Toutes les semaines, découvrez les petites histoires, anecdotes et secrets des plus grands artistes de l’Histoire de l’Art ! KAZoART vous emmène faire un tour dans les vies de nos peintres et sculpteurs préférés. Aujourd’hui, découvrez comment le peintre très classique Nicolas Poussin utilisait une technique pas si classique pour construire ses plus grandes compositions !
Nicolas Poussin, un peintre classique emblématique
Né en France en 1594, Nicolas Poussin quitte rapidement sa Normandie natale, contre l’avis de sa famille, pour aller étudier la peinture à Paris. Il s’exile ensuite à Rome à partir de 1624, où il passe une grande partie de sa vie et a beaucoup de succès. Il sera tout de même choisit comme peintre du roi entre 1640 et 1642, revenant ainsi brièvement en France.
Il est surtout connu pour ses scènes d’Histoire mythologiques. Il est d’abord très théâtral, et représente beaucoup de scène construites, il se tourne ensuite vers le paysage à la fin de sa vie. Il cherche à atteindre la perfection mythologique, par le dessin et la couleur, mais aussi en insufflant des réflexions philosophiques et morales dans ses tableaux. Nicolas Poussin est définitivement un des plus illustres représentants de la peinture classique du XVIIe siècle et son influence fut considérable sur les peintres des siècles suivants.
Un processus de création à part
D’après un témoignage de son ami le peintre Antoine Leblond de Latour, Nicolas Poussin utilisait une boîte optique afin de préparer l’organisation de son futur tableau, particulièrement pour les grandes compositions avec beaucoup de personnages. Mais avant toute chose, Poussin réfléchissait et mûrissait son tableau un certain temps, puis exécutait un dessin global, un « brouillon ». Contrairement à ses contemporains, il ne réalisait aucune étude, c’est-à-dire aucune préparation des détails des corps ou des objets.
La peinture mise en boîte
C’est ensuite qu’il utilisait cette fameuse « boîte optique ». Poussin confectionnait des petits « mannequins » en cire représentant les personnages de la scène qu’il souhaitait peindre ; il les habillait de toile pour figurer les draperies et les disposait à l’intérieur d’une boîte, sur plusieurs plans.
L’intérieur de la boîte comportait des glissières dans lesquelles il pouvait introduire différents fonds (architecture, paysage…), selon sa convenance. Poussin se plaçait ensuite devant cette boîte, regardait par la lentille et commençait à dessiner ce qu’il voyait, en bougeant éventuellement au fur et mesure les personnages, jouant avec les effets lumineux en actionnant les ouvertures latérales.
Il pouvait ainsi créer une scène entière et organiser précisément les éléments et les protagonistes, de la même manière qu’un metteur en scène au théâtre. Une façon bien originale (et unique) de procéder !Baroque et classicisme
Baroque et classicisme
Comme en littérature, le XVIIe siècle est le théâtre d'un extraordinaire foisonnement artistique. C'est le Grand Siècle, en raison de la cohérence des œuvres de toute nature qui y voient le jour. C'est aussi et surtout le siècle de Louis XIV, grand ordonnateur des arts. En effet l'art est au service du pouvoir, son rôle est d'immortaliser la grandeur du roi dont l'ambition est de faire de Paris, la nouvelle Rome.
A cette époque, deux tendances artistiques coexistent : le baroque et le classicisme. Ces courants sont difficiles à définir tellement, parfois, les différences sont ténues. C'est seulement au milieu du XIXe siècle qu'apparaissent les analyses théoriques de ces œuvres. Dans cette démarche, c'est le grand historien d'art, Heinrich Wölfflin, qui le premier propose la classification commode et admise par tous de baroque et de classicisme.
La sensibilité baroque
La sensibilité baroque a parcouru toute l'Europe, de la fin du XVIe siècle au début du XVIIIe siècle. En France, ce mouvement a surtout existé au début du XVIIe siècle, à une époque très tourmentée : le pouvoir royal est fragile et contesté, il y a eu de terribles guerres de religion qui ont brisé l'unité chrétienne en Europe, et les grandes découvertes scientifiques du XVIe siècle ont fait voler en éclats ce qu'on prenait pour des certitudes. Ainsi, le monde paraît instable, changeant. Dans les domaines artistiques, cela se traduit par un goût pour le mouvement, l'instabilité, le désordre, le changement, la métamorphose, l'éphémère, l'imagination, le rêve, la magie, l'illusion (décors en trompe l'œil, miroirs, déguisements), l'ornement, la profusion, l'exagération, la démesure, la virtuosité, l'improvisation, la surprise, pour ce qui est bizarre, irrégulier, étrange, ce qui choque. Il s'agit de toucher les sens, l'émotion, de parler au cœur et non à la raison. Les églises de Rome en sont un exemple remarquable.
L'ordre classique
Mais en France, dès les années 1630-1640, nait une autre tendance artistique et culturelle, que l'on nommera classicisme, et que l'on peut en quelque sorte opposer au baroque. Et là encore, il est possible de mettre en lien cette évolution avec l'Histoire. En effet, Richelieu puis surtout Louis XIV mettent fin à la période d'instabilité qu'il y avait en France en imposant un pouvoir fort et centralisé. Éliminant tous ceux qui pourraient lui faire de l'ombre, Louis XIV réinstaure une hiérarchie stricte et de l'ordre, ce qui permet de réunifier et d'apaiser le pays. Mais cela ne se limite pas au domaine politique : les arts, la culture sont de plus en plus contrôlés, régulés. Par exemple, en 1635 (au moment où Corneille écrit Le Cid), Richelieu fonde l'Académie française, dont le rôle principal est de fixer des règles à la langue française, de décider de ce qui se dit et de ce qui ne se dit pas. Les productions artistiques sont contrôlées par la censure, le pouvoir donne des pensions aux écrivains méritants qui font l'éloge du roi, des « savants » édictent des règles d'écriture, notamment dans le domaine du théâtre et de la poésie. Le mouvement artistique qui en résulte, que l'on appellera « classicisme », se caractérise ainsi par son goût pour l'harmonie, l'ordre, l'équilibre, la symétrie, la mesure, la stabilité, la simplicité, le vraisemblable, la dimension morale. L'artiste ne doit pas avoir pour but d'innover, de surprendre, mais il doit au contraire prendre pour modèles les œuvres d'art de l'antiquité grecque et latine. L'art cherche moins à parler au cœur et à la sensibilité, qu'à la raison et à l'intellect.
L'œuvre institutionnelle de Louis XIV
Aucun domaine artistique n'échappe à l'attention du roi : littérature, peinture, sculpture, architecture, urbanisme, musique, danse, jardins, gastronomie. S'il est vrai que Louis XIV met les artistes à son service, en revanche il crée des structures institutionnelles qui permettent d'accueillir et de faire se rencontrer les artistes et les chercheurs. Ces institutions, manufactures et académies existent encore aujourd'hui. Elles ont certainement contribué à l'exceptionnelle harmonie des différentes œuvres et fait apparaître ce style français imité mais rarement égalé dans toute l'Europe. Les grandes cours européennes ont fait venir des artistes français ou ont envoyé certains des leurs en France pour travailler dans des ateliers parisiens. Rentrés dans leurs pays ils ont travaillé en apportant les nuances liées à leurs spécificités culturelles.
Voici quelques institutions créées par Louis XIV :
- La manufacture royale des Gobelins ( tapisseries, créée sous Henri IV mais structurée par Colbert)
- L'académie royale de peinture et de sculpture (1648)
- L'académie royale de danse (1661)
- L'académie royale de musique (1669)
- L'académie royale d'architecture (1671)
- L'académie des inscriptions et belles-lettres (1666)
- L'académie de France à Rome (1666), l'actuelle Villa Médicis.
Quelques- uns des plus grands artistes du siècle
Le Vau, Hardouin-Mansard, Le Brun, Le Nôtre, Van der Meulen, Largillière, Rigaud, Lulli, La Quintinie, Vatel, Coysevox, Le Bernin.
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