture byzantine en Italie fut constante. Les deux cultures évoluaient en miroir de chaque côté de l’Adriatique, en sorte qu’aucune nouvelle manière ne s’inventait dans l’une sans que l’autre se l’appropriât aussitôt pour mieux la dépasser. Le peintre Cimabue (vers 1250-vers 1302), qui séchait l’école pour aller voir les maîtres grecs chargés de la restauration de la chapelle des Gondi à Florence, et son disciple Giotto (vers 1266-1337) ont ainsi mâtiné d’éléments gothiques des imports paléologuiens. Réciproquement, mais avec un appétit moindre, certains peintres de la Renaissance paléologuienne ont introduit des éléments gothiques dans leurs fresques ou dans leurs icônes.
[15] Harris, op. cit., p. 156-158.
[16] Padoue, Musée d’art médiéval et moderne.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire