On l’évoque comme étant l’un des nus les plus mythiques de l’Histoire de la peinture. Qui ne connaît pas La Naissance de Vénus signée Sandro Botticelli ? Ce chef-d’œuvre peint en 1485 revient sur un événement mythologique d’envergure : l’arrivée de Vénus à Chypre. Passons à la loupe cette grande figure féminine et cette scène devenue incontournable dans la culture contemporaine !
Quelques mots sur Botticelli et son œuvre
Sandro Botticelli (1445-1510) est originaire de Florence, berceau de la Renaissance. Ce chef-d’œuvre est évidemment son plus célèbre mais on doit également au peintre italien Le Printemps (1477–1482) et une participation à la décoration de la Chapelle Sixtine.
Composée de deux toiles cousues ensemble, l’œuvre a été réalisée à tempera (peinture à base de pigments broyés tels que l’œuf ou le lait de figue). Cette immense peinture de 172,5 × 278,5 cm est actuellement exposée dans la Galerie des Offices à Florence.
Dans cette scène, de fines lignes d’or se dessinent, il y a comme une lumière divine qui éblouit l’œil curieux. Les personnages s’étirent dans le décor, habillant ce dernier dans l’équilibre des couleurs et des formes. On y fait appel à ce que la nature a de plus précieux : la puissance de la Mer, la fermeté de la Terre et la légèreté dans les airs. Des roses tombent du ciel, célébrant l’extraordinaire arrivée de la déesse. Une arrivée doublement significative puisqu’il est aussi bien question d’un mouvement que d’une naissance.
La Naissance de Vénus : 4 détails à la Loupe
1# L’arrivée de Vénus sur les rives de Chypre
Déesse de l’Amour, de la Beauté et de la Pureté, Vénus est ici représentée dans son plus simple appareil. Sa pudeur est à peine dissimulée par sa longue chevelure blonde qui ne masque que partiellement ses courbes féminines. D’une taille quasi grandeur nature, elle dévoile son innocence et sa pureté à des yeux protecteurs.
Sa posture est classique, dite en « contraposto », inspirée de l’Antiquité et de la mythologie grecque. Seulement, contrairement à des portraits plus académiques où la posture est droite et les pieds bien ancrés dans le sol, l’équilibre de Vénus nous paraît ici très instable. Bien qu’il soit léger, son déhanchement hérité de la statuaire grecque évoque le mouvement.
À quoi peut-elle bien penser ? Le visage est las, semble inhabité ou teinté d’une douce mélancolie. Une question se pose cependant : s’agit-il de la représentation de la femme émancipée ou de l’idéal masculin sur fond de cliché ? La jeune femme représentée n’est autre que Simonetta Vespucci, considérée comme l’une des plus belles femmes de son époque. Elle est décédée prématurément à l’âge de 23 ans des suites d’une pneumonie.
2# Portée par le souffle de Zéphyr
En réalisant cette toile, Botticelli rend également hommage aux éléments. L’Air, avec notamment la présence de Zéphyr le dieu du vent d’Ouest, l’Eau, la Terre et le Feu crépitant de l’Amour. Ici, Zéphyr est accompagné de sa compagne Aura, qui se raccroche à lui pendant qu’il souffle à pleins poumons. Cette puissance permet à Vénus, postée sur son énorme coquillage, d’arriver sur la berge où elle est tant attendue.
Si l’on y regarde de plus près, on constate que les contours sont tranchés et qu’il y a peu de perspective. Les lignes sont sombres et font ressortir les corps. On croirait presque qu’ils ont été posés et collés sur un fond !
3# Vive le printemps !
La saison du printemps arrive enfin ! À la droite de Vénus, il y a une Heure toute de fleurs vêtue qui s’apprête à revêtir la déesse d’une cape rose parsemée de violettes. C’est aussi un symbole de fertilité et de vie que souligne l’exubérance florale. Les nombreuses fleurs qui composent sa tenue renvoient à la saison des amours.
Dans la mythologie grecque, les trois Heures sont les filles de Zeus. Celle représentée chez Botticelli fait écho au printemps, c’est aussi la portière de l’Olympe, cet endroit où vivent tous les dieux. Les Heures sont chacune relatives à une saison. En effet, l’automne et l’hiver n’étaient pas dissociés à cette époque.
4# Coquillages et crustacés…
La Mer est un élément important de cette composition. Elle nous ramène aux origines de Vénus. La conque qui la supporte est un nouveau symbole de fertilité. À l’image de l’ouverture d’une coquille, c’est aussi la métaphore de son sexe qui est suggérée.
La Nature a toute sa place La Naissance de Vénus de Botticelli. Les roseaux, dans le coin gauche en bas de la toile, démontrent aussi par leur expansion rapide et leur vivacité toute la fécondité sous-jacente. Quant à la lumière, on constate que celle-ci, aussi éclatante soit-elle, n’est pas vraiment naturelle. D’ailleurs Vénus ne produit aucune ombre… serait-elle finalement LA source de lumière ?
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