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lundi 16 mars 2020

GRADINILE RENASTERII

Le jardin à la Renaissance : la naissance d’un nouveau monde

Publié par Diane sur 20 Novembre 2012, 16:53pm
Catégories : #jardins
Pour bien comprendre le jardin de la Renaissance, il faut se rappeler qu’il est issu d’un bouleversement de la conception de l’homme et par suite de son environnement.
Au milieu du XVe siècle en Italie, naît la pensée humaniste. Cette philosophie replace l’Homme au centre de l’univers. l’Homme reste soumis à Dieu, mais peut s’améliorer par le savoir. Il peut dès l’ores appréhender son environnement et le construire afin d’enrichir sa pensée.
L’apôtre de la nouvelle mode de bâtir fut Léon Battista Alberti (1404-1472). Ecrivain, philosophe, peintre, mathématicien, architecte, théoricien de la peinture et de la sculpture, humaniste italien, Alberti joue un rôle essentiel dans le développent de la conception du nouveau jardin de la Renaissance.
En 1452, il publie son ouvrage majeur : De re aedificatoria qui introduit le principe essentiel du jardin de la Renaissance : le jardin et la demeure doivent être traités comme un tout. Le jardin n’est pas seulement un élément constitutif de la demeure, il doit également se nourrir du paysage qui l’environne et s’harmoniser avec lui. La nature sauvage n’est donc plus un ennemi, c’est un facteur de stabilité de l’Homme dans son univers.
Au début, les plans des jardins sont des adaptations plus ou moins bien conçues de l’Hortus conclusus du Moyen Age : les jardins se situent à côtés des villas, constituant des entités séparées et closes. Mais à mesure que l’on avance dans la Renaissance, le jardin, inspiré par celui de la Rome antique, se développe ; il acquiert un nouveau vocabulaire, de nouvelles structures…
Le choix du site devient primordial : ce doit être un terrain en pente qui permettra à la longue des jeux de perspectives. Le terrain doit aussi autoriser une vue qui s’ouvre sur la campagne environnante. L’air doit y être pur, l’eau de qualité pour que les habitants restent en bonne santé.
Alberti va toutefois préconiser de conserver un jardin clos afin de se protéger des intrus. Néanmoins, il conviendra de rendre cette clôture la moins visible possible, des vergers seront plantés et tout autour de beaux portiques seront installés. Les allées seront bordées de végétaux à feuillage persistant et sur le côté le mieux abrité, une haie de buis sera plantée. Alberti conseille de tailler le buis de façon variée comme le faisaient les jardiniers de l’antiquité, de leur faire prendre la forme des lettres de l’alphabet pour composer le nom du jardinier ou du propriétaire. Il recommande d’installer des grottes car il s’en trouvait déjà au temps des « Anciens ». Les haies seront composées de rosiers, de grenadiers et de cornouillers.
Le XVème siècle italien est florissant. A Sienne, à Rome, à Florence, à Ferrare, s’illustrent de grandes familles : les Borghèse, les Colonna, les Médicis, les Este qui allient la richesse au goût des belles choses.
La Toscane en particulier connaît une période de prospérité sans précédent. Palais, villas, parcs et jardins se multiplient : en 1472, on compte déjà cinq mille six cents villas parmi les collines de Toscane. Grâce aux lunettes peintes sur bois par l’artiste Giusto Utens, à la demande de l’Archiduc Ferdinand Ier de Médicis en 1599, la composition architecturale des jardins de cette époque est connue. Quatorze de ces tableaux existent toujours et sont conservés au musée topographique de Florence.
Les principes d’Alberti, selon lesquelles une villa doit se situer au flanc d’une montagne à proximité d’une ville et offrir ses murs à la lumière et au soleil, ont été mis en pratique pour la première fois à la villa des Médicis à Fiesole, près de Florence. Bâtie par l’architecte Michelezzo, vers 1460, la villa il Bosco di Fonte Lucente est entièrement conçue en fonction du paysage et des conditions climatiques. La résidence et le jardin sont en effet construits sur des terrasses aménagées sur le flanc de la colline. La performance de Michelezzo réside dans la conception de nouvelles transitions entre la résidence, le jardin et le paysage. Au centre de la façade, côté jardin, la loggia devient l’élément principal d’une villa : elle remplace la conventionnelle cour intérieure. Le jardin est orienté dans l’axe de la construction et la transition avec la campagne environnante s’effectue au rythme des terrasses superposées, de balustrades et d’escaliers. Ce jardin en terrasses s’ornait à l’origine de massifs géométriques et d’innombrables fontaines. Nous verrons par la suite en quoi ces éléments sont importants.
Alberti ne sera toutefois, pas le seul à inspirer la révolution de l’art des jardins à la Renaissance, la littérature va également jouer un rôle important dans la maturation du nouveau style de bâtir italien. Un ouvrage en particulier devait avoir un impact primordial pour le futur art des jardins italiens : l’Hypnerotomachia di Poliphili, mieux connu en Fance sous le titre de Songe de Poliphile. Rédigé en 1474 par Francesco Colonna, cet ouvrage paraît à Venise en 1499. Allégorie de la découverte du monde qui s’offre à l’homme de la Renaissance plutôt que traité sur l’art des jardins, cet ouvrage décrit une série de paysages fantastiques où surviennent forêts sauvages, ruines accumulées, pyramides aux degrés innombrables, sculptures énigmatiques, statues gigantesques, palais somptueux et surtout jardins de rêve. Colonna avait la passion des fleurs : tout au long de son récit, il décrit avec ferveur jardins et paysages, cultivés ou sauvages qui vont être une source quasi-inépuisable d’inspiration pour les créateurs de jardins de son époque.
Cet ouvrage nous permet en outre de percevoir à quoi ressemblait le jardin de transition entre le Moyen Age et la Renaissance, pas encore tout à fait ouvert mais qui s’échappe du cadre médiéval. C’est également l’inventaire le plus complet des plantes connues à l’époque. L’ouvrage est en outre en avance sur son temps tant au niveau de l’architecture que des jardins, il introduit nombres d’éléments: reliefs classiques, péristyles, fontaines ornées, etc.
La seconde villa médicéenne de Poggio A Caiano en toscane, nous donne une bonne idée de ce qui a changé en ce milieu du XVe siècle, la partie du jardin proche de la demeure est toujours ceinturée de murs, mais la clôture elle-même est devenue élément de décor et de respiration dans la composition, puisqu’elle permet à la fois de répondre à l’architecture de la demeure et de faire le lien avec les autres jardins autour de celle-ci. Par la suite Castello, autre villa médicéenne introduit les bosquets, fontaines à vasques et grottes…
Néanmoins, il faut bien reconnaître que si la toscane a préparé l’éclosion de l’art renaissant des jardins, c’est à Rome qu’est donnée l’impulsion décisive. C’est à Donato Bramante (1444-1514), peintre et architecte que l’on doit cet élan.
En 1503, le pape Jules II décide de faire relier sa villa du Belvédère au palais du Vatican. Cette décision a une double utilité pour le pontife : réunir ses possessions mais aussi et surtout créer un lieu d’exposition pour sa collection d’antique. Donato Bramante étudiait alors depuis un certain temps les ruines antiques de Rome, lorsque le pape dédice de fraire appel à lui. La villa du Belvédère étant légèrement décalée par rapport au palais du Vatican Bramante se trouvait dès le départ devant un problème d’harmonisation de la composition. L’architecte eût alors l’idée de mettre à profit l’espace en forte pente séparant le Vatican de la villa afin d’y établir un jardin. Bramante envisagea ensuite de créer une succession de larges terrasses pour régulariser l’ensemble ; cela nécessitaient toutefois l’aménagement un élément de liaison approprié scéniquement parlant. Bramante résolu le problème en intégrant à ce jardin d’un genre nouveau un élément qui jusque là avait été réservé à l’architecture : l’escalier monumental.
Au Belvédère, Bramante met en place deux escaliers. Le premier large et rectiligne donne à la composition sa ligne directrice. Le second, divisé en deux rampes symétriques divergentes, anime la composition et permet d’estomper les imperfections du terrain. Bramante a donc eu ici le génie de rediriger le regard du spectateur par cet élément de mise en scène qui confère à l’ensemble régularité et animation.
L’installation des statues antiques complète l’ensemble. Tantôt dans des niches, tantôt sur des socles ou des fontaines, elles animent le jardin au détour des parterres de fleur et d’arbre taillés. L’eau enrichie l’ensemble.
Le jardin du Belvédère devait inspirer largement les architectes jusqu’à donner naissance vers 1550, à l’un des plus grands chefs d’œuvres de la Renaissance : la Villa D’Este.
Construite à la demande du cardinal Hyppolyte II d’Este, la villa et son jardin sont bâtis d’après les plans de Pirro Ligorio (1510 ?-1583). Le chantier s’ouvre en 1550 et se termine trente ans plus tard.
Ligorio est avant tout un architecte, mais, comme Alberti, il est également artiste, collectionneur, créateur de jardins et met en œuvre tous ses talent dans l’aménagement des jardins de la villa d’Este. La conception géométrique du jardin est tempérée par une multitude de fontaines, ornées de sculptures et de mosaïques.
Ligorio connaît bien les principes d’Alberti et les appliques. Il souscrit en particulier à ses idées sur la situation du jardin : la villa d’Este est installée au sommet d’une colline très escarpée d’où l’on découvre la campagne romaine comme le recommande Alberti.
Pour la réalisation des travaux, l’architecte doit cependant résoudre d’importantes difficultés : tout un quartier de Tivoli sera rasé afin de permettre la création d’un jardin vaste et rgulier, et d’importantes fondations seront nécessaires pour asseoir une grande partie du jardin.
La composition est soumise à une allée centrale qui traverse plusieurs niveaux, impose une unité d’ensemble, et aboutit au palais. Elle rencontre la fontaine des dragons encadrée de deux escaliers en spirale dont les balustrades canalisent un étroit ruisseau qui coule dans les rampes. A l’avant-plan, deux pergolas, disposées en croix, forment quatre carrés égaux. Des petits pavillons, placés au centre de ceux-ci, invitent à contempler les parterres de fleurs ou d’herbes aromatiques. Quatre labyrinthes les encadrent.
L’eau est prépondérante à la villa d’Este. Fournie en abondance, elle provient d’un aqueduc et d’une canalisation qui détourne le courant de la rivière Aniene. Les travaux hydrauliques sont complétés en 1565 et permettent d’approvisionner les nombreuses fontaines du jardin au rythme de mille deux cents litres d’eau par minute. L’eau cascadant, gazouillant, éclaboussant produit une variété de sons, créant ainsi un effet d’orchestre aquatique. Un des plus célèbres sites est sans doute l’Allée des cents fontaines qui s’étend sur une longueur de cent cinquante mètres. L’eau y jaillit de petites fontaines en forme de barques, d’obélisques, d’aigles et de lis et retombe, sur deux niveaux inférieurs, en une multitude de petits jets d’eau. Cette allée ombragée et fraîche est encadrée de deux fontaines majestueuses : celle de Tivoli, appelée aussi dell’Ovato et celle de Rome ou de la Rometta.
Le jardin de la villa de Tivoli nous donne une bonne idée de l’extrême variété des éléments de la composition du nouvel art des jardins italiens.
Aussi maintenant que nous connaissons le contexte de sa création, il est temps d’étudier plus spécifiquement les éléments qui vont le caractériser…
Le jardin à la Renaissance : la naissance d’un nouveau monde
Le jardin à la Renaissance : la naissance d’un nouveau monde
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Le jardin à la Renaissance : la naissance d’un nouveau monde
Le jardin à la Renaissance : la naissance d’un nouveau monde

Le jardin romantique d’Azay-le-Rideau : la naissance d’un parc à l’anglaise

Publié par Diane sur 26 Mai 2013, 12:34pm
Catégories : #jardins
Dans notre précédent article sur les jardins d’Azay-le-Rideau, nous avions brosser le portrait d’un jardin renaissant ; composé de larges parterres géométriques séparés par des allées droites perpendiculaires, le jardin d’Azay-le-Rideau est alors un jardin clos qui répond à la typologie de son temps. Aujourd’hui, le visage de ce jardin a bien changé, entreprenons un petit retour en arrière afin de comprendre ce qui a conduit à la modification profonde de l’esthétique du jardin d’Azay…
Précédemment, l’étude de l’histoire du domaine d’Azay-le-Rideau, nous a permis de comprendre sa gestion par ses propriétaires successifs : ainsi nous avons pu voir qu’à la Renaissance le jardin n’avait connu ses heures de gloire que sous l’égide de Gilles Berthelot puis deux générations plus tard avec Antoinette Raffin. Par la suite, le jardin a pu connaître des remaniements avec la vogue du jardin à la française, mais aucun document ne semble le suggérer. C’est donc au XVIIIe siècle, sous l’égide de la famille Biencourt, que le jardin connaît une profonde transformation qui va définitivement changer la physionomie du château et de son nouveau parc.
De 1791 à 1899, quatre générations de marquis de Biencourt vont donner au château et au parc d’Azay-le-Rideau son nouveau visage. Afin de comprendre cette évolution, il faut se rappeler que le XVIIIe siècle est marqué par la vogue en matière d’art paysager du jardin à l’anglaise (je vous renvoie à mon article sur le sujet pour une meilleure définition).
C’est au premier marquis Charles de Biencourt que l’on doit semble-t-il la réalisation du parc d’Azay-le-Rideau. En effet, Charles de Biencourt se distingue pour sa passion pour tout ce qui a trait à l’agriculture et au paysage. Son fils, Armand qui gérera le domaine pendant la captivité de son père durant la Révolution (Charles de Biencourt ne sera libéré qu’après la chute de Robespierre), écrit d’ailleurs : « … il s’est occupé particulièrement […] d’essais d’agriculture, qui ont contribué, par de grands sacrifices, à introduire dans les environs la culture de la pomme de terre et des prairies artificielles, qui étaient alors à peine connues en Touraines ». Si Charles de Biencourt concourt largement à la remise en bonne marche de la gestion du domaine, il s’intéresse également à la mise en valeur de son propre château. A cette fin, il entreprend en 1810 de commencer des travaux de réaménagements qui visent à doter Azay-le-Rideau d’un grand parc à l’anglaise de 8 hectares. Des travaux de drainage sont entrepris afin de détourner le cours de l’Indre pour créer deux miroirs d’eau au nord et à l’ouest du château. Ces deux miroirs d’eau seront entourées de vastes prairies dans lesquelles on entreprend de tracer des allées sinueuses épousant les bras de la rivière d’Indre nouvellement détournée. Par ailleurs, deux itinéraires de promenades sont envisagés au moyen de deux systèmes d’allées concentriques ; l’un longeant la pièce d’eau afin d’admirer les façades à présent les pieds dans l’eau ; l’autre faisant la part belle aux promenades plus romantiques car elle s’enfonce d’avantage dans la verdure, les bosquets et les grands arbres nouvellement plantés.
En effet, à cette époque de nombreuses espèces d’arbre sont implantées dans le parc afin de lui redonner un visage plus sauvage et d’entretenir l’atmosphère romantique du lieu par un ombrage omniprésent qui conférera nostalgie et mystère au lieu. Ainsi, au cours de la promenade pourront nous observer un immense séquoia (toujours présent dans le parc), de nombreux marronniers, des érables, des platanes, des chênes, des hêtres, des charmes, des cyprès chauve au bord de l’eau dont les racines ressortent du sol et confère au paysage un caractère fantasmagorique. Des cèdres de l’Atlas, des gingko biloba d’Extrême-Orient se remarquent également par leur majesté, tandis que les buissons fleuris de troènes, noisetiers, lilas, sumac et rhododendrons se chargent de colorer l’ensemble de ce paysager bucolique.
La promenade était également faciliter par l’adjonction des fameux pont à la chinoise pour traverser les petits bras nouvellement aménagés de la rivière et qui traversait le jardin.
Par ailleurs, vers 1824, Charles de Biencourt fait également construire près des appartements sud en bordure de rivière un petit pavillon chinois aujourd’hui disparu.
A sa mort, le fils de Charles, Armand François Marie entreprend les derniers travaux d’aménagements du parc par l’adjonction d’un terre-plein dominant la rivière au sud (cour actuelle), créant ainsi une terrasse desservie depuis le nouveau salon qu’il a réaménager par un perron (aujourd’hui disparu). Il détruit également le dernier vestige médiéval du château en remplaçant la tour de l’ancienne forteresse par une tour plus dans le style renaissant (la tour actuelle). Enfin, son successeur, Armand Marie Antoine, troisième marquis de Biencourt, détruit le perron et fait construire à la place une tourelle d’angle semblable aux trois autres pour harmoniser l’ensemble… Le château tel que nous le connaissons est né.
Le jardin romantique d’Azay-le-Rideau : la naissance d’un parc à l’anglaise  Le jardin romantique d’Azay-le-Rideau : la naissance d’un parc à l’anglaise
Le jardin romantique d’Azay-le-Rideau : la naissance d’un parc à l’anglaise
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