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jeudi 27 février 2020

Poussin: L'enlevement des Sabines


La peinture de Nicolas Poussin au Louvre, reflet d'une «tranquillité de l’âme»

Publié le : 16 Avril 2015https://www.narthex.fr/news/la-peinture-de-nicolas-poussin-reflet-dune-tranquillite-de-l2019ame
Tout au long de ses correspondances avec ses amis, Nicolas Poussin (1595-1665) n’a de cesse d’exprimer sa recherche de «la tranquillité de l’âme» grâce à laquelle il veut permettre « d’arrêter le regard » avec sa peinture. A l’occasion du 350e anniversaire de sa mort, l’ambition de l’exposition « Poussin et Dieu » présentée jusqu’au 29 juin 2015 au musée du Louvre, est de donner un accès plus immédiat à l’œuvre du peintre considéré comme le plus illustre du XVIIe siècle. En proposant une autre lecture des tableaux religieux de Poussin, le visiteur pourra se rapprocher de l’émotion et de la spiritualité de l’artiste, et ainsi répondre à son invitation de ménager le temps de notre regard…

L'ASSOMPTION, VERS 1629?, HUILE SUR TOILE 134X98 CM WASHINGTON NATIONAL GALLERY OF ART, AILSA MELLON BRUCE FUND. ©NATIONAL GALLERY OF ART, WASHINGTON
L’exposition réunit les plus belles compositions sacrées de Poussin venues du monde entier autour de 40 toiles, dessins et estampes issus des collections du musée du Louvre. Toutes ont pour fil conducteur la passion de Nicolas Poussin pour l’Antique. L’artiste joue entre deux mondes : l’héritage antique s’harmonise avec la tradition chrétienne. Il revendique avec une grande liberté la possibilité de réinventer continuellement les représentations des sujets profanes pour proposer une double lecture. Ainsi, si dans les premières salles de l’exposition les grands retables extériorisent avec évidence la spiritualité de Nicolas Poussin, les dernières, dédiées à l’art du paysage et aux scènes plus intimes, reflètent avec subtilité l’omniprésente question du sacré dans le parcours du peintre.
Le parcours met également en évidence la singularité de Poussin dans la Rome baroque d’après le concile de Trente. Alors que l’art se met au service de la reconquête des âmes face aux protestants, Nicolas Poussin participe activement au mouvement, en témoigne la sublime Assomption, peinte vers 1629.
Cependant l’artiste qui peint à Rome pour des commanditaires majoritairement français, se tient à l’écart des artistes officiels de la Rome papale. Il peint seul, sans collaborateurs et sans élèves, suivant une ligne plus singulière que ses contemporains, aussi bien par le choix de ses sujets que par la manière de les traiter. Son art évolue vers un style plus abstrait, plus distancié, où le divin est le plus souvent seulement suggéré.
LA SAINTE FAMILLE. 1641-1642. HUILE SUR TOILE, 71X57 CM. DÉTROIT, THE DETROIT INSTITUTE OF ART. ©BRIDGEMAN IMAGES
MOÏSE EXPOSÉ SUR LES EAUX, 1654. HUILE SUR TOILE 149X204 CM. OXFORD, ASHMOLEAN MUSEUM. ©ASHMOLEAN MUSEUM, UNIVERSITY OF OXFORD
L’ensemble de l’œuvre de Nicolas Poussin laisse apparaître une synthèse nouvelle des traditions chrétiennes et antique. Il s’appuie sur la relation qu’il établit entre la Fortune, dans la tradition antique, et la Providence chrétienne. Les péripéties de la vie, les tribulations du monde terrestre, les instants tragiques où se jouent les destinées humaines, les revers de fortune sont autant de thèmes récurrents sous le pinceau de Poussin. Dans son Moïse exposé sur les eaux, l’artiste dispose les personnages avec le plus grand soin pour exprimer toute l’intensité du drame qui se joue mais annonce déjà l’intervention de la Providence divine.
ELIEZER ET RÉBECCA, 1648. HUILE SUR TOILE 118X199CM. PARIS, MUSÉE DU LOUVRE ©MUSÉE DU LOUVRE, DIST.RMN/ANGÈLE DEQUIER
Dans l’épisode peint d’Eliezer et Rebecca, Poussin représente une sphère de pierre que porte un pilier aux formes massives, symbole de la providence divine : traduisant que Rebecca n’est autre que la Vierge Marie visitée l’Archange Gabriel. La main droite de Rebecca posée sur son cœur évoque le signe d’acceptation de Marie lors de l’Annonciation.
A compter de la fin des années 1640 et jusqu’à sa mort en 1665, l’artiste développe de vastes compositions où la nature se fait l’écrin sublime des actions humaines, miroir de l’ordre du monde. Le cycle des Quatre Saisons, achevé un an avant la mort de l’artiste, restitue avec une intensité dramatique sans précédent, la puissance des forces de la nature et la fragilité du genre humain. Le traitement du sujet est tout à fait nouveau : chaque saison est associée à un épisode de l’Ancien Testament et seule une lecture chrétienne permet de percer le mystère du choix des sujets. La figure cachée du Christ constitue le lien secret qui unit les quatre compositions. Maîtrise absolue des moyens d’expressions du peintre parvenu au sommet de son art.
L'HIVER OU LE DÉLUGE, 1660-1664. HUILE SUR TOILE 118X160CM. PARIS, MUSÉE DU LOUVRE ©RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE DU LOUVRE)/ STÉPHANE MARÉCHALLE
La scénographie de l'exposition s’est adaptée au formidable coloriste qu’était Nicolas Poussin : comme elles l’étaient à l’époque de leur réalisation, les toiles sont exposées sur des murs de couleurs profondes et vives afin de mettre en valeur toute l’intensité des couleurs des compositions. Un travail sur les cadres des tableaux a également été effectué en écho à la pensée du peintre pour qui le cadre avait pour mission de séparer l’œuvre du reste du monde. La sobriété des cadres a ainsi été choisie afin de concentrer le regard sur l’image.
En abordant l’art de Poussin avec des œuvres parmi les plus émouvantes et témoins d’une méditation personnelle sur Dieu,  l’exposition donne tort aux a priori considérant le « Peintre poète » comme un artiste que seuls les « gens d’esprit » peuvent comprendre. En conciliant avec poésie les traditions sacrées et profanes, Nicolas Poussin réalise une synthèse d’une originalité et d’une puissance d’inspirations exceptionnelles.
LE PRINTEMPS OU LE PARADIS TERRESTRE, 1660-1664. HUILE SUR TOILE 118X160CM. PARIS, MUSÉE DU LOUVRE ©RMN-GRAND PALAIS (MUSÉE DU LOUVRE)/ STÉPHANE MARÉCHALLE

Biographie


Courte biographie de Nicolas Poussin : les dates clés

• 1594 : Naissance près des Andelys (Normandie, France)
• 1624 : Arrivée à Rome, 1ère commande importante pour Saint-Pierre. Le peintre trouve surtout son inspiration dans des sujets poétiques > L’Inspiration du Poète
• 1630-1640 : 1ère période romaine. À la suite d’une maladie suivie d’un mariage, il abandonne les grandes compositions des commandes publiques et se concentre sur des toiles plus petites, réfléchies et réservées à son cercle de collectionneurs
> L’Empire de Flore, L’Enlèvement des Sabines, la Manne, 1ère série des Sept Sacrements
• 1640-1642 : Séjour à Paris sous la pression de Louis XIII et Richelieu
• 1642 : Retour (définitif) à Rome
• 1642-1650 : Véritable période classique de Poussin, qui recherche désormais la concentration des effets plus que leur richesse > 2de version des Bergers d’Arcadie, 2de série des sept Sacrements, Eliézer et Rebecca…
• 1650-1665 : Le paysage prend une place prépondérante dans ses dernières oeuvres, où la nature revêt un caractère nouveau : elle n’est plus ordonnée et soumise aux lois de la raison mais sauvage, envahissant le tableau où l’homme occupe une place de plus en plus négligeable > Les Quatre Saisons – synthèse de son style tardif, Paysage avec Diane et Orion
• 1665 : Décès à Rome (découvrez le testament de Poussin)
Nb. Vous disposez d’une oeuvre à faire expertiser, qui pourrait avoir été réalisée du vivant du peintre ? N’hésitez pas à demander une estimation à nos experts en tableaux anciens.

Vie et oeuvre de Nicolas poussin : Biographie détaillée

Prémisses

On ne connaît pas grand chose du Poussin jusqu’à la trentaine.
1594 (juin)
Naissance près des Andelys (Normandie, France)
1611
Découverte de la peinture quand Quentin Varin vient aux Andelys exécuter pour l’église une série de retables
1612
A Paris, vraisemblablement dans l’atelier du nancéen Georges Lallemant. Période où, ayant accès à la bibliothèque royale, il étudie les reproductions gravées de Raphaël et Jule Romain, la statuaire et les reliefs antiques, et les décors de la seconde Ecole de Fontainebleau, dont il assimile le style.
Il essaie à deux reprises de se rendre à Rome : deux échecs, puis retourne à Paris où il rencontre Philippe de Champaigne et travaille avec lui pour la reine mère au Luxembourg. Il rencontre alors son premier mécène, l’italien Gian Battista Marino, le « Cavalier Marin », poète attitré de Marie de Médicis, qui lui commande une suite de dessins illustrant les métamorphoses d’Ovide.

5 premières années romaines

1624
Arrivée à Rome, après quelques mois passés à Venise. Après un moment de réelle pauvreté, il obtient plusieurs commandes importantes, dont un retable pour Saint-Pierre, Le Martyre de saint Erasme, oeuvre de grandes dimensions, qui n’est pas très bien accueillie. Peignant parfois des sujets religieux traditionnels, comme Le Massacre des Innocents, il trouve surtout son inspiration dans des sujets poétiques et acquiert par exemple un style original et très classique dans le tableau du Louvre, L’Inspiration du Poète, et dans les sujets tragiques comme Tancrède et Herminie.

1630-1640 : Première période romaine

1630
A la suite d’une grave maladie il épouse Anne-Marie Dughet, fille d’un cuisinier français qui l’a soigné, dont le frère, Gaspard Dughet, allait devenir son élève. Cette date représente une rupture : Poussin abandonne la course aux commandes publiques et leurs grandes compositions pour églises et palais romains, pour s’en tenir à des toiles de dimensions moyennes destinées à un groupe de collectionneurs très attentifs. Sa clientèle change, il semble désormais dépendre d’un cercle de connaisseurs dont le Commendatore Cassiono dal Pozzo qui cherche à rassembler des documents destinés à illustrer la vie dans la Rome antique et fait appel à des artistes pour dessiner tout témoignage de la Rome impériale : sculpture classique, architecture antique. Il travaille désormais à son rythme pour cette clientèle étroite, prenant le temps de préparer longuement chacune de ses compositions.
Les années 1630-1640 correspondent à la première réelle période de Poussin, baignée dans une ambiance d’études archéologiques passionnées et érudites au cours de laquelle il peint Renaud et Armide, ou la première version Les Bergers d’Arcadie (Et In Arcadia Ego) influencé par la poésie du Titien. La maîtrise artistique de Poussin est véritablement révélée dans L’Empire de Flore peint en 1631, à la composition complexe.
1633
Vers 1633-1634, sa renommée gagne Paris, ses peintures sont envoyées par Barberini au cardinal de Richelieu. Choisissant des sujets autorisant de grandes mises en scène historiques, notamment dans l’Ancien Testament, il équilibre davantage ses compositions, de manière plus rigoureuse : L’Adoration des MagesL’Adoration du Veau d’Or ou Le Passage de la Mer Rouge.
Poussin s’efforce de traduire les émotions des différents personnages, par leurs gestes et expressions de visage : le spectateur doit être en mesure de percevoir les sentiments ressentis par chaque acteur, et de déchiffrer son rôle dans l’histoire (L’enlèvement des SabinesLes Israélites Recueillant la Manne dans le Désert).
1637
Poussin se tourne vers l’allégorie classique et peint pour Cassiano dal Pozzo la première suite des sept sacrements, mettant en scène la liturgie des premiers chrétiens et où le style de cette première période romaine trouve son accomplissement.

1640-1642 : Retour à Paris

1640
Retour à Paris en décembre, sous la pression de Sublet de Noyers et indirectement Louis XIII et Richelieu. Il est chargé de deux tableaux d’autel, de deux vastes toiles allégoriques pour Richelieu et de la décoration de la Grande Galerie du Louvre, alors qu’il avait pris l’habitude des petites toiles. Le résultat ne convainc pas forcément tout le monde, mais il réussit à former un véritable cercle d’admirateurs, qui le suivront pour le restant de sa vie et demeureront de véritables commanditaires, parmi lesquels Paul Fréart de Chantelou, secrétaire de Sublet de Noyers, avec lequel il entretiendra une correspondance riche en enseignements sur son existence, ses idées et sa façon de travailler au cours des années qui suivirent.
Victime d’intrigues de peintres parisiens, dont Simon Vouet, il décide de regagner Rome en septembre 1642.

Retour à Rome : Période classique

1642
Poussin repart pour Rome prétextant le fait d’aller chercher sa femme. Il ne quittera plus la Ville éternelle.
La période qui suit est la plus féconde de sa carrière, d’où ressortiront les plus parfaites expressions du classicisme français.
Il préfère désormais, dans les thèmes religieux, le Nouveau Testament et les sujets fondamentaux des Evangiles – la Sainte Famille, la crucifixion, la mise au tombeau – et exploite les variations autour de la victoire de la volonté sur les passions des historiens romains stoïciens.
Il recherche la concentration des effets plus que leur richesse, en limitant son vocabulaire au maximum. Cette évolution est flagrante dans sa seconde version des Bergers d’Arcadie, calculée, contemplative et philosophique alors que la première version était bien plus spontanée, vivante et poétique.
Idem pour la seconde série des Sept Sacrements, exécutée pour Chantelou entre 1644 et 1648, beaucoup plus solennelle que la première (l’Eucharistie en est un bon exemple, une des oeuvres les plus sévères de Poussin).
On retrouve l’influence de Descartes dans la construction mathématique de l’espace du tableau avec par exemple La Sainte Famille à l’Escalier datant de 1648 où tout l’espace s’organise en termes géométriques.
Vers 1645 le peintre commence à s’intéresser au paysage en conservant l’ordre mathématique de La Sainte Famille à l’Escalier appliqué à la nature, le tout savamment organisé grâce à des bâtiments qui viennent organiser géographiquement l’espace.
Avec Moïse sauvé des Eaux, peint en 1651, Poussin réussit à traduire l’émoi des femmes découvrant l’enfant par le contraste des draperies. On y retrouve l’application de sa théorie des modes : la peinture traite des actions humaines et doit les présenter en accord avec la raison, d’une manière logique et ordonnée, s’adressant à l’esprit, non à l’oeil, chaque sujet réclame un traitement particulier.
Le paysage va donner un nouvel élan à sa création. Il créé un genre nouveau, le « paysage idéal », recomposé en atelier, où l’on retrouve l’idée d’une liaison intime de la nature et de l’homme, remis à sa place au milieu d’un cadre majestueux, dérivée de son néo-stoïcisme.
A la fin des années 1640, le paysage devient le lieu indifférent du destin éphémère de l’homme (Les Funérailles de Phocion), rigoureusement construit sur un mode intellectuel, s’opposant aux infortunes des destinées humaines.

Dernières années de sa vie

Le paysage reste son moyen d’expression privilégié, mais son style va à nouveau changer. Devenu une sorte d’ermite qui travaille plus pour satisfaire son besoin de peindre que pour plaire aux autres, ses dernières oeuvres reflètent une recherche intérieure.
Sérénité et simplicité se retrouvent dans ses scènes figurées, éliminant presque tout détail pittoresque. Le calme s’accentue à l’extrême, l’expression des visages est réduite au minimum. La composition est très dépouillée, construite uniquement à partir d’horizontales et de verticales. Les personnages sont réduits à des formes géométriques simples.
Il revient également au récit mythologique mais dans un esprit différent : il souhaite exprimer une vérité, évoquant les grandes forces éternelles. Le Paysage avec Diane et Orion est une allégorie sur l’origine des nuages. Dans ces tableaux la nature revêt un caractère nouveau : elle n’est plus ordonnée et soumise aux lois de la raison mais sauvage, envahissant le tableau où l’homme occupe une place de plus en plus négligeable.
Les Quatre Saisons (peintes entre 1660 et 1664 pour le duc de Richelieu) constituent la synthèse de son style tardif : dans un cadre mettant en avant la beauté de la nature, le thème de la succession des saisons se mêle à celle des heures, des périodes de la vie humaine, le récit biblique se combine à la mythologie classique dans une synthèse du christianisme et du paganisme.
Apollon Amoureux de Daphné, peint en 1664 et inachevé à sa mort, résume les traits étranges de sa dernière phase : sauvagerie et grandeur de la nature inanimée, calme impassible des acteurs humains, qui sortent tout droit de l’intellect de l’artiste. Les infortunes du dieu sont une nouvelle fois opposées à la grandeur éternelle de la nature, qui fournit seule la structure formelle du tableau.
1665 (novembre)
Décès à Rome. Il laisse un peu plus de 200 peintures (connues à ce jour) dont le quart est conservé en France, essentiellement au Louvre, et quelques 450 dessins, principalement au Louvre et à Windsor Castle.
Principale source (voir bibliographie) :
Anthony Blunt, Art et Architecture en France, 1500-1700, Editions Macula, 2000https://www.nicolas-poussin.com/biographie/

Lire un tableau ? « Le Christ et la femme adultère » de Nicolas Poussin



Nicolas Poussin, Le Christ et la femme adultère, 1653. Huile sur toile, 121 x 195 cm. Musée du Louvre, Paris.
Nicolas Poussin, Le Christ et la femme adultère, 1653. Huile sur toile, 121 x 195 cm. Musée du Louvre, Paris.

« Lisez l’histoire et le tableau » écrivait Nicolas Poussin à son ami P. Fréart de Chantelou le 28 avril 1639. Le peintre préconisait de se plonger dans ses tableaux un par un. Il faut arrêter le regard, prendre son temps, le lire. À l’occasion des 350 ans de la mort de l’artiste, le musée du Louvre organise une exposition intitulée « Poussin et Dieu ». Elle invite le spectateur à se replonger dans les œuvres du maître français à travers l’angle de ses peintures religieuses. Tentons d’appliquer les conseils du maître et de  « lire » l’une d’entre elles. Les tableaux de Nicolas Poussin se lisent car ils sont souvent construits de manière diachronique. Il y a une évolution des événements dans le temps. Le peintre décompose l’histoire dans une même scène, il représente simultanément plusieurs moments. Le Christ et la femme adultère (1647) est une œuvre de la collection du musée du Louvre, peinte pour André Le Nôtre, jardinier de Louis XIV.  Elle représente un passage du Nouveau Testament (Jean 8:3). La toile se déroule à la manière d’une frise antique. Si la lecture d’un livre se fait de gauche à droite, ici, le tableau de Poussin se lit en commençant par le centre.

Nicolas Poussin, Le Christ et la femme adultère, 1653. Huile sur toile, 121 x 195 cm. Musée du Louvre, Paris. (Détails)
Nicolas Poussin, Le Christ et la femme adultère, 1653. Huile sur toile, 121 x 195 cm. Musée du Louvre, Paris. (Détails)

Le passage représenté est sans aucun doute celui de la prise de parole du Christ, le moment moralisateur : « Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle ». Néanmoins, nous pouvons déjà distinguer les épisodes futurs (voir antérieurs). En effet, nous discernons l’écriture sur le sol (« Et s’étant de nouveau baissé, il écrivait sur la terre »), les pharisiens qui lisent et ceux qui s’éloignent déjà à gauche (« Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu’aux derniers »). Poussin ne représente pas seulement un moment précis mais l’épisode biblique dans son ensemble, à travers une composition parfaitement établie. Il déroule le texte biblique de façon centrifuge. L’œuvre du maître se lit également à travers ses formes et ses couleurs. L’architecture joue un rôle majeur, la diagonale de l’escalier à l’arrière-plan accentue le geste du Christ en faveur de la femme infidèle. Les couleurs ont des significations, le bleu de la tenue de la femme représente l’innocence. Le bleu n’est-il pas la couleur de la Vierge ? Syncrétisme ? Nicolas Poussin aimait donner une polysémie aux épisodes bibliques, les coupler avec la mythologie. Le peintre est aussi connu pour ses représentations des passions. Il faut observer les visages des protagonistes dans lesquels nous pouvons déceler les différents sentiments de l’âme humaine (pour cela il est possible de s’appuyer sur Les Expressions des Passions par Charles Le Brun). Chaque trait a une signification. Les formes, les couleurs, les lignes sont les mots de la peinture.

Nicolas Poussin, Le Christ et la femme adultère, 1653. Huile sur toile, 121 x 195 cm. Musée du Louvre, Paris. (Détails)
Nicolas Poussin, Le Christ et la femme adultère, 1653. Huile sur toile, 121 x 195 cm. Musée du Louvre, Paris. (Détails)

La toile de Poussin se lit également à travers les détails. La femme avec son enfant – au centre de la toile – regarde la scène. Elle n’y participe pas mais la contemple, elle indique le temps présent. Si la scène est tirée de la Bible, Nicolas Poussin l’ancre dans le quotidien. Cette frise d’événements est placée dans le réel. Les deux personnages au balcon, l’homme debout derrière le pharisien au turban, la fumée qui sort d’une cheminé sont d’autres indices de cette vie qui a lieu pendant la scène. Le caractère moral de cet épisode vieux de plus d’un millénaire continue d’être pertinent ! Si vous avez envie de lire d’autres œuvres de Nicolas Poussin vous avez jusqu’au 29 juin 2015 pour vous rendre à l’exposition « Poussin et Dieu » au musée du Louvre. Sinon vous pouvez toujours lire les ouvrages des éditions Parkstone international qui vous éclairerons sur l’œuvre du maître fr



Le musée du Louvre
est un musée d'art et d'antiquités situé au centre de Paris dans le palais du Louvre. C'est le plus grand musée du monde, par sa surface d'exposition de 60 600 m2, et ses collections qui comprennent près de 460 000 œuvres. Celles-ci présentent l'art occidental du Moyen Âge à 1848, ceux des civilisations antiques qui l'ont précédé et influencé (orientales, égyptienne, grecque, étrusque et romaine), et les arts des premiers chrétiens et de l'Islam.
Le tableau représente l'un des épisodes fondateurs et mythiques de la Rome antique.
La ville vient d'être fondée par Romulus. Désireux d'assurer leur descendance pour la prospérité de leur jeune patrie, mais manquant de femmes, les Romains projettent un enlèvement collectif. Ils invitent à dessein les Sabins à une fête lors de laquelle ils s'emparent des femmes et mettent en fuite les hommes.
Trois ans plus tard, les Sabins attaquent Rome pour se venger. Le conflit est évité par les femmes qui s'interposent entre leurs frères et leur mari. La paix fut ainsi conclue entre les deux peuples.
C'est la scène d'enlèvement que choisit d'illustrer Poussin. Romulus se tient à gauche et domine les événements. Sa pose dérive directement de la statuaire impériale antique.
Nicolas Poussin, l'Enlèvement des Sabines



Nicolas Poussin, l'Enlèvement des Sabines
Nicolas Poussin, l'Enlèvement des Sabines
Nicolas Poussin, l'Enlèvement des Sabines
Nicolas Poussin, l'Enlèvement des Sabines
né au hameau de Villers, commune des Andelys, en  et mort à Rome le ,
est un peintre français du XVIIe siècle, représentant majeur du classicisme pictural.

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