L’AnnonciationRogier Van der Weyden (vers 1400-1464)
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L’Annonciation
La Vierge
La Vierge
auteur(s) : Rogier Van der Weyden (vers 1400-1464)
dimension : H. 86 cm ; L. 93 cm
matériaux : huile sur bois
technique : peinture
datation : vers 1440
lieu de conservation : Paris, musée du Louvre
L’ANNONCE FAITE À MARIE PAR L’ANGE GABRIEL
Rapportée par l’évangéliste Luc dans le Nouveau Testament (I, 26-38), l’Annonciation est le moment où l’ange Gabriel, envoyé de Dieu, annonce à Marie qu’elle a été choisie par le Seigneur pour porter son Fils et où s’opère la conception miraculeuse. Le panneau peint par le Flamand Rogier Van der Weyden présente l’arrivée de l’ange qui se pose devant elle en la saluant [ image principale ] : « À ces paroles, elle fut toute troublée : elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. » Alors que Gabriel s’adresse à elle, Marie interrompt sa lecture pieuse et se tourne vers lui [ détail g ].
UNE COMMANDE PRIVÉE POUR UN MARCHAND PIÉMONTAIS
Cette peinture, réalisée à l’huile sur des panneaux de chêne, constituait la partie centrale d’un triptyque exécuté par le peintre vers 1440. Malgré l’absence de preuve, il a été rattaché à deux panneaux latéraux de mêmes dimensions présentant, à gauche, un ecclésiastique en prière non identifié et, à droite, la scène de la Visitation.
Peintre officiel de la ville de Bruxelles, où il s’est installé au début des années 1430 et où il jouissait d’une grande réputation, Van der Weyden recevait de nombreuses commandes de particuliers. Ainsi ce retable fut-il réalisé pour un marchand italien, nommé Villa, originaire de Chieri, près de Turin. Son portrait et ses armes figuraient sur le volet gauche avant d’être recouverts par la représentation de l’ecclésiastique. Les deux panneaux se trouvaient d’ailleurs dans un hôpital de Chieri au XVIIe siècle, peut-être donnés par l’ecclésiastique figuré. Les marchands italiens étaient nombreux dans les villes flamandes à l’activité commerciale florissante, et constituaient une part importante de la clientèle. Les retables de dimensions réduites étaient destinés à la dévotion privée, et pouvaient prendre place dans des oratoires ou à l’intérieur des maisons.
LE SUCCÈS DU THÈME DE L’ANNONCIATION
Le nombre grandissant d’œuvres consacrées à Marie, en particulier à l’Annonciation, reflète la dévotion dont elle était l’objet à la fin du Moyen Âge. Les théologiens insistaient alors sur son caractère immaculé, Marie étant restée miraculeusement vierge au moment de la conception de Jésus mais également, par la suite, au sein de son mariage. Beaucoup de représentations de l’Annonciation montrent à la fois la salutation angélique et le miracle de la conception par le souffle divin, matérialisé par une colombe et un faisceau lumineux.
LA CHAMBRE DE MARIE
En l’absence de toute précision de lieu dans la Bible, les peintres flamands ont situé leurs représentations de l’Annonciation dans une église ou sur son parvis, ou encore dans un intérieur privé ; Van der Weyden, comme son maître tournaisien Robert Campin avant lui, représente les personnages dans une maison cossue. Il semble néanmoins qu’il fût le premier à choisir la chambre de Marie. La dévotion du XVe siècle incitait les chrétiens à vivre dans leur quotidien l’humanité du Christ. Ainsi la présence de personnages sacrés immergés dans un cadre familier renforçait-elle leur proximité, également appuyée par l’absence de tout élément surnaturel (nuage, mandorle, auréole).
Loin d’être seulement la description minutieuse d’un intérieur, la chambre apparaît comme un réseau de symboles religieux, inspirés de L’Annonciation de Robert Campin mais aussi des Époux Arnolfini de Jan Van Eyck. Le lit nuptial fait allusion à l’union mystique entre le Christ et l’Église, incarnée par sa mère ; l’aiguière [ détail b ] posée sur le dressoir symbolise la purification par l’eau ; la clôture de la cheminée insiste sur la virginité de Marie ; l’orange fait allusion au fruit défendu et la fiole traversée de lumière reflète la conception miraculeuse [ détail c ] ; le lustre à l’unique bougie éteinte signifie l’attente de la lumière qui sera apportée par Jésus [ détail d ] ; quant au lis, il évoque la pureté de Marie par sa blancheur, avant, pendant et après l’Annonciation car il présente trois brins [ détail e ]. Le caractère symbolique de la chambre, considérée comme un sanctuaire, explique que l’ange soit davantage représenté comme un officiant que comme un envoyé de Dieu, vêtu du costume ecclésiastique, l’aube et la chape [ détail f ].
QUI A RÉELLEMENT PEINT CETTE ANNONCIATION ?
Longtemps considéré comme un original peint par Van der Weyden, ce panneau central a ensuite suscité des hésitations chez les auteurs, certains voyant dans la figure de l’ange et les panneaux latéraux l’intervention d’un assistant. On peut néanmoins se demander si la richissime famille Chieri, qui commanda par la suite un second retable à Van der Weyden, se serait contentée d’une œuvre d’atelier.
Stéphanie Elhouti-Cabanne
Permalien : https://www.panoramadelart.com/van-der-weyden-l-annonciation
Publié le 19/03/2015
RESSOURCES INTERNET
- Biographie de Rogier Van der Weyden
http://www.aparences.net/ecoles/les-primitifs-flamands/rogier-van-der-weyden/ - Voir aussi le site Histoiredesarts.culture.fr
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GLOSSAIRE
- Ancien et Nouveau Testament :
- Pour les chrétiens, les deux recueils constituant la Bible. Le Nouveau Testament, qui comporte notamment les quatre Évangiles, rapporte la vie et l’enseignement du Christ et de ses disciples.
- Dressoir :
- Meuble servant à présenter de la vaisselle.
- Retable :
- Œuvre peinte ou sculptée, placée sur l’autel d’une église.
- Triptyque :
- Œuvre constituée de trois volets reliés par une charnière. Par extension, le terme s’applique à trois œuvres formant un ensemble.
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