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vendredi 7 février 2020

In inima fantasticului


PANORAMA DE LA LITTÉRATURE FANTASTIQUE

Galerie 135 imagini:
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Tzvetan Todorov arrive  à une définition du fantastique comme étant entre l'étrange, c'est-à-dire un réel dont on pousse les limites à bout, comme dans la Chute de la Maison Usher d'Edgar Allan Poe, dans laquelle on peut adopter une analyse rationnelle, et le merveilleux, où les éléments surnaturels sont considérés comme normaux : le fantastique est cet entre-deux, ce moment où l'esprit hésite encore entre une explication rationnelle et irrationnelle. Il ajoute comme condition dernière à l'apparition du fantastique un univers ou un contexte réaliste : il faut que le décor soit perçu comme naturel pour pouvoir y introduire les marques du surnaturel, et donc l'hésitation qui mène au fantastique. (w.fr)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fantastique

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Défintion : qu'est-ce que le fantastique ?

Étym. : Du grec phantastikos, de phantasia (« imagination ») qui appartient à la famille du verbe phanein (« faire paraître »), duquel procèdent également, en français, fantôme, fantaisie, fantasme.
Déf. : On qualifie de « fantas­tique » une œuvre qui mêle le réel et l'imaginaire d'une manière si sur­prenante qu’elle aboutit à une indé­cision complète, le lecteur ne pou­vant trancher ni en faveur d’une explication rationnelle, ni en faveur d’une interprétation surnaturelle.
Héritage de la littérature européenne du XVIIIe siècle, le fantastique se développe au XIXe siècle parce qu’il rejoint, et révèle, certaines Incertitudes. On le définit comme l’intrusion du surnaturel dans le réel quo­tidien. Se développant avec le Romantisme, il coexiste avec le Réalisme.

Origine et développement du genre

Parallèle au rationalisme philosophique, est né, au XVIIIe siècle, un courant sensible qui s’intéresse à l’irrationnel. Le Diable amoureux, de Cazotte, en est une illustration. En même temps, ce goût pour le surnaturel et pour le rêve à tendance cau­chemardesque imprégnait la littérature romantique allemande et le roman noir anglais : pactes dia­boliques, apparitions démoniaques, phénomènes mystérieux. Le Romantisme français, Influencé par ces littératures, en a exploité les thèmes en réponse aux angoisses et aux Incertitudes du siècle : dis­parition des croyances religieuses, non-respect des traditions, modification des structures sociales. En contrepartie, l’Importance accordée à la sensi­bilité, au rêve, conduit des écrivains à aborder avec curiosité les frontières fluctuantes du réel. Après 1850, l’essor du Réalisme et le Naturalisme ne mettent pas fin à ces recherches : au contraire, elles contrebalancent les certitudes positi­vistes. Maupassant explique l’évolution du fan­tastique, en montrant qu’il doit être d’autant plus subtil que les certitudes humaines sont mieux fon­dées. Tout l’art de Poe et d'Hoffmann, écrit-il, consiste à jouer habilement sur la limite du possible.

Caractéristiques et thèmes du récit fantastique

Dans le récit ou le film fantastique, les personnages, ancrés dans le monde réel, voient intervenir des figures étranges et inquiétantes (vampire, spectre...) : c’est cette rencontre, angoissante et trou­blante, entre naturel et surnaturel, qui fait tout le charme du fantastique. Ainsi dans Le Horla (1887) de Maupassant, le narrateur - qui écrit son journal intime chez lui en Normandie, puis à Paris - perçoit une présence quasi diabolique à ses côtés : le lecteur ne saura décider s’il s’agit d’une hallucination (explication réaliste par la folie) ou d’une possession (explication par le surnaturel). Il faut donc distinguer le fantastique du mer­veilleux qui s’inscrit, lui, clairement dans l’univers du non-réel, à l’instar des contes de fées.
Au-delà du plaisir de l’angoisse, le fan­tastique se donne pour objet d’interroger tout ce qui échappe à la conscience claire, à la raison et au normal : il entre­prend de sonder les parts obscures qui nous hantent (la présence de la mort, les incertitudes liées au temps, l’univers du rêve, l’érosion des limites et des contours...). Des personnages comme Faust, Frankenstein ou Dracula sont devenus des références culturelles, nourrissant maintes analyses d’ordre philosophique ou psychanalytique. Le fantastique se donne comme une mise en question des évidences et des conventions, forçant avec audace les frontières du connu pour satisfaire notre besoin d’exploration de l’inconnu.
Un certain nombre d’éléments récurrents permet­tent de faire apparaître les caractères du fantastique.
  • Les apparitions et animations
Le fantastique est peuplé d’apparitions (formes indécises, spectres) et d’objets qui s’animent (une cafetière, un presse-papiers, des meubles...). Ces Indices visibles d’une vie « impossible » sèment le doute et l’angoisse. On trouve aussi le thème du double obsédant (Le Horla).
Une variante de l’animation est la résurrection, ou le vampire.
  • Le pouvoir magique de certains objets
Le talisman est un élément important. Balzac l’uti­lise dans La Peau de chagrin. Une peau magique semble capable d’exaucer tous les désirs du héros, en échange de sa vie. On en arrive ainsi au pacte.
  • Le pacte avec les puissances occultes
Thème majeur du Faust de Goethe, le pacte est un motif fréquent du fantastique. Un contrat passé avec des forces démoniaques garantit puissance, bonheur, éternité en échange de l’âme.
  • Les pouvoirs magiques des êtres
Il arrive enfin que certains êtres soient eux-mêmes, à leur insu, dotés de pouvoirs extraordinaires : double vue, prémonition, métamorphose ou... capacité de passer à travers les murs, comme le personnage de M. Aymé, au XXe siècle.
À travers ces différents thèmes, on perçoit que la littérature fantastique ouvre les portes d’un uni­vers d’« inquiétante étrangeté ». Elle est aidée en cela par l’utilisation de procédés qui relèvent de la structure et de l'écriture des récits.

L’écriture fantastique

  • Le récit à la première personne
Il est intéressant que les récits fantastiques soient écrits à la première personne. Le héros témoigne ainsi lui-même de ce qui lui est arrivé. Ce sont ses propres facultés qu’il met en cause. Le doute et l’incertitude n’en sont que plus forts.
  • L’insistance sur un état second
Beaucoup de situations favorables au fantastique sont associées à une sorte d’état second. Fatigue, fièvre, état d’ivresse, somnolence, drogues condui­sent le héros à la limite de la conscience, dans l'incertitude entre la veille et le sommeil.
  • Le contexte spatio-temporel
Ces précisions sont elles-mêmes génératrices de fantastique. Les lieux sont souvent les mêmes : endroits isolés, bords de rivière, maisons inhabi­tées, magasins d'antiquités. Le moment joue aussi un rôle important (crépuscule, nuit, minuit) ainsi que les conditions météorologiques (brouillard, pluie, tout ce qui brouille les données perceptibles).
  • Les figures de style
Les reconnaître permet de mieux analyser « l’écri­ture fantastique » :
  • les personnifications : elles soulignent l’anima­tion des objets ;
  • les comparaisons et les métaphores : elles révè­lent ou créent des analogies entre deux mondes ainsi que leurs interférences inquiétantes. Elles soulignent des phénomènes de métamorphoses. Associées au lexique de l’incertitude, elles font comprendre à quel point le fantastique relève de ce que Maupassant appelle le « somnambulisme lucide »

L’âge d’or de la littérature fantastique : XIXe- XXe siècles

Le XIXe siècle européen voit se dévelop­per un goût prononcé pour la littérature fantastique. En réaction au rationalisme des Lumières, la génération roman­tique a voulu donner sa place à la part d’irrationnel qui habite l’individu. C’est l’époque où « l’Europe commence à prendre ses rêves au sérieux », écrira Malraux. L'étrange, l’extraordinaire, le macabre, voire l'horreur se déploient dans des romans* et des contes : : Balzac, Gautier, Nodier, Mérimée et La Vénus d’Ille (1837) en France, Hoffmann et Tieck en Allemagne, Gogol en Russie, Poe et ses Histoires extraordinaires (1839) aux États-Unis ouvrent les portes du rêve et du surnaturel. Le critique R. Caillois peut ainsi affirmer : « Dans le fantastique, le surnaturel apparaît comme une rupture de la cohérence universelle. » 
Cette veine fantastique se prolonge au XXe siècle, à travers la littérature : La Métamorphose (1916) de Kafka, Fictions (1944) de Borges, Les Armes secrètes (1959) de Cortazar sont des récits à la fois inquiétants et envoûtants, qui explo­rent le monde et le Moi, en tant qu’ils échappent à la conscience claire. Par ail­leurs, le cinéma*, dès ses débuts, s’est emparé de l’univers fantastique, en adaptant les grands classiques (Murnau, Lang, Whale) : grâce aux effets spéciaux, il met en scène l’étrange pour faire naître l’angoisse.

Enjeux contemporains : art et société

Mêlant fantastique et science-fiction, les séries télévisées et les publica­tions flattent le goût du public pour le paranormal et le mystère. Cet engouement actuel refléterait la crise des valeurs* dans la société, méfiante envers la science* et le progrès*, inquiète face aux incertitudes du présent.

Ouvrages théoriques sur le fantastique: 

R. Caillois, Antho­logie du fantastique, Gallimard (1977).
Oeuvres à lire:  
 Balzac, La Peau de chagrin (1831). Nerval, Aurélia (1855). 
Films fantastiques  :  
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TODOROV : INTRODUCTION À LA LITTÉRATURE FANTASTIQUE

        Ainsi se trouve-t-on amené au cœur du fantastique. Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s'expliquer par les lois de ce même monde familier. Celui qui perçoit l'événement doit opter pour l'une des deux solutions possibles : ou bien il s'agit d'une illusion des sens, d'un produit de l'imagination et les lois du monde restent alors ce qu'elles sont ; ou bien l'événement a véritablement eu lieu, il est partie intégrante de la réalité, mais alors cette réalité est régie par des lois inconnues de nous. Ou bien le diable est une illusion, un être imaginaire, ou bien il existe réellement, tout comme les autres êtres vivants : avec cette réserve qu'on le rencontre rarement.

        Le fantastique occupe le temps de cette incertitude ; dès qu'on choisit l'une ou l'autre réponse, on quitte le fantastique pour entrer dans un genre voisin, l'étrange ou le merveilleux. Le fantastique, c'est l'hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel. […]

Il faut remarquer encore que les définitions du fantastique qu'on trouve en France dans des écrits récents, si elles ne sont pas identiques à la nôtre, ne la contredisent pas non plus. Sans nous attarder trop, nous donnerons quelques exemples puisés dans les textes "canoniques". Castex écrit dans Le conte fantastique en France : "le fantastique... se caractérise... par une intrusion brutale du mystère dans le cadre de la vie réelle" (p.8). Louis Vax, dans L'art et la littérature fantastiques : "Le récit fantastique... aime nous présenter, habitant le monde réel où nous sommes, des hommes comme nous, placés soudainement en présence de l'inexplicable" (p.5). Roger Caillois, dans Au cœur du fantastique : "Tout le fantastique est rupture de l'ordre reconnu, irruption de l'inadmissible au sein de l'inaltérable légalité quotidienne" (p. 61). On le voit, ces trois définitions sont, intentionnellement ou non, des paraphrases l'une de l'autre : il y a chaque fois le "mystère", "l'inexplicable", "l'inadmissible", qui s'introduit dans la "vie réelle", ou le "monde réel", ou encore dans "l'inaltérable légalité quotidienne". [...]

        Nous sommes maintenant en état de préciser et de compléter notre définition du fantastique. Celui-ci exige que trois conditions soient remplies.

D'abord, il faut que le texte oblige le lecteur à considérer le monde des personnages comme un monde de personnes vivantes et à hésiter entre une explication naturelle et une explication surnaturelle des événements évoqués.
Ensuite, cette hésitation peut être ressentie également par un personnage ; ainsi le rôle de lecteur est pour ainsi dire confié à un personnage et dans le même temps l'hésitation se trouve représentée, elle devient un des thèmes de l'œuvre ; dans le cas d'une lecture naïve, le lecteur réel s'identifie avec le personnage.
Enfin il importe que le lecteur adopte une certaine attitude à l'égard du texte : il refusera aussi bien l'interprétation allégorique que l'interprétation "poétique".
Ces trois exigences n'ont pas une valeur égale. La première et la troisième constituent véritablement le genre ; la seconde peut ne pas être satisfaite. Toutefois, la plupart des exemples remplissent les trois conditions.
Tzvetan TODOROV, Introduction à la littérature fantastique,
© Tous droits réservés. Éditions du Seuil, 1970.



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