Venise
Un empire maritime entre Occident et Orient
Célébrée aujourd’hui pour ses canaux, ses ponts, ses églises et ses palais d'une beauté sans équivalent, Venise n’a pas toujours vécu du tourisme.
Elle est née dans une lagune de la mer Adriatique, à l'abri des invasions et des tempêtes, sur cent vingt îlots consolidés par des forêts de pilotis. Elle n'a pas tardé à imposer ses lois aux cités de la mer Adriatique, longtemps surnommée le « golfe de Venise », mais, contrairement à toutes les autres villes de la chrétienté médiévale, elle n'avait pas d'arrière-pays.
Ses revenus provenaient pour l'essentiel du commerce maritime et du négoce international, de la mer Baltique à... la mer de Chine. Venise entra de la sorte dans le club très fermé des « villes-monde », selon l'expression de l'historien Fernand Braudel.
Au croisement des routes marchandes entre l'Occident, Byzance et le monde islamique, la « Sérénissime République » s'est constituée de la sorte une colossale fortune pendant près de dix siècles avant que la découverte de l'Amérique ne ruine son commerce...
Soline Schweisguth
Célébrée aujourd’hui pour ses canaux, ses ponts, ses églises et ses palais d'une beauté sans équivalent, Venise n’a pas toujours vécu du tourisme.
Elle est née dans une lagune de la mer Adriatique, à l'abri des invasions et des tempêtes, sur cent vingt îlots consolidés par des forêts de pilotis. Elle n'a pas tardé à imposer ses lois aux cités de la mer Adriatique, longtemps surnommée le « golfe de Venise », mais, contrairement à toutes les autres villes de la chrétienté médiévale, elle n'avait pas d'arrière-pays.
Ses revenus provenaient pour l'essentiel du commerce maritime et du négoce international, de la mer Baltique à... la mer de Chine. Venise entra de la sorte dans le club très fermé des « villes-monde », selon l'expression de l'historien Fernand Braudel.
Au croisement des routes marchandes entre l'Occident, Byzance et le monde islamique, la « Sérénissime République » s'est constituée de la sorte une colossale fortune pendant près de dix siècles avant que la découverte de l'Amérique ne ruine son commerce...
Soline Schweisguth
Une cité entre terre et mer
D'après les chroniques médiévales, Venise aurait été fondée le 25 mars 421 sur une lagune de la mer Adriatique, entre les estuaires du Pô et du Piave, hors de portée des hordes hunniques. Belle légende que les Vénitiens s'approprièrent par la suite pour souligner leur refus de se soumettre à un peuple étranger !
À vrai dire, la ville est plus sûrement née au siècle suivant, quand les habitants des régions avoisinantes sont venus grossir la population de pêcheurs de la lagune pour échapper aux Lombards, de rudes barbares qui avaient envahi la plaine du Pô. Ces réfugiés allaient préparer la fortune de la cité lacustre en développant dans un premier temps l'exploitation du sel, en creusant aussi des canaux de drainage et en assainissant les îlots.
Après l’invasion des Lombards en 568, pas moins de douze villes furent créées dans la lagune, à l'abri des envahisseurs (Grado, Bibiano, Caorle, Jesolo, Heraclea, Torcello, Murano, Rialto, Malamocco, Poveglia, Chioggia et Sottomarino). Elles allaient former le noyau de l'État vénitien.
Deux siècles plus tard, en 810, une nouvelle menace se fit jour avec l'irruption des Francs menés par Pépin d’Italie (fils de Charlemagne et roi d’Italie). Les Vénitiens se réfugièrent alors sur l’île de Rialto et se placèrent sous la protection de l'empereur de Constantinople Nicéphore. Faute de pouvoir les attaquer, Pépin dut renoncer à les soumettre. La géographie de Venise était devenue son principal atout !
Profitant de son accès direct à la mer Adriatique, Venise se spécialisa rapidement dans le commerce maritime entre l'Orient et l'Occident.
Cette activité était pratiquée sans réticence aucune par les plus hauts responsables, y compris les doges, chefs élus de la cité. Ainsi, le testament du doge Justinien Parteciaco rédigé en 829 montre qu'il possédait des terres mais aussi des navires marchands.
D'après les chroniques médiévales, Venise aurait été fondée le 25 mars 421 sur une lagune de la mer Adriatique, entre les estuaires du Pô et du Piave, hors de portée des hordes hunniques. Belle légende que les Vénitiens s'approprièrent par la suite pour souligner leur refus de se soumettre à un peuple étranger !
À vrai dire, la ville est plus sûrement née au siècle suivant, quand les habitants des régions avoisinantes sont venus grossir la population de pêcheurs de la lagune pour échapper aux Lombards, de rudes barbares qui avaient envahi la plaine du Pô. Ces réfugiés allaient préparer la fortune de la cité lacustre en développant dans un premier temps l'exploitation du sel, en creusant aussi des canaux de drainage et en assainissant les îlots.
Après l’invasion des Lombards en 568, pas moins de douze villes furent créées dans la lagune, à l'abri des envahisseurs (Grado, Bibiano, Caorle, Jesolo, Heraclea, Torcello, Murano, Rialto, Malamocco, Poveglia, Chioggia et Sottomarino). Elles allaient former le noyau de l'État vénitien.
Deux siècles plus tard, en 810, une nouvelle menace se fit jour avec l'irruption des Francs menés par Pépin d’Italie (fils de Charlemagne et roi d’Italie). Les Vénitiens se réfugièrent alors sur l’île de Rialto et se placèrent sous la protection de l'empereur de Constantinople Nicéphore. Faute de pouvoir les attaquer, Pépin dut renoncer à les soumettre. La géographie de Venise était devenue son principal atout !
Profitant de son accès direct à la mer Adriatique, Venise se spécialisa rapidement dans le commerce maritime entre l'Orient et l'Occident.
Cette activité était pratiquée sans réticence aucune par les plus hauts responsables, y compris les doges, chefs élus de la cité. Ainsi, le testament du doge Justinien Parteciaco rédigé en 829 montre qu'il possédait des terres mais aussi des navires marchands.
Venise
Splendeur et décadence de la Sérénissime République
Protégée par sa lagune et bénéficiant d'une situation avantageuse à la jonction de l'Orient et de l'Occident, les marchands vénitiens ont bâti un puissant empire maritime dès avant l'An Mil, au point que la mer Adriatique ne fut plus nommée que le « golfe de Venise ».
Mais la « Sérénissime République » connut de graves revers de fortune à la fin du Moyen Âge et vit son commerce méditerranéen ruiné par la découverte de l'Amérique. Elle n'en continua pas moins à étaler ses fastes et ses arts jusqu'à ce que le général Bonaparte la livre en 1797 à l'Autriche. La « cité des doges » devint dès lors le centre d'attraction préféré de tous les touristes, esthètes et amoureux du monde entier...
Soline Schweisguth
Protégée par sa lagune et bénéficiant d'une situation avantageuse à la jonction de l'Orient et de l'Occident, les marchands vénitiens ont bâti un puissant empire maritime dès avant l'An Mil, au point que la mer Adriatique ne fut plus nommée que le « golfe de Venise ».
Mais la « Sérénissime République » connut de graves revers de fortune à la fin du Moyen Âge et vit son commerce méditerranéen ruiné par la découverte de l'Amérique. Elle n'en continua pas moins à étaler ses fastes et ses arts jusqu'à ce que le général Bonaparte la livre en 1797 à l'Autriche. La « cité des doges » devint dès lors le centre d'attraction préféré de tous les touristes, esthètes et amoureux du monde entier...
Soline Schweisguth
Crise de l'État-providence vénitien
Contestée sur son propre terrain, celui du commerce maritime, Venise fut encore plus déstabilisée par les Grandes Découvertes des Portugais et des Espagnols. L'ouverture de nouvelles routes commerciales vers l'Asie des épices via l'océan Atlantique frappa d'obsolescence les routes de la soie à travers le monde islamique et fit entrer Venise dans un irrepressible déclin. La cité des doges devint un point excentré sur la carte des échanges mondiaux...
Malgré sa perte de dynamisme économique, certaines activités continuaient cependant de prospérer dans la Sérénissime, notamment dans le domaine bancaire, avec des assurances contre le risque en mer et les pirates qui se faisait de plus en plus nombreux et menaçants.
Comme l'absence d’arrière-pays rendait Venise vulnérable en cas de blocus maritime, la Sérénissime se lança avec succès dans des conquêtes terrestres. Venise se constitue ainsi tout un territoire sur la « terre ferme », c'est-à-dire à l'extérieur de la lagune. Cet espace était crucial pour sa sécurité comme pour son commerce avec énorméments de routes marchandes pour les métaux ou le bois de construction en provenance de l'arrière-pays. Au tournant du XVIe siècle, son territoire s'étendit des Alpes au Pô et couvrait tout le nord et l’est de l’Adriatique, ainsi que plusieurs îles importantes comme Chypre et la Crète (essentielle pour ses richesses agricoles et pour sa position au croisement des routes maritimes). Les villes gardaient leur autonomie locale. Ainsi, la chute de Constantinople aux mains des Turcs menés par Mehmet II en 1453 et les guerres d'Italie du XVIe siècle n'affectèrent pas vraiment les échanges commerciaux de Venise.
Mais à ces difficultés économiques s'ajouta une crise sociale. Le patriciat avait été ruiné par les guerres, et les nobles les plus pauvres en furent réduits à vendre leur vote au Grand Conseil. Venise était désormais la ville la plus peuplée d'Europe avec 175 000 habitants (avant la peste de 1575 qui tua 50 000 personnes en un an !) et en temps de conflit, sa population s'accroissait à chaque fois de quelques dizaines de milliers de réfugiés.
Mais Venise devait aussi s'occuper de ses pauvres, qui étaient régulièrement victimes de disettes. En 1453, une loi imposa la défense gratuite des pauvres en cas de conflits juridiques et en 1529, la Sérénissime réglementa l'assistance publique. L'extension de la pauvreté entraîna une recrudescence de la violence et la construction de nouvelles prisons.
Aux côtés des pauvres, les esclaves, travaillant comme gondoliers ou personnels de maison, se faisaient aussi de plus en plus nombreux, venant non plus de Syrie ou des rives de la Volga comme autrefois, mais plutôt de Malte, de Sicile ou de Livourne. Le principal problème restait celui des vagabonds qui étaient, d'après l'historien Fernand Braudel, plus de 6000 en 1545, à tel point que la ville dut instaurer des « licences de mendicité ».
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Avec la libération des mœurs, les prostituées s'étaient aussi multipliées, jusqu'à être 11 000 au XVIe siècle ! Les courtisanes vénitiennes, comme Veronica Franco qui était aussi poétesse et femme de lettres (Montaigne lui-même lui rendra hommage !) étaient très réputées et faisaient partie des attractions touristiques de la ville.
Faut-il s'en étonner ? la syphilis ne manqua pas de frapper la ville. Les malades étaient regroupés dans l'hôpital (malheureusement trop bien nommé) des Incurables où officiaient les jésuites Ignace de Loyola et François Xavier, qui participaient à des oeuvres de charité avant d'être ordonnés prêtres à Venise en 1537.
Contestée sur son propre terrain, celui du commerce maritime, Venise fut encore plus déstabilisée par les Grandes Découvertes des Portugais et des Espagnols. L'ouverture de nouvelles routes commerciales vers l'Asie des épices via l'océan Atlantique frappa d'obsolescence les routes de la soie à travers le monde islamique et fit entrer Venise dans un irrepressible déclin. La cité des doges devint un point excentré sur la carte des échanges mondiaux...
Malgré sa perte de dynamisme économique, certaines activités continuaient cependant de prospérer dans la Sérénissime, notamment dans le domaine bancaire, avec des assurances contre le risque en mer et les pirates qui se faisait de plus en plus nombreux et menaçants.
Comme l'absence d’arrière-pays rendait Venise vulnérable en cas de blocus maritime, la Sérénissime se lança avec succès dans des conquêtes terrestres. Venise se constitue ainsi tout un territoire sur la « terre ferme », c'est-à-dire à l'extérieur de la lagune. Cet espace était crucial pour sa sécurité comme pour son commerce avec énorméments de routes marchandes pour les métaux ou le bois de construction en provenance de l'arrière-pays. Au tournant du XVIe siècle, son territoire s'étendit des Alpes au Pô et couvrait tout le nord et l’est de l’Adriatique, ainsi que plusieurs îles importantes comme Chypre et la Crète (essentielle pour ses richesses agricoles et pour sa position au croisement des routes maritimes). Les villes gardaient leur autonomie locale. Ainsi, la chute de Constantinople aux mains des Turcs menés par Mehmet II en 1453 et les guerres d'Italie du XVIe siècle n'affectèrent pas vraiment les échanges commerciaux de Venise.
Mais à ces difficultés économiques s'ajouta une crise sociale. Le patriciat avait été ruiné par les guerres, et les nobles les plus pauvres en furent réduits à vendre leur vote au Grand Conseil. Venise était désormais la ville la plus peuplée d'Europe avec 175 000 habitants (avant la peste de 1575 qui tua 50 000 personnes en un an !) et en temps de conflit, sa population s'accroissait à chaque fois de quelques dizaines de milliers de réfugiés.
Mais Venise devait aussi s'occuper de ses pauvres, qui étaient régulièrement victimes de disettes. En 1453, une loi imposa la défense gratuite des pauvres en cas de conflits juridiques et en 1529, la Sérénissime réglementa l'assistance publique. L'extension de la pauvreté entraîna une recrudescence de la violence et la construction de nouvelles prisons.
Aux côtés des pauvres, les esclaves, travaillant comme gondoliers ou personnels de maison, se faisaient aussi de plus en plus nombreux, venant non plus de Syrie ou des rives de la Volga comme autrefois, mais plutôt de Malte, de Sicile ou de Livourne. Le principal problème restait celui des vagabonds qui étaient, d'après l'historien Fernand Braudel, plus de 6000 en 1545, à tel point que la ville dut instaurer des « licences de mendicité ».
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Avec la libération des mœurs, les prostituées s'étaient aussi multipliées, jusqu'à être 11 000 au XVIe siècle ! Les courtisanes vénitiennes, comme Veronica Franco qui était aussi poétesse et femme de lettres (Montaigne lui-même lui rendra hommage !) étaient très réputées et faisaient partie des attractions touristiques de la ville.
Faut-il s'en étonner ? la syphilis ne manqua pas de frapper la ville. Les malades étaient regroupés dans l'hôpital (malheureusement trop bien nommé) des Incurables où officiaient les jésuites Ignace de Loyola et François Xavier, qui participaient à des oeuvres de charité avant d'être ordonnés prêtres à Venise en 1537.
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25 mars 421
Fondation légendaire de Venise
D'après les chroniques médiévales, Venise aurait été fondée le 25 mars 421 sur une lagune de la mer Adriatique, entre les estuaires du Pô et du Piave, hors de portée des hordes hunniques.
À vrai dire, la ville est plus sûrement née au siècle suivant, quand les habitants des régions avoisinantes sont venus grossir la population de la lagune pour échapper aux Lombards, de rudes barbares qui avaient envahi la plaine du Pô.
Ces réfugiés allaient préparer la fortune de la cité lacustre, dans un premier temps en développant l'exploitation du sel, ensuite et surtout en pratiquant le commerce entre l'Orient et l'Occident...
20 janvier 2011
Selon un ancien mythe, la ville fut fondée le 25 mars 421, sous l’influence de trois consuls de Padoue venu se réfugier, accompagnés de nombreux réfugiés, dans ces ilôts du « Rivus Altus » (de nos jours le Rialto). Il s’avère que ce mythe est faux, et que malgré l’absence d’informations sur sa fondation, Venise reste un exemple d’urbanisation exceptionnel.
En 560, la conquête des Lombards pousse les populations à s’étendre sur les lagunes, en particulier à Malamocco, capitale du Lido, et a Torcello, qui devient un empire du commerce byzantin. En 811, le peuple trouve un site d’ilots privilégiés au cœur des lagunes, ou le duc transfère le gouvernement. Ce site est rapidement fortifié, la cité progresse le long du Grand Canal, qui est l’artère principale de la ville, autour de trois noyaux : l'arsenal, la place saint Marc (centre politique) et le Rialto.
Dès 840, l’état vénitien obtient de l’empire byzantin la reconnaissance de son unité politique et ducale. Grâce à sa flotte militaire, Venise n’a cessé de consolider sa puissance. Venise a également obtenu de nombreux privilèges maritimes et commerciaux en Orient (1082), et entretenait grâce à sa flotte le commerce des épices, dont elle avait le monopole. Conscients du fait que le commerce est le tremplin de la richesse, les marchands étendent leur commerce en Grèce, en Crète, en Arménie et en Afrique du nord. La navigation maritime permet des échanges bénéfiques, et assure dès le XIIIème siècle le triomphe commercial de Venise. C’est à l’époque de la 4ème croisade, et donc de la prise de Constantinople (1204), auquel Venise a participé, qu’elle est devenue une des plus grandes places du commerce en Occident. La position géographique de l’état Vénitien, entre le monde occidental, byzantin, la mer noire, la Syrie, l’Egypte, l’extrême Orient et les Mongols, est très avantageuse pour la ville. La ville exporte elle-même du sel, des miroirs, des verres, du sucre, du blé, de la laine, de la peau et exporte même ses constructions navales.
En effet, avec un commerce aussi développé au niveau maritime, Venise a décidé de construire son propre arsenal, afin d’y construire ses navires, ses armes, d’y entreposer ses munitions et d’y abriter sa flotte. De 1303 à 1325, l’arsenal de Venise quadrupla sa superficie de fabrication et d’entrepôt, à cause de la mainmise qu’avait la République sur la construction des flottes.
En 1473, les dimensions de l'arsenal furent à nouveau doublées en bassins, en cales sèches, en fonderies et en entrepôts, du fait des évolutions techniques et du fait qu'il fallait également tenir tête à la flotte turque avançant en mer Egée.
En 1473, les dimensions de l'arsenal furent à nouveau doublées en bassins, en cales sèches, en fonderies et en entrepôts, du fait des évolutions techniques et du fait qu'il fallait également tenir tête à la flotte turque avançant en mer Egée.
L’état organise des convois dans toutes les directions et crée des lignes de navigation, notamment pour Constantinople, la mer Egée, la Syrie, Alexandrie, Barcelone, Les Baléares, Valence, Séville, Lisbonne, Bruges et Londres. Ils permettent de dispenser les clients d’assurances coûteuses.
Les comptes rendus qui émanent du palais des Doges au début du XVè siècle donnent du commerce maritime une image impressionnante. Il était question de 300 navires employant 17 000 marins. La plupart des marchands résidaient pour leurs affaires à l’étranger. Leurs avoir étaient considérables car ils pouvaient faire de 10 à 30% de bénéfices par voyages, dans les deux sens. Dans son jeune âge, l'aspirant au commerce étudie la comptabilité, et accompagne un membre de sa famille pour son initiation. On lui confie un lot de marchandises dont il aura la responsabilité et qu'il vendra à son propre bénéfice. Il réside quelques temps à l'étranger et devient correspondant. Sa culture est fondée sur l'art des chiffres. Les marchands vénitiens avaient inventé les comptes courants. Les sommes étaient déposées chez des changeurs et les négociants retiraient sur un simple écrit. S'ils avaient le même changeur, ils pouvaient ainsi se régler par un jeu d'écritures. Ils développèrent la tenue de la comptabilité par grands livres, ainsi que la technique de la lettre de change.
Venise maintiendra sa position éminente jusqu’au 16ème siècle.
Anne-Elisabeth M.http://turquoisesaularge.over-blog.com/article-venise-l-histoire-d-un-empire-maritime-et-commecial-65408561.html
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Les marchands vénétiens.
à l'origine du commerce et du capitalisme.
- 12 NOV. 2010
- PAR ANIDO MIROLO
- BLOG : RÉFLEXIONS ET TÉMOIGNAGES, HTTP://ANIDOM.BLOG.LEMONDE.FR
Les marchands vénétiens.
La puissance de Venise, (tiré de la référence le commerce en méditerranée, et de Venise un peu d'histoire).
Dès le Xème siècle, les Vénitiens ont obtenu de Byzance de nombreux privilèges commerciaux. Installés à Constantinople où ils possèdent des quais et un quartier réservé, les marchands Vénitiens ont le droit de commercer librement dans tout l’empire. À partir de cet embryon de ville va rapidement se développer une cité marchande qui sait tirer profit de sa situation, entre les Empires franc et byzantin, entre Occident et Orient. Habiles diplomates, les Vénitiens, bien que dépendant de Byzance, instaurent à la fin du Ier millénaire une cité-État quasi autonome. Leur capital initial est le sel des salines de Chioggia, au sud de la lagune. Ils établissent des comptoirs un peu partout autour de la Méditerranée mais aussi en Europe occidentale et s'affirment comme les premiers marchands d'Europe, concurrencés par Gênes, l'autre république marchande qui joue dans la même catégorie. Les Vénitiens, mieux placés sur l'Adriatique pour atteindre le Levant, dopent leur flotte marchande au cours du XIIème siècle en créant l'Arsenal qui alimente la machine de guerre économique.
L’essor du commerce latin, en particulier des grands ports Italiens, surtout à partir du XIIème siècle, favorise les trajets à longue distance, l’augmentation du tonnage, qui atteint de grandes capacités avec les bateaux à coque ronde et château arrière, accompagné par les améliorations techniques en faveur du gréement et par l’usage du gouvernail d’étambot, donnent un avantage définitif aux Latins, le coût du transport des passagers et des produits est moins élevé dès la fin du XIème siècle, avec les nombreuses traversées entre l’Occident et les États latins d’Orient ou vers les ports byzantins et musulmans, les Vénitiens, les Pisans et les Génois, secondairement les Provençaux, assurent l’essentiel du trafic dès la seconde moitié du XIIème siècle, souvent en convois, muda Vénitienne. Toutefois, c’est l’organisation que l’on peut qualifier de «capitaliste » de ces grands ports Italiens, puis des Catalans qui assurent un net avantage au commerce latin. L’amélioration des systèmes d’associations, comme la commenda techniques commerciales médiévales, puis l’essor de l’assurance poussent les Vénitiens, Pisans et Génois à prendre plus de risques. La sécurisation des routes, comme l’Adriatique par Venise mais, surtout, la capacité financière de ces villes-États, permettent d’assurer un financement soutenu de la construction navale, activité privée dans les ports tyrrhéniens, réservée à l’État à Venise, comme à Byzance ou dans les pays musulmans. Cette capacité collective des ports latins permettant l’entretien et le renouvellement des flottes est assurément l’une des raisons essentielles de leur emprise totale sur la Méditerranée, même si les régions musulmanes sont toujours capables de faire naviguer, en particulier le long des côtes Africaines et du Proche-Orient. Ainsi, les routes principales du commerce sont contrôlées depuis les grands ports Italiens, Venise s’assure aussi les relais insulaires, Corfou, Crète, Nègrepont, grâce à l’assaut de 1204 contre Constantinople , mais elle est très vite concurrencée par Gênes, tiré de Voies fluviales et maritimes .
Très tôt, les habitants de Venise, protégés par la lagune, se sont dotés d’une flotte leur permettant de commercer avec les cités musulmanes. Peu à peu, ils ont construit un véritable empire colonial en Méditerranée en multipliant les établissements commerciaux. Les Vénitiens se heurtent à la concurrence des Pisans et des Génois dont les comptoirs, installés sur les rivages orientaux de la Méditerranée et jusqu’en mer Noire, sont fréquentés par les caravanes venues de l’est et notamment de Bagdad. Au XIIème siècle, afin de limiter la mainmise de Venise sur le commerce byzantin, les empereurs favorisent Pise et Gênes en exploitant les rivalités entre les cités Italiennes.
Les relations des Grecs avec les marchands Italiens se dégradent cependant et la population de Constantinople massacre tous les Latins présents dans la ville en 1182. Pour prendre sa revanche et rétablir sa position commerciale, la république de Venise finance la quatrième croisade et obtient, en contrepartie, que les croisés fassent un détour par Constantinople. Prise en 1204, la ville est saccagée et l’empire mis au pas. La suprématie économique des Latins sera désormais incontestée.
Gênes écrasa la flotte de Pise, 1284 lors de la plus grande bataille navale du Moyen âge, la bataille de la Meloria. Gênes récupère, outre le port de Livourne, les droits de Pise sur la Corse et sur la Sardaigne. Droits qui lui sont très vite contestés par la papauté et le roi d'Aragon , investit roi de Corse et de Sardaigne. La Sardaigne est abandonnée en 1320 aux Aragonais mais la Corse reste Génoise malgré de longues luttes sur terre et sur mer entre la cité et l'Aragon. Dans les années 1350, le doge de Gênes, Jean da Murta avait reçu la soumission du peuple de Corse. Désormais, Gênes par l'intermédiaire d'offices financiers, la Maona jusqu'en 1453 puis la banque de Saint-Georges jusqu'en 1561, va s'efforcer de détruire la noblesse insulaire. Elle détruit le port de Pise, Porto Pisano. Sa puissante flotte affronte également celle de Venise à plusieurs reprises, sans qu'aucune des deux rivales ne puisse dominer l'autre.
Depuis 1270, les deux cités de Venise et Gênes renouvelaient des trêves successives, tout en sachant l'affrontement inévitable. L'empire de Gênes avait pour principal concurrent celui de Venise, dominant en mer Égée, sur les marchés de Constantinople et de Trébizonde, à Chypre ; de leur côté, les Vénitiens voulaient chasser les Génois de leurs possessions de Syrie. Gênes se rapprocha de Byzance, traité de Nymphaeon, tandis que Venise se rapprochait de Pise. Les deux cités préparaient le conflit depuis 1286 et plus particulièrement en 1294. Au printemps 1294, les navires Vénitiens attaquèrent les colonies Génoises de Chypre, Famagouste puis, le 7 octobre 1294, la flotte Vénitienne mit la voile vers la Cilicie. Elle rencontra les Génois sur la côte arménienne et, cette fois, la bataille fut désastreuse pour Venise. Elle perdit 25 navires, un nombre important de combattants dont son général Marco Basagio. Face à la défaite, la ville réagit en donnant ordre à tous ses armateurs d'entreprendre une guerre de course, tandis que la cité reconstruisait une nouvelle flotte de 65 galères.
Gênes, qui a ainsi triomphé de Pise et de Venise, est alors à l'apogée de sa puissance militaire. Mais, Gênes et Venise n'ont cessé de s'affronter jusqu'à ce qu'elles signent une paix temporaire à Byzance, en 1355, puis qu'elles concluent des accords commerciaux en 1361. De 1372 à 1378, une nouvelle période de tensions amène successivement une défaite Vénitienne devant Pola en 1374, puis de Gênes près du cap d'Anzio en 1378. L'année suivante voit Gênes s'imposer mais, en 1379, commençait, entre les deux villes, «la guerre de Chioggia» s'achevant par la défaite Génoise en 1380, Venise assurant sa souveraineté sur la Méditerranée orientale. La paix de Turin de 1381 voyait Venise remise en possession de tous ses privilèges à Constantinople et se faisait même reconnaître le droit de commercer librement en mer Noire, Wikipédia .
Les marchands Italiens.
À partir du XIIème siècle, l’Occident pèse d’un poids nouveau dans le commerce en Méditerranée. Les flottes de Pise et de Gênes chassent les musulmans de Corse et de Sardaigne et s’imposent progressivement dans le commerce oriental. La majeure partie du trafic de d’al-Andalus et du Maghreb vers la Syrie et l’Égypte est déjà effectuée par des navires Italiens. La Reconquista favorise l’arrivée des marchands catalans et l’essor du port de Barcelone. Les tissus orientaux sont concurrencés par ceux produits dans les grandes villes drapières, ou «drapantes» du Nord et vendus aux marchands Italiens dans les foires de Champagne, plaques tournantes du commerce international à partir du milieu du XIIème siècle. L’industrie textile s’essouffle dans l’Empire byzantin dont l’économie stagne. Une récession qui touche également le monde musulman, à l’exception de l’Égypte. L’Occident impose son hégémonie économique. Sa croissance se traduit par le commerce des surplus agricoles et des produits artisanaux fabriqués en grande quantité, draps de laine et armes, ainsi que bois, fer et poix nécessaires à la construction des navires. En échange, les Occidentaux cherchent à obtenir en Orient les épices, l’alun et la soie brute pour alimenter les nouveaux marchés d’Italie du Nord et des Flandres.
Une puissance mondiale.
Ayant acquis cette nouvelle dimension, Venise doit adapter ses institutions. Le système complexe qui régule l'administration de la cité, avec la place prépondérante du Grand Conseil, émanation de l'aristocratie Vénitienne, est mis en place et amélioré au XIIIème siècle. Car ce n'est plus seulement une cité marchande qui a des intérêts économiques à défendre, c'est un empire colonial et donc militaire, qui doit sans cesse lutter pour étendre puis garder ses possessions. Un coup c'est à gauche qu'il faut se garder, la grande rivale, Gênes, puis la Lombardie, un autre c'est à droite, les Turcs. Au XVème siècle, la puissance Vénitienne est à son apogée, les Vénitiens ont à la fois un empire maritime unique qui s'étend jusqu'à Chypre et des possessions terrestres, qui vont jusqu'à la basse vallée du Pô. On estime alors à quelque 6 000 les vaisseaux marchands en exercice pour le compte de Venise, galères mises à part. Le commerce et la finance sont florissants, les Vénitiens sont les premiers banquiers du monde et ils attirent un grand nombre de nationalités, ce qui fait de la République un carrefour culturel.
Les routes commerciales de la république maritime de Venise en Méditerranée
Possessions Vénétiennes,
Comptoirs commerciaux Vénétiens,
Principales places de commerce,
Routes régulières des navires Vénétiens escortés, Wikipédia.
Comptoirs commerciaux Vénétiens,
Principales places de commerce,
Routes régulières des navires Vénétiens escortés, Wikipédia.
Cette suprématie maritime Italienne représente bien l'origine du capitalisme moderne ou des Etats, à cette époque indépendants, s'affrontaient pour la domination du commerce de l'Atlantique au Proche-Orient.
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