Samedi, 3 février 2020
Ce message est dédié aux étudiantes en IIe année de la Faculté des Lettres de l’Université Ovidius de Constanta (gr.A+Fr.;R+Fr.)
ISABELLE BERNIER, historienne
https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/epoque-moderne-naissance-academies-royales-france-xviie-siecle-11828/
ISABELLE BERNIER, historienne
https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/epoque-moderne-naissance-academies-royales-france-xviie-siecle-11828/
La naissance des académies royales en France au XVIIe siècle
La création des académies royales au XVIIe siècle s'inscrit dans un mouvement d'encadrement de la vie culturelle et artistique, voulu par la monarchie absolue qui souhaite rassembler les érudits, scientifiques et créateurs les plus remarquables. La liaison entre savoir et pouvoir apparaît dès la première fondation, en 1635, et le dialogue entre académiciens et pouvoir royal s'est maintenu jusqu'à la Révolution.La première moitié du XVIIe siècle est marquée par le souhait des élites urbaines (bourgeoisie et noblesse de robe), d'accéder au savoir et d'en diversifier le contenu. Ces élites aspirent à un mode de diffusion du savoir imitant l'académisme italien, tout en voulant créer de nouveaux lieux de communication savante. Parmi les premières académies, certaines diffusent des savoirs constitués tandis que d'autres privilégient l'effort de recherche et réunissent des savants désireux de faire progresser la connaissance, tels Descartes, Pascal, Fermat, Roberval...
Colbert présente les membres de l'Académie des sciences au roi Louis XIV ; par Henri Testelin en 1667.
Sont successivement instituées l'Académie française (1635), l'Académie royale de peinture et de sculpture (1648), l'Académie royale des inscriptions (1663) devenue en 1716 Académie royale des inscriptions et belles-lettres, l'Académie des sciences (1666), l'Académie de France à Rome (1666), l'Académie royale de musique (1669) et l'Académie royale d'architecture (1671). Nous allons nous attacher à trois d'entre elles en particulier.
Les membres de l'Académie française (avec Bossuet) viennent offrir leur dictionnaire au roi Louis XIV en 1694 ; estampe de Jean-Baptiste Corneille. Collections du château de Versailles. © Wikimedia Commons, domaine public
Poètes, romanciers et Hommes de lettres rejoignent les vingt-six membres du cercle de Conrart pour parvenir à un effectif de quarante (toujours actuel). La nouvelle Académie se voit confier la production d'un dictionnaire, d'une grammaire et d'une rhétorique de la langue française. La rédaction du dictionnaire s'embourbe dans d'incessants débats, les académiciens sont peu motivés et bénévoles. Richelieu décide de rémunérer le linguiste Claude Favre de Vaugelas pour qu'il se consacre à temps plein au Dictionnaire de l'Académie françoise ; Vaugelas décède en 1650, à la lettre I, et il faudra encore plus de quarante ans de gestation avant la naissance de ce fameux ouvrage, en 1694. Les académiciens ont réussi à sélectionner 18.000 termes, en s'accordant sur un code précis du bon usage de la langue française. Outre Vaugelas, on peut citer Corneille, Racine, Colbert, Bossuet, Perrault, La Fontaine, Boileau, La Bruyère, Fénelon... parmi ces académiciens du XVIIe siècle
Très rapidement cependant, l'Académie des inscriptions va s'occuper d'archéologie et d'histoire : une ordonnance de 1701 la transforme en véritable institution d'État, confirmée par lettres patentes en février 1713. De 1717 à 1793 (date de sa dissolution), l'académie publie plus de trois cents mémoires historiques majoritairement consacrés à la Gaule et au Moyen Âge : géographie ancienne, littérature, sciences auxiliaires de l'histoire (épigraphie, numismatique, sigillographie), histoire des institutions et des coutumes. Les travaux des académiciens s'appuient sur des documents archéologiques et des sources écrites, leur permettant d'être considérés comme les fondateurs de la science historique en France. C'est une académie de très grand prestige au XVIIIe siècle
L’Académie des sciences
Le formidable développement scientifique, les débats ouverts entre sciences et philosophie, l'avance institutionnelle prise par l'Angleterre, ne laissent pas la monarchie française sans réponse. En 1666, Colbert persuade Louis XIV de créer une institution analogue à la Royal Society de Londres, fondée huit ans plus tôt. Le ministre comprend tout le bénéfice pour le roi, à favoriser et contrôler le développement des sciences. Il choisit des savants mathématiciens, astronomes, physiciens, anatomistes, botanistes, zoologistes et chimistes qui tiennent leur première séance le 22 décembre 1666 dans la bibliothèque royale à Paris.
En 1676, l'Académie des sciences publie Mémoires pour servir à l'Histoire des Plantes, ouvrage fondateur de la science botanique. En effet, à la description de chaque plante est joint pour la première fois une analyse chimique et des études de physiologie végétale. L'Académie met en œuvre à la fin du XVIIe siècle, la Description des arts et métiers, monumentale collection d'ouvrages périodiques sur les métiers artisanaux, qui fera une concurrence certaine à l'Encyclopédie de Diderot dans les années 1770.
À noter
Sous la Révolution, le décret du 8 août 1793 ordonne la suppression de « toutes les académies et sociétés littéraires patentées ou dotées par la Nation ». Les trois académies précédemment décrites, sont regroupées en 1795 au sein de l'Institut de France.
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