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samedi 14 mars 2020

RENOIR 3

Auguste Renoir

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Patrick AULNAS

Portraits et autoportraits

Auguste Renoir. Autoportrait (1875)
Huile sur toile, 39 × 40 cm, Clark Art Institute, Williamstown, Massachusetts.

Auguste Renoir (v.1875)
Auguste Renoir (v.1875). Photographie, auteur inconnu

Auguste Renoir. Autoportrait (1910)
Huile sur toile, 33 × 42 cm, collection particulière.

Auguste Renoir âgé
Auguste Renoir âgé. Photographie, auteur inconnu

Biographie

1841-1919

La jeunesse et l’apprentissage

Pierre-Auguste Renoir (*) est né le 25 févier 1841 à Limoges dans une famille modeste. Son père est tailleur de pierre et sa mère couturière. La famille s’installe à Paris en 1844 pour améliorer sa situation. Doué pour le dessin, le jeune Pierre-Auguste devient apprenti pour la décoration de pièces en porcelaine chez Lévy Frères. Il a alors treize ans. Il suit parallèlement des cours de dessin.
En 1862, il réussit le concours d’entrée à l’École des Beaux-arts de Paris. Il y suit les leçons de Charles Gleyre (1806-1874), peintre du courant académique et professeur réputé. Dans l’atelier de Gleyre, il a pour condisciples Claude MonetAlfred Sisley et Frédéric Bazille qui deviendront des amis et des figures importantes du courant impressionniste.
Le premier tableau de Renoir accepté au Salon de l’Académie des Beaux-arts est précisément un portrait du père d’Alfred Sisley, William. L’art du portrait permettra au peintre, tout au long de sa carrière, d’assurer des rentrées financières, alors que les thèmes favoris des impressionnistes (scènes de genre, paysages) ne trouveront pas preneur. En 1868, toujours au Salon, Lise à L’ombrelle obtient des appréciations positives. Il s’agit d’un portrait en pied de sa maîtresse, Lise Tréhot, avec laquelle Renoir aura deux enfants, Pierre Tréhot (1868-1930) et Jeanne Tréhot (1870-1934). Il ne reconnaîtra jamais ces enfants, mais aidera toujours financièrement Jeanne, dans le plus grand secret. La relation avec Lise s’achève en 1872.

Auguste Renoir. Lise à l’ombrelle (1868)
Huile sur toile, 184 × 115 cm, Museum Folkwang, Essen.

La période impressionniste

En 1869, Renoir séjourne avec Claude Monet à la Grenouillère, restaurant implanté sur une île de la Seine et louant des canots. Il évolue alors nettement vers l’impressionnisme en étudiant les reflets du soleil sur la surface de l’eau (La Grenouillère, 1869). Comme Monet, il éclaircit sa palette et ne lisse plus les touches, mais les juxtapose ou les superpose pour produire, à distance, un effet visuel. La délimitation nette des formes est abandonnée au profit du rendu d’une impression d’ensemble. Une poésie du réel, liée à la perception particulière du peintre, se substitue à la représentation rigoureuse.
Ces tableaux novateurs étant refusés au Salon, Monet, Renoir, Pissarro, Degas et Berthe Morisot fondent la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs qui a pour objectif de permettre aux impressionnistes d'exposer librement sans passer par le salon officiel. Huit expositions impressionnistes vont se succéder de 1874 à 1886. Renoir participe à celles de 1874, 1876, 1877 et 1882. Tout le génie du peintre va alors se déployer dans des réalisations parfois très ambitieuses et mal perçues du public, mais qui marquent définitivement l’histoire de l’art. Ainsi, le Bal du Moulin de la Galette (1876), composition de 1,75 mètre de large, place la scène de genre au niveau le plus haut. Elle peut désormais concurrencer les intemporelles scènes mythologiques.

Auguste Renoir. Le déjeuner des canotiers (1881)
Huile sur toile, 130 × 173 cm, Phillips Collection, Washington.

En 1881, Renoir persiste dans le genre, avec Le déjeuner des canotiers, où figure (au premier plan à gauche) celle qu’il épousera en 1890, Aline Charigot (1859-1915).
Comme Pierre-Auguste, Aline vient d’un milieu modeste. Son père est boulanger et sa mère couturière à Essoyes (Aube). Son enfance fut difficile car son père quitta le domicile conjugal en 1860. Aline est élevée par sa tante et son oncle, qui viennent en aide à sa mère. En 1872, cette dernière s’installe à Paris et Aline apprend le métier de couturière. Ayant rencontré Auguste Renoir, elle pose pour lui à partir de 1879. Leur premier enfant, Pierre Renoir (1885-1952), deviendra comédien, ami et collaborateur de Louis Jouvet. Pierre-Auguste reconnaît son fils à la mairie du 18e arrondissement de Paris et épouse Aline en 1890. Jean Renoir, leur second fils (1894-1979), est considéré comme l’un des plus grands cinéastes français de 20e siècle. Enfin Claude Renoir (1901-1969), leur troisième fils, sera initié par son père à l’art de la céramique et deviendra un céramiste réputé, mais aussi un producteur de cinéma et un grand expert de la peinture de son père.

La période ingresque ou aigre

Dans la décennie 1880-1890, Renoir voyage dans le sud de la France, en Italie et en Algérie. La découverte des chambres de Raphaël (stanze di Raffaelo), fresques peintes dans quatre salles du Vatican, le conduit à remettre en cause son style impressionniste. Il doute de ses capacités en dessin et veut revenir vers plus de rigueur formelle et une certaine intemporalité. Ingres et Raphaël deviennent désormais ses modèles et l’on qualifiera ce nouveau style de période ingresqueaigre ou sèche. Ses tableaux impressionnistes ne se vendant pas, il avait d’ailleurs dû, dès les années 1870, revenir à des compositions plus académiques pour être admis au Salon officiel. Les commandes de portraits lui permettent ainsi de vivre de son art. Ce sont parfois des œuvres imposantes comme Madame Charpentier et ses enfants (1878), d’une largeur de deux mètres.
L’aboutissement de la période ingresque se situe en 1887 lorsqu’il présente Les Grandes Baigneuses à l’exposition internationale, dans la galerie du grand marchand d’art Georges Petit (1856-1920). Le milieu artistique admira le tableau mais la critique fut plutôt défavorable dans l’ensemble.

Auguste Renoir. Les Grandes Baigneuses (1884-87)
Huile sur toile, 118 × 171 cm, Philadelphia Museum of Art.

Renoir se réorienta alors vers un style composite, synthèse de son vaste savoir-faire.

La période nacrée

Les premiers symptômes de la polyarthrite rhumatoïde, qui rendra sa vieillesse extrêmement douloureuse, se faisant sentir à la fin de la décennie 1880, Renoir est confronté à une phase de découragement qui le conduira à faire évoluer à nouveau son style. On qualifie de période nacrée ce nouveau style empruntant à la fois à l’impressionnisme et à l’académisme, où dominent les couleurs en demi-teinte, en particulier les roses, les ocres et les blancs. Son tableau, Les jeunes filles au piano (1892), l’une des premières œuvres de cette période, est acheté par l’État français et exposé au musée du Luxembourg. Cette reconnaissance officielle constitue un encouragement important pour l’artiste, désormais consacré. Les commandes affluent et la production est considérable : nus (beaucoup de baigneuses), portraits de jeunes filles et de femmes, natures mortes et même scènes mythologiques. Les marchands d’art Paul Durand-Ruel et Ambroise Vollard se chargent de la commercialisation des œuvres.

Auguste Renoir. Grand nu (1907)
Huile sur toile, 70 × 155 cm, musée d’Orsay, Paris.

En 1896, Renoir achète une maison à Essoyes, localité d’où son épouse est originaire. Tous les étés, la famille Renoir se retrouve désormais dans cette maison. Mais sa maladie s’aggrave à la fin de la décennie 1890. Peu à peu ses mains se déforment et doivent être bandées. Il continuera toujours à peindre, sauf au cours des crises les plus douloureuses.
En 1903, Renoir acquiert le domaine des Collettes, à Cagnes-sur-Mer, au bord de la Méditerranée, le climat sec étant plus favorable aux rhumatisants. A partir de 1910, le peintre ne peut plus se déplacer. Dans la dernière partie de sa vie, à partir de 1913, Renoir réalise des sculptures (Eau, grande laveuse accroupie, 1917) avec l’aide de deux sculpteurs : Richard Guino (1890-1973) d’abord, Louis Morel (1887-1975) ensuite.
Aline, sa femme, meurt en 1915. Au cours de la Première Guerre mondiale (1914-1918) ses deux fils, Pierre et Jean, sont grièvement blessés. Le peintre décède le 3 décembre 1919 à la suite d’une congestion pulmonaire. Pierre-Auguste Renoir fut d’abord inhumé auprès de son épouse dans le vieux cimetière du château de Nice. Mais conformément à la volonté des deux époux, leurs corps furent transférés à Essoyes en 1922.

Œuvre

Renoir devint l’un des plus grands impressionnistes d’abord et avant tout parce qu’il voulait saisir la vie dans ses instants de bonheur et de sérénité. Jamais il n’a dévié de cette ambition, même si son style a fortement évolué au cours d’une carrière d’un demi-siècle. Le négativisme pictural, la peinture de la laideur du monde et de ses vices, si développée au 20e siècle, n’intéresse pas Renoir. La joie d’exister, l’inexprimable sensation que laisse un magnifique paysage, la sensualité des corps féminin, les familles heureuses dans un cadre de vie confortable et parfois même l’intemporalité des scènes mythologiques, voilà ce qui l’attire. Le bonheur de peindre s’ajoutant au bonheur d’exister, l’œuvre est quantitativement colossale : plus de 4 000 peintures, mais aussi des dessins et des sculptures.
Il admire les italiens Raphaël, TitienVéronèse, mais aussi le flamand Rubens et les français FragonardBoucherCorot et Courbet. Comme tous les peintres de sa génération, il commence par rompre avec les prescriptions académiques pour réaliser des scènes contemporaines dans un style qui se rattache au courant réaliste du 19e siècle : Les fiancés ou le ménage Sisley, 1868. L’influence de Courbet est alors importante.

Auguste Renoir. Les Fiancés ou Le ménage Sisley (v. 1868)
Huile sur toile, 105 × 75 cm, Wallraf-Richartz Museum, Cologne.

Le glissement vers l’impressionnisme apparaît nettement lorsqu’il travaille avec Monet au restaurant La Grenouillère, le long de la Seine : La Grenouillère, 1869. Il s’agit désormais de restituer une ambiance, une perception artistique, en accentuant certains effets comme le miroitement de la lumière sur la surface du fleuve. Les touches sont visibles, les formes se dissolvent. La toile est le support d’une impression artistique que ne rendrait pas la photographie du lieu. La période impressionniste dure jusqu’à 1880 environ et comporte des chefs-d’œuvre majeurs de l’histoire de l’art :

Auguste Renoir. Bal du Moulin de la Galette (1876)
Huile sur toile, 131 × 175 cm, musée d'Orsay, Paris.

Après un voyage en Italie où il admire les fresques vaticanes de Raphaël, un voyage en Algérie où il prétend découvrir le blanc, puis la mort de Manet en 1883, Renoir sent que l’impressionnisme ne lui suffit plus. « J’étais allé jusqu’au bout de l’impressionnisme et j’arrivais à cette constatation que je ne savais ni peindre ni dessiner. En un mot, j’étais dans une impasse. » Le grand artiste va alors se remettre au dessin au crayon ou à la plume, comme les maîtres du passé. Il doit égaler leur savoir-faire technique, du moins s’impose-t-il cette contrainte. Chaque tableau est dessiné, les contours réapparaissent nettement. La pureté formelle classique, l’atmosphère limpide se retrouvent alors chez Renoir, auquel on reprochera cependant la froideur de ses compositions. Les figures se détachant nettement de leur environnement par l’importance accordée au dessin, ces œuvres n’auraient plus la cohérence instinctive de la période impressionniste. Mais il s’agit là d’une question d’appréciation, de ressenti. La période dite ingresque ou aigre étant une recherche de pureté formelle, elle ne peut retrouver la spontanéité impressionniste.

Huile sur toile, 127 × 173 cm, Alte Nationalgalerie, Berlin.

A partir de la décennie 1890, Renoir évolue vers une synthèse artistique que l’on qualifiera de période nacrée. Il souhaite donner sa place au dessin en ne dissolvant pas les formes dans un nuage de couleurs, mais intégrer malgré tout les figures dans une composition formant un ensemble cohérent. « Je me bats avec mes figures jusqu’à ce qu’elles ne fassent plus qu’un avec le paysage qui leur sert de fond, et je veux qu’on sente qu’elles ne sont pas plates, ni mes arbres non plus. »
Le peintre utilise alors de petites touches longues et de légères superpositions de couches pour concilier dessin et couleur. L’ensemble de la composition prend un aspect lissé, aux reflets irisés comme de la nacre. Les baigneuses (1918-19), l’un des derniers tableaux de Renoir, représente l’aboutissement de cette recherche, à laquelle se mêlent des préoccupations d’intemporalité éloignant le peintre des scènes quotidiennes du courant impressionniste et le rapprochant des grands maîtres italiens et flamands, en particulier Titien et Rubens.

Auguste Renoir. Les Baigneuses (1918-19)
Huile sur toile, 110 × 160 cm, musée d'Orsay, Paris.


Auguste Renoir. William Sisley (1864)
Auguste Renoir. William Sisley (1864). Huile sur toile, 81 × 65 cm, musée d’Orsay, Paris. Ce portrait du père du peintre Alfred Sisley fut accepté au Salon officiel de 1865. Renoir est influencé à cette époque par Delacroix, Ingres, Courbet, dont il a découvert les œuvres au cours de son cursus à l’École des Beaux-Arts de Paris.

Auguste Renoir. Lise à l’ombrelle (1868)
Auguste Renoir. Lise à l’ombrelle (1868). Huile sur toile, 184 × 115 cm, Museum Folkwang, Essen. Ce portrait en pied, réalisé dans une clairière de la forêt de Fontainebleau, représente Lise Tréhot (1848-1922) modèle et maîtresse de Renoir. Le tableau conserve les caractéristiques de la peinture réaliste de l’époque par la délimitation rigoureuse des formes, mais l’importance accordée à l’étude de la lumière, en privilégiant les tons blancs, se rattache aux préoccupations des impressionnistes. L’œuvre sera acceptée au Salon de 1868.

Pierre-Auguste Renoir. Alfred Sisley (1868)
Auguste Renoir. Alfred Sisley (1868). Huile sur toile, 81 × 65 cm, Sammlung E. G. Bührle, Zurich. Renoir représente son ami, le peintre Alfred Sisley en gentleman anglais. Le visage est mis en évidence par le fond uniforme.

Auguste Renoir. Les Fiancés ou Le ménage Sisley (v. 1868)
Auguste Renoir. Les Fiancés ou Le Ménage Sisley (v. 1868). Huile sur toile, 105 × 75 cm, Wallraf-Richartz Museum, Cologne. Le peintre Sisley est reconnaissable, mais la jeune femme à son bras n’est sans doute pas Marie-Eugénie Lescouezec, l’épouse de Sisley, mais le modèle préféré de Renoir à cette époque, Lise Tréhot. Le couple est placé dans un jardin, suggéré d'une manière assez vague.

Renoir. La Grenouillère (1869)
Auguste Renoir. La Grenouillère (1869). Huile sur toile, 66,5 × 81 cm, Nationalmuseum, Stockholm. En 1869, Monet et Renoir peignent le même sujet : la Seine à proximité du restaurant La Grenouillère. Les deux artistes cherchent à capter le miroitement de la lumière sur le fleuve en juxtaposant des touches contrastées et apparentes. Ils abandonnent ainsi tous les critères de la peinture académique, encore dominante : touche lissée, transition par des dégradés de couleurs.

Auguste Renoir. Claude Monet, le liseur (1872)
Auguste Renoir. Claude Monet, le liseur (1872). Huile sur toile, 65 × 50 cm, National Gallery of Art, Washington. Probablement peint dans la maison de Claude Monet à Argenteuil, ce portrait de Monet à 32 ans restitue l’image d’un lecteur absorbé et serein. Renoir met en évidence le visage en choisissant un arrière-plan uniforme et sombre et un vêtement noir.

Auguste Renoir. Claude Monet (1875)
Auguste Renoir. Claude Monet (1875). Huile sur toile, 85 × 60 cm, musée d’Orsay, Paris. Portrait réaliste de Monet, l’ami, en tenue de travail. Renoir joue sur le contraste entre les vêtements noirs et le visage blanc qui capte toute la lumière. L’humour n’est peut-être pas absent. Le feuillage au-dessus de la tête du peintre est assimilable à une couronne lauriers et le chapeau rond à la traditionnelle auréole encadrant la tête des figures saintes de la peinture occidentale.

Auguste Renoir. La Seine à Champrosay (1876)
Auguste Renoir. La Seine à Champrosay (1876). Huile sur toile, 55 × 66 cm, musée d’Orsay, Paris. Champrosay est un hameau de la commune de Draveil (Essonne) à proximité de Paris. Le hameau devint un lieu de villégiature apprécié des artistes à partir du 19e siècle. Renoir s’essaie au paysage pur, sans aucune présence humaine, et accentue le style impressionniste. La composition s’articule autour de la diagonale formée par la végétation, en bas, à droite, répondant au fleuve et au ciel. Renoir superpose les touches pour aboutir à un puissant chromatisme soulignant le caractère sauvage du lieu.

Auguste Renoir. Bal du Moulin de la Galette (1876)
Auguste Renoir. Bal du Moulin de la Galette (1876). Huile sur toile, 131 × 175 cm, musée d'Orsay, Paris. « Cette œuvre est sans doute la plus importante de Renoir au milieu des années 1870 et fut exposée à l'exposition du groupe impressionniste de 1877. Si le peintre choisit de représenter quelques-uns de ses amis, il s'attache avant tout à rendre l'atmosphère véhémente et joyeuse de cet établissement populaire de la Butte Montmartre. L'étude de la foule en mouvement dans une lumière à la fois naturelle et artificielle est traitée par des touches vibrantes et colorées. Le sentiment d'une certaine dissolution des formes fut l'une des causes des réactions négatives des critiques de l'époque.
Ce tableau, par son sujet ancré dans la vie parisienne contemporaine, son style novateur mais aussi son format imposant, signe de l'ambition de la démarche de Renoir, est un des chefs-d’œuvre des débuts de l'impressionnisme. » (Commentaire musée d’Orsay)

Pierre-Auguste Renoir. La balançoire (1876)
Auguste Renoir. La balançoire (1876). Huile sur toile, 92 × 73 cm, musée d’Orsay, Paris. « Renoir a surtout cherché à traduire les effets de soleil qui éclairent la scène, filtrés par les feuillages. Les vibrations lumineuses sont rendues par des taches de couleurs claires, en particulier sur les vêtements et le sol. Voilà qui déplut particulièrement aux critiques lorsque le tableau fut montré à l'exposition impressionniste de 1877. La balançoire a néanmoins trouvé un acquéreur : il s'agit de Gustave Caillebotte, qui acheta également Bal du moulin de la galette. » (Commentaire Musée d’Orsay)

Pierre-Auguste Renoir. Torse, effet de soleil (1876-77)
Auguste Renoir. Torse, effet de soleil (1876-77). Huile sur toile, 81 × 65 cm, musée d’Orsay, Paris. Pour étudier sa perception de la lumière sur le corps d’une femme, Renoir transgresse toutes les règles académiques. Le corps n’est plus lisse et idéalisé mais parsemé de taches, le visage reste dans le flou et l’arrière-plan évoque le végétal avec des touches visibles.

Auguste Renoir. Madame Charpentier et ses enfants (1878)
Auguste Renoir. Madame Charpentier et ses enfants (1878). Huile sur toile, 154 × 190 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Madame Charpentier est la femme de Georges Charpentier, un éditeur important de l’époque. Elle pose aux côtés de son fils Paul (trois ans), assis à côté d’elle, et de sa fille Georgette. Les deux enfants ont été habillés de façon identique, en fille, comme il était habituel à l’époque pour les très jeunes garçons de la bourgeoisie. Renoir a tiré parti de la mode du décor japonais pour illuminer sa composition. Le noir de la robe et du chien donne un relief tout particulier à l’ensemble. Le tableau fut présenté au salon de 1879 et connut un grand succès. Le peintre était alors proche de la misère et l’approbation de l’intelligentsia parisienne le réconforta.

Auguste Renoir. Le déjeuner des canotiers (1881)
Auguste Renoir. Le déjeuner des canotiers (1881). Huile sur toile, 130 × 173 cm, Phillips Collection, Washington. Le tableau a été peint sur la terrasse de la Maison Fournaise, restaurant situé à Chatou, sur une île de la Seine, dite aujourd’hui Île des impressionnistes. L’établissement pratiquait aussi la location de bateaux, d’où le titre. Les personnages, des amis de Renoir, ont été identifiés. Par exemple, l’homme assis au premier plan, à l’envers sur sa chaise, est Gustave Caillebotte, peintre et mécène des impressionnistes. La femme lui faisant face et jouant avec son chien est Aline Charigot, future épouse de Renoir. Ce chef-d’œuvre de vastes dimensions conjugue hardiment dans une même composition le paysage d’arrière-plan, les nombreuses figures formant un portrait de groupe, la scène de genre du repas au restaurant et la nature morte représentée par la table garnie. Une place essentielle est accordée aux jeux d’ombre et de lumière. La nappe blanche du premier plan met en valeur les couleurs assez vives utilisées pour les figures.

Auguste Renoir. Danse à la ville (1883)
Auguste Renoir. Danse à la ville (1883). Huile sur toile, 180 × 90 cm, musée d'Orsay, Paris.
Auguste Renoir. Danse à la campagne (1883)
Auguste Renoir. Danse à la campagne (1883). Huile sur toile, 180 × 90 cm, musée d'Orsay, Paris.
« Renoir affectionnait les scènes de danse. Ces deux tableaux ont été conçus comme des pendants : ils sont de même format et les personnages, pratiquement de grandeur naturelle, représentent deux aspects différents, sinon opposés de la danse. A l'élégante retenue des danseurs urbains, à la froideur du salon où ils évoluent, s'oppose la gaieté de la danse campagnarde en plein air […]
Exposés chez Durand-Ruel, à qui ils appartiendront longtemps, ces deux tableaux marquent l'évolution du peintre au début des années 1880. Le dessin se fait plus précis et la simplification de la palette tranche avec les touches vibrantes des toiles antérieures. Renoir avouait lui-même que cette attention accrue pour le dessin correspondait à un besoin de renouvellement après qu'il ait pu admirer les œuvres de Raphaël en Italie. » (Commentaire Musée d’Orsay)

Auguste Renoir. L’après-midi des enfants à Wargemont (1884)
Auguste Renoir. L’après-midi des enfants à Wargemont (1884). Huile sur toile, 127 × 173 cm, Alte Nationalgalerie, Berlin. Au cours de l’été 1884, Renoir séjourne à Wargemont, près de Dieppe, dans la maison de campagne de Paul Bérard, diplomate et financier, qui lui a commandé un grand portrait de famille. La scène représente les trois enfants Bérard. A droite, Marthe, quatorze ans, fait de la couture. A côté d’elle se trouve Lucie, quatre ans, avec sa poupée. A gauche, Marguerite, dix ans, lit un livre. Ce portrait de famille rappelle par le thème et la taille celui de la famille Charpentier de 1878 (ci-dessus). Mais, période ingresque oblige, Renoir s’attache à délimiter parfaitement les formes et à lisser les touches. L’art du coloriste se manifeste par le contraste saisissant entre les couleurs froides du mur et du canapé et les couleurs chaudes du sol, des rideaux et de la nappe.

Auguste Renoir. Les Grandes Baigneuses (1884-87)
Auguste Renoir. Les Grandes Baigneuses (1884-87). Huile sur toile, 118 × 171 cm, Philadelphia Museum of Art. Le tournant stylistique de Renoir atteint ici son point culminant. La touche lissée et la parfaite délimitation des formes renvoient au grand maître du néoclassicisme et de l’académisme, Ingres. Renoir montre l’étendue de son registre en s’inspirant, pour le thème, d’une sculpture en plomb de François Girardon (le bain des nymphes, 1672) réalisée pour une fontaine du parc de Versailles. L’artiste recherche la pureté et l’intemporalité des fresques vaticanes de Raphaël (Raphaël, L’incendie du bourg, détail, 1514). Les deux modèles principaux sont la brune Suzanne Valadon (1865-1938), également peintre, au premier plan, et la blonde Aline Charigot, au second plan, que Renoir épousera en 1890.

Auguste Renoir. Jeunes filles au piano (1892)
Auguste Renoir. Jeunes filles au piano (1892). Huile sur toile, 116 × 90 cm, musée d'Orsay, Paris. Avec l’appui de Stéphane Mallarmé, le tableau fut acquis par l’État et placé au musée du Luxembourg. « Se souvenant d'un thème classique particulièrement apprécié de la peinture française du XVIIIe siècle, notamment Fragonard, Renoir cherche à peindre un monde idéal, peuplé de jeunes filles gracieuses. Mais méprisant le simple pastiche, il veut être aussi le peintre de son temps et nous offre l'évocation d'un intérieur bourgeois élégant et feutré. » (Commentaire musée d’Orsay)

Auguste Renoir. Versailles (1900-05)
Auguste Renoir. Versailles (1900-05). Huile sur toile, 52 × 63 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. « A la fin de sa carrière, renonçant à l’approche informelle des peintres impressionnistes, Renoir revient à des motifs d’inspiration plus traditionnelle. Ce paysage d'automne montre une vue de la cour nord du château de Versailles. Les châtaigniers bordant l’allée sont peints avec des touches légères aux couleurs vibrantes de la saison. La sculpture est mise en évidence dans cette peinture et, en effet, l’intérêt de Renoir pour la sculpture apparut tardivement. Dans ses dernières années, il sculpte plusieurs figures monumentales avec l'aide de Richard Guino, l'assistant du célèbre sculpteur français Aristide Maillol. La date de ce paysage est incertaine, mais il est probable que Renoir l’a peint entre 1900 et 1905, lorsqu’il a loué une maison dans les environs de Saint-Cloud pour un été. » (Commentaire MET)

Auguste Renoir. Grand nu (1907)
Auguste Renoir. Grand nu (1907). Huile sur toile, 70 × 155 cm, musée d’Orsay, Paris. « Le nu féminin, motif de prédilection de Renoir tout au long de sa carrière, est plus souvent représenté par l'artiste dans la lumière du plein air que dans un intérieur.
Durant les années 1890, ses modèles évoquent, selon Gustave Geffroy, de "petits êtres instinctifs, à la fois enfants et femmes". Plus tard, son œuvre gagne en plénitude, s'inscrivant ainsi dans la lignée de Rubens et de Titien.
Pour ce nu presque plantureux, renonçant à l'emploi de touches aux couleurs vives, le peintre restreint sa palette à une gamme harmonieuse de tons plus subtils. Le corps baigne dans une lumière douce et chaleureuse, reposant sur des coussins moelleux, comme dans un écrin. La figure, allongée dans une attitude souple et élégante, se rapproche davantage des odalisques d'Ingres que de l'Olympia de Manet. » (Commentaire musée d’Orsay)

Auguste Renoir. Danseuse avec castagnettes (1909)
Auguste Renoir. Danseuse avec castagnettes (1909). Huile sur toile, 155 × 65 cm, National Gallery, Londres. « Ce tableau et son pendant, Danseuse avec tambourin, fut peint pour décorer la salle à manger de Maurice Gangnat au 24 avenue de Friedland à Paris. Il était prévu que les deux tableaux prennent place de chaque côté d’un miroir et, à l’origine, les personnages devaient porter des corbeilles de fruits. Le modèle, pour les deux femmes, est Georgette Pigeot, mais la tête du personnage sur cette peinture est inspirée de la femme de chambre de Renoir, Gabrielle Renard. Selon Renoir, ces deux tableaux figuraient parmi les plus importants de ses œuvres tardives. » (Commentaire National Gallery)

Auguste Renoir. Madame Josse Bernheim-Jeune et son fils Henry (1910)
Auguste Renoir. Madame Josse Bernheim-Jeune et son fils Henry (1910). Huile sur toile, 92,5 × 73,3 cm, musée d’Orsay. Les Bernheim-Jeune sont des marchands de tableaux importants. Josse Bernheim-Jeune épouse en 1901 Mathilde Adler (1882-1963), figurant sur ce tableau avec son fils Henry. « L'espace est comprimé, tapissé comme un écrin, parti éminemment flatteur pour les modèles. Renoir se complaît visiblement à accentuer le luxe des étoffes, et cela avec une palette aux tons peu nombreux mais très vifs. Cette matière somptueuse se réfère à l'histoire du portrait, de Rubens au XVIIIe siècle français, renvoi au classicisme qui, joint au talent de portraitiste de Renoir, ne peut qu'attirer une large clientèle. Bien que très sollicité, l'artiste ne cède, surtout à la fin de sa carrière, qu'aux instances de ses amateurs les plus proches ou de ses marchands comme Durand-Ruel ou Vollard. » (Commentaire musée d’Orsay)

Auguste Renoir. Tilla Durieux (1914)
Auguste Renoir. Tilla Durieux (1914). Huile sur toile, 92 × 74 cm, Metropolitan Museum of Art, New York. Tilla Durieux, née Ottilie Godeffroy (1880-1971), est une actrice autrichienne.  « En juillet 1914, juste avant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, la célèbre actrice allemande Tilla Durieux voyage à Paris avec son mari, le marchand d'art Paul Cassirer, et pose pour Renoir. Le format pyramidal, classicisant, de cette composition donne un aspect imposant au modèle, vêtu du costume que le couturier Poiret avait conçu pour son rôle d’Eliza Doolittle dans le Pygmalion de George Bernard Shaw, en 1913. Lorsque Renoir a peint cet ambitieux portrait, il était si diminué par l’arthrite qu'il devait s’asseoir dans un fauteuil roulant avec son pinceau attaché à la main. »

Auguste Renoir et Richard Guino. Eau. Grande laveuse accroupie (1917)
Auguste Renoir et Richard Guino. Eau. Grande laveuse accroupie (1917). Statue en bronze, L × H × P =123 × 69 × 135 cm, musée d’Orsay, Paris. Fondeurs : Alexis et Eugène Rudier. Renoir était incapable physiquement de réaliser des sculptures à cette époque. L’assistant de Maillol, Richard Guino, accepte de collaborer avec le peintre. La communion d’esprit entre les deux hommes conduira à plusieurs années de travail en commun (1913-1918) et à la production de pièces marquantes de la sculpture moderne, comme cette Grande laveuse accroupie. Les sculptures seront vendues par le marchand d’art Ambroise Vollard sous le seul nom de Renoir. Guino ne revendiquera jamais officiellement son apport essentiel. Mais son fils, Michel Guino, introduisit une action en justice en 1965 et obtint gain de cause, après plusieurs années de procédure, en 1973. Richard Guino est désormais coauteur des sculptures. Il était assez évident que Renoir ne pouvait pas, vu son état de santé, réaliser seul une telle œuvre alors qu’il n’avait pas d’expérience préalable de la sculpture. Mais la justice exige des preuves.

Auguste Renoir. Les Baigneuses (1918-19)
Auguste Renoir. Les Baigneuses (1918-19). Huile sur toile, 110 × 160 cm, musée d'Orsay, Paris. « Ce tableau est emblématique des recherches menées par Renoir à la fin de sa vie. A partir de 1910, l'artiste revient à l'un de ses sujets de prédilection : des nus en plein air auxquels il consacre de grands tableaux. Renoir y célèbre une nature atemporelle, de laquelle toute référence au monde contemporain est bannie […] Le paysage méditerranéen renvoie à la tradition classique de l'Italie et de la Grèce, lorsque "la terre était le paradis des dieux". "Voilà ce que je veux peindre", ajoutait Renoir. Cette vision idyllique est marquée par la sensualité des modèles, la richesse des coloris et la plénitude des formes. Les baigneuses doivent beaucoup aux nus de Titien et de Rubens, tant admirés par Renoir. Elles traduisent un plaisir de peindre que n'ont pas vaincu la maladie et les souffrances endurées par le peintre à la fin de sa vie. » (Commentaire musée d’Orsay
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