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vendredi 7 février 2020

Véra (lui) Nabokov. biografie in doi

V+V: biografie in doi
Ed. americana si franceza. Stacy Shiff, Véra Nabokov. Biographie, Grasset, 1999

Véra ou la vie avec Vladimir Nabokov

Stacy Shiff, , Véra Nabokov. Biographie, Grasset, 1999, 454 pages (sur Amazon fr.-à partir de EUR 6,35)
Extrait.

Elle se tient dans l'ombre du maître, attentionnée mais omniprésente. A ses étudiants, Nabokov la présente comme son assistante...

Dès le deuxième semestre de Cornell, pendant tout l'interlude Harvard, et jusqu'à ses adieux à la vie universitaire en 1958, Nabokov se présenta devant ses étudiants accompagné de son assistante. Sur le campus, elle marchait à quelques pas derrière lui; ils entraient souvent bras dessus, bras dessous dans Goldwin Smith Hall. Elle portait sa serviette et lui ouvrait les portes. Dans la salle, elle plaçait ses notes sur le lutrin. Elle l'aidait à retirer son manteau avant d'enlever le sien. Pour le cours de littérature européenne, elle prenait place au premier rang, ou plus fréquemment s'asseyait sur une chaise, à la gauche du maître. Elle le quittait rarement des yeux. S'il laissait tomber un morceau de craie, elle le ramassait. S'il avait besoin d'un numéro de page ou d'une citation, elle les lui fournissait. Sinon elle n'avait qu'un rôle muet. A la fin de la séance, elle effaçait le tableau. Elle s'attardait sur l'estrade pendant que Nabokov répondait aux questions de son auditoire. S'il oubliait ses lunettes, elle courait les lui récupérer: en attendant son retour, il poursuivait péniblement de mémoire. Elle ratait rarement un cours, bien qu'elle en donnât elle-même un à l'occasion, et elle surveillait souvent seule les examens. Nabokov lui déléguait tous les problèmes administratifs. L'homme qui évoqua si souvent son isolement fut le solitaire le plus accompagné de tous les temps: à Cornell, notamment, il avait la compagnie constante de son assistante.
Dans l'amphithéâtre, leur numéro était parfaitement au point. Il suffisait que Nabokov arrive à une citation donnée pour que, comme sur un signal, son assistante se lève et fournisse les notes voulues, tende la bonne page, dessine le diagramme souhaité. Elle réagissait promptement à ses indications. «Mon assistante va à présent rejoindre le tableau à l'autre bout de la salle», commandait le professeur Nabokov. «Mon assistante va distribuer les cahiers d'examen.» «Peut-être mon assistante pourrait-elle trouver cette page pour moi.» «Mon assistante va dessiner une femme au visage ovale (c'était Emma Bovary) au tableau.» Et l'assistante, que Nabokov appelait «Chérie» le reste du temps, s'exécutait. Les indications scéniques ne figurent pas dans le texte édité des conférences. (Le numéro était légèrement différent pour le cours de littérature russe, dans lequel l'assistante servait de façon plutôt audible de souffleur et d'aide-mémoire et où elle exécuta des schémas compliqués.) Un sourire flottait sur ses lèvres lorsqu'il évoquait la tenue de patinage d'Anna Karénine, ce costume de «tweed caoutchouté». Et ce devait être aussi le cas lorsqu'il annonçait que s'il avait lu Anna Karénine pour la première fois à l'âge de six ans, sa femme, elle, l'avait fait dès l'âge de trois ans. (...)

Que faisait donc Véra Nabokov dans la salle de cours de son mari? Sans être diplômé, Nabokov avait un penchant marqué pour la précision; le professeur-naturaliste enseignait à ses étudiants l'art et la manière de disséquer la littérature avec la minutie d'un scientifique. Et ses étudiants s'empressèrent d'appliquer sa méthode afin de trouver des explications à la scène qui se jouait sous leurs yeux:
«Mme Nabokov était là pour nous rappeler que nous étions en présence d'un génie et qu'il nous fallait nous abstenir de faire insulte à ce privilège en n'écoutant pas.

Personne ne savait trop bien qui corrigeait les examens; certains étudiants avouèrent qu'ils prirent l'habitude de sourire à Mme Nabokov dans l'espoir que leur courtoisie aurait un retentissement positif sur leurs notes. Au début, elle parcourait les copies avant son mari. Par la suite, elle nota seule les cahiers d'examen. En 1951, elle était rémunérée pour ses efforts. Juste avant les partiels de l'automne 1953, Nabokov écrivit au directeur de son département: «Je pense avoir besoin d'au moins soixante-dix dollars pour payer mon assistante qui se charge de corriger les copies puisqu'on compte deux cent trente et un étudiants en 311 [Maîtres de la littérature européenne] et trente-six en 325 [Littérature russe en traduction].» Il prévoyait que quatre-vingt-dix dollars supplémentaires seraient nécessaires en janvier, pour les examens de dernière année. Il ne cite pas de nom. Fausse modestie? Pas du tout: Véra écrivit cette lettre.
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Véra Nabokov, n. 1901, Sankt Petersburg - d.1991, Vevey.

Sotie, muza, secretara, dactilografa, asistenta univ., agent literar, traducator, sofer, garde du corps, partener de sah si de vanatoare de coleoptere, partenera de discutii in patru limbi,  etc. etc.

Practic, toate operele lui Vladimir Nabokov ii sunt dedicate ei. Practic, toata viata Vérei Nabokov ii e dedicata lui.

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ion

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