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jeudi 5 mars 2020

1.BOTTICELLI / UFIZZI


BOTTICELLI, UNE FIGURE DU STYLE.

Par Vincent Noce— 6 janvier 2004 à 21:42
L'exposition du musée du Luxembourg consacrée à Sandro Botticelli, qui s'est ouverte le 1er octobre, contraste par sa modestie avec le battage médiatique qui a accompagné son ouverture (Libération du 3-4 janvier). En réalité, elle ne compte que 21 peintures et quatre dessins attribués à l'artiste, né en 1445 et mort en 1510, pratiquement sans avoir quitté Florence. Naturellement, les tableaux qui font sa célébrité, qui ne peuvent quitter la cité italienne, comme la Naissance de Vénus ou le Printemps, sont absents des cimaises, ce qui suscite parfois la déception de visiteurs qui ont dû patienter une ou deux heures dans le froid. Et qui ont prêté foi à une campagne de promotion agressive, soutenue notamment par des numéros spéciaux de magazines grand public, dans lesquels il est impossible de savoir quelles oeuvres l'exposition présente véritablement. Cela dit, pour qui est monté à l'assaut des cohortes des Offices à Florence, les conditions de visite seraient plutôt meilleures, d'autant que les commissaires, le regretté Daniel Arasse, disparu le 14 décembre, et Pierluigi De Vecchi, ont su mettre la scénographie en sourdine.
Rêverie mélancolique. L'exposition n'en compte pas moins des oeuvres importantes, dont Pallas et le Centaure, tableau mythologique montrant une jouvencelle soumettant un centaure, la poitrine avantageuse sous un voile orné des symboles des Médicis : les trois anneaux et les diamants, symboles d'invincibilité. Le sens de cette scène reste un mystère. Le titre est venu plus tard et la jeune fille ne porte aucun des attributs de Pallas. Il pourrait s'agir d'une allégorie à la gloire de Laurent Médicis, dit le Magnifique. Ou encore, d'une fable morale sous l'influence des théories alors à la mode à Florence, qui prétendaient concilier les dogmes de l'Evangile avec l'Amour et la Raison platonicienne. Il est en tout cas acquis que cette peinture est de Botticelli, contrairement à d'autres, toujours discutées. La stylisation du corps allongé, l'apparentement des poses avec des pas de danse, la silhouette languissante, le regard perdu dans le vague et la gravité triste de la nymphe introduisent cette rêverie mélancolique si propre à l'artiste.
«A tempera». Les contradictions de Botticelli se lisent dans cette toile. Tôt, il devient un peintre «à l'ancienne». Résistant à la peinture à l'huile, il continue de travailler a tempera (liant les pigments au blanc d'oeuf), ce qui confère un charme particulier à ses tonalités, tout en aplatissant ses figures. Il inscrit ses corps dans le tracé vigoureux de la ligne, sans faire ressortir les modelés par le clair-obscur. Tout à ses ondulations, l'artiste en néglige les proportions de l'anatomie. Ni le paysage, ni les lignes de fuite de la perspective ne le passionnent. A l'inverse d'un Léonard de Vinci, il laisse ainsi le style l'emporter sur l'observation. Et se perd dans la poésie idyllique d'une époque éphémère de la cité florentine.
Souffle intérieur. L'oeuvre la plus vibrante de l'exposition est la Calomnie. Un homme, nu est traîné par des femmes voluptueuses qui ne sont autres que la Calomnie, la Perfidie et la Tromperie. L'Ignorance et la Suspicion chuchotent, entourant un juge aux oreilles d'âne. Le Remords scrute la Vérité, qui se tient en retrait. Organisée en mouvement latéral, la composition est un chef-d'oeuvre de virtuosité. Certains tableaux à épisodes, associés à cette ligne si caractéristique, pourraient ainsi faire penser au mode de construction de la bande dessinée. Dans le dernier texte qu'il a signé, Daniel Arasse souligne ainsi chez cet artiste l'usage de la surface, permettant de faire passer un merveilleux souffle intérieur.
Vincent Noce Botticelli, de Laurent le Magnifique à Savonarole. Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, Paris VIe. Jusqu'au 22 février. Catalogue (Skira) 39 euros Tél. : 01 42 34 25 95. www.expobotticelli.comhttps://next.liberation.fr/culture/2004/01/06/botticelli-une-figure-du-style_464224
BLOG DESPRE MUZEUL UFIZZI, FLORENTA
excelente ilustratii: https://www.trace-ta-route.com/musee-galerie-des-offices-florence-italie/
Salle La Tribune du Musée de la Galerie des Offices de Florence (La Tribuna, Galleria degli Uffizi di Firenze)

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